Chapitre 9
Lens suffoquait, il avait l'impression que quelque chose s'appuyait sur sa gorge, qu'un poids pesait sur sa poitrine. Dans son rêve, il se faisait poursuivre par une armée de sauvages masqués de visages démoniaques. Il avait tenté de courir aussi vite qu'il avait put, avant qu'une voix ne le fasse se réveiller en sursaut.
- Tout doux, retentit la voix chaude et rassurante à son oreille.
Lens ouvrit les yeux, tentant de reprendre ses esprits, essoufflé, le cœur battant à tout rompre, il était désorienté. Il lui fallut quelques instants avant de tourner sa tête vers la zone la plus chaude du lit et y découvrir son alpha, les yeux fermés, allongé sur le côté, un bras plié sur un coussin et la tête posée sur son poing, son autre bras était posé sur la taille de l'oméga, au dessus des draps, une de ses jambes placée sur sa cuisse, comme pour le protéger.
Lens se retourna comme il le put et se cacha contre le torse puissant moulé par la chemise qu'il portait. Le son du cœur de l'alpha battant paisiblement, mais de manière forte contre son oreille lui permit de se détendre un peu plus. Cainnech resserra son étreinte, l'emprisonnant complètement dans ses bras, plongeant ses doigts dans les cheveux blond de son compagnon qui humait son odeur de mâle viril.
- Tout va bien, lui dit-il, massant son crâne pour l'apaiser. Tu as fait un cauchemar.
- Que c'est-il passé ? Pourquoi suis-je ici ?
- Ne te souviens-tu pas ?
- Tout ce que j'arrive à me rappeler est que nous sommes arrivés au château, mais il y a eut un soucis...
- Oui. Grand-mère m'a dit qu'un des soldats a oublié ton fauteuil sur place et qu'ils t'ont laissé te fatiguer sans sourcilier, gronda Cainnech, dont le regard était emplit de colère.
- Mais après ça... plus rien... termina Lens, sentant que s'ils s'éternisaient sur cet épineux problème, le Prince allait partir en quête de vengeance punitive.
Cainnech le rapprocha encore un peu plus de lui, plongeant son visage dans sa tignasse dorée et ferma les yeux.
- Kael a dit que ton corps était trop épuisé et que ton esprit n'a pas prit le temps nécessaire pour se reposer. Tu as donc eut un trop plein et ton corps tout entier a lâché sous les émotions et la fatigue, lui expliqua l'alpha. Comment te sens-tu ? Désires-tu que je fasse appel au sage ?
- Non, répondit le jeune homme. Je... ne désire pas le déranger.
- Alors restons ici. Le dîner est encore loin et tu as besoin de te reposer. Dors, petit soldat. Je veille sur toi.
Lens sentit ses yeux se fermer et s'engouffra dans un sommeil apaisant où il se trouvait en présence de sa mère ainsi que du Prince. Il s'y vit le présenter à la défunte qui sourit. Elle était heureuse pour lui et vint même poser sa main, à plat, sur le ventre de Lens.
Elle murmura quelque chose que son fils ne put entendre et ne réussit pas non plus à comprendre. Qu'avait-elle dit ? Il la vit pourtant sourire, rayonner avant de disparaître, le laissant seul avec Cainnech qui posséda sa bouche.
Quand il se réveilla, il le trouva en grande conversation avec Kael et Gloria, à voix basse, visiblement pour ne pas le déranger dans son repos.
- Cai' murmura-t-il.
L'alpha tourna la tête et lui adressa un sourire tendre qui fit battre son coeur.
Lens comprit alors qu'il devait demander une confirmation d'un médecin ou...
- Dame Gloria, appela-t-il, montrant ainsi que l'ordre à suivre était sérieux.
- Jeune Maître ?
- Pouvez-vous prévenir Sir Mendon ? J'ai... besoin de son assistance.
- Tout de suite, dit-elle.
Elle exécuta une petite révérence rapide et quitta la chambre. Il l'entendit faire quelques pas, puis toquer à une porte. Quelqu'un lui ouvrit et Lens l'entendit répéter son ordre. Immédiatement, Gloria revint accompagné du Général oméga qui le regarda avec stupeur, mais un seul coup d'oeil lui fit faire demi-tour pour appeler Bertrand.
Quand ils revinrent, Cainnech sentit que quelque chose se tramait. Aux regards que les deux omégas se partageaient, semblant être d'accord sur un signe ou une attitude qu'il n'aurait put comprendre, il dit :
- Que ce passe-t-il ?
- Votre Majesté, nous vous saurions gré de quitter cette chambre pendant quelques minutes, fit Mendon.
- Plait-il ?
- Cai', l'implora son oméga. C'est... important.
Peu rassuré, il se résigna tout de même à quitter la chambre pour retrouver Klaus et Dwayn dans le couloir, attendant devant sa porte.
- Que ce passe-t-il ? demanda Dwayn.
- J'aimerai bien le savoir, soupira Cainnech peu serein.
- Viens-tu de te faire jeter de ta propre chambre, mon frère ? le taquina Klaus, un sourire moqueur sur les lèvres.
- Klaus, ferme-la, veux-tu ?
Gloria avait été sommé de rester dans la chambre avec les omégas et Kael également, ce qui n'augurait rien de bon.
Mais à l'intérieur des appartements du Prince, il se passait quelque chose à laquelle personne ne se serait attendu.
- Voilà ce que j'ai eu en rêve, que pensez-vous que cela puisse vouloir dire ? dit Lens après avoir raconté aux deux omégas, déjà parents, de ce qu'il avait vu.
- Sage, dit Mendon.
- Sir ?
- Avez-vous déjà assistés des omégas dans leurs périodes de grossesse ? fit l'oméga en souriant.
Tous regardèrent Lens qui se mit à angoisser.
- A...Alors c'est...
- Il nous faut trouver un médecin spécialisé dans l'obstétrique oméga pour cela, le calma Bertrand, une main posées sur son épaule.
- Je m'en vais prévenir la Reine ! s'exclama Gloria qui fut rattrapée inextremis par Mendon.
- Surtout, pas un mot à qui que ce soit en dehors de la Reine.
- Comptez sur moi ! fit-elle, comprenant bien les enjeux. Elle ouvrit la porte avant de la refermer, poussant les trois alphas agglutinés devant elle pour tenter de savoir ce qu'il se passait, et partit en courant trouver la Reine dans la grande salle.
- Ma Reine ! s'exclama-t-elle.
- Dame Gloria ? Que vous arrive-t-il ? Lens va bien ?
- Il... Il...
- Voyons, servez-lui à boire ! Reprenez votre souffle.
- Je n'ai point le temps, Ma Reine.
Elle s'approcha du dais, monta les marches pour venir murmurer quelque chose à l'oreille de la vieille femme qui se redressa d'un coup, sans un mot pour son époux qui l'appela, inquiet.
- Gabyl !
- Majesté ?
- Allez quérir Layla, de toute urgence.
- Si fait.
La femme de confiance de la Reine quitta l'entrée et disparue pour revenir une vingtaine de minutes plus tard, accompagnant sur son cheval, une femme du même âge que Gloria, les traits de son visage tirés par l'inquiétude, son sac de consultation contre elle.
On l'aida à descendre et elle se précipita, accompagnée de la femme soldat de la Reine, auprès de cette dernière, exécutant une révérence.
- Majesté, pourquoi cette hâte ?
- Point le temps, suivez-vous, ma chère, fit la femme. Je m'excuse de vous avoir fait venir en catastrophe, mais c'est une urgence.
- Je suis à vos ordres, Majesté.
Le groupe se précipita à l'étage où se trouvait les appartements du Prince et de son oméga. Quand il les vit, son inquiétude grandit, mais aucun regard ne lui fut adressé. Toutes sérieuses et concentrées, Mendon leur ouvrit et les fit entrer, bloquant l'accès aux alphas curieux.
- Ma-Majesté... fit Lens alors que cette dernière se précipita vers lui pour lui prendre la main.
- Tout va bien, mon petit. Layla est une médecin de confiance. Sir Mendon, pouvez-vous nous expliquer ?
- Nous avons des raisons de penser que Lens puisse être... enceint d'un enfant royal, Majesté.
La femme tourna son regard vers l'infirme assis dans son lit, blanc comme un linge.
- Allons, Layla ! Veuillez procéder, je vous prie ! s'exclama la femme en lui cédant sa place. Éclairez-nous !
La femme vint s'asseoir sur le bord du lit et demanda si elle pouvait retirer le drap. Bien que Lens ne se sentait pas à l'aise, il lui en donna l'autorisation et elle découvrit un garçon infirme, qui possédait une forte odeur d'un certain alpha qui commençait à enrager d'inquiétude de l'autre côté de la porte.
- Il est l'oméga de mon petit-fils, précisa la Reine au médecin.
Qu'il soit nageur, chevalier ou oméga royal, pour Layla, son patient n'avait aucun statut. Il était un patient qui avait besoin d'elle pour savoir qu'elle nouvelle annoncer à son compagnon. Elle lui expliqua son procédé et commença à palper certains endroits, puis à appliquer divers instruments et onguents sur lui afin de déterminer ce qu'il ce passait à l'intérieur. On lui raconta les derniers évènements. Kael se présenta à elle et lui fournis un compte rendu détaillé de ce qu'il avait put constater sur l'état du jeune homme.
Après de longues minutes, une heure passa et une deuxième suivit avant que la femme ne replace les draps sur le corps frigorifié de l'oméga.
- Vous pouvez leur ouvrir, indiqua la femme.
Gloria ouvrit la porte et s'en écarta rapidement pour laisser entrer la furie qui fonça droit vers son oméga, terrifié.
- Lens !
Ce dernier tendit ses mains pour qu'il les lui prenne, lui-même très peu rassuré par ce que Layla s'apprêtait à leur dire. Cainnech le prit dans ses bras et lui caressa la tête.
- J'exige des réponses ! tonna la voix de l'alpha, mais les hoquets de son compagnon le calmèrent. Pardonne-moi.
- Votre oméga suspectait quelque chose, lui expliqua alors Layla avec un calme professionnel incroyable.
- Tu n'allais pas bien ?
- Votre Majesté, votre compagnon est enceint.
Le silence tomba dans la chambre.
En-Enceint ? Venait-elle de dire que Lens avait fait une traversé en mer qui aurait put être dangereuse ?
Cainnech ne se sentit pas bien soudainement. Prit de culpabilité, il ne vit pas Lens pleurer. Ce ne fut que quand il sentit son petit corps se refroidir dangereusement dans ses bras qu'il reprit ses esprits.
- Tout va bien, Lens. Enceint et je t'ai fait tant traversé... Tout ira mieux, ici. Je puis te le promettre, mon tendre oméga. Petit soldat impitoyable.
- J'ai peur...
- Il n'y a aucune raison pour cela, lui dit Cainnech. Un enfant ? En êtes vous certaine ?
- Laissons encore deux semaines, mais je puis le certifier, Majesté, répondit la femme.
- Sortons, proposa la Reine. Ils ont besoin de se retrouver. J'enverrai Gloria vous chercher plus tard. Layla, voulez-vous bien nous suivre ?
- Avec plaisir, Majesté.
La chambre se vida, les laissant seuls avec les angoisses, une joie qui n'arrivait pas à se faire une place et la culpabilité de l'alpha qui ne supportait pas l'idée de l'avoir mit en danger alors qu'il portait en lui SON enfant.
[...]
Le réveil fut le plus brutal pour l'alpha quand Lens se mit à le secouer.
- Cai' ? Cai' !
- Lens ?
- Doux Seigneur ! soupira l'oméga. Tu m'as fait une sacré peur, tu n'arrêtais pas de gesticuler et de me serrer dans tes bras. J'ai bien cru y passer.
Soudain, le Prince se redressa et attira Lens à lui, auscultant son corps à la recherche d'un indice.
- Où sont Layla est les autres ?! s'exclama-t-il alors.
- Layla ? Me tromperais-tu, à peine marié ? le taquina Lens. Tu as rêvé longtemps.
- En... Enceint...
- Enceint ? Qui ? Moi ? Point pour l'instant, lui répondit l'oméga. De quoi as-tu rêvé pour être autant secoué ?
- J'ai... Alors ce n'était qu'un rêve... soupira l'alpha soulagé.
- Dois-je te rappeler, cher alpha, que nous avons chacun prit nos précautions ? sourit l'oméga, caressant la tête de l'alpha, qui avait le front posé contre son épaule.
- Ah... Il est vrai...
Cainnech poussa un long soupir de soulagement. Tout ceci n'était qu'un rêve. Bien qu'il espérait que ce dernier soit en parti vrai, il remercia le ciel de lui avoir épargné cette culpabilité qui l'avait prit aux tripes dans ce rêve.
Un rêve. Oui, heureusement que c'en était qu'un. Il se maudissait déjà assez comme ça pour sa propre existence, il ne voulait s'en vouloir plus pour avoir mit en danger son oméga et leur potentiel enfant. Mais il n'en était rien et son cœur prit un rythme plus lent, aidé par la présence et les caresses de l'infirme qui lui fredonnait un air qu'il ne connaissait pas.
- Ma mère me la chantait quand j'étais petit, lui apprit l'oméga.
- T'a-t-elle apprit à lire dans les pensées ?
- Non, soupira Lens, amusé par la remarque. C'est bien un talent que nous ne possédions ni elle ni moi.
Le Prince sourit.
- La Reine a parlé d'un mariage.
Cainnech se tendit.
- Cette tradition inutile de l'Empire n'est pas cette vision que j'ai du mariage.
- Elle m'a dit que tu étais un grand romantique dans l'âme.
- Peut-être que c'est pourquoi mes parents ne m'apprécient pas.
Lens ne préféra rien dire. Leurs vies n'étaient pas si différents en fin de compte. Lens n'avait jamais rêvé de se marier, tout bonnement parce que dans on village, tous lui avait tourné le dos. Son père et ses sœurs s'en étaient assurés. Mais voir que le Prince, cet alpha robuste et rebel, désirait une chose que les femmes rêvaient d'avoir...
- Marions-nous comme tu le désires, décida Lens.
- Je ne puis décider tout seul.
- Je ne compte pas me marier à quelqu'un d'autre. Je n'ai jamais eut le désir de me marier. On m'a privé de beaucoup de choses que tu m'as offertes. Je veux que tu aies à ton tour le plaisir de recevoir ce dont tu rêves le plus. Marions-nous et ayons notre enfant.
Cainnech se redressa pour lui faire face, plongeant son regard dans le sien, cherchant à savoir s'il se moquait ou s'il le désirait également. Mais à quoi bon chercher quant on connait déjà la réponse ?
Il posséda sa bouche avec amour.
Oui... Amour.
***
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