Chapitre 7

- Ne descendent-ils pas ? gronda l'Empereur alors qu'il venait de sortir de sa calèche, alors que quelqu'un aidait l'Impératrice à s'extirper à son tour.
- Les chevaux de son ami viennent d'arriver, fit la femme en apercevant la calèche du meilleur ami de son fils.

Cette dernière s'arrêta, en retrait, laissant sortir un chevalier tout vêtu de noir, son compagnon et un enfant avec eux.

Le trio tourna la tête vers la calèche du Prince et s'en approchèrent avec précaution. Le chevalier toqua à la fenêtre, pencha la tête comme pour saluer quelqu'un et prononça quelques mots avant de se reculer et d'attendre avec les soldats du Prince.

- Allez voir, ordonna l'Empereur.
- Si fait, votre Majesté.

L'homme se dirigea vers les soldats et demanda :

- L'Empereur désir savoir ce que fait le Prince.

Mais l'accueil ne fut pas ce à quoi il s'attendait. Le regard sombre des soldats et du chevalier alpha lui fit froid dans le dos. Le pauvre bêta se raidit, préférant reculer d'un pas, mais le regard de l'Empereur qui pesait sur lui, menaçant et sévère, l'obligeait à rester sur place, affrontant une terreur dont il se serait bien passé.

- Ton maître à sacrément envie de mourir, gronda un soldat.
- Ne parlez pas ainsi du Seigneur ! s'écria le bêta horrifié.
- Silence, ordonna Klaus d'une voix terrible, imposant son autorité sur le groupe qui se figea.
- Père, pourquoi est-ce qu'il est aussi en colère ? demanda un garçonnet.
- Il ne l'est point, le rassura un oméga posté en retrait de l'alpha.
- Est-ce que c'est parce que oncle Cainnech n'est pas sortit ? demanda l'enfant à l'oméga qui le tenait dans ses bras.

Klaus soupira, prit son fils contre lui et dit :

- Je ne suis point en colère, Adan. Mais le père de ton oncle est juste une personne qui a décidé de faire du mal au nouvel époux de notre Prince.
- Le Sir en fauteuil ?
- Oui.
- Pourtant... Il a l'air gentil, fit le garçonnet en guettant la porte de la calèche, attendant le moment où il pourrait voir son oncle et avoir droit à une embrassade de sa part ainsi que de rencontrer son nouveau partenaire.

Le couple impérial en eut mare et décida de s'approcher, ordonnant qu'on leur ouvre. Personne ne bougea.
Soudain, alors que l'Impératrice tenta à son tour de faire sortir son fils, la porte s'ouvrit brusquement et une onde toxique en sortit, les faisant tous tousser. Klaus entoura son fils et son époux, tournant le dos à la calèche, contrant cette odeur acre et repoussante en propulsant ses propres phéromones afin d'éviter à sa famille d'en souffrir.

L'Empereur se tint la gorge, tendant une main devant lui, ordonnant que son fils cesse, mais quand celui-ci sortit de la calèche, Lens dans les bras, le regard de l'alpha n'était rien de celui qu'il connaissait. Il était volontairement brutal, imposant une envie de tuer quiconque s'adresserait à lui. L'oméga était certes impacté, mais protégé par son lien avec l'alpha, il s'accrochait à son odeur pour s'éviter une souffrance supplémentaire. Quand Cainnech toucha terre, on apporta le fauteuil de l'oméga, mais le Prince se refusa à l'y déposer, le gardant précieusement contre lui, comme s'il avait peur qu'on le lui prenne ou qu'il soit blessé si Lens quittait sa protection.

- C-Cesse donc, fils, tenta l'Empereur.

Le Prince se mit à gronder, faisant reculer son père, terrifié.

- Cai', murmura Lens à son oreille.
- Ne perds pas ton temps à être tendre avec eux, Lens, gronda la voix féroce de l'alpha qui planta un regard dénué d'humanité, dans celui de son père. Ils ne le méritent pas. 

Le silence se fit, mais Lens brava sa colère pour lui murmurer quelque chose au creux de son oreille. Cainnech sentit son corps se tendre et son cœur battre plus fort, excité par ce qu'il entendait.
Là, contre lui, l'oméga gémissait doucement, cherchant à tromper l'attention de l'alpha pour qu'il ne se concentre uniquement sur lui.

- Nous ne resterons pas, décida le Prince en passant devant ses parents pour franchir les marches du parvis et entrer dans le château, traversant les couloirs et salles pour débouler avant tout le monde dans la grande salle dont les tables avaient été dressées pour le banquet.

Il se dirigea vers un morceau de table où se trouvait son siège princier. Il monta l'estrade et fit signe qu'on échange le siège qui se trouvait à côté du sien, afin que Lens puisse s'installer sur son fauteuil roulant et il l'y installa avant de prendre place à sa gauche.

- Seigneur, murmura Lens, peu à l'aise.
- Silence, gronda le Prince. Je suis déjà en pleine bataille avec moi-même pour ne point défigurer mes parents pour cette humiliation mise en place, alors ne parle pas.

Lens comprenait bien qu'il avait encore du travail à faire pour calmer son alpha dont l'aura meurtrière se répandait partout dans la grande salle. Son regard croisa celui de l'Empereur, visiblement peu content de l'attitude de son fils. Mais que pouvait-il y faire ? Quand un alpha trouve son partenaire de vie, il en devient extrêmement possessif et fini assez vite par être brutal envers chaque personne qui s'en prenait à son oméga. Lens lui en était reconnaissant d'être en colère pour lui, mais c'était au détriment de sa propre santé. Il posa sa main sur la cuisse musclée du Prince qui se figea. Lens se pencha de nouveau vers lui pour murmurer quelque chose contre son oreille, ce qui attisa la curiosité du couple impérial et des invités.

- Mon cher oméga, soupira Cainnech, se laissant aller aux sons que produisait volontairement Lens pour l'apaiser. Si tu te décides à continuer dans cette voie, je ne puis garantir le calme.

Il l'entendit pouffer contrer son oreille, l'excitant encore plus. Cependant, il pouvait remercier son intervention, car la colère avait diminué. Le couple impérial se plaça sous le dais et l'Empereur se lança dans un discours qui n'intéressait que son auditorat et non son fils qui préférait minauder avec son compagnon qui ne pouvait s'empêcher de lui sourire et de rire à ses bêtises.

L'homme tenta plus d'une fois d'attirer l'attention du couple, mais même s'il pouvait croiser le regard menthe de l'oméga, l'alpha le détournait de son père assez rapidement. Se sentant très humilié, Eldwen, l'Empereur, déclara :

- Pour perpétuer nos traditions de mariage, le Prince et son époux vont ouvrir ce banquet par une danse.

Cainnech se figea, mais Lens eut le temps de l'arrêter avant qu'il n'explose de colère et ne ruine cette fête qui était en leur honneur.
L'oméga donna un coup de roue et se recula, il inclina la tête, un grand sourire sur ses lèvres pour dire :

- C'est un honneur, Seigneur Glowell.

L'Empereur le regarda, surpris. Ne comprenait-il pas ce qu'il cherchait à faire avec cette danse ? Pourtant, le sourire triomphant de Lens le fit douter quand à ses intentions. Cainnech se leva, lança un regard mortel à ses parents et poussa le fauteuil jusqu'au centre de la salle.

L'alpha mit un genou à terre et soupira, mais son compagnon lui demanda :

- Me faites-vous confiance, Mon Seigneur ?
- Bien sûr !
- Aide moi.

Surpris, Cainnech releva la tête et suivit du regard les gestes que le jeune homme faisait jusqu'à ce qu'il lui tende ses deux mains afin qu'il l'aide à se lever.
Il hésita quelques instants, mais sous le regard confiant de son oméga, il se releva et l'aida à se lever à son tour. Là, devant tous, Lens se tenait debout, aider par tout un mécanisme qui le maintenait assez droit pour ne pas tomber. Cainnech n'en revenait pas.

-Que...
- M'accordez-vous cette danse, cher alpha ? demanda le jeune homme dans une petite révérence que Cainnech trouva adorable.

Il était là, se tenant debout sans son aide, hors de son fauteuil, uniquement maintenu par une sorte de squelette de métal et de bois.

- Lens...
- Tu as dit avoir confiance en moi, lui rappela le jeune homme.
- Est-ce pour cela que tu n'étais pas inquiet ?
- J'avais quelques doutes quant à ce qui allait ce passer, alors j'ai demander assistance auprès de Kael afin de m'aider à terminer ceci.
- Est-ce toi qui l'a créé ?
- Si fait, Seigneur, sourit l'oméga.

La musique se lança et Ils entamèrent la danse traditionnelle pour les mariés. Le son prit un rythme plus soutenu, mais Lens garda son équilibre, grâce à la prise ferme de son alpha sur lui. Ils dansèrent avec un tel plaisir, qu'ils n'entendirent pas le silence qui suivit la fin de la musique, jusqu'à ce que des applaudissements emplissent la grande salle.

- Je... Je suis épuisé, souffla Lens.
- Je vais t'aider à te-
- Ainsi, le Héro de guerre a plus d'un tour dans son sac ! s'exclama l'Empereur qui s'était sentit dupé. Approchez !

Lens gémit intérieurement. Il voulait à tout prix se rasseoir dans son fauteuil et se retrouver loin d'ici. Un coup d'œil vers Cainnech lui indiqua qu'il luttait contre lui-même pour savoir s'il devait s'en prendre à son père ou s'il devait juste subir. Mais voyant la fatigue sur le visage de son compagnon et les tremblements de son corps, il appela le sage à venir l'aider pour que Lens quitte son squelette complexe afin de retrouver son fauteuil et de pouvoir laisser souffler ses muscles. Mais l'Empereur tapa du poing sur son accoudoir en criant :

- Nous n'avons point autorisé cela !
- Est-ce que l'humain vous a déserté à ce point, Majesté, pour que vous ne puissiez voir et accorder à ce jeune homme, de reposer son corps ? gronda Cainnech.
- Prince !
- Lens n'a plus ses jambes ! hurla-t-il de sa voix rauque et grave. Ce qu'il vient de performer aujourd'hui, pour satisfaire votre cupide désir de l'humilier lui a beaucoup coûté ! Si votre exigence de le tuer est si forte alors j'abdique mon rôle de Prince Héritier !

Sur ce, il prit les commandes du fauteuil de Lens et quitta la salle sous les cris de l'Empereur.
On tenta de lui barrer la route, mais les hommes du Prince les en empêchèrent, parant les coups pour leur libérer la voie jusqu'à l'extérieur où ils furent accueillit par les habitants de la capitale. Mais les exclamations de joie de ces derniers moururent dans ce spectacle intriguant.
Soudain, l'Empereur, sa femme et la garde apparurent, très menaçant.

- Prince ! hurla l'homme. Si tu oses quitter cet endroit, tu ne seras plus le Prince de mon Empire !
- Ah, ricana Cainnech. Votre Empire ? Avez-vous participé à la moindre bataille pour avoir le courage de vous autoproclamer chef d'un Empire que vous ruinez ? Non, bien sûr que non. Mais soit, si cela vous chante, alors je ne suis plus Prince, ni Général des armées. Je ne suis plus que Cainnech, alpha lambda et marié à Lens.

Il s'inclina, grimpa dans la calèche et quitta les lieux pour se rendre au manoir où ils avaient passé leur première nuit. Là, ils récupérèrent leurs affaires. Dans la cour, les hommes du Prince ne savaient quoi faire. Avait-il vraiment abdiqué ? Qu'adviendra-t-il d'eux ? Devaient-ils le suivre ou rester en poste ? Ils obtinrent leur réponse quand ils le vit revenir, portant Lens dans ses bras.

- Mes amis, mes frères, commença-t-il. 
- Mon Seigneur ! Partez-vous réellement ? Quittez-vous le pays ?
- Je m'excuse pour vous abandonner, dit-il alors. Il ne tient qu'à vous de décider ce que vous souhaitez faire. Mais vos familles seront contraintes de tout abandonner, si vous décidez de me suivre.

Un silence se fit, tous réfléchirent à la proposition et aux conséquences que ça impliquait.

- Je te suivrai, mon frère ! s'exclama Klaus, son oméga et leur fils contre lui. L'injustice n'a jamais fait partit de mes principes et si je pars, ma famille suivra.
- Nous suivrons, Seigneur, confirma Bertrand.
- Je dois ma vie ainsi que celle de ma fille et de mon époux au héro de Talway, déclara Mendon. Je suivrais.
- Nous suivrons, le corrigea son mari qui inclina son buste par respect.

Tila, Kael, Gloria et bien d'autres se lancèrent en déclarant vouloir suivre leur Prince, même si cela impliquait de quitter leur pays natal pour un autre et une autre vie, loin de tout ce qu'ils avaient toujours connu. Mais ils étaient bien trop loyaux envers ce couple. Pour l'un, car il avait été leur chef et qu'il avait toujours su les ramener en vie, pour l'autre, parce qu'il avait permit à bon nombre d'entre eux d'être encore là pour en parler, au détriment de son propre corps. Kael décida de suivre Lens afin d'en être le médecin attitré.

- Faites vos bagages, prévenez vos familles, Nous partirons d'ici dans 3 jours.

C'était décidé, Cainnech allait enfin respirer. Ne plus à subir l'égoïsme de son père et l'indifférence de sa mère. Il savait bien que certains membres de sa famille désiraient le tuer pour prendre son rôle. Il le leur laissait volontiers. Il n'avait que peu d'attachement à cet Empire qu'il avait protégé durant des années. Mais c'était fini. Il partirait pour son propre royaume qu'il possédait de l'autre côté de la mer. Dans un endroit verdoyant et riche. Une partie de ses gens l'y attendaient et il avait hâte d'y retourner. Qu'en penserait Lens ? Que penseraient-ils de lui ?

Pour y répondre, il n'y avait qu'une seule façon de le savoir et dans trois jours il pourrait enfin respirer.


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