Chapitre 1: Le Iop.
Rien de plus sympathique qu'une pomme.
Une belle pomme rouge, mûre, pendue aux branches d'un arbre, se balançant tendrement sous le soufle de la légère brise parcourant la sublîme île de Bonta. Une belle pomme rouge, dont la vie se résume à cette simple chose: devenir encore et toujours plus mûre, et tant pis si on ne me mange pas!
Voilà pourquoi cette pomme passait ses journées ici, accrochée à son arbre, à tenter d'atteindre son but ultime.
Qu'elle n'aura jamais atteint, d'ailleurs, pour la simple et bonne raison qu'un Iop crétin comme pas possible brisa net son pommier, et l'écrabouilla dans le feu de l'action d'un combat.
-Merde... fit il, en se relevant.
Autour de lui, les débris de l'arbre gisaient au sol. Il ne restait plus que du splendide végétal deux gros morceaux de bois barbouillés de la compote de ses fruits.
Il grogna. Décidémment, la baston faisait du dégât. Le rugissement de son adversaire le tira de ses pensées, le forçant à se reconcentrer sur le duel.
En face du pauvre petit guerrier, se dressait une montagne de fureur, de rage, de muscles... et de laine. La bête cornue contempla le malheureux qui avait osé la défier d'un oeil noir, avant de s'élancer dans sa direction, de toute sa force. Le Chef de Guerre Bouftou chargeait, impitoyable, implacable, pétrifiant de terreur tout ce qui se tenait en face de lui, animaux comme plantes.
Tout, sauf un abruti.
-TU VEUX ME FAIRE CROIRE QUE TU PEUX COGNER PLUS FORT QUE MOI? cria le Iop, visiblement à mi-chemin entre l'excitation et la colère. ON VA VOIR ÇA !!!
Et sur ces propos prophétiques, il baissa la tête, se courba, et fonça lui aussi au devant de la créature.
-UN BON BOUFTOU...
Les deux adversaires étaient désormais presque l'un sur l'autre.
-... EST UNE BLANQUETTE!!!
L'impact des deux crânes fit trembler le sol, produisant une légère onde de choc, réduisant la cervelle de l'un en bouilli, et l'autre... Ben l'autre n'en avait pas, de cervelle.
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Ce terrible "Ploc des Titans" étant terminé, passons aux présentations. Lui, le grand gaillard rouquin à la tenue légère, c'est Ragnawak. Actuellement, il est en train de décortiquer la bêbête qu'il vient de massacrer allégrement, pour s'en faire un steak. Vu la tronche passionnée qu'il tire à la vue des boyaux et du sang sur ses mains, on aurait pu se dire "Ah? Encore un Sacrieur qui s'éclate à sa manière...".
Or, ce n'est pas le cas. Car voyez vous, même si cet joyeux luron s'amuse comme il veut, il ne s'agit pas d'un adepte de la grande déesse masochiste. Loin de là. Il s'agit, à vrai dire, d'un grand consommateur d'alcool, d'un coureur de jupons et charmeur fini, et d'un fervent fanatique du Dieu des Bourrins et des goules cassées, j'ai nommé: Iop.
Pourquoi a t'il choisi Iop comme culte? Ma foi, nul ne le sait. Peut être qu'il aime tout simplement se battre selon les codes d'honneurs de la chevalerie. Peut être qu'il est juste en quête de combat, et de challenge?
Ou peut être qu'il est juste débile, et que c'est tout ce qu'il pouvait faire d'utile dans sa vie. M'enfin bref.
Le môme qui dort, à côté, c'est son gosse, Yveline. Oui, oui, je sais ce que vous allez dire. " Il est mimiiii!!!" "Aaaaa! Quel bout d'chou!". Je vous arrête tout de suite. Ce môme est capable de vous décrocher la machoîre d'un coup. Même s'il est trop gentil pour le faire. Par contre, son papa, qui est très protecteur et qui aime pas trop qu'on dévisage son rejeton comme un Chacha affamé regardant un Tofu, vous le fera sans le moindre remords.
... Ça calme, hein?
Mais je parle, je parle, et le temps passe! Il est temps pour moi de m'effacer discrètement, et de laisser la place à une narration plus posée, plus calme, et plus polie. À dans quelques chapitres...!
...Peux être...
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Le feu de camp crépitait dans la forêt. Dans le silence, dans la pénombre, perdu aux fonds des bois, brillait cette petite lueur solitaire entre les arbres, et résonnait, ce son familier indiquant une halte d'aventuriers pour la nuit.
Le Iop, assis contre un rondin, contemplait les étoiles au dessus de sa tête, à travers les trous du plafond végétal qui leur servait de toit. À coté de lui, les restes d'un animal, au squelette imposant, dont la chair semblait avoir régalé les deux voyageurs, qui avaient rongé sa carcasse pratiquement jusqu'à la moêlle. Et enfin, contre son flanc, un enfant blotti contre lui, agé de 4 ou 5 ans, dormant, la bouche légèrement ouverte, un petit ronflement sortant de son petit corps fragile.
Il regardait les étoiles. Il les contemplait, les admirait, se rendant compte de l'immensité du Krozmos, et de la place qu'eux, simples mortels, occupaient dans la création. Ses pensées s'attardèrent, et s'égarèrent. Il lui semblait que chaque vie passée dans le monde des Douzes l'observait de là haut. Que ceux qui étaient parti l'appelaient, depuis les cieux. Que ses aïeux, que sa famille, veillaient sur eux deux. Et sans doute, elle aussi...
Un petit gémissement l'arracha à sa rêveries. Son fils s'agitait. Il cauchemardait.
Tranquilement, avec un soupçon d'inquiétude, son père se contenta de l'entourer délicatement de ses bras, et de le serrer contre lui, posant son menton sur sa tête. Le petit arrêta de s'agiter.
Qu'il était trognon. Un vrai petit ange, pensa t'il.
Cela allait faire trois jours qu'il avait quitté Astrub. Sa Dragodinde, paix aie son âme, avait trépassé en chemin. Heureusement, il n'était pas loin du lieu de rendez vous, l'auberge de Bonta, où il allait pouvoir LA retrouver... Le petit Yveline allait bientôt rencontrer le reste de la famille.
Il tapota gentimment la tête de son fils. Chou comme il était, il ne pourrait pas tenir dans le périple de son père. On a beau être un mini-Iop plein de fougue, quand il s'agit de cogner sur des costauds, mieux vaut attendre de grandir un peu.
Sur cette pensée, le guerrier serra un peu plus fort sa progéniture, et s'endormit à son tour, à la lueur des flammes du foyer commençant à s'éteindre doucement.
(Illustration par SoupofSoul, alias Yveline ^^)
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