Dilemme

Jamais Maggie n'avait été confronté à un dilemme aussi compliqué.

L'automne arrivait à sa fin et il fallait relever les pièges. D'un pas tranquille tout en gardant sa main proche de son revolver, au cas où, elle profita du léger vent encore tiède. L'hiver arrivait et d'un jour à l'autre, la neige viendrait recouvrir tout le paysage.

Alors qu'elle décrochait son premier lapin du collet, elle sourit, peut-être allait t-elle revenir avec de belles prises. En continuant son chemin, elle trouva un vieux piège à loup rouillé. En temps normal, cela ne l'aurait pas alerté mais elle n'avait pas mis ce piège. De plus, il était fermé et couvert de sang encore frais. Son deuxième collet à côté avait visiblement été vidé.

Elle se releva rapidement et arma son fusil de chasse. Sans faire de bruit inutile, elle suivit les traces de pas et le sang jusqu'à trouver une vieille cabane en piteux état. D'une balle, elle élimina un marcheur qui grattait à la porte.

Son premier pas fit grincer les planches de l'entrée et elle se stoppa, n'entendant aucun bruit à l'intérieur, ni le râle d'un marcheur. Du bout du pied, elle poussa la porte qui ne semblait plus tenir en place que par habitude.

- Qui est là ? Dit-elle d'une voix autoritaire en voyant la traînée de sang partir vers le salon.

L'instant d'après, ce n'était pas de trouver les restes du lapin qui avait du se faire pièger qui la figea sur place, ni les meubles de travers et abîmés. C'était de trouver un visage connu gisant sur ce qui restait du canapé.

Son souffle s'accélère en s'approchant de Negan. Elle l'examina du regard de la tête au pied. Ses cheveux étaient sales et emmêlés et il était fiévreux, sa respiration sifflante témoignait d'une infection. Il portait encore et toujours son perfecto, ce maudit blouson de cuir qui rappelait à Maggie beaucoup de mauvais souvenirs.

Elle avança d'un pas vers lui et baissa son arme. Le pantalon de sa jambe gauche était trempé de sang. Il avait, de toute évidence, marcher dans le piège rouillé. Un simple coup d'œil lui fit comprendre qu'il avait essayé de bander sa plaie, mais visiblement sans effet.

- Il en fallut du temps pour que tu finisse par obtenir ce que tu mérite, cracha t-elle d'un ton glacial en tournant les talons. Je reviendrais... te flinguer quand tu aura tourné en un putain de marcheur.

Alors qu'elle sortait sans trop hésiter de l'habitation, elle eut la désagréable surprise de tomber sur une horde de zombie qui venait d'arriver.

- Haa putain, jura t-elle en fermant la porte et la bloquant au mieux avec une vieille commode.

Elle recula et alla près du canapé, croisant les doigts pour ne pas finir bouffer en compagnie du seul homme qu'elle ne savait pas supporter. Les autres sorties possible étaient également bloquees. Quant à Negan, ce dernier commença justement à gémir quand les marcheurs semblaient se calmer. Vivement, Maggie le baillonna de sa main.

- Ha ferme ta gueule Negan ! C'est vraiment pas le moment de l'ouvrir.

Malgré l'emprise de la fièvre, il semblait reprendre un minimum de conscience. Il leva une main tremblante vers celle de Maggie qui recula la sienne.

- Magg...

- Ferme la, siffla t-elle.

- Tue moi, dit-il faiblement en la regardant et étouffant un gémissement de douleur.

- Pourquoi je ferais ça ? Fit-elle en avançant sa tête vers la sienne.

- Tu le veux, souffla t-il en luttant pour garder les yeux ouverts. Depuis trop longtemps...

Maggie allait répondre d'une cinglante remarque avant de se rendre compte d'un autre détail. On lui avait dit plus tard que haïr autant finirai par la détruire, d'une certaine manière. Et quand bien même Negan avait tué... non... massacré Glenn avec sa batte de baseball, elle se rendit en levant son fusil de chasse qu'elle ne le voulait plus. Elle en avait marre de haïr les gens, de haïr le monde et de ne pas vivre. 

Mais le dilemme s'installa. Si elle l'achevait comme il le voulait tant, elle aurait enfin obtenu sa vengeance. Cependant, et s'il avait vraiment changé ? Beaucoup, dont Rick en particulier, lui avait donné une seconde chance. Lui coller une balle à l'instant serait comme jeter tout le travail et les efforts de Rick, aujourd'hui disparu. 

Maggie se leva et marcha en rond quelques instants, tiraillé par ce dilemme de malheur. Au final, elle fit son choix après avoir regardé longuement un marcheur derrière la fenêtre et entendit Negan tousser. Elle s'approcha et se mit à genoux à côté de sa tête.

- Ne me fais pas regretter de te donner une seconde chance, siffla t-elle d'un ton glacial.

Avec des gestes rapides, la femme déposa son sac à dos et ses armes au sol, tout en gardant un couteau proche au cas où. Elle utilisa d'ailleurs ce dernier pour découper une partie du pantalon et regarder la plaie. Maggie ne pût retenir une grimace en voyant plusieurs trous sanglants dans la chair. Elle jura même voir l'os à un endroit.

- Le piège était rouillé, se rappela t-elle. Il te faut des antibiotiques. Et vite.

Son patient siffla douloureusement entre ses dents serrés. Pour éviter qu'il ne crie et n'attire encore plus près les morts qui rodaient autour de la cabane, elle lui enleva sa ceinture et la plia en deux et lui glissa entre les dents. Comprenant ce qu'elle voulait faire, Negan mordit dedans sans discuter.

Avec des gestes méthodiques, Maggie nettoya la plaie avec de l'eau claire avant d'utiliser une vieille bouteille d'alcool à 90 degrés pour nettoyer le tout. Negan mordit avec force pour étouffer son cri déchirant. Même elle avait mal en entendant cela. Qui aurait cru qu'elle ressentirait un brin de pitié pour un homme tel que lui.

- Tu as quand même eu un peu de chance, soupira t-elle en commençant à suturer les plaies. Ta jambe n'est pas cassée.

- Super... lâcha t-il dans un souffle rapide. Trop cool...

N'ayant pas de bandages sur elle, elle utilisa de vieux essuies de cuisine traînant dans les armoires qu'elle déchira en bande plus ou moins régulière. Avec cela, Maggie réussit à bander proprement la jambe avant de se relever.

- Est-ce que tu as trouvé des antibiotiques ici ?

- Nan, j'ai pas... trop cherché, répondit-il en redressant la tête vers Maggie.

- Très bien.

Maggie passa toute la cuisine en revue en ouvrant chaque placard. Elle ne trouvait que des conserves de soupes et de petits pois. Au moins, ils auraient de quoi manger. Au final, en ouvrant la porte vitrée de la salle de bain, elle lâcha un cri de victoire en tombant sur des antibiotiques mais également plusieurs autres médicaments en bon état.

Malgré le fait d'être tomber sur Negan à moitié mort, être tomber sur cette cabane abandonnée n'avait pas été une si mauvaise chose. Pour sublimer le tout, il faudrait tomber sur son fils. C'était ça, la seule chose qu'il lui manquait.

Avec une seringue, elle lui administra une bonne quantité d'antibiotiques et le força à avaler un antidouleur et le reste de la bouteille d'eau. Après l'avoir couvert d'une couverture, elle se posta à la fenêtre du salon, ayant une meilleure sur l'extérieur. Le feu qui grondait maintenant dans la cheminée réchauffait les lieux, donnant une atmosphère agréable malgré la situation. 

Lorsque le soir fut tombé, Maggie utilisa une casserole pour réchauffer une conserve de soupe sur le feu. L'odeur alléchante finit par tirer Negan de son sommeil agité. En ouvrant les yeux, il trouva un bol empli que la femme venait de déposer sur la petite table en bois. 

- Tu saura manger sans baver ? Dit-il avec un ton moqueur et froid en lui lançant un bavoir pour bébé qui trainait dans un tiroir. 

- Ca devrait aller, souffla t-il en forçant sur ses muscles endoloris pour se redresser. 

Un sifflement de douleur passa à travers ses mâchoires serrées. Elle ne fit que de le regarder mettre sa jambe sur le côté pour éviter de rouvrir les points qu'elle avait fait quelques heures plus tôt. Il était sûr qu'il pourrait clairement aller se faire foutre s'il faisait sauter les points de suture. Maggie n'avait pas besoin de le préciser, c'était assez clair. 

- Ca tombe bien, reprit-elle. Je t'aurai quand même pas nourri à la cuillère.

- Bien sur, dit-il en vidant rapidement le bol, ses forces commençaient déjà à décliner. Tu me soigne comme il faut, tu me mets une couverture et tu me laissera crever d'inanition. C'est logique.

- J'avoue être surprise qu'un connard ait un bon vocabulaire, se moqua t-elle en se levant. Couche toi, tu es encore faible.

- J'étais quand même prof, ajouta t-il en reprenant sa couverture. De sport.

Durant les deux jours suivants, il oscilla entre sommeil et bref moment de lucidité, appréciant ce que Maggie faisait pour le garder en vie malgré certaines choses. Alors qu'elle était partie vérifier ses pièges, avec ses armes évidemment, il se leva doucement sans mettre de poids sur sa jambe. En sautillant et en prenant appuis sur les meubles pour ne pas tomber, il alla jusqu'à la cuisine et alla fouiller dans ce qu'il y avait à manger. 

Il ne  trouva rien mais en revenant dans le salon, le cliquetis caractéristique d'un fusil de chasse le stoppa. Visiblement, Maggie pensait qu'il s'enfuyait en volant ce qu'il restait dans la maison. Negan ne pouvait vraiment lui en vouloir, il aurait certainement réagi de la même façon. 

- Qu'est-ce que tu fous ? Demanda t-elle en levant le canon de son arme. Foutre le camp avec mes affaires ? Ca ne me surprend même pas. 

- Faux, dit-il en levant légèrement ses mains. Je voulais simplement te préparer un truc à bouffer. 

- Vraiment ? S'étonna t-elle, peu convaincue. 

- Ouais je te jure, assura t-il. Tire pas Maggie.

- Tu veux vraiment préparer un truc ? Demanda t-elle en baissant son arme.

Negan ne répondit rien mais hocha simplement la tête. Sans comprendre, Maggie détacha un truc poilu et sanglant qui pendait à sa ceinture et le lui lança. Negan attrapa le lapin de justesse et reporta son regard sur la femme qui enlevait sa veste. 

- Qu'est que t'attend ? Un livre de cuisine ? 

- Un beau lapin, dit-il simplement. 

- Je sais, siffla t-elle. J'ai la flemme de le vider. Et gâche pas la viande.

- Ca devrait aller.

Cela prit près d'une heure avec une patte abimée pour que Negan dépèce et vide le lapin avant de mettre cuire les meilleurs morceaux sur la grille au-dessus. Pendant ce temps, Maggie le tenait à l'oeil en lisant un livre. Encore une demi-heure plus tard, il avait terminé de faire cuire un paquet de spaghettis qu'il avait déniché encore fermer. Et en jouant avec le sel, le poivre et le paprika qu'il avait trouvé dans les tiroirs. la viande avait déjà meilleur gouts. Elle fut surprise de gouter un plat ainsi qu'il avait préparé avec seulement du lapin et des pâtes. Elle se cacha cependant de le faire savoir à l'ancien leader des Sauveurs. 

Assez rapidement, sa jambe commença à guérir et ses forces revenaient lentement mais surement. Alors qu'il refaisait lui-même son bandage après avoir nettoyer le tout, il posa une question qui lui brulait les lèvres depuis un bon moment.

- Pourquoi tu m'as pas achevé quand tu m'as trouvé ?

Maggie ne répondit pas de suite. Appuyé contre l'appui de fenêtre à aiguiser son couteau de chasse, elle semblait concentrée et ne porter aucune attention à ce qu'il venait de dire.

- Je sais pas... souffla t-elle finalement en continuant ses mouvements lent sur la lame. Je pense que j'avais pas envie de gâcher une balle sur toi.

- Connerie ça, lâcha t-il. Après ce que j'ai fait à...

- Ne prononce pas son nom ! S'exclama t-elle en levant vers lui un regard glacé. Tu ne regrette même pas ce que tu as fait.

- Oh que si je regrette, souffla Negan en s'appuyant contre le dossier pour se tenir debout. Je regrette vraiment d'être devenu ainsi et j'ai peur que ce Negan là ne revienne.

Maggie ne le quitta pas des yeux. Elle-aussi, comme beaucoup d'autres, n'avait pas oublié et serait prête à le tuer pour éviter que ce salopard ne revienne continuer ce qu'il avait commencé.

- Pourquoi tu m'as pas buté ?

- Je veux croire que tu as changé, répondit-elle avec honnêteté. Que tu es devenu quelqu'un d'autre. A toi de me le prouver ou sinon je te bute, j'en fais le serment.

- S'il y avait un moyen de te prouver ça, reprit t-il. Je le ferais. Je te jure que j'ai changé, que je peux faire des efforts, donne moi simplement une chance de te le prouver. 

- Il y en a une, dit-elle d'un ton déterminé. Tu as une dette envers moi à présent. Prouve moi que tu as changé en m'aidant à retrouver mon fils !

- Ça marche, sourit-il de son air de connard charmeur.

-Sir-Galahad






















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