Chapitre 11

- Tout es fin prêt ?
- Oui, Majesté ! s'exclamèrent les femmes en charge de la décoration final dans la petite église du village.
- Bien ! Il nous faut nous hâter pour aller préparer les marier ! s'exclama-t-elle.

La vieille femme se précipita, avec sa suite, hors de l'église afin de rejoindre la calèche qui les ramèneraient au château pour entrer dans la chambre où dormait Lens depuis quelques jours, séparé de son compagnon, telle le voulait la coutume.

Cainnech recevait l'aide de Klaus pour se préparer. Son grand-père assistait à la séance d'habillage, les yeux brillants de fierté. Le voir porter sa propre tenue de mariage lui fit verser quelques larmes.

- Grand-père ? Tout va bien ? s'enquit-il.
- Je suis simplement heureux, répondit le vieux monarque, un large sourire sur les lèvres. Te voir ici, te marier à la personne que tu aimes, tout comme j'ai pu le faire avec ta grand-mère... Porter ma tenue de mariage... Tout cela m'émeut.

L'alpha sourit à son tour. 

Klaus aida son ami d'enfance à accrocher la broche du clan du monarque sur son épaule gauche, fixant ainsi l'écharpe de tartan rouge et vert, couleur du vieux Roi. La tenue traditionnelle était certes spéciale, mais reflétait l'image du clan et de l'attitude de celui qui la portait. Une chemise blanche éclatante, un gilet noir, une veste taillée dans le même tissus que le kilt et l'écharpe, de grandes chaussettes remplaçaient son habituel pantalon noir ou marron qui recouvrait ses cuisses musclées et ses jambes de marcheur. Des chaussures de cuir souples terminaient l'habillage. Le kilt était bloqué par une petite épée, afin de ne pas avoir la honte d'un coup de vent malencontreux. Il fut coiffé par une des femmes qui s'occupaient de sa grand-mère habituellement, mais refusa de porter le moindre chapeau. Sa beauté naturelle ne devait être cachée pour son époux, réflexion qui avait fait bien rire le vieux Roi. 

Il lia le tout d'une ceinture fermée par une boucle en argent, changea le bijou qu'il portait habituellement à son oreille pour une autre boucle d'oreille en forme de croix. Un collier lui entourait la nuque et un bracelet de cuir autour du poignet droit. Il ajouta, autour de sa taille, le fourreau et son épée de parade. Fin prêt, il ne pouvait plus attendre de retrouver son compagnon. Comment allait-il être habillé ? Serait-il comme lui ? Il avait si hâte de le voir qu'il se mit à trépigner d'impatience, dansant d'un pied sur l'autre, cherchant à tromper son esprit pour faire durer l'attente.

- Te voilà bien tendu, mon ami.
- Ne l'étais-tu pas à ton propre mariage ? rétorqua Cainnech à Klaus.
- Si fait et même plus, pouffa ce dernier, se rappelant de ce jour où il avait faillit s'évanouir. Dieu que Bertrand était si beau ce jour-là.
- Car il ne l'est plus ? le taquina le Prince, croisant ses bras contre son torse.
- Bien sûr que si ! s'écria l'alpha. Il l'est tous les jours que le Seigneur fait.

Cainnech pouvait remercier son ami pour cette petite diversion qui lui avait permis de calmer son furieux envie de quitter cette pièce pour aller retrouver son compagnon qui se trouvait bien plus loin dans le château, se faisant aider par Gloria et Kael pour s'habiller.

- Ah ! gronda-t-il. 
- Qu'as-tu donc ? demanda son grand-père.
- Ce n'est que l'impatience de vouloir découvrir son oméga habillé pour le marier, votre Majesté, s'esclaffa Klaus. Comment seras-tu à ton mariage, Tila ?
- Probablement pas mieux que mon Seigneur, répondit le soldat. Je pense que ce jour-là, je serais tout aussi nerveux à l'idée de voir Glen' dans sa belle robe de mariée, notre enfant dans les bras, marchant vers l'autel.
- Te voilà poète, mon ami, s'amusa Klaus.
- Si fait, quand il est question de ma femme, je le suis.

Les hommes s'amusèrent, jusqu'à ce qu'on vienne les appeler à se rendre dans la cour pour entamer la marche vers la petite église. Lens partirait bien après eux, afin de ne pas se croiser.

Cainnech pesta durant tout le temps que dura la procession jusqu'au village décoré pour l'occasion.

- Regarde donc, mon frère ! s'exclama Klaus à son ami. Tout le pays saura que tu te maries aujourd'hui ! On pourrait voir les fleurs jusqu'à l'Empire !
- Bien ! Au moins comprendront-ils que leurs traditions inutiles ne sont en rien ce que je désire, répondit le Prince qui admirait secrètement les décorations florales qui coloraient ce jour pourtant pluvieux. Une fine pluie les accompagnaient, mais il s'en fichait bien, pour lui... Aujourd'hui était le jour le plus heureux de sa vie et il était prêt à se tremper un peu la nuque pour cela.

Il descendit de son cheval, salua la foule venue célébrer son mariage, lui jetant des fleurs et scandant son nom comme une célébrité. Un sourire et il entra dans l'église.

- Votre Altesse ! s'exclama l'homme de foi désigné pour ce jour.
- Mon père, le salua-t-il.
- Que ce jour soit béni, fit l'homme en souriant. Votre Majesté.
- Bien le bon jour mon père ! lança le vieux monarque, heureux. Un jour béni en effet !

On installa le vieux Roi au premier rang, sur un siège confortable, attendant que chaque invité entre et prenne place dans l'enceinte du bâtiment religieux.

Il fallut bien une heure avant que l'on se mette à sonner l'arriver de Lens. Immédiatement, Cainnech se tendit. Il pouvait entendre à côté de lui, son ami se moquer. Puis, le Roi se leva pour se diriger vers l'entrée de l'église où attendait sa femme ainsi que Lens.

- Dieu ! s'exclama le vieil homme. Cainnech ne saura se tenir ! Qu'avez-vous donc fait, femmes !
- Nous avons apprêté ce jeune homme pour son jour heureux, rétorqua la Reine, fière d'elle et du travail de ses Dames.

On fit entrer le reste de la suite pour que tous puissent compléter les rangs des invités.

- Êtes-vous prêt, mon enfant ?
- Je suis stressé, confia l'oméga au couple royal.
- Il t'attend avec impatience, lui confia le vieil homme en souriant.
- Allons-y, je sens déjà qu'il s'impatiente, fit Lens en se levant de son fauteuil. 
- Nous t'accompagnons, mon enfant, fit la Reine en lui prenant une main. 

Le Roi se plaça à sa gauche et la Reine à droite. Tout deux soutenant Lens, habillé d'un kilt au tartan blanc et bleu, d'une chemise blanc cassée, un gilet marron et une veste sur les mêmes tons que la chemise et le kilt. De grandes chaussettes recouvraient ses mollets jusqu'aux genoux, des chaussures de cuir souple à ses pieds, une bourse pendant sur le devant de son kilt, une ceinture à la boucle en argent, offert par la Reine, serrait sa taille. Il portait une broche sur sa poitrine à gauche, avec un motif qui appartenait à la Reine. Une broche en forme de flèche retenait un pan de sa jupe. Il avait été légèrement maquillé par Gloria et coiffé par Glenna. Il portait aucun bijou, hormis plusieurs points sur son oreille droite. Lui qui avait percé ses oreilles à son retour de la guerre, la Reine avait décidé de changer les pions de son oreille par des diamants brillants.

Installé dans sa machine, il se lança enfin, aidé par le couple royal et assisté par deux gardes. Gloria et Kael se trouvaient juste derrière le jeune homme qu'ils quitteraient une fois avec son promis. Le fauteuil roulant de Lens les suivait. Il s'y installerait afin de pouvoir passer la cérémonie sans devoir puiser dans ses forces trop longtemps et s'épuiser inutilement avant le banquet.

Il marcha alors, un pas après l'autre, sous la clameur des invités et des villageois. Quand ils se virent, les deux amoureux n'osèrent dire le moindre mots, hypnotisés par la beauté de l'un et de l'autre. On murmurait parmi les rangés à quel point l'oméga était époustouflant. Bien entendu, quelques jaloux tentèrent de se moquer, mais impossible de nier qu'il était absolument magnifique.

Cainnech tendit sa main et reçu, de sa grand-mère, la main du coeur de son compagnon. Il l'aida à s'installer dans son fauteuil.

- Nous te confions cet enfant, prends en soin, lui dit le Roi, baisant ses joues.

Il ne les regarda pas rejoindre leurs sièges, tant son attention était fixée sur cette beauté étrange et sauvage qui se trouvait à ses côtés, prête à lui jurer la vie.

- Nous sommes réuni en ce jour, pour célébrer l'heureux mariage entre Sir Lens Folk et notre Seigneur, le futur Roi, Cainnech Glowell ! s'exclama le religieux.

Durant la cérémonie, personne ne s'opposa à l'union ni ne décida de dire à haute voix un blasphème. Quand on demanda les alliances, Klaus récupéra celle que lui confia le Roi. Gloria eut la lourde tache de donner à Lens, une bague de famille de la Reine qui se passait de femme en femme, le jour du mariage. Toutefois, Cainnech en possédait déjà d'autre qu'il avait fait forgé pour eux.

- Mon Seigneur, désirez-vous-
- Oui ! s'exclama-t-il, faisant rire l'assemblée.
- Ne te presse point trop, mon ami ! Laisse donc le père réciter ses paroles Saintes ! lui lança Klaus.
- Par pitié, ne me faites pas languir ! gronda le Prince. C'est une torture rien qu'à le regarder ! Je ne puis tenir longtemps !
- Calme toi donc, mon fils ! lui dit la Reine.
- Ah !

Les rires remplirent l'église.

- Mon père, passons vite cet instant, dit alors Lens. Mon cher Alpha risque de faire éclater votre église avec son impatience.

Les rires redoublèrent d'intensité.

- Soit ! soupira le religieux. Les jeunes de nos jours...
- Hâtez-vous mon père !
- Mon Seigneur-
- Oui ! J'ai déjà dit oui ! 
- Bi-Bien, dans ce cas... Sir Lens, acceptez-vous de prendre pour époux, le Seigneur Cainnech Glowell ?
- Bien sûr que je le veux, répondit ce dernier, un peu plus doucement.
- Les alliances, je vous prie.

On leur tendit les anneaux, mais Cainnech en sortit d'autre de la petite besace qui décorait son accoutrement traditionnel.

- Par ces deux anneaux, déclara l'alpha. Je te fais miens. Peu importe ce qu'il puisse ce passer dans notre vie, rien ne nous séparera, même la mort.

Le religieux se racla la gorge.

- Par ces deux anneaux, récita à son tour Lens alors qu'il les enfilaient sur l'annulaire du Prince. Je te fais miens. Pour aujourd'hui et l'éternité. Que le futur nous apporte bonheur et amour comme aujourd'hui.
- Par les pouvoirs qui me sont conférés, vous- Oh et puis zut. Embrassez-vous !

L'abandon du religieux amusa tout le monde. Cainnech se pencha pour capturer sauvagement la bouche de son oméga qui se tint à ses larges épaules.

Sa langue plongea vers sa jumelle, l'entourant, la caressant, accueillant ce baiser avec joie. Quand ils se séparèrent, Cainnech ne put résister à l'envie de le soulever dans ses bras et de quitter l'église pour le présenter aux villageois qui attendaient avec impatience.

- Enfin mariés ! déclara-t-il.
- Bravo !
- Félicitations, Votre Altesse !

Il embrassa Lens encore et encore.

La joie était explosive. Il ne pouvait et ne le pourrait sans doute jamais, décrire ce qu'il ressentait clairement à cet instant. Mais son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine. Lens put le sentir tant le sien battait pareil.

- Grand-mère, Grand-père ! dit-il alors qu'ils commençaient à sortir. Je crains ne pouvoir assister au banquet avec mon époux.
- Va, fit le Roi, les chassant d'un geste de la main, amusé par son empressement. Du moment que tu te présente à ton couronnement demain.
- Si fait ! 

Il ne prit la peine de demander l'assistance de Gloria ou Kael. Il siffla son cheval, plaça Lens dessus et sauta derrière lui, talonna le destrier de guerre qui partit au galop comme un fou, sous cette pluie fine.

- Où allons-nous ?
- Dans nos appartements !
- Quel empressement, mon Seigneur ! s'amusa Lens alors qu'ils remontaient le chemin jusqu'à arriver dans la cour.

Un palefrenier récupéra les rênes du cheval, laissant le Prince sauter à terre et récupérer l'oméga.

 - Félicitations, Votre Altesse ! entendirent-ils.
- Merci ! Profitez du banquet ! répondit-il, courant droit vers l'aile qui leur appartenait.
- À croire que tu t'es marié avec toi-même, soupira Lens.
- Laisse les donc parler, dit-il. Demain tu seras ma Reine et tu seras acclamé comme telle.
- Moi, une Reine ? Bah tien.
- Rah, Lens !

L'oméga s'amusait de l'entendre le décrire ainsi, il aimait la façon dont il lui montrait ses sentiments.

Quand ils entrèrent dans leur chambre, Cainnech déposa l'oméga sur le sol, le laissant se tenir droit devant lui, grâce à sa machine de soutien. Ils se jaugèrent du regard, comme deux chevaliers durant une joute.

- Tu es magnifique, Lens, murmura le Prince.
- Tu es éblouissant également...

Sans plus attendre l'alpha captura la bouche de son époux qui réagit immédiatement. Gémissant contre sa langue, il s'accrocha à ses épaules, reculant alors que lui avançait, jusqu'à tomber, ensemble, sur le lit. Cainnech le recouvrait de toute sa taille, épousant parfaitement les formes du jeune homme qui ondulait des hanches, cherchant à le sentir contre lui.

- Doucement, mon intrépide guerrier, gronda le Prince.
- Est-ce bien toi qui me demande de me calmer ?
- Ah ! Lens ! Ai pitié ! Une semaine sans te voir et je suis sur le point d'éclater sous le moindre de tes regards, le moindre mouvement de ta part...

Lens avança son visage et lui mordit la lèvre inférieure, faisant rugir l'alpha qui le dépiauta de son accoutrement, révélant un torse musclé et imberbe, nacré. Il faillit perdre la tête en découvrant son corps, qu'il connaissait pourtant très bien. Mais après un certain temps sans se voir, Cainnech avait cru virer fou. 

Il plaqua sa langue contre le ventre de Lens qui l'arqua d'un coup. Sa peau se recouvrit de petites cloques, frissonnant sous la caresse langoureuse de son mari qui le dégustait avec délice.

- Je vais devenir fou, gronda l'alpha, le front contre la poitrine du jeune homme.
- N'étais-je donc pas le seul à attendre ? s'amusa l'oméga.

Cainnech lui mordilla le pectoral, faisant gémir son époux.

- Ne me cherche pas, mon cher époux.
- Je suis à l'image des anges, mon cher mari, répondit Lens.

L'alpha gronda. 

Il captura sa bouche, plongeant sa langue et entoura sa jumelle qui se livrait sans retenue.

- Lens. Je ne vais pas être tendre, aujourd'hui, le prévint-il.
- L'as-tu déjà été, au moins une fois ?
- Tu marques un point, soupira Cainnech. Mais je ne puis me retenir actuellement. Tu es bien trop délectable et lumineux. Je suis comme attiré par cette beauté qu'ils ont fait de toi.
- Me trouveras-tu plus laid demain et les autres jours ?
- Du tout. Mais aujourd'hui est un jour spécial.
- Alors soit, oublions la douceur pour aujourd'hui, soupira l'oméga.

Pensant l'avoir blessé, Cainnech se redressa pour le regarder, mais découvrit son sourire moqueur et son regard rieur, luisant d'un désir aussi sauvage que le sien.
Lens lui prit la nuque et le força à se baisser pour le rejoindre dans un baiser qui ébranla le Prince. C'était un baiser doux, dans la retenu, lui prouvant qu'ils étaient tous les deux sur la même longueur d'onde. Oui, son époux était tout aussi dans l'urgence que lui. L'un comme l'autre, ils se désiraient, espéraient se retrouver et se combler, ensemble.

La fête commençait déjà dans le château. Ils pouvaient en entendre la clameur. Les odeurs du banquet leur parvinrent, mais eux s'en fichaient, rien ne comptait plus que l'instant présent.

***





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