Première Partie

À travers la fenêtre, il regardait tomber la pluie. Elle s'abattait sur les vitres franchement, évitant à la pièce de tomber dans le silence. Les nuages assombrissaient le ciel et se rencontraient parfois pour un concert colérique mêlant grondements et flashs éblouissants. C'était un jour morose, mais un jour tout de même pour ce jeune homme qui se surprenait toujours à ouvrir les yeux chaque matin.

Il était difficile de fermer les paupières le soir, lorsque la lune pointait le bout de son nez, il sentait l'angoisse prendre possession de lui. Pourtant, le stress ne lui était pas permis, il ne devait pas paniquer et devait accepter ses calmants sans rechigner. Avec un peu de chance, cela lui permettrait de voir le lendemain. C'était sur ces pensées pleines d'espoir qu'il partait combattre la peur de s'endormir à jamais jusqu'à se faire faucher par Morphée, finalement incertain.

Alors les jours de pluie ne lui déplaisaient pas. Coincé entre quatre murs et derrière des vitres épaisses, qu'il pleuve ou non ne lui importait guère, tant qu'il pouvait voir la lumière de la vie sur Terre. Cela pouvait paraître normal pour tout le monde, banal, une simple routine, d'avoir à se réveiller pour vivre sa journée, alors que c'était un véritable petit miracle quotidien, souvent sous-estimé, oublié. Ce jour-là, il se permettait alors de sourire, doucement, tout en se laissant bercer par le mince fracas de l'averse sur ses vastes fenêtres. Grâce à lui, il en oubliait presque le signal aigu et répétitif qui bipait à ses côtés à longueur de journée et de nuit. Preuve qu'il était toujours présent pour vivre les prochaines minutes, il n'oserait Ô Dieu jamais s'en plaindre, s'y étant habitué, ayant apprivoisé cette compagnie à la fois rassurante et pesante qui escortait sa personne esseulée.

Non, sa famille n'était pas présente pour le soutenir durant ces jours de sursis. Ses parents, ainsi que son frère aîné menant désormais sa propre vie familiale, le pensaient en voyage, à parcourir le monde au péril de sa vie pour le simple plaisir de vivre au maximum chaque instant qu'il lui était offert. Au début, il avait pensé le faire, il avait essayé, mais la fatigue et la peur lui avaient paralysé les jambes et les tripes. Il s'était réfugié dans le premier hôpital venu, avait retrouvé des forces avant de tenter une nouvelle fois l'expérience mais rien n'y faisait, il ne pouvait dépasser les trois jours de voyage sans s'effondrer. Alors il avait regagné Séoul, déterminé à claquer toutes ses économies dans un abonnement en soins palliatifs. Le bonheur, n'est-ce pas ? Certes, c'était assez morose et déprimant comme prise de décision, mais là qu'il voyait ses jours paisibles se faire plus nombreux que prévu, il était heureux de son choix, heureux de s'être contenté de vivre et de respirer plutôt que de se mettre en danger pour la beauté du geste.

Mais, rester enfermé dans une chambre d'hôpital à ne faire que regarder la télévision ou le ciel par la fenêtre, était-ce réellement vivre ? Il s'était souvent posé la question. La vie valait-elle le coup d'être vécue si c'était dans ces conditions ? Il s'en était mordu les lèvres, avait senti son nez le picoter et les larmes lui monter aux yeux mais il s'était convaincu de répondre que oui, elle en valait tout de même la peine. Chaque jour était nouveau, même s'il ressemblait au précédent, il avait la chance de recevoir de bons soins, de rencontrer de bonnes personnes, d'avoir des discussions parfois passionnantes avec certains de ses infirmiers ou même d'autres patients lui rendant visite. Puis il n'était pas totalement foutu, ses jambes fonctionnaient toujours, chaque muscle était encore bien assez robustes pour le porter à travers l'hôpital pour une balade. Tous, sauf un, le plus important et pourtant le plus fatigué. Alors, selon les jours, il devait abandonner ses amis éphémères pour retourner s'allonger, retrouvant le silence et la solitude de sa chambre. Mais il n'avait aucun regret et prenait la peine de savourer chaque instant.

Même ce jour de pluie méritait donc d'être apprécié, plus tard, il dira même surtout ce jour de pluie, car il signa un virage surprenant dans sa vie calme et bien rangée. Entre le bruit de la pluie et celui du tonnerre, les alarmes virulentes d'un fourgon de pompiers se frayèrent un chemin jusqu'aux oreilles du malade. Ce n'était rien d'étonnant tant l'évènement était régulier et fréquent, c'était le but même de cet établissement alors il ne s'en trouva nullement désappointé. Ce fut plutôt une infirmière toquant à sa porte bien plus tard qui lui apporta la meilleure surprise qu'il aurait pu avoir, et il ne savait pas encore à quel point.

- Oui, entrez !
- Mr. Byun, pardon de vous déranger. Commençait la demoiselle en faisant coulisser la porte de la chambre. Les urgences sont débordées et manquent cruellement de place. Ce n'est pas dans notre habitude d'importuner les patients en palliatif mais comme vos constantes sont plutôt satisfaisantes dernièrement, nous aimerions savoir si vous vous sentez d'accueillir un accidenté ?
- Oui, bien sûr ! S'était-il empressé de répondre, soudainement souriant et presque lumineux. Je me sens très bien depuis hier, il ne me dérangera pas puis... Il me fera de la compagnie.
- Merci beaucoup pour votre gentillesse, je savais que nous pouvions compter sur vous. Il ne pourra guère vous embêter ou même vous tenir compagnie vue son état... Mais j'espère que vous vous entendrez s'il s'en sort.
- Dépêchez-vous de l'amener ici au calme s'il est si mal en point, il est le bienvenu.
- Merci Mr. Byun.
- Et appelez-moi Baekhyun ! Depuis le temps, vous pouvez vous le permettre...

Ricanant doucement, la jeune infirmière s'en était allée pour chercher le malheureux qui partagerait bientôt sa chambre. Il ne serait plus seul, enfin il pourrait converser avec quelqu'un même lorsque son cas l'obligerait à garder le lit. Chaque patient en soins palliatifs se voyait automatiquement offrir une chambre individuelle, pour se reposer tranquillement, pour être dans le calme, sans vague ni tumulte, pouvant attendre la faucheuse avec confort et sérénité. Autant, certains patients avaient bien besoin de cette condition reposante, notamment les personnes âgées qui se retrouvaient vite perturbées par la moindre nouvelle présence, mais ce n'était pas le cas de Baekhyun qui restait un jeune homme encore capable de parler, de rire et de s'amuser sans être en perdition au moindre imprévu. Certes, il avait parfois besoin de calme et de repos, mais de la compagnie lui ferait le plus grand bien.

C'était la première fois que l'on lui demandait de partager sa chambre avec un patient des urgences, cela devait être un cas exceptionnel, un manque de chambre soudain, une vague de blessés qu'ils n'avaient pas appréhendée. Cela devait certainement être le résultat de ces quelques jours d'orages qui noircissaient la ville et inondaient les rues, les accidents s'en voyant multipliés et la charge de travail des hôpitaux ne pouvant que s'accentuer. D'ordinaire, ils n'auraient jamais osé demander un tel service à un patient en fin de vie, c'était impensable, mais Baekhyun voyait cette rareté comme étant un très bon signe. Peut-être allait-il encore mieux qu'il ne le pensait dernièrement, il pouvait certainement se permettre de croire que le dernier jour s'était encore éloigné de lui, pour son plus grand bonheur. Alors, ce malheureux accidenté en devenait d'autant plus précieux, apportant avec lui la présence qu'il manquait tant au mourant, mais également l'impression de ne pas en être un.

La porte coulissa une nouvelle fois, deux infirmières entrèrent en le saluant, puis un brancard pénétra la chambre poussé par deux infirmiers qui manœuvraient le lit de fortune avec difficulté mais savoir-faire. Le nouveau patient semblait encombrant, certainement trop grand et bien évidemment accompagné d'un matériel bien spécifique pour le maintenir en vie. Baekhyun ne voulut pas paraître curieux ni impatient de connaître son colocataire, il se faisait volontairement sage et bienveillant tout en refoulant cette furieuse envie de se précipiter vers le lit de celui qui remplirait ses journées. Il irait faire connaissance quand la quiétude serait revenue, quand ils ne seraient que tous les deux, enfermés entre ces quatre murs qu'il ne connaissait que trop bien et qu'il lui tardait de lui faire découvrir, bien que cela ne soit pas passionnant. Les quatre infirmiers s'affairaient autour du blessé, l'un arrangeait les draps, un autre pendait les perfusions et les deux derniers réglaient correctement les machines pour ne rien manquer de l'état de leur patient. Ils s'assurèrent que rien ne manquait, se permirent une petite discussion avec le mourant pour le remercier puis ils quittèrent la chambre en précisant qu'ils reviendraient tout de même souvent, ce dont il s'était douté.

Enfin seuls, Baekhyun libéra ses jambes de sous sa couverture, glissa contre son matelas et se mit doucement débout en prenant avec lui l'oxygène qui lui permettait de soutenir son triste cœur. Levant son fin minois vers son nouveau camarade, il se permit de s'en approcher, lentement, comme ayant peur de le réveiller, de l'effrayer, comme voulant se faire invisible, presque voyeur alors qu'il mourait d'envie de faire connaissance avec lui. Il rencontra d'abord son physique, ses yeux ne s'attardant pas sur les détails, ils furent plutôt témoins de la grande taille du jeune homme, peut-être faisait-il une tête de plus que lui, voire plus encore, il ne savait dire. Il était brun, ses cheveux se faisant légèrement tortueux, parfois hirsutes, sans réellement de coiffure, ou était-ce peut-être le résultat de l'accident, ce qui était bien possible. La tête un peu enfoncée dans l'oreiller n'empêcha nullement Baekhyun de remarquer la longueur surprenante des oreilles du malheureux, il en avait souri, s'était permis d'en effleurer une du bout des doigts puis il put se concentrer sur certains détails.

L'accident avait dû être violent car le pauvre homme se retrouvait bien camouflé sous les bandages, les pansements et les plâtres. Une de ses grandes jambes était immobilisée, tout comme un bras pendant que l'autre se voyait enroulé dans des bandes blanches parfois tachées de pourpre. Son nez enflé était recouvert d'une gaze, un coin de son front arborait fièrement une compresse et, le plus douloureux à regarder selon Baekhyun, ses lèvres nonchalamment entrouvertes laissaient sortir de sa bouche le tube qui lui permettait de vivre. Tous deux étaient désormais abandonnés par leurs poumons, dépendant totalement d'une aide extérieure pour respirer. Le mourant se pinça les lèvres en baissant le regard, se rendant compte qu'il était triste pour cet inconnu, triste de voir dans quel état il s'était mis, triste de constater que sa vie était menacée alors que la veille il devait certainement rire de bon cœur avec ses connaissances sans savoir qu'il serait bientôt prisonnier, entre la vie et la mort.

Se perdant dans sa peine, Baekhyun laissait ses doigts rencontrer ce corps inconscient, glissant sur une pommette dans l'espoir de faire frémir ses paupières closes, mais il n'y eut aucune réponse, il ne se réveillerait pas, pas tout de suite. Alors il s'était permis de s'approcher franchement de lui, posant une main sur le matelas, une hanche s'appuyant doucement sur la structure métallique du brancard, il prenait le temps de l'observer, tentait de deviner ce qu'il avait, ce qu'il lui était arrivé, tout en lui arrangeant certaines mèches de cheveux. Jusqu'à ce que la porte de la chambre ne s'ouvre soudainement, le faisant sursauter tout en récupérant sa main en s'éloignant d'un pas du malheureux.

- Baekhyun, pardon de vous avoir fait peur, ce n'est que moi. S'excusa la jeune infirmière de plus tôt tout en s'avançant. Vous faisiez connaissance ?
- Hm... Et bien... Oui. Avait-il hésité à répondre, se sentant honteux, ayant certainement un peu rougi tout en se frottant un bras nerveusement, continuant de reculer.
- C'est normal, c'est votre premier colocataire. Je suis désolée qu'il ne puisse pas plus vous tenir compagnie.
- Que lui est-il arrivé ?
- Accident de moto. Je ne connais pas les détails mais il aurait glissé à cause de la pluie et percuté un véhicule. Expliquait-elle en relevant le drap pour examiner la jambe la plus touchée. Il a dû se retrouver coincé sous sa moto tout en glissant, sa jambe est fracturée et à vif.
- Je vois... Qu'a-t-il d'autre comme blessure ?
- Il a perdu pas mal de peau un peu partout, pourtant il était bien équipé mais l'accident a dû être assez violent à cause de l'orage. Il s'était déboité une épaule, a fait un pneumothorax à cause du choc. Énumérait-elle tout en pointant les différents endroits où le pauvre était touché. Évidemment, il a des côtes cassées, tout comme le bras du même côté que sa jambe, celui qui a rencontré le bitume, trois fractures.

Plus elle indiquait ce qu'il lui était certainement arrivé, plus l'esprit de Baekhyun se voyait inondé de scènes tout droit sorties de son imagination, mettant en application les pensées de l'infirmière. Il pouvait donc voir le malheureux se faire renverser, entendait même le crissement des pneus et le fracas de la ferraille se pliant contre l'asphalte humide. Il imaginait le cuir d'un blouson épais se déchirer, un casque s'envoler, et le visage de l'inconnu se tordre de douleur dans une grimace qui lui chamboulait l'estomac. Il se faisait peur tout seul, son petit cœur s'était donc emballé d'un coup, un signal plus rapide accompagna celui terriblement calme de l'accidenté et l'infirmière comprit.

- Mr. Byun, asseyez-vous ! Lui ordonnait-elle en lui attrapant les épaules et en le faisant se poser dans un fauteuil entre les deux lits. Si c'est pour paniquer comme ça, je ne vous raconterais plus rien.
- Pardon, j'ai soudainement angoissé en imaginant son accident.
- N'y pensez pas, cela ne vous est pas arrivé à vous. Mes paroles sont peut-être dures mais chacun son problème, vous aussi vous êtes à plaindre alors ne vous rendez pas malade pour lui sinon je le fais changer de chambre.
- Vous n'avez nulle part d'autre où l'installer, votre menace ne me fait même pas peur.
- Ne jouez pas au plus malin car, s'il le faut, je mettrai tout en œuvre pour l'éloigner de vous.

Le petit homme prit un air boudeur légèrement trop exagéré qui finit par faire rire la demoiselle avant qu'elle ne retourne s'occuper du blessé. Baekhyun avait alors souri en la regardant faire, restant bien installé dans son fauteuil, il était déjà bien heureux d'avoir un peu d'animation dans sa chambre.

- Il pourra parler un jour ?
- Nous l'espérons, oui. Demain, lorsque nous lui retirerons le drain thoracique, nous verrons si ses poumons sont capables de faire leur boulot seuls. Si oui, il pourra parler dès son réveil, si non, nous lui feront une trachéotomie pour libérer sa bouche. Mais il ne parlera pas pour autant...

Baekhyun grimaça quelque peu, se rendant compte qu'il n'allait peut-être pas pouvoir converser tout de suite. Mais il pouvait toujours espérer que tout se passerait bien, qu'il allait vite se remettre et pouvoir lui répondre.

- Même si nous lui faisons une trachéo, s'il reprend conscience, il pourra toujours interagir avec vous d'une façon ou d'une autre, ne vous en faites pas.

De quoi faire revenir le sourire sur le visage du petit mourant qui repliait ses jambes pour s'installer en tailleur sur son fauteuil. Il fallait donc qu'il reprenne connaissance, c'était la première chose à faire pour qu'il puisse lui parler. Il se mettait donc à espérer le réveil imminent de son colocataire. D'ailleurs, il était désormais au courant de tout son cas médical mais il lui manquait l'essentiel.

- Au fait, comment s'appelle-t-il ?
- Park Chanyeol. Je me permets de déposer ça sur votre table de nuit, le temps que nous lui en trouvions une pour lui. Répondit-elle en posant sur la surface en bois peint en blanc un téléphone portable à la vitre brisée et un portefeuille. Mon collègue apportera la suite de ses affaires bientôt. Son téléphone fonctionne mais nous n'avons pas encore réussi à joindre sa famille. S'il sonne, vous pourrez répondre ?
- Bien sûr !
- Vous êtes trop enthousiaste, j'ai peur que vous fassiez paniquer la famille...
- Non, ne vous inquiétez pas ! Depuis le temps que je suis ici, j'ai compris comment vous faisiez pour annoncer ce genre de nouvelle, voire pire, je saurai faire, promis !
- Vous êtes sûr ? C'est vraiment pour vous faire plaisir que je le fais, hein, alors ne me décevez pas.
- Vous dites ça mais je suis certain que vous avez déjà le numéro de sa famille et que vous allez les appeler vous-même, ne me prenez pas pour un idiot. Boudait-il en se recroquevillant sur son siège.
- Vous êtes perspicace, en effet ! S'amusait la demoiselle en prenant la sortie.

Une nouvelle fois seuls, Baekhyun n'osa pas quitter son fauteuil, il ne lui fallait pas faire trop d'efforts d'un coup et sa poitrine était déjà quelque peu fatiguée. Il restait donc assis à observer de loin son colocataire, écoutant le signal de ses pulsations lentes et parfois irrégulières, mais également le souffle bruyant de la machine remplissant ses poumons d'air. Sa chambre était devenue bruyante et était pourtant toujours plongée dans le silence. Alors, après un soupir, il s'occupa en attrapant le portefeuille du blessé, y trouvant sa carte d'identité qu'il s'empressa de lire.

- Park Chanyeol, né à Séoul le vingt-sept novembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-douze, oh on est de la même année ! Mais je suis ton aîné apparemment. S'amusait-il à raconter seul sans attendre la moindre réponse, ne prenant même pas la peine de relever les yeux. Woah un mètre quatre-vingt-cinq, tu es vraiment grand par rapport moi, quelle chance.

Il reposa ensuite le document et se permit de fouiner un peu plus dans le reste du portefeuille, ne trouvant finalement guère plus intéressant que de l'argent, une carte bancaire et certains brouillons chiffonnés avec des numéros de téléphone et parfois des notes, jusqu'à trouver une photo. Une photo d'identité du blessé lui-même. Baekhyun la rapprocha de son visage, forçant un peu sur ses yeux, il prenait le temps d'observer ce visage sans aucune blessure, sans éraflure ni pansement. Comme tout le monde, Chanyeol avait pris un air bien trop sérieux, il ne souriait pas et se contentait de regarder l'objectif en semblant impassible. Était-il comme cela dans la vie également ? Le mourant en vint à se poser des questions sur le possible caractère de son colocataire. Peut-être n'était-il pas drôle, trop froid et solitaire. Peut-être n'apprécierait-il pas sa présence et ne voudrait donc pas lui parler ni lui donner un quelconque intérêt. Cela le rendait triste d'avance tant il préférait quelqu'un de jovial, de bon vivant, d'aimable et de gentil. Il aimerait discuter longuement avec lui, il voudrait occuper ses journées et ses nuits avec de longues conversations, qu'elles soient intéressantes ou juste amusantes, il voudrait simplement sourire et oublier leurs conditions.

Il espérait qu'il serait sympathique, qu'il s'en ferait un ami et se plut à l'imaginer sourire, son esprit étirant les lèvres charnues qui apparaissaient sur la photo stricte qu'il tenait entre ses doigts fins. Il se permettait de relever ses pommettes, plissant joyeusement les grands yeux qu'il avait découvert chez son colocataire. Il lui tardait de le voir ouvrir les paupières, il voulait vérifier par lui-même s'il les avait si grands et si profonds. Et, tout comme cela semblait être le cas ce jour-là, la coiffure sur la photo était à l'identique, pas trop longue, semblant dégagée sur la nuque mais quelque peu bouclée et désorganisée sur le dessus. Cela le rendait moins sévère, plus avenant et même plus mignon lorsque l'on apercevait la pointe de ses grandes oreilles dépasser de derrière quelques mèches.

- Je t'aime bien, Chanyeol. J'espère que tu te réveilleras bientôt, il me tarde de faire ta connaissance.

Mais le lendemain ne fut pas le jour tant attendu où il pourrait entendre la voix de son potentiel nouvel ami. Il en avait pourtant fait la prière toute la nuit. Recroquevillé sous sa couette, le visage tourné vers le brancard, Baekhyun avait longuement observé le profil de Chanyeol se dessiner dans la faible lumière des machines après lui avoir souhaité une bonne nuit. Pour la première fois, ce ne fut pas la peur qui l'empêcha de fermer l'œil mais bien l'excitation de ne pas dormir seul. Le blessé était si proche, juste à côté, à peine deux ou trois mètres plus loin, il sentait sa présence malgré son inconscience et se réjouissait de ne pas être un mourant solitaire dans le noir de sa chambre. Mais, malgré son espérance, l'esprit du malheureux ne refit nullement surface lorsque les médecins vinrent s'occuper de son cas dans la journée qui suivit. Le drain avait été retiré, comme l'avait prédit l'infirmière, et les poumons purent être testés mais ne donnèrent aucun résultat.

Chanyeol était trop faible, bien trop touché par son accident, sa conscience préférait rester cachée et son corps n'avait pas assez de force pour se maintenir en vie seul. La décision de la trachéotomie fut vite prise, il allait falloir lui entailler la gorge pour la remplir de tubes et assurer la survie du blessé. Mais Baekhyun était touché, peiné, de savoir que son cas ne s'était toujours pas amélioré et il fut bien heureux de ne pas assister à l'acte médical. Un infirmier l'installa sur un fauteuil roulant et lui proposa d'aller faire un tour tout en discutant de la pluie et du beau temps toujours absent. Roulant jusqu'à la sortie, les yeux naturellement tombants du mourant ne quittèrent pas son colocataire jusqu'à passer la porte. Il avait déjà l'impression de le voir mort et se surprenait d'en être si affecté, il sentait ses yeux humides et sa gorge serrée alors qu'il s'éclaircissait la voix en traversant les couloirs.

- Vous pleurez, Baekhyun ? S'inquiéta l'infirmier qui le poussait avec douceur.
- Non, du tout. Mais... Chanyeol me fait de la peine.
- Vous le connaissez ?
- Absolument pas, je l'ai vu pour la première fois hier donc nous ne sommes pas proches du tout mais je ne sais pas... Cet endroit m'a rendu plus fort, il m'a appris à me détacher de la condition des autres car n'importe qui pouvait disparaitre sans crier gare mais je ressens étrangement plus d'empathie pour lui. Tentait d'expliquer Baekhyun en se détendant contre le dossier de son fauteuil.
- C'est la première personne qui partage votre chambre, vous voudriez déjà qu'il soit votre ami, il est normal que vous vous y attachiez. Mais préservez-vous. Comme vous venez de le dire, il peut partir d'un instant à l'autre.

Pourtant, le mourant continuait de croire qu'il était différent des autres patients qu'il côtoyait dans cet hôpital. Tous étaient condamnés, lui compris, ils étaient résolus, avaient capitulé face à la maladie et ne faisaient qu'attendre leur dernière heure sans même se battre. Que ce soit de vieillesse ou de maladie, par des pathologies diverses et variées, tous étaient conscients que le temps leur était compté et qu'un jour, la lumière s'éteindrait. Pour le cas de Chanyeol, c'était différent, du point de vue de Baekhyun. Lui, n'était pas destiné à mourir. La mort ne marchait pas quelques mètres derrière lui à attendre qu'une impasse ne se présente depuis des années. Il avait eu le malheur d'être au mauvais endroit au mauvais moment, allant de lui-même à la rencontre de la faucheuse sans s'en être douté. C'était cette idée qui attristait le mourant, la fulgurance du passage dans l'autre monde pour les accidentés. Chanyeol n'avait eu aucune conscience de son malheur, encore à ce moment précis, il ne pouvait pas se douter qu'il flirtait avec la fin, jusqu'à ce qu'elle ne l'emporte, sans même qu'il n'en sache quoi que ce soit.

Allait-il réellement mourir du jour au lendemain sans avoir pu prendre conscience qu'il assistait à ses derniers jours ? Sans pouvoir profiter des derniers instants ? Baekhyun n'espérait pas. Lui, tout en sachant qu'il s'approchait un peu plus de la fin chaque jour, avait pu apprivoiser sa condition et décider de ce que seraient ses derniers moments. Il pouvait vivre ses ultimes instants comme il le désirait, en les savourant, se doutant qu'ils se raréfiaient. Le grand motard allait-il s'éteindre sans avoir pu prévenir sa famille ? Sans avoir profité des derniers rayons de soleil ? Sans avoir pleinement savouré sa dernière bouffée d'air frais ? Et voilà, Baekhyun lâchait sa première larme. Elle glissait lentement sur la rondeur de sa joue, en silence, alors qu'il inspirait pour se redonner consistance. Il arrivait dans le salon des soins palliatifs, y découvrant plusieurs visages qu'il connaissait, se devant alors de les saluer avec le sourire, comme il le faisait chaque jour. Il essuyait d'un bref revers de main le chemin humide qui faisait discrètement luire sa peau, il s'empressait d'étirer largement ses fines lèvres en réponse au sourire de Mme. Cha.

C'était une vieille femme, coincée dans un fauteuil, pas même capable de desserrer les doigts pour se servir un verre d'eau. Elle voyait lentement sa fin arriver, naturellement, mais se faisait un plaisir d'être entourée par plusieurs compagnons et les aides-soignants. Ainsi, elle n'était pas seule, délaissée par ses enfants tous rongés par leur travail, ce qu'elle comprenait. Baekhyun la voyait alors comme la grand-mère qu'il n'avait plus. Depuis son arrivée en soins palliatifs, la vieille femme s'était prise d'affection pour lui et avait su lui faire oublier leur condition. Elle semblait bonne vivante, souriante, ayant encore toute sa tête malgré la fatigue écrasante que ressentait son corps usé.

- Petit Baek, que fais-tu dans une carriole comme la mienne ? Tu ne te sens pas bien aujourd'hui ?
- Ne t'inquiète pas grand-mère, je n'ai juste pas assez dormi.
- Encore des angoisses ? Questionnait Mme. Cha avec une extrême lenteur, espaçant chaque mot d'un silence durant lequel elle reprenait sa respiration.
- Non, pas cette fois. J'ai un nouvel ami dans ma chambre !
- Ami ? C'est Mr. Noh qui t'a encore offert un cactus ?
- Non, un vrai humain cette fois ! Clarifiait Baekhyun en riant de bon cœur, toujours étonné par l'humour de cette vieille femme en bout de course. Mais c'est un accidenté de la route, il n'est pas en bon point, j'espère qu'il va s'en sortir.
- Je l'espère pour toi, mon petit. Je partirais volontiers à sa place si ça pouvait te faire plaisir.
- Oh non, ne dîtes pas ça, que ferais-je sans vous ?
- Tu te débrouillerais très bien, garnement, les choses sont ainsi tu sais.

Et Baekhyun sourit avec douceur tout en attrapant avec délicatesse une main osseuse de Mme. Cha, la lui caressant avec tendresse alors que l'esprit de la vieille dame était déjà aspiré par la télévision face à eux. Mr. Noh fit son apparition plus tard, un vieil homme, fleuriste dans sa jeunesse, qui se voyait désormais freiné par un cancer. Trop âgé pour être opéré sans de grands risques, il avait lui-même préféré accepter son sort pour profiter des jours à venir entre de bonnes mains. Lui et Baekhyun se comprenaient, ayant finalement fait le même choix, ils en gardaient forcément un lien très fort et passaient de longues heures à parler avec philosophie durant les après-midi de pluie. C'était avec lui que le petit mourant avait eu les conversations les plus passionnantes et les échappées nocturnes les plus hilarantes lorsqu'ils n'étaient pas trop fatigués.

Le déjeuner arriva ainsi très vite à force de partager plusieurs idées et tendresses avec les deux séniors, Baekhyun n'eut pas l'occasion de retourner dans sa chambre avant de manger et ne put retrouver son colocataire qu'en fin d'après-midi après plusieurs examens médicaux sur l'un comme sur l'autre. Se fut donc au crépuscule qu'il put se rendre compte de la nouvelle condition du motard. Même s'il était quelque peu sensible à la vue des tuyaux dépassant de sa gorge, il était soulagé de voir sa bouche libre, délicatement fermée malgré la rougeur de ses lèvres. Chanyeol paraissait plus paisible, son minois pourtant défiguré ne semblait plus grimacer, il était réellement endormi, profondément plongé en lui-même dans l'attente du bon moment pour ressurgir. Le petit mourant était assez fasciné par ce genre de réflexe vital dont était capable l'être humain pour ne pas se faire plus de mal. Il savait dans quel état il était, il savait à quel point il souffrirait s'il était conscient de tout cela, alors, comme dans le déni, pour ne pas regarder l'horreur en face, l'homme s'était mis en veille. Une mains posée sur le torse du blessé, Baekhyun se perdait dans ses espérances. Il aurait aimé pouvoir l'appeler, pouvoir sentir sa présence, là quelque part dans ce corps inerte, mais rien. Il devait pourtant se réjouir d'y sentir encore de la chaleur, la houle lente et millimétrée de sa respiration artificielle soulevant son buste avec discrétion, et les petites pulsations de son cœur qui faisaient frémir par d'infimes vagues la peau quelque peu mâte du grand homme.

- Tu n'es pas encore foutu, Chanyeol. Ton cœur fonctionne, alors réveille toi.

Il avait beau donner cet ordre, les paupières du géant ne frémissaient même pas, le laissant entièrement plongé dans le sommeil. Baekhyun se découragea donc, soupira et se détourna pour rouler jusqu'à son lit sur lequel il se hissa. Il n'avait pas fait grand chose de sa journée si ce n'était espérer voir son nouvel ami en pleine forme à son retour. C'était tout de même trop demander, mais il fallait vraiment qu'il ouvre les yeux rapidement, ou il ne reviendrait jamais.

- J'ai vu Mme. Cha aujourd'hui. Elle est adorable, je l'adore. Commença le petit patient en s'allongeant dans son lit, les bras croisés derrière sa tête alors qu'il regardait le soleil se coucher par la fenêtre. Elle a dit qu'elle voulait mourir à ta place, je n'arrive pas à savoir si c'est gentil ou bizarre comme demande.

Il eut un petit ricanement avant de se détendre un peu et de rouler sur son matelas pour regarder le grand blessé.

- Dis, si tu arrives à saisir la vie, n'envoie pas la mort sur elle. Je serais content que tu te réveilles, mais très triste qu'elle s'en aille. Pas maintenant, le timing est mal choisi. Puis j'aimerais beaucoup que vous fassiez connaissance, tu l'aimeras c'est obligé, tout le monde aime Mme. Cha !

Plongé dans son monologue, Baekhyun souriait et ricanait en s'adressant à son colocataire. Même s'il était conscient qu'aucune réponse ne lui serait retournée, il faisait tout comme, et se permettait d'engager une conversation où il était le seul maître.

- Si je te jure ! Elle est tellement brave, puis tellement vive d'esprit encore pour son âge ! Attends, c'est pas non plus une formule un mais pour une vieille deux chevaux je trouve qu'elle roule encore très bien. Oh ! Et tu la verrais avec Mr. Noh !

Il s'était soudainement redressé dans ses draps, s'asseyant au bord du lit, totalement tourné vers Chanyeol.

- Ils sont trop mignons ensemble. Mme. Cha ne veut pas l'avouer mais je suis sûr que depuis l'arrivée de Mr. Noh à l'hôpital, elle en est amoureuse. Ils se seraient rencontrés un peu plus tôt, on les aurait mariés, eh eh ! S'amusait-il en balançant ses pieds dans le vide. J'en viens à espérer qu'ils partent en même temps car celui qui restera se retrouvera bien seul, ça me ferait de la peine... Mais je serai là pour le soutenir. Enfin... J'espère.

Son sourire s'était doucement fané. Il n'avait jamais semblé peiné, c'était pour lui une fatalité qui ne le déprimait plus, mais soudain il se rendait compte que la discussion était beaucoup moins drôle lorsqu'elle concernait sa propre mort. Peut-être devait-il encore faire un travail sur lui pour accepter cette triste fin qui l'attendait, il pensait pourtant en avoir fini avec ça. Mais avoir de l'espoir pour Chanyeol lui redonnait étrangement de l'espoir pour lui-même, alors qu'il n'y en avait plus depuis longtemps.

- Bref ! Je dois te gonfler avec mes histoires, je vais me taire et aller lire un peu, tu peux te reposer tranquille, promis. Avait-il alors déclaré en se pinçant les lèvres, quelque peu espiègles et pourtant pleines de douceur.

Il posait les pieds au sol et faisait un pas vers sa table de nuit pour ouvrir un tiroir et récupérer un petit livre duquel dépassait un marque-page bien usé. Il lisait le même depuis tellement longtemps qu'il était certain d'en connaître chaque ligne. Mais il n'avait pas le courage de demander aux infirmières de lui en acheter un neuf, il se contentait donc de ce qu'il avait, se permettant parfois de voler ceux des autres patients le temps d'une brève lecture. De retour dans son lit, il avait écarté les pages et ses yeux s'étaient instantanément mis à suivre les caractères noirs sur ce papier jauni et poussiéreux, fatigué par le temps et le nombre de doigts qui l'avaient parcouru. Au bout d'une page, la bougeotte lui revint, lui venant une idée. Ses prunelles avaient quitté le livre, sa tête avait roulé contre l'oreiller et l'image de Chanyeol endormi lui réapparut. Il avait pourtant promis de ne plus parler... Tant pis.

- Chanyeol ? Je te lis une histoire ?

Évidemment, aucune réponse ne traversa la chambre, mais le petit mourant souriait déjà en revenant au tout début du livre, sa voix démarrant son récit.

Le lendemain, il avait presque perdu sa voix tant il avait lu jusqu'à tard, il toussait quelque peu, ayant du mal à articuler ses phrases. Le soleil était déjà bien haut, il avait longuement dormi mais Chanyeol n'avait toujours pas ouvert les yeux. Les infirmières vinrent en fin de matinée pour s'occuper de ses bandages, il leur fallait nettoyer les plaies, changer les bandes, crémer les brulures, le tout sous les petits yeux du mourant qui ne manquait rien du spectacle cette fois-ci. Il grimaçait parfois en voyant l'état de sa jambe et de son bras, il n'imaginait pas la douleur que cela devait procurer et se réjouissait finalement de savoir le grand brun endormi.

- Si vous êtes si intrigué par ce qu'il se passe, que diriez-vous de nous aider, Baekhyun ?

La proposition de l'infirmière ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Très vite sur ses deux pieds, le petit patient s'approcha du brancard et vint en aide aux demoiselles avec grand plaisir. Il ne faisait pas grand chose, à vrai dire, il n'était clairement pas compétent pour cela mais il se réjouissait de pouvoir au moins servir d'assistant. Passant les bandes, tenant les draps en hauteur, coupant l'adhésif, il se sentait utile et avait l'impression d'aider son colocataire. Il sembla tellement appliqué et heureux que les infirmières se mirent d'accord pour lui laisser un peu plus de responsabilité. Rien d'énorme, mais de quoi faire plaisir à ce petit cœur ternis. Ainsi, alors qu'une était partie s'occuper de quelqu'un d'autre et que la deuxième s'affairait à retirer la peau morte de la jambe brulée du géant, Baekhyun se voyait armé d'un coton imbibé de désinfectant pour choyer le visage du blessé.

Il en fut étrangement chamboulé. Ses doigts délicats tamponnant avec une extrême douceur la peau meurtrie du malheureux, effleurant parfois son nez dans un mouvement, son visage s'approchant du sien pour être plus précis, il eut peur d'avoir arrêté le temps. Ses iris glissaient sur les traits virils du grand homme, ils suivaient la longueur de ses cils, les courbes particulières de son nez, la chair de ses lèvres, il ne perdait rien du moelleux de sa peau lorsqu'il tapait délicatement le coton blanc contre les plaies écarlates de ses pommettes, ni la douceur de son front pourtant ouvert. Cela faisait en réalité très longtemps qu'il n'avait pas été aussi proche d'un homme. Depuis l'annonce de sa pathologie, il ne se l'était plus permis, la séparation risquant de se montrer déchirante et violente. Alors la proximité de Chanyeol le renversa. Le souffle d'entre ses lèvres rosées en fut bien réduit et son cœur épuisé fit quelques efforts de plus pour tambouriner dans ses tempes et jusqu'au bout de ses doigts qui continuaient les soins du le blessé.

- Mr. Byun, vous vous fatiguez. Retournez vous coucher. Lui ordonna la jeune infirmière, alertée par le signal de l'électrocardiogramme mais bien trop concentrée sur son travail pour relever la tête.
- Non, je veux rester là.
- Ne soyez pas têtu, vous savez très bien que votre journée de demain dépend de vos efforts d'aujourd'hui. Si vous en faites trop, vous ne pourrez même pas tenir assis plus tard.

Le petit homme souffla, agacé par la véracité de ses propos mais surtout déçu de devoir s'éloigner de lui. Désormais, il n'en avait plus envie. Cette sensation dans sa poitrine lui avait manquée, il désirait alors rester là à le regarder, encore et encore, pour sentir ce picotement qui lui donnait l'impression de vivre un peu plus. Son cœur ne pouvait qu'être vivant pour battre ainsi, bien qu'avec le peu de virulence dont il était capable, il battait tout de même plus fort que durant les deux dernières années. Grâce à Chanyeol. Alors Baekhyun se laissa tomber à côté de lui. Assit sur son fauteuil roulant, le buste renversé sur le matelas du brancard, il laissait sa tête reposer sur l'oreiller du blessé, leurs visages si proches qu'il en voyait presque le sien flou. Mais l'effet ne s'estompait pas, il s'extasiait toujours jusqu'à s'en mordre les lèvres, ses doigts torturant nerveusement le coton blanc désormais inutile.

- M'enfin, à quoi jouez-vous ?
- Je suis allongé. S'était-il contenté de répondre, nonchalamment, comme par réflexe, sans vraiment y mettre d'intention.

L'infirmière avait quelque peu ri, elle ne se voyait pas remettre ce pauvre petit homme à sa place, le séparant de son seul ami pour le coucher de force dans les draps froids de son lit. C'était touchant de le voir agir ainsi, attaché à un inconnu, attendri et admiratif. Elle le laissa alors profiter de cette présence pourtant minime, ne sachant vraiment si elle faisait le bon choix ou non. Qu'arriverait-il si Mr. Park mourait ? Mr. Byun se retrouverait à nouveau seul et, bien qu'il en ait désormais l'habitude, elle avait peur que cette disparition soit différente des autres. Chanyeol emporterait-il avec lui le cœur du petit mourant ? Elle en avait peur, voyant alors la fin de Baekhyun s'approcher beaucoup plus vite que prévu. Mais si c'était ainsi qu'il désirait s'éteindre, elle le laisserait faire.

Il ne put pas rester installé auprès du corps du géant tout le jour, la famille de ce dernier venant enfin lui rendre visite. Seules la mère et la sœur aînée de Chanyeol avaient pu se libérer pour venir à l'hôpital voir le petit dernier malheureusement accidenté, toutes deux furent chamboulées de le voir dans son état, le visage meurtri, les membres paralysés et les yeux clos comme ceux d'un macchabée. Alors que la mère n'avait pu que s'effondrer pour pleurer à chaudes larmes au chevet de son enfant, la grande sœur s'était retenue comme elle le pouvait pour rassurer la pauvre femme dévastée. Lui frottant les épaules pendant qu'elle caressait avec la force de l'amour d'une mère la main de son fils, elle touchait discrètement le bout de son nez pour refouler un sanglot et lever le visage vers le ciel pour éviter aux larmes de couler. Son grand regard rencontra celui, inquiet, de Baekhyun qui assistait à la scène depuis son lit. Il se permit un mince sourire peiné, plein de compassion, alors qu'il inclinait la tête devant la jeune femme qui lui rendait son doux rictus malgré la douleur qui lui perçait la poitrine.

Cette famille semblait aimante, tout comme la sienne, aussi chaleureuse et soudée, ce qui lui fit se remettre en question sur son choix. Sa mère viendrait-elle pleurer à son chevet de la sorte ? Son frère lui ferait-il la morale de les avoir mis de côté dans ce choix pourtant si important ? Son père serait peut-être rentré dans un certain mutisme jusqu'à ce qu'il s'excuse platement devant lui. Il ne saurait dire, il préférait ne pas y penser et rester sûr de son choix, il n'avait pas fait d'erreur, personne ne lui en voudrait car c'était sa vie, sa courte vie, donc il pouvait en faire ce que bon lui semblait. Les sourcils froncés du mourant ne durent pas échapper aux yeux finement maquillés de la jeune femme qui laissa sa mère dorloter le corps du géant malgré son inconscience, et se permit de s'avancer avec grâce du lit trônant sous l'immense fenêtre de la chambre.

- J'espère que l'on ne vous dérange pas. S'exprima alors calmement une douce voix, chaleureuse et réconfortante, qui sortit Baekhyun de ses pensées.
- Oh, bonjour, non, du tout, vous ne me dérangez pas. J'ai rarement l'occasion d'avoir de la visite dans cette chambre. Réussit-il tout de même à lui répondre avec un sourire discret.
- Vous êtes seul d'ordinaire ?
- Oui, on ne dirait pas mais votre frère m'est d'une compagnie précieuse depuis son arrivée.
- J'aurais préféré qu'il ne vienne pas ici...
- Je comprends, pardon, c'était déplacé.
- Non, seulement délicat. Je comprends ce que vous avez voulu dire.
- Je souhaite de tout cœur qu'il revienne à lui, vous avez tout mon soutien. Annonça Baekhyun pour transmettre les meilleures prières à la sœur de son colocataire.
- Merci, cela me va droit au cœur. J'espère également que tout ira bien pour vous.
- Nous sommes en soins palliatifs ici, je pense que nous savons tout deux comment cela ira pour moi.

Le mourant avait beau être gentil, généreux et attentionné, sa condition ne lui faisait pas pour autant perdre son caractère. Dans cette phrase, il avait voulu faire comprendre à cette demoiselle que l'indélicatesse pouvait venir de partout, que personne n'était plus triste que quelqu'un d'autre, et que personne n'était plus à plaindre. La jeune femme se rendit compte de son erreur, elle baissa la tête dans une excuse discrète que Baekhyun accueillit avec un tendre sourire, se permettant de tendre son bras fin vers elle pour poser une main chaleureuse sur son épaule. Chacun son fardeau, c'était ainsi, ils ne pouvaient alors que se soutenir les uns les autres sans faire preuve d'égoïsme. Elle sembla comprendre ses intentions et se permit de sourire à son tour avant de se détourner pour rejoindre son frère.

Les médecins étaient passés, accompagnés de plusieurs infirmiers, ils avaient expliqué le plus calmement et simplement possible ce qui était arrivé au jeune homme, les différents traumatismes qu'il avait subi et ce que cela engendrerait plus tard s'il venait à se réveiller. Dans leurs propos, Baekhyun décela toute la délicatesse et la prudence dont ils faisaient preuve lorsque les chances de survie étaient minimes, il retrouvait ces formulations qui visaient à avertir discrètement, à préparer au pire sans que cela ne soit choquant. Il détournait alors les yeux en se pinçant les lèvres, laissant ses yeux se perdre vers le ciel toujours quelque peu grisâtre qui remplissait sa fenêtre, sentant sa poitrine se serrer plus fort qu'il ne l'aurait pensé. Chanyeol n'allait pas se réveiller ? C'était cela le message qu'ils tentaient de faire passer ? C'était la seule option plausible ? Il ne voulait pas y croire alors, une fois la famille partie, il avait quitté son lit pour venir s'asseoir sur le sien, au bord, une cuisse le long de son bras valide, une main sur son torse.

- Réveille toi, Chanyeol. S'il te plait. Tu ne devrais pas partir comme ça.

Sa longue main caressait machinalement et tendrement son buste, sans appuyer, ne faisant que rencontrer le moelleux des draps, elle vint timidement lui attraper la main, son pouce y faisant naturellement des cercles. Son regard n'arrivait pas à tenir le sien, constater de ses paupières toujours fermement closes lui faisait trembler les lèvres, alors il l'avait baissé sur cette main qui paraissait si immense contre la sienne.

- Ta sœur est magnifique, elle aura besoin de son frère pour la soutenir dans la vie. Ta mère a encore tant d'amour à te donner. Et... J'aimerais tellement te rencontrer. Pour de vrai.

Il n'arrivait pas à mettre de mot sur ses désirs ni sur cette relation qu'il faisait naître entre lui et ce corps inconscient mais, il en venait à se faire souffrir. Se mordant les lèvres de plus en plus fort, il ne lui fut plus possible de retenir ses sanglots. Une larme fit le grand plongeon pour que ses sœurs n'hésitent nullement à la suivre, faisant lentement se replier le mourant sur lui-même dans des pleurs qu'il ne maîtrisait pas. Pour qui pleurait-il ? Pour Chanyeol ? Un homme qu'il ne connaissait finalement pas, avec qui il n'avait jamais parlé, et ne parlerait finalement jamais ? Non, à bien y réfléchir, il pleurait pour lui-même. Triste de se rattacher si fortement à la survie d'un inconnu pour se battre contre sa solitude, et certainement contre sa peine qu'il reniait volontairement depuis trop longtemps.

En vérité, il n'était pas heureux, seul dans cette chambre à attendre que la mort ne le fauche, sans pouvoir s'attacher à personne car il n'y avait d'espoir pour aucun d'entre eux en ces lieux. Il était forcé de se plier face au pouvoir de la nature, face à sa force contre laquelle l'humanité ne pouvait rien, peu importait les progrès faits. Il était fatigué de toujours courber le dos devant cette fatalité qui frappait chaque jour quelqu'un qu'il connaissait entre ces couloirs. Il était devenu hermétique, fermé, caché derrière un immense mur qui retenait ses émotions. L'espoir, la tristesse et surtout l'amour, tout cela lui était interdit depuis bien trop longtemps. Il n'y avait pas droit car la douleur ne serait que plus fatale plus tard, car le chagrin l'aurait certainement enterré plus vite, car pleurer signifiait avoir peur et ne pas profiter du peu de temps qu'il lui restait.

À travers Chanyeol, il ressentait à nouveau tout cela, car il n'était pas comme lui. Il n'était pas forcément condamné, il pouvait se réveiller, il pouvait guérir, se relever et vivre à nouveau. Tout son inverse. Alors il s'était soudainement ouvert, pour une autre personne que lui-même. Il était triste pour lui et sa famille, il pleurait même désormais à chaude larme pour lui, il avait espoir qu'il ouvre les yeux et, surtout, il avait de l'affection pour cet homme. Ces sentiments de tendresse, d'attachement, de bonheur, lui étaient devenus inconnus mais les retrouver ne faisait que le frapper d'autant plus fort. Il avait désormais peur. Peur qu'il n'y ait plus d'espoir, peur que la tristesse ne prenne le dessus, et peur que cet amour irrationnel ne lui donne le coup fatal qui le ferait tomber à jamais. Finalement, la survie de Chanyeol représentait sa survie, il commençait à vivre à travers lui et avait ce sentiment que tout irait mieux s'il ouvrait les yeux, que sa condition n'était plus et qu'ils pourraient vivre de beaux instants ensemble, sans se soucier de la fin pourtant si proche du plus petit. Son seul et unique colocataire, sur le fil entre la vie et la mort, lui faisait oublier qu'il était un condamné, une impression qui le rendait soudainement plus léger, plus libre et plus heureux.

Mais ce furent ces longs et bruyants sanglots qui eurent raison de lui et qui le ramenèrent à la réalité. Baekhyun, tu es un condamné, tu n'es pas libre de tes actes, tu dois te plier à la volonté de Dieu. Ainsi, il commença à manquer d'air entre deux pleurs francs qui firent tressauter son corps fragile, sa poitrine tambourina soudain plus fort, il eut du mal à reprendre son souffle, hoqueta, et le signal dans son dos se fit plus fou. Sans régularité, bipant en aléatoire, il l'avertissait que ses pleurs faisaient perdre pied à son cœur. Il s'étouffa toujours plus, sa main serrant plus fort celle du géant, l'autre venant agripper son propre haut comme pour emprisonner sa poitrine. Elle lui faisait mal et les pleurs ne tarissaient pas, se laissant tomber contre l'homme inconscient, il souffrait, atrocement et de toutes parts. La souffrance physique de mettre son cœur à rude épreuve alors qu'il ne pouvait pas se le permettre, et la souffrance émotionnelle de regarder la réalité en face et d'avoir à nouveau à accepter cette situation.

Les infirmières arrivèrent en trombe, attrapant les épaules pourtant larges du mourant, décollant son front du cou de l'accidenté pour le redresser et le soutenir jusqu'à son lit où il fut mis sous oxygène et sous perfusion pour calmer ces battements fous qui ruaient à lui en décrocher le torse. Les machines affolées empêchèrent alors quiconque de se rendre compte de la nouvelle paire d'yeux qui se tournait avec difficulté vers la fenêtre, apercevant dans le flou cette silhouette en perdition qui peinait à vivre, avant que le sommeil ne revienne.

Dans la nuit, les deux signaux aigus se répondaient, lentement, parfois en rythme puis ils basculaient en décalé, coupés parfois par le son un peu plus prononcé des masques à oxygène qui préservaient les deux malheureux. Habitué à ce fond sonore avec lequel il dormait depuis plusieurs années maintenant, Baekhyun se vit plutôt dérangé par le bruit d'un froissement de draps qui n'était pas de son fait. Les sourcils se fronçant dans son sommeil, sa tête vacilla quelque peu contre l'oreiller lorsque le bruit lui revint, obligeant une de ses paupières à s'ouvrir, le forçant à fixer le plafond. Ses oreilles captèrent les signaux, le son faible de son propre cœur ainsi que le souffle discret de sa respiration, rien ne le surprit donc il fut prêt à se rendormir dans la seconde, mais le froissement revint, lui faisant bien plus reprendre ses esprits alors que son deuxième œil s'ouvrait à son tour. Il y avait une présence dans la chambre. Son corps engourdi eut du mal à se mouvoir, il extirpa difficilement ses bras de sous la couette, dut s'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à s'asseoir. Il en souffrait, c'était une épreuve après la crise qu'il avait eue plus tôt, mais il la combattait vaillamment, venant d'une main retirer le masque qui lui emprisonnait la bouche et le nez, lui permettant enfin de tourner la tête pour constater des changements.

Dans le noir, il ne vit personne. Personne de plus que Chanyeol, toujours immobile dans son lit, dont il apercevait le contour du profil devant les loupiottes de ses machines, mais le froissement revint. Discret, peut-être presque inaudible si cette pièce n'avait pas été si silencieuse, il fit pourtant tourner la tête du mourant vers le brancard de l'accidenté. Son petit cœur se remettait à tambouriner dans sa poitrine, il avait peur de refaire une chute qui pourrait lui être fatale cette fois-ci, mais il appréhendait réellement la source de ce bruit. Alors, timidement, Baekhyun était sorti de sous les draps, avait posé ses pieds sur le sol froid et avait agrippé la perche d'où pendait sa perfusion, la faisant rouler à sa suite alors qu'il avançait de quelques centimètres à chaque pas. Méfiant, peu rassuré, il avançait vers le brancard en scrutant ce corps qu'il n'avait connu qu'inerte, ses prunelles glissant sur chaque courbe de la couverture jusqu'à ce qu'il ne se fige. Un reflet de lumière captura son intérêt, un reflet infime, un malheureux point lumineux dans le noir angoissant de la chambre, sur le visage de ce jeune homme qui n'avait jusque là fait qu'apparaître le masque du terminus.

- Chanyeol...

Son prénom fut soufflé, à peine prononcé, par les lèvres paralysées du petit patient, alors qu'il réalisait que sur ce visage meurtri, brillaient désormais des yeux. Illustrant cette mince lueur d'espoir qu'il avait en lui, ce reflet prouvait le réveil de l'accidenté. D'abord incertain, pantois, sous le choc, Baekhyun n'osa plus bouger, son regard restant accroché à ce qui lui paraissait en être un autre, jusqu'à ce que les globes ne glissent et ne se tournent vers lui, affirmant de la conscience du garçon.

- Mon Dieu...

Sa voix s'était à peine faite entendre alors qu'il réalisait le miracle qui venait d'avoir lieu, Chanyeol était revenu, malgré les dires des médecins, il était de retour, conscient et apte à interagir. Alors le mourant accéléra le pas et vint au chevet de ce grand homme qu'il ne connaissait finalement pas.

- Chanyeol, tu vas bien ? Tu m'entends ? Tu me vois ?

Il recevait une soudaine vague de questions, murmurée, par peur de le brusquer, mais il restait muet et n'entamait aucun geste si ce n'était suivre les yeux de Baekhyun du regard. Il examinait son visage, ne le lâchait pas et semblait s'y attacher par peur de replonger dans le noir. Comme se doutant de cette angoisse, la ressentant parfois, le petit patient s'était empressé d'allumer une veilleuse trônant sur la table de nuit, semblant rassurer le géant dont les pupilles se firent moins paniquées.

- Tu peux bouger ?

À cette question, ce furent les lèvres charnues de l'homme qui se tordirent, voulant parler, voulant prononcer un mot, il en fronça finalement les sourcils en se rendant compte qu'aucun son ne se produisait.

- Tu ne peux pas encore parler, ce n'est rien, ne panique pas et ne t'en occupe pas. N'essaye pas de me parler, essaye juste de bouger la main. Le guidait Baekhyun en lui saisissant cette grande paume qu'il avait tant serrée quelques heures plus tôt durant son fort chagrin.

Les yeux du blessé se baissèrent pour observer son geste puis il sembla se concentrer pour faire ce que l'on lui demandait. Il réussit, assez facilement, à serrer les doigts fins qui rencontraient les siens, soutirant à Baekhyun un sourire franc. Un sourire de joie, de bonheur, de soulagement, qui lui picota le nez et fit briller ses mirettes tout en observant ces gestes hasardeux dont était capable le géant. C'était cela, le bruit qu'il avait entendu, la main de Chanyeol se refermant sur les draps, comme cherchant un contact qu'il avait connu, mais ne trouvant que le vide. Baekhyun ne pouvait pas savoir s'il était rassuré d'avoir sa présence avec lui lors de son réveil mais il était heureux de voir qu'il ne paniquait pas et suivait ses instructions dans le calme. Séchant le coin de ses yeux de sa main libre, il voulut récupérer l'autre mais la poigne du blessé se fit bien plus forte qu'il ne l'aurait pensé, le retenant auprès de lui comme si sa vie en dépendait. Touché, le mourant s'était contenté d'un sourire tendre vers le regard apeuré du géant qui se plongeait dans le sien pour communiquer toute son appréhension et son inquiétude.

- Je vais prévenir les infirmières de ton réveil, elles sauront quoi faire pour que tout se passe au mieux. Je reste là.

Le geste lui fut naturel, pour rassurer le grand homme, il avait approché sa main libre de son visage pour la déposer dans ses cheveux bruns et frotter tendrement son front de son pouce, tout en douceur, voulant détendre ce minois crispé qui lui faisait mal au cœur. La poigne s'était adoucie, lui permettant de s'approcher du bouton qui appelait le personnel et, avant qu'une réelle tempête ne dévaste la chambre, Baekhyun profita de ces dernières secondes de calme pour s'asseoir à son chevet, posant son buste sur le matelas, laissant son front rencontrer son bras engourdi, il lui souriait avec soulagement, les yeux brillants.

- Merci de t'être réveillé, Chanyeol.

Coincé dans son mutisme, Chanyeol ne pouvait certainement pas se douter de tout ce qu'il réussissait à faire passer par ses grands yeux qui se promenaient avec tant d'attention sur le visage qui lui faisait face. Son regard s'était fait doux bien qu'inquiet, il avait semblé touché par les propos de cet inconnu qui se réjouissait tant de son réveil, ou peut-être le connaissait-il ? Peut-être ne s'en souvenait-il plus, il n'arrivait pas à savoir mais ce fin minois qui lui offrait le sourire le plus tendre du monde avait réussi à le rassurer. Cette vision purement angélique, première image après le choc qu'il avait vécu, ne pouvait qu'être une bénédiction, par rapport à cette idée de ne voir que des médecins cachés derrière des masques, l'assenant de questions alors qu'il peinait à se réveiller. Non. Il était heureux de ne pas avoir vécu cette horreur et d'avoir été accueilli dans la vie par ce petit inconnu qui lui caressait machinalement la main et avec qui il créait instantanément un lien fort et pourtant irrationnel. Un ange tombé du ciel.

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Petit mot d'Injae-Nim :

Bonjour les enfants !

Nouvelle histoire, elle ne sera pas longue, se tenant en trois belles parties. Je n'ai pas encore terminé l'écriture donc je ne sais pas si elles feront toutes la même longueur mais je vais tenter de faire en sorte qu'elles tournent chacune autour des 10 000 mots. J'espère que ce n'est pas trop long ni assommant pour vous...

Bon, ce n'est pas le monde des paillettes et des arc-en-ciel dans cette histoire mais j'avais besoin d'un peu de sérieux mêlé à de la douceur, l'idée de l'éphémère me tenait à cœur, allez savoir pourquoi.

Oh ! Et notez l'effort fait sur la longueur des paragraphes ! Vous étiez nombreux à me dire qu'ils étaient trop longs sur Love Trip donc j'ai vraiment tenté de faire au mieux, même si une fois sur l'appli ils paraissent toujours costauds... Mais j'ai fait des progrès, non ? x)

J'espère donc que ce début vous a plu, que vous avez passé une agréable lecture et que vous attendrez volontiers la suite ! Je ne sais pas si elle arrivera la semaine prochaine, le concert de SuperM risquant fortement de me ralentir, comprenez moi :'D ~

À très bientôt, merci de m'avoir lue ! 💛

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