Chapitre 6

Voilà deux semaines que Lens vivait dans cette demeure qui n'aurait dû l'accueillir que pendant le temps que leur cycle ne se termine. Mais avec toute l'agitation qu'il y avait eut, Cainnech avait refusé de retourner au château pour lui faire affronter les regards des gens qui s'y trouvaient. 
Lens venait de perdre sa famille à cause de sa décision, l'oméga avait menacé l'Empereur en utilisant son lien avec son fils pour sauver une famille d'opportunistes dont la fille avait eut le désir de prendre un rôle qui n'était pas le sien, l'Impératrice avait exigé de le rencontrer, mais le Prince avait fermement refusé.

Allongé dans le grand lit, l'oméga s'y trouvait seul depuis une bonne heure, comme à chaque fois qu'il ouvrait les yeux. Son partenaire profitait de l'avoir épuisé pour se rendre dans la cour où ses hommes s'entraînaient pour s'ajouter à eux et profiter d'un moment avec ces derniers pour se défouler. Quand Lens se réveillait, Gloria débarquait dans la chambre pour l'aider à se lever, à aller se laver et à s'habiller avant qu'un garde ne l'installe dans son fauteuil pour le diriger vers la grande salle de repas où ils pouvaient y retrouver les soldats, Cainnech et quelques gens de celui-ci.

- Bien le bonjour, lança l'oméga en entrant dans la pièce emplis d'un brouhaha qu'il appréciait.
- Ah ! Lens ! s'exclama Tilla en venant le rejoindre, un large sourire aux lèvres. Ta nuit fut bonne mon ami ?
- Cherches-tu à mourir dès le petit déjeuner ? lui répondit l'infirme alors qu'on le poussait vers le Prince qui n'attendait que lui pour manger.
- Du tout ! J'ai encore bon nombre d'années à vivre encore ! 

Lens pouffa et reçu un baiser de son compagnon quand il arriva près de lui.

- Comment te sens-tu ?
- Si je pouvais faire un peu d'exercice, je me sentirais mieux, répondit Lens à voix plus modérée.
- Ceux que je te fais faire dans notre chambre ne te suffisent plus ? se moqua l'alpha, caressant la joue nacrée de son compagnon qui lui tira la langue.

Le repas commença et l'ambiance fut joyeuse, comme à l'époque où il servait dans les rangs du Prince.
Lens put profiter d'un moment de nostalgie avec ces hommes auprès desquels il avait put combattre et surveillé par son compagnon. Il pouvait capter les penser de ce dernier grâce à son regard pensif. Ils ne pouvaient rester ici indéfiniment, ils allaient devoir retourner au château et affronter la dureté de la réalité. L'un comme l'autre, aucun n'était prêt à affronter cela.
Cainnech observait distraitement son compagnon discuter avec les chevaliers autour de la table.

Que devait-il faire ? Il ne voulait pas quitter cet endroit qui s'était transformé en cocon protecteur pour eux. Mais il avait des responsabilités en tant que Prince et surtout en tant qu'Héritier d'un Empire qu'il s'évertuait à protéger. Lens était marqué, officialisant leur relation entre alpha et oméga, mais il devait encore passer devant l'église afin de conclure cette union. S'ils retardaient de trop la procédure, l'Impératrice allait lui imposer une nouvelle candidate au rôle de Princesse Héritière. Cainnech n'aimait pas cela et faire affronter son monde à Lens l'effrayait autant que cela le mettait en colère. Il voulait le protéger, le garder pour lui, ne le montrer à personne et jouir de cette relation, rien que tous les deux. Est-ce que les gens normaux pouvaient se le permettre ? Bien sûr que oui. Bien qu'ils devraient travailler tout de même pour s'offrir une bonne vie, ils n'avaient pas autant de responsabilités qu'un Prince ou un Empereur.

Une main fraîche et calleuse se posa sur sa cuisse, le faisant sortir de sa réflexion. Il croisa le regard inquiet de Lens ainsi que ceux des gens présents dans la salle. Avait-il laissé transparaître ses émotions au travers de ses phéromones ?

- Est-ce que tout va bien ? s'enquit le jeune homme à ses côtés.

Cainnech soupira, ferma les yeux un instant, reprenant le court de la vie. Quand il les rouvrit, il passa un bras autour des épaules de Lens et posa sa tête contre la sienne, soupirant longuement.

- Je me hais de posséder une telle vie, soupira le Prince, choquant tout le monde autour de la table.
- Pourquoi donc ?
- Je possède bien trop de responsabilités qui ne conviennent pas à une vie pour toi.
- Je suis le seul à en juger, répondit Lens. As-tu peur que je prenne la fuite ?

Cainnech se figea. 

Certes, il ne l'avait pas dit à haute voix, mais cette pensée lui avait traversé l'esprit et le chamboulait jusqu'au plus profond de son être.

- Si je pars, je meurs. Si je suis répudié, je meurs. Je suis lié à toi, pour l'éternité.
- M'en veux-tu ?
- Du tout. Sans ton intervention, je serais déjà mort. Quoi qu'en y réfléchissant bien... J'aurai dut mourir ce jour-là.

Cainnech serra les dents et les poings, tous se figèrent autour de la table.

- Dieu était avec moi et il t'a placé sur mon chemin, termina l'oméga sur une note plus douce. Je crois savoir de quoi tu as peur. J'ai subit assez pour ne pas pouvoir entendre les mots que ton monde s'apprête à me dire.
- Je suis désolé...
- Ne le sois pas. J'ai pu retrouver certains de mes camarades, grâce à toi. Tilla était avec moi sur le champ de bataille à Talway. Sir Mendon aussi. Galahad et Conrell également. J'ai pu retrouver un peu de cette envie de vivre et de me battre que j'avais perdu. J'ai encore beaucoup à apprendre de ton monde.
- Je t'aiderais, déclara le Prince en se redressant, plongeant son regard dans celui de son compagnon. Je ne te laisserais pas seul.

Lens lui sourit avant qu'ils n'entendent des sabots résonner dans la cour.
Quelqu'un arrivait et ça n'annonçait rien de bon pour eux.

[...]

- Mon Prince, nous sommes arrivés, vint dire un des soldats à la porte de la calèche.
- Préparez le fauteuil de Lens, ordonna-t-il.
- À vos ordres.

Le silence se fit dans la cabine du véhicule. Personne n'osa bouger, ni dire quoi que ce soit. Après qu'un groupe, envoyé par l'Empereur, ait perturbé leur repas les sommant de revenir en urgence au château avant de se rendre à l'église pour exécuter le rituel d'officialisation d'union, la troupe s'était précipité pour préparer la calèche ainsi que la cariole qui fut rempli des affaires du couple ainsi que beaucoup d'autres choses que Cainnech avait personnellement ramené de croisade et quelques affaires appartenant à son compagnon et à ses gens.

Dans la précipitation, Lens avait presque oublié que le domaine comportait des escaliers et avait faillit tomber, rattrapé de justesse par son alpha qui l'avait soulevé pour le déposer dans la calèche. Lens s'en était voulu, mais le Prince l'avait de suite arrêté pour lui expliqué qu'il n'avait pas à s'en prendre à lui-même.

Puis ils avaient pris la route jusqu'au château, devant lequel les attendaient, le couple impérial ainsi que la garde rapproché. Le Prince somma d'arrêter les chevaux et un chevalier s'approcha de sa fenêtre.

- Klaus.
- Mon Seigneur. Sir Lens.
- Bonjour à vous aussi, répondit l'oméga.
- Je monte avec Sir Mendon et sa famille, leur apprit le chevalier. Les miens seront avec nous.
- Bien. Quand est-il de mes parents ?
- Ils pensent que vous allez changer de calèche pour monter avec eux, répondit l'alpha.
- Non, déclara Cainnech, faisant sourire son ami.

Ce dernier pencha la tête, en guise de salutation respectueuse et quitta la fenêtre pour se rendre dans sa propre calèche, sans donner une quelconque indication aux parents de Cainnech, celui-ci ne désirant pas les avertir. Le Prince ordonna le départ et dépassa la calèche du couple impérial, outré par son attitude.

Quand ils se retrouvèrent tous devant la grande église de la capitale, là où étaient célébrées les unions, il fit descendre Gloria en première qui alla chercher le fauteuil de Lens que le Prince porta dans ses bras.

- Fils ! tonna la voix de l'Empereur furieux.
- Je n'ai point le temps d'argumenter avec vous, père, répondit son fils sèchement, sans un regard pour lui.

Cainnech lui en voulait encore de l'avoir tiré un peu trop brutalement de son cocon protecteur et naïf. Gloria laissa le fauteuil à Tilla qui s'empressa de le porter, tandis qu'ils furent accueillit par les religieux de la bâtisse centenaire. Remarquant que la personne que le futur Empereur portait était un homme, ils eurent un moment de doute. Mais le pire fut quand ils remarquèrent le fauteuil, porté par un des chevaliers aux côtés du couple. 
Le couple impérial fut accueillit avec un peu plus de chaleur, mais ne put ignorer l'affront du Prince. Les invités et témoins qui participaient à la cérémonie arrivèrent également, suivant la procession à l'intérieur de l'église immense, dont l'intérieur était richement décorée.

Une fois assuré qu'il n'y aurait plus de marches à franchir, Cainnech déposa Lens dans son fauteuil et s'assura qu'il y était bien accroché. Un baiser sur le front et il alla se placer derrière lui pour le pousser jusqu'à l'autel, devant les regards choqués, surpris ou encore intrigués des différentes personnes autour d'eux.

Quelques hommes religieux se murmurèrent que ceci était contre leurs préceptes et que, jamais, le grand prêtre n'accepterait une telle union. Marier un alpha impérial à un infirme... C'était du jamais vu.
Pourtant, contre toutes attentes, le grand prêtre salua avec bienveillance Lens.

- C'est un honneur de vous avoir parmi nous, fit le vieil homme, choquant ses pairs.
- Cet honneur est pour moi, Votre Excellence, répondit l'oméga, se penchant légèrement en avant, montrant ainsi son respect.
- Ah, avoir ici, dans la maison de Dieu, deux personnages aussi importants l'un que l'autre, ne peut être qu'une bénédiction pour mes vieux yeux, s'exclama l'homme en souriant. Un héro de guerre et le futur Empereur de la famille Glowell.
- Les flatteries ne vous aideront pas, vieillard, lui lança Cainnech, outrant les oreilles qui les écoutaient.
- Ah, détrompez-vous, jeune Prince, détrompez-vous. La flatterie est peut-être un défaut, mais elle peut être une arme, en cas de besoin.

Le couple lui adressa un regard étrange, tandis que l'homme se mit à sourire.
Il alla saluer l'Empereur et sa femme avant de se diriger vers sa place, derrière l'autel pour y ouvrir son livre saint, signifiant que la cérémonie allait commencer.
Le silence se fit dans la grande salle remplie de monde. Tous les regards étaient dirigés vers Lens.
Qui était-il ? Que faisait-il ici ? Est-ce qu'il était vraiment ce héro de guerre dont on parlait depuis un moment ? L'altitude du Prince à côté de lui était notable. Calme quand il regardait ou touchait l'oméga, mais tendu, crispé et en colère quand il écoutait les quelques murmures qui parsemaient la salle de réflexions ou questions qu'il estimait trop intrusives. L'homme de foi continuait son récit, tandis que Lens s'évertuait à calmer son alpha, un peu trop tendu à son goût. Il ne pouvait pas utiliser ses phéromones ici, cela attirerait l'attention des autres et créerait un gigantesque scandal. Il devait donc s'exporter au calme lui-même avant de pouvoir apaiser son compagnon qui se mettait à gronder.

- En ce jour saint, s'exclama l'homme d'église d'une voix assez forte, pour que tous puissent l'entendre clairement, faisant ainsi taire les nombreux ragots qui commençaient à émerger sur Lens et l'origine de leur couple. Le Prince héritier, Cainnech Glowel est devant notre puissant Seigneur, pour lui présenter son compagnon de vie. Un oméga connu pour ses exploits militaire qui a payer le prix de sa bravoure. Lens Folk est un héro de guerre qui a sauvé énormément de monde, permettant à notre Empire de survivre et que notre chef des armées, le Prince Héritier, en ressorte vainqueur.

Il se tut le temps que le silence se face moins lourd.

Cainnech soupira quand Lens posa ses doigts sur les siens, imposant en lui un calme doux et apaisé.

- Un alpha peut survivre sans jamais rencontrer son oméga, mais l'inverse n'est point forcément vrai. Pourtant, et devant notre puissant Seigneur, tous deux nous prouvent l'inverse. Voyez de vos yeux, le pouvoir de l'amour et du lien qui les unis. Voyez comme un alpha ne peut finalement vivre sans avoir son oméga éternel à ses côtés. Trouvez sur sa nuque la marque d'un alpha possédé par L'amour.

Ils purent apercevoir la blessure qu'avant infligé Cainnech à Lens, l'or de leur semaine de rut. Mais, alors qu'il en parlait, il remarqua quelque chose sur l'oreille du Prince, ce qui le fit sourire.

- L'union est complétée dans le plus intime cérémoniel ! s'exclama-t-il alors.

Il leva les bras vers le ciel, invitant ses frères à la prière et entama un chant religieux pour sceller, devant tous, leur lien. Les chants remplirent la salle, résonnant contre les murs de pierres, contre les vitraux, faisant vibrer le sol et les bancs où tous étaient assis. Puis, un homme d'église apporta deux bracelets en or ainsi qu'une coupe en argent et un autre une bassine en cuivre. Dans cette fin de rituel, sensé les lier définitivement l'un à l'autre, il était de coutume de plonger des bracelets en or dans l'eau sacrée d'une bassine en cuivre, puis de les mettre autour de leurs poignets avant de boire, chacun leur tour, dans la coupe d'argent. Cela permettait de faire passer un message à travers les différentes matières pour s'assurer que le Seigneur les accepte et valide leur rituel.
Il était dit, que si le Seigneur recevait un message de ce genre, L'amour qui liait un couple serait éternel. Bien entendu, si l'époque était à la croyance religieuse, cela restait surtout une cérémonie uniquement possible pour ceux qui avaient assez de pouvoir et d'argent. Ce qui faisait que seuls les nobles et la famille impériale pouvaient s'offrir ce genre de chose. Pour la famille royale, c'était devenu une tradition, comme une obligation à chaque mariage afin de s'assurer que l'Empire serait toujours protégé, et gardé sous contrôle.

Pourtant, Lens et Cainnech n'y croyaient pas. S'ils s'imposaient cela, ce n'était que parce qu'ils y étaient obligés. Cainnech avait un tout autre programme en tête. Celui de rester avec son oméga dans leur chambre à se câliner ou à l'entendre gémir contre son oreille.
Ah, qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour retourner sous les draps et se laisser aller contre ce corps tentateur qui se trouvait à côté de lui, malheureusement trop habillé à son goût.

La cérémonie prit fin une bonne demi heure plus tard, laissant le couple sortir en premier de la cathédrale, mais la journée n'était pas finie. Cainnech connaissait l'agenda de la journée par coeur, pour y avoir assisté plus d'une fois. Ils allaient monter dans leur calèche pour retourner au château impérial et assister au banquet qui était en leur honneur, puis un bal serait donné dans la soirée avec un énorme festin. Et bien sûr, le bal serait ouvert par le couple nouvellement "marié".
Cainnech porta Lens de son fauteuil à l'intérieur de l'habitacle. Mais une fois la porte fermé, il se mit à gronder très fort.

- Que ce passe t-il ?
- Ils cherchent d'humiliation, voilà ce qu'il ce passe ! hurla le Prince.

Lens ne comprit pas ce qu'il voulait dire, posa sa main sur la joue de son compagnon qui poussa un long soupir, laissant tomber son front contre son épaule.

- Il va y avoir un banquet ce midi, expliqua Cainnech. Ce soir... Un bal que nous devrons ouvrir avant le dîner.
- Ah... Pourquoi serait-ce une humiliation ?

Le Prince releva la tête et voulu lui crier qu'il ne pouvait utiliser ses jambes avant de croiser le regard souriant de l'oméga.

- Certes, je ne puis marcher. Mais, mon cher époux peut me tenir contre lui et m'aider, non ? N'est-ce pas ainsi que fonctionne un couple ?

Cainnech n'en revenait pas. Malgré l'humiliation qu'ils cherchaient à lui infliger, Lens lui donnait des solutions alors qu'il devrait se sentir blessé, voire pire.

- Qui as-tu ? soupira le Prince.

- Un orphelin battut qui a déjà subit assez pour savoir qu'il peut faire confiance à son seigneur et alpha.

Cainnech gronda, lui empoigna la nuque et le pressa contre lui pour dévorer sa bouche avec violence. Son corps tout entier criait de l'avoir rien que pour lui, son coeur se mit à battre brutalement contre sa poitrine et son esprit cherchait désespérément de comprendre comment avait-il put tenir autant d'années sans lui à ses côtés. Sa langue franchit la barrière de ses dents et rencontra sa jumelle qui vint se lier avec délice. Mais ils durent s'en tenir à ça, car il n'était pas seuls dans cette calèche. La femme leur sourit, les joues rosies.

- Seigneur qu'il fait chaud, dit-elle, tentant de s'apporter un peu de vent en agitant sa main devant son visage.

Ils pouffèrent, faisant redescendre un peu la tention qui régnait dans l'habitacle, le temps qu'ils n'arrivent au château.
Là, les choses seraient très différentes et cette petite interlude leur serait bénéfique... Du moins pour un certain laps de temps.

***

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