Deuxième Partie

Comme l'avait prédit Baekhyun, la chambre fut très vite gagnée par le tumulte, les infirmières s'étaient précipitées pour attester du réveil du malheureux, le mourant avait dû s'écarter, laissant les jeunes femmes faire leur travail sans pour autant que le regard de Chanyeol ne se détache de lui. Il était la première personne qu'il avait vue, il était son point d'attache depuis son retour et craignait de sombrer s'il avait le malheur de le lâcher. Mais il fut forcé pour répondre aux aides soignantes qui lui tournaient autour et examinaient son cas. Pas même vingt minutes plus tard, les demoiselles avaient été rejointes par deux médecins, venus faire un compte rendu explicatif à leur patient concernant son état. Il prit alors connaissance des multiples fractures qui paralysaient son corps endolori par les brûlures mais, surtout, il eut l'explication sur son incapacité à parler. Cela l'avait fait paniquer un peu plus, ses yeux s'étaient automatiquement mis à chercher cette frimousse qui avait su l'apaiser mais le mur de toubibs l'empêcha d'y parvenir, le faisant grimacer.

- Nous testerons à nouveau vos poumons demain, ne vous inquiétez pas, ils sont juste fatigués à cause du choc. Tentait de le rassurer une infirmière pendant que tout le monde sortait enfin de la chambre. D'ici là nous vous laissons avec Mr. Byun, il est adorable donc vous êtes entre de bonnes mains.

Elle eut un sourire pour l'accidenté puis un clin d'œil pour le petit homme qui attendait sagement sur son lit d'avoir l'autorisation de rejoindre son colocataire, et quitta la pièce. Ni une ni deux, Baekhyun était à nouveau sur ses pieds, venant s'asseoir sur le fauteuil qu'il avait laissé à côté du brancard. Il souriait, avec tendresse mais surtout avec une certaine euphorie, bien trop heureux de pouvoir enfin interagir avec le grand blessé malgré l'heure tardive, en pleine nuit. Mais, les mots ne vinrent pas. Il lui avait tant parlé sans jamais recevoir de réponse que, maintenant qu'il avait la possibilité d'avoir un réel retour, il ne savait quoi dire d'intéressant. Chanyeol voudrait-il vraiment lui répondre ? Désirait-il lui parler ? Ou du moins communiquer avec lui ? Il commençait à appréhender. Alors qu'il ne pouvait jusque là que fantasmer cette potentielle relation, désormais qu'elle devenait réelle et possible, il avait peur que rien ne se passe comme il l'avait espéré, et il en fut paralysé, muet.

Ce fut le surprenant contact engagé par Chanyeol qui le sortit de son mutisme et sa perdition. Avec lenteur, sa grand main éraflée s'était levée dans les airs jusqu'à ce que ses doigts ne rencontrent la douceur d'une joue lui faisant face. Baekhyun avait eu un infime sursaut, ne s'y attendant pas, mais n'avait pas eu le moindre recul. Il n'osait plus bouger, par peur de faire renoncer le blessé, il se contentait de planter ses prunelles dans celle de son vis-à-vis, toutes aussi concentrées sur sa personne. La main s'approcha un peu plus, la paume épousa la rondeur de sa peau, caressa cette dernière avec une tendresse recherchée mais fébrile, jusqu'à ce que ses ongles ne rencontre les mèches de cheveux qui entouraient l'oreille du petit homme. Il aurait pu croire être mort, fraichement arrivé au paradis et chaleureusement accueilli par la délicatesse d'un ange, tant l'image que lui renvoyait Baekhyun lui semblait irréelle. Le teint pâle, faisant de la concurrence à la porcelaine, les joues à peine rosées, habillé de blanc et les cheveux aussi éblouissants que la neige, il ne lui manquait que l'auréole et les ailes pour berner l'accidenté.

Se sentant ainsi observé, le mourant se pinça les lèvres tout en baissant le regard, ne réussissant plus à soutenir celui qui le détaillait avec tant d'attention. Il se clarifia la gorge d'une toux discrète et timide alors qu'une de ses fines mains venait attraper le poignet épais du muet, lui demandant avec délicatesse de reculer, craignant d'en devenir écarlate de gêne. Non que le contact lui avait déplu, bien au contraire, se sentir ainsi au centre de l'intérêt l'avait simplement mis dans l'embarras. Le petit jovial et bon vivant se surprenait seul à faire son timide devant cet homme dont il avait attendu le réveil, tout comme les jeunes filles devenaient réservées devant leurs idoles, ceux qu'elles n'auraient pas pensé rencontrer ou avoir la chance de toucher. Baekhyun se sentait ainsi, avec cet inconnu qui n'avait jusque-là eu aucune importance pour lui. Mais il avait eu le temps de s'y attacher, de mettre en lui tous ses espoirs et tous ses rêves, alors il devait désormais avouer être le plus heureux de cet hôpital. Changeant son pincement de lèvres en un splendide sourire, il profita d'avoir le poignet de Chanyeol dans les mains pour se permettre d'entremêler leurs doigts, ne se doutant pas que le géant avait tout autant besoin de ce contact que lui.

- Il se fait tard mais, comme tu viens de te réveiller, je suppose que tu n'as pas sommeil ?

Par habitude, il s'était contenté de garder la tête basse, le regard couvrant leurs mains liées mais le bras du blessé se levant soudain doucement l'obligea à reporter son attention sur les prunelles qui ne le quittaient désormais plus. Pour la première fois, il reçut une réponse de sa part. Pour la première fois, il eut une interaction avec lui. Lentement, la tête du muet avait roulé sur l'oreiller pour un silencieux retour négatif. Il n'avait pas sommeil, il était vrai, et il était bien trop occupé à remplir son esprit de l'image du petit homme pour avoir envie de fermer à nouveau les paupières.

- Tu as peur de te rendormir ?

Ce fut alors la première fois que Chanyeol détourna les yeux de lui-même, baissant le regard le temps d'une réflexion. Il n'y avait pas pensé, trop absorbé par sa rencontre avec le petit Mr. Byun, mais il était vrai que le noir lui faisait peur, l'inconscience lui tordait les entrailles, et l'idée de ne plus le voir, lui, lui piquait les yeux. Ce fut un timide signe positif qui vint en réponse à Baekhyun, le faisant tendrement sourire alors que ses pouces se remettaient à caresser la main qu'ils emprisonnaient.

- Ne t'en fais pas, maintenant que tu t'es réveillé, il y aura toujours un lendemain.

Son sourire réchauffa le cœur du meurtri dont les traits semblèrent se détendre un peu plus et dont la main serra les doigts fins entremêlés aux siens.

- Je vais rester éveillé avec toi alors. Moi aussi, j'ai peur de ne pas me réveiller.

Le sourire ne le quitta pas, pourtant Chanyeol décela l'infime tristesse qui s'était immiscée dans son regard. Ses lèvres s'écartèrent, dans l'espoir de pouvoir poser une question, mais il se ravisa, se souvenant qu'il ne pourrait rien prononcer, il ravala alors sa curiosité, tentant de trouver par lui-même la raison de cette peur qu'il venait d'évoquer.

- On peut allumer la télé si tu veux ?

L'accidenté sembla d'accord, après tout, en pleine nuit dans une chambre d'hôpital, ils ne pourraient rien faire d'autre, se devant d'être silencieux et discrets. Alors Baekhyun le quitta un très court instant pour se saisir de la télécommande perdue dans son propre lit mais également de la paire d'écouteurs que leur permettrait d'entendre sans faire de bruit. De retour au brancard, il brancha les écouteurs au-dessus de ce dernier, en positionna un dans son oreille et se pencha vers le géant pour lui mettre le deuxième. Leurs visages ainsi rapprochés, Chanyeol pris tout son temps pour apprécier ce regard concentré au-dessus de lui, la finesse de ces lèvres qui se pinçaient à nouveau, ces cheveux blancs qui brillaient dans la nuit. Jusque-là complètement endormi, il semblait pourtant tout aussi attaché à son petit colocataire, sa lumière dans l'obscurité angoissante de la maladie.

Baekhyun avait tourné son fauteuil vers le mur faisant face aux lits et où était accrochée la télévision, assis en tailleur et les bras croisés sur son torse, il s'était permis toujours plus de réflexion à chaque image qui passait à l'écran. Dans des chuchotements, il avait commenté les émissions, s'était fait un plaisir de blaguer, de rajouter des bêtises et des remarques décalées qui avaient fait sourire le blessé à côté de lui. Il en aurait même fortement ri s'il avait pu, mais finit par être étonné de ne plus rien entendre au bout de deux ou trois heures de visionnage. Se crispant un peu pour étirer le cou et baisser les yeux, il remarqua la tête du petit ange nonchalamment posée sur son matelas, un pied pendant dans le vide et les bras tombant sur ses cuisses. Il avait fini par s'endormir. Attendri, Chanyeol avait hésité mais, le voyant dans une position fortement inconfortable, il s'était finalement décidé à le réveiller. Levant son bras valide, sa main vint se perdre dans la tignasse blanche pour des caresses réconfortantes, deux doigts se permirent de coincer entre eux l'oreille quelque peu décollée qui se perdait dans les mèches immaculées, souriant en la sentant froide, la faisant lentement glisser sur sa peau bouillante pour la réchauffer jusqu'à entendre un couinement adorable. Alors il abandonna sa frimousse pour poser sa large main sur l'épaule de l'endormi, le secouant à peine de sa faible force jusqu'à ce que le petit corps ne se remette en mouvement.

Le mourant releva la tête, il se frotta les yeux et se permit de bailler franchement, la bouche grande ouverte vers la télévision dont il n'entendait plus le son. Il finit alors par se rendre compte qu'il avait légèrement sombré dans le sommeil.

- Mince, pardon. Je ne voulais pas te laisser seul...

S'était-il empressé de chuchoter en se tournant vers son colocataire qui l'accueillait avec un sourire compréhensif avant de lever à nouveau son bras et d'inviter son Mr. Byun à monter sur son brancard.

- Hein ? De quoi ? Que je m'allonge avec toi ? Questionnait le petit homme avec étonnement avant de recevoir une réponse positive de la part du blessé. Mais non, pas besoin ! Je ne veux pas retourner dans mon lit parce que je veux rester avec toi donc il ne me reste qu'à ne pas m'endormir. Il y a des replay de Knowing Bro la nuit ? Parce qu'avec ça je devrais pouvoir rester éveillé.

À peine s'était-il saisi de la commande pour fouiller parmi les différentes chaines, que la main du géant s'était doucement emparée de son poignet fin pour le dissuader de persister. D'un sourire tendre et d'un regard chaleureux, il réussit à faire tomber les barrières peu résistantes du petit mourant qui avait finit par soupirer avant de se pincer les lèvres tout en se levant. Précautionneusement, en faisant attention au moindre de ses gestes, il s'était glissé à côté du muet sous le draps, entièrement tourné vers lui, il entendait lentement son cœur s'emballer en sentant leur chaleur se confondre et leurs cheveux se mélanger.

Le bras de Chanyeol s'était plié pour que sa main se faufile entre les bras du petit blanchâtre, se saisissant sans hésitation de la première jumelle qu'il rencontra. Alors que l'embarras l'avait un instant paralysé, Baekhyun finit doucement par se détendre, serrant instinctivement le bras du blessé contre son torse alors que son front venait rencontrer la tempe lui faisant face, le sommeil le gagnant peu à peu. Il s'était paisiblement endormi sous le regard attendri du muet qui avait longuement profité de son image plutôt que celles proposées par l'écran pendu au mur.

Le lendemain, les infirmières furent agréablement surprises de retrouver leurs patients ainsi collés et presque entrelacés. Le motard n'avait pas pu bouger mais son bras s'était étalé sur le flanc du petit mourant dont le corps avait parfaitement épousé le sien, un bras affectueusement déposé sur son torse et le minois tendrement fourré dans son cou. Les deux dormaient alors, se doutant de l'heure à laquelle ils avaient dû fermer l'œil, les jeunes femmes préférèrent s'éclipser pour revenir plus tard, retrouvant le mourant sur son lit, le regard perdu vers l'horizon mais les joues étonnamment rouges.

- Alors Baekhyun, vous avez bien dormi cette nuit ?

Ne pouvant qu'entendre l'ironie de cette phrase, Baekhyun soupira avant d'avancer les lèvres dans une mimique puérile et boudeuse, tournant vers la demoiselle une frimousse digne d'un enfant pris la main dans le sac.

- Ne vous moquez pas, je sais très bien que vous êtes passée ce matin ! Vous passez toujours à la même heure...
- Oui, et vous dormiez comme un bébé, c'était trop beau à voir.
- C'est Chanyeol qui ne voulait pas rester seul ! Cherchait-il alors à se justifier, en vain.
- Évidemment, le pauvre bichon, qu'aurait-il fait sans vous ? Heureusement que vous étiez là pour lui faire pleins de câlins réconfortants. Plaisantait l'infirmière en ricanant gentiment.
- Arrêtez ! Se plaignait-il en gesticulant dans son lit.
- Mais ne soyez pas autant gêné, je vous taquine mais je suis très contente pour vous. Vous avez enfin quelqu'un pour vous tenir compagnie ,il faut que vous en profitiez, il ne restera pas là éternellement donc amusez-vous.

Elle avait raison. Dès lors que Chanyeol serait guéri et capable de tenir debout, il regagnerait son chez lui et Baekhyun redécouvrirait sa chambre comme il l'avait toujours connue. Vide, froide, silencieuse, dénuée d'intérêt et surtout de vie... Alors le mourant s'était soudainement décidé. Il vivrait ces quelques instants en sa compagnie avec entrain, sans avoir honte de sa joie et de son désir d'être collé à quelqu'un, il vivrait cette colocation passionnément et partagerait tout avec lui. Même lorsque les médecins vinrent plus tard dans la matinée, après le réveil du géant, il refusa de quitter sa chambre et préféra assister aux tests respiratoires qu'ils lui faisaient subir.

Il le regretta cependant amèrement et très rapidement tant son petit cœur avait souffert d'entendre les râles de son nouvel ami. À peine la machine éteinte, Baekhyun s'était lui-même arrêté de respirer en percevant le corps du blessé se tendre, ses poings se serrer et sa bouche s'ouvrir en tremblotant. L'oxygène ne semblait pas venir, le réflexe de pomper de l'air ne s'enclenchait pas et Chanyeol ne pouvait ainsi que suffoquer, pris d'une panique qu'il tentait tant bien que mal de contenir sous les yeux observateurs des médecins l'entourant. Ses grands yeux s'étaient montrés vifs pour retrouver ceux du petit ange, s'y encrant avec force, exprimant toute la peur qu'il devait ressentir. L'électrocardiogramme du géant ne fut donc pas le seul à s'emballer, la poitrine du petit homme se sentant horriblement étriquée au fur et mesure qu'il comprenait la détresse de son colocataire. Alors il s'exprima pour lui, ses yeux humides ne quittant pas le regard aux abois du muet, il desserra au mieux sa gorge pour implorer les toubibs.

- Il n'y arrive pas... Ça marche pas. Rallumez la machine, il étouffe...

Mais sa voix se faisait faible, hésitante malgré l'urgence, chevrotante tant il se sentait lui-même défaillir.

- S'il vous plait, ne le laissez pas plus longtemps comme ça, aidez-le. Avait-il fini par s'exprimer, difficilement, une main posée sur son cœur qu'il sentait battre à tout rompre.
- Nous savons ce que nous faisons Mr. Byun, faites nous confiance, ce ne sont que des tests de routine.

D'accord. Il était d'accord, cela ne faisait pas même quelques secondes que cela avait commencé, mais cela leur paraissait déjà faire une éternité que le temps s'était arrêté pour eux deux. Craignant de s'endormir, craignant de s'éteindre, craignant de mourir, ils se sentaient au bord du précipice à attendre que quelqu'un daigne décider de leur sort. Et ce fut clairement insupportable pour Baekhyun de patienter plus longtemps lorsque le géant entama de se recroqueviller sur lui-même, suffoquant complètement.

- Par pitié cessez cette horreur tout de suite !!

Son cri de désespoir dérailla malheureusement une fois sa phrase exprimée, sa gorge ne faisant que délivrer des gémissements plaintifs alors qu'il se mettait doucement en boule sur son lit, ses doigts fins griffant et arrachant presque la blouse qui recouvrait sa poitrine. Son cœur était poignardé, en flamme, il le sentait se consumer à lui en faire fondre le poitrail, poussant ses couinements à se transformer en cris de détresse qui alertèrent immédiatement les médecins présents dans la salle. Alors qu'ils se précipitaient vers le lit de l'homme en perdition, seule l'infirmière chargée de l'aide respiratoire de l'accidenté pu alors se rendre compte que, dans la panique, craignant pour la vie et la santé de son petit ange, le grand homme avait su prendre sa première bouffée d'air. Elle ne fut suivie d'aucune autre derrière mais prouvait que le motard serait bientôt apte à retrouver son indépendance. La jeune femme ralluma la machine au même moment que le cœur du petit mourant cessa de battre.

Amorphe suite à tant d'émotions, Chanyeol ne pouvait qu'être spectateur de la panique qui avait lieu de l'autre côté de la chambre, sentant sa mâchoire trembler et les larmes lui monter aux yeux alors qu'il apercevait vaguement le corps inerte de son nouvel ami se faire balader par les médecins sous ce signal continu terriblement angoissant et étrangement assourdissant. Il voyait sa tête pendre nonchalamment pendant que son corps était allongé sur les draps, ses cheveux rebondir en rythme avec le massage cardiaque qui écrasait sa poitrine, sa main qu'il avait tant tenue désormais pendante dans le vide et ce minois terriblement serein qui se faisait recouvrir d'un masque à oxygène. Il ne pouvait se douter que c'était son quotidien, qu'il était fréquent que son corps et son cœur soient ainsi malmenés et violentés, pourtant cette scène terrifiante arrivait régulièrement et les médecins malheureusement habitués se montrèrent très efficaces. Cela lui avait paru durer une éternité, il avait été assailli par tous les bruits, sa vue avait été troublée et inondée par l'image de ces hommes penchés sur ce petit corps sans vie et ces infirmières traversant la pièce à vive allure alors, une fois ce signal répétitif de retour, il crut devenir sourd tant le silence s'installa lourdement autour d'eux. Plus personne n'avait bougé, aucun n'avait osé prononcer le moindre le mot, tous étaient à l'affut de la moindre défaillance, les yeux scrutant le patient et les oreilles se nourrissant du moindre bip provenant de la machine à côté du lit. Il en fallut un bon nombre avant que tout le monde ose reprendre son souffle et que les épaules s'affaissent. Mr. Byun était de retour.

Un médecin et une infirmière restèrent à son chevet pour l'examiner mais le géant vit les autres revenir vers lui, certains s'essuyant le front, d'autres se mordant les lèvres, il comprit qu'ils avaient eu tout autant peur que lui. Le petit ange n'était peut-être pas que le sien, certainement comptait-il pour beaucoup plus de monde qu'il ne le pensait. Alors le grand homme fut rassuré, chacun serait prêt à tout pour le sauver, il ne serait jamais lâchement abandonné dans son lit, seulement réchauffé par les lointains rayons de soleil baignant la large fenêtre de lumière. Il en avait pourtant été témoin, dès lors que le petit homme avait montré un signe de faiblesse, tous s'étaient tournés vers lui, abandonnant leur accidenté pour sauver le malheureux Byun. N'importe qui s'en serait montré outré, offensé, mais Chanyeol en était plutôt soulagé, devant bien accepter ces étranges sentiments pour le petit malade qui s'était irrémédiablement glissés dans son cœur.

Le discours des toubibs sur son cas n'était donc finalement pas important pour lui, il n'avait pas même daigné les regarder, bien trop occupé à scruter ce profil qui se dessinait sous le soleil de la chambre. Ainsi endormi, il paraissait d'autant plus éclatant, d'autant plus angélique, tant le blanc qui le définissait réfléchissait paisiblement la lumière éblouissante de cette matinée. Peu lui importait que ses poumons seraient certainement fonctionnels le lendemain, qu'il pourrait à nouveau respirer seul dès son réveil, ou que sa famille viendrait lui rendre visite bientôt, il était seulement obnubilé par cette vision céleste qui était pour lui le véritable paradis. Mr. Byun, petit homme à la santé fragile et tout de blanc vêtu, était devenu son Éden.

La pause de midi était passée, les médecins avaient disparu de la chambre, et le visage du blessé ne s'était pas une seule fois détourné de lui. Il avait ainsi passé de longues heures à observer son petit colocataire, scrutant sa silhouette avec inquiétude mais tendresse. La fenêtre avait légèrement été ouverte par les infirmières tant il faisait bon ce jour-là, après une longue semaine de pluie intense, elles savaient que Mr. Byun aurait été ravi de prendre un peu le soleil et de sentir cette douce brise lui caresser le visage.

Ainsi, le regard de Chanyeol avait longuement suivi les mèches éclatantes du mourant danser au grès du vent, lui chatouillant le front et le haut du nez, s'accrochant à ses oreilles, rebondissant sur les coussins blancs. Il avait passé du temps à détailler son minois malheureusement couvert de ce masque encombrant mais dont la transparence lui avait permis de suivre la ligne presque droite du nez de l'endormi. Il en avait apprécié la rondeur, avait ressenti cette étrange envie de la suivre du bout du doigt, ce qu'il s'était permis de faire dans l'air, le bras dans le vide, la main désespérément tendue vers lui. Son pouce avait suivi la douceur qu'il se faisait de ses lèvres, appréciant leur finesse, s'attristant de les déceler quelque peu bleutées alors qu'il en avait un souvenir adorablement rosé. Alors que sa main gardait l'espoir de caresser la joue de l'ange qui l'avait accueilli sur Terre, son regard chercha du réconfort en balayant son corps qui déformait le lit. Il fut soulagé de voir sa faible respiration faire bouger la couverture qui le recouvrait jusqu'au torse, ce n'était qu'une très lente et infime houle, mais elle prouvait la présence de la vie qui s'accrochait encore un peu en lui.

Chanyeol ne connaissait rien du destin qui attendait son colocataire, il ne connaissait pas la raison de sa présence dans cet hôpital. Le petit homme n'avait jamais abordé ce sujet certainement sensible, préférant sourire et illuminer les nouvelles journées du géant. Mais maintenant qu'il avait été témoin de la rencontre de Mr. Byun avec la faucheuse, il réalisait que son petit ange n'était pas plus qu'un jeune homme, tout aussi vulnérable que lui, tout aussi fragile.

En début d'après-midi, les portes de la chambre s'ouvrirent avec une certaine précipitation pour faire entrer la famille du blessé. La sœur, une fois avertie du réveil de son petit frère, avait abandonné son masque de jeune femme forte face à la tragédie qui frappait soudainement sa famille. Elle avait laissé ses larmes dévaler ses joues en gémissant toute la douleur et toute la peur qui avait étouffé son cœur jusqu'à cette annonce, cette délivrance. Elle était partie en courant à travers les couloirs de l'hôpital, n'attendant pas sa pauvre mère qui peinait à accepter la nouvelle, elle avait eu bien trop hâte de voir ses grands yeux ouverts. À son arrivée dans la chambre, elle marqua un arrêt, voulant s'assurer qu'il était bien réveillé et bien vivant. Elle ne prêta aucune attention à son bras brûlé tendu dans le vide vers le lit du second patient, son regard humide ne pouvant que s'accrocher avec ferveur aux iris sombre de son frère, occupés à scruter quelque chose.

Elle n'en avait que faire, elle ne risquait pas de se demander ce qui happait ainsi tout l'intérêt du grand homme, tant elle était heureuse de le voir conscient. Lâchant un nouveau sanglot, elle se précipita à côté du brancard, ouvrit les bras et emprisonna le visage de son frangin contre sa poitrine. La jeune femme avait remercié tous les dieux pendant que le blessé avait eu du mal à réaliser ce qu'il venait de se passer. Il avait mal vécu le noir qui avait remplacé sa vision idyllique du petit homme endormi, il avait eu peur et ses lèvres s'étaient tordues d'elles-même pour mimer ce nom qu'il aurait tant aimé prononcer : Byun. Sa sœur le sentit, elle se décolla et se mit face à lui, ses mains emprisonnant son visage pour mieux le voir, ses pouces caressant ses joues, ses doigts se perdant dans ses cheveux bruns, elle finit par embrasser le front de son petit frère comme elle n'avait jamais osé le faire. Ce dernier s'en retrouva fortement touché mais se sentit terriblement coupable de ne vouloir qu'une chose : libérer son visage pour apercevoir celui du petit homme.

Comme si le noir lui avait fait croire que ceci n'avait été qu'un rêve, il avait terriblement besoin de le voir pour s'accrocher à la réalité, ou plutôt, à sa nouvelle réalité. Il n'était réveillé et en vie que s'il le voyait, lui. Alors il avait souri à sa sœur avant de tourner les yeux. Son corps se détendit, il aurait soupiré s'il avait pu mais il avait au moins entrouvert les lèvres dans un geste de soulagement, Mr. Byun était bien là, toujours endormi. Il ne rêvait donc pas, c'était la réalité, sa sœur était réellement face à lui à pleurer comme lorsqu'ils étaient enfants. Il osa alors le lâcher des yeux, souriant d'autant plus à la jeune femme qui s'essuyait les joues, levant sa seule main valide pour attraper la sienne, la serrant entre ses doigts. Puis arriva sa mère, tout autant en larmes, qui vint immédiatement à son chevet, le touchant pour s'assurer qu'il était bien vivant, couvrant son visage de multiples baisers aimants. Les cœurs pouvaient se réparer, ils avaient fini de saigner leur peine et pouvaient ainsi se sentir chauds et se reconstruire.

- Chanyeol, regarde ce qu'on t'a apporté, tu vas pouvoir parler ! S'était soudainement exclamée sa mère en fouillant dans un sac plastique qu'elle avait posé au pied du brancard.

L'accidenté eut une soudaine vague d'espoir, il voulait tellement prononcer quelques phrases, il voulait tellement lui parler, à lui, lui répondre et formuler son nom. Alors il eut une certaine déception en voyant sa mère lui tendre une ardoise blanche avec des feutres. Ce n'était pas ce à quoi il s'était attendu, il ne savait même pas ce qu'il avait espéré, mais aurait largement préféré se servir de sa voix, et non de ses doigts.

- Les infirmières nous ont dit qu'une de tes mains devrait pouvoir écrire, essaye pour voir !

L'enthousiasme de sa sœur lui mit du baume au cœur, elle avait raison d'être ainsi joyeuse, c'était toujours une façon de s'exprimer, il ne lui fallait que l'accepter. Alors il se saisit de l'ardoise, l'appuyant contre le plâtre de son bras triplement cassé qu'il avait posé sur son buste, et arracha le bouchon d'un des feutres avec ses dents avant d'essayer d'écrire. Sa main se faisait tremblante, ses doigts manquèrent à de nombreuses reprises de faire tomber le feutre dans le lit mais à force de tentatives, il finit par réussir à écrire. Les caractères se montraient tremblotants, aucun n'avait vraiment la même taille, cela se rapprochait de l'écriture d'un enfant apprenant ses premiers mots mais au moins, c'était écrit.

« Je suis content de vous voir. »

Ce n'était que sa première réponse depuis son réveil, mais déjà tout le monde tombait en larmes. Les deux femmes sanglotèrent, posant leurs mains sur le corps du grand homme qu'elles avaient cru ne plus jamais revoir, mais la conversation put tout de même continuer. Chanyeol dut répondre à des questions bateau, lambdas et courantes lorsque l'on prenait des nouvelles de quelqu'un. Elles s'inquiétèrent de savoir s'il avait mal, s'il était gêné par ses plâtres, par tous les tubes qui le traversaient de toutes parts, s'il ne se sentait pas trop seul.

« J'ai Mr. Byun avec moi, je vais bien. »

Les femmes furent surprises, elles ne comprenaient pas car elles ne connaissaient personne de ce nom-là. Elles eurent peur que le garçon se soit fait mal à la tête sans que les médecins ne s'en aperçoivent, que sa mémoire ait été endommagée, qu'il soit encore dans des rêves créés par son coma.

- Mr. Byun ? Qui est-ce chéri ? Questionna alors sa mère avec inquiétude, priant pour que son enfant ne soit pas devenu fou.

Il ne prit alors pas la peine d'écrire sur son ardoise malgré les fortes attentes des femmes de sa famille et se contenta de faire rouler son crâne contre l'oreiller, ses pupilles traçant naturellement leur chemin jusqu'à lui. Cette silhouette qu'il avait pris l'habitude de regarder et à laquelle il aimait tant se raccrocher. Le regard des femmes suivirent le sien et, enfin, elles se rendirent compte qu'ils n'étaient pas seuls dans la chambre. La sœur se rappela de l'existence de ce petit homme plein de politesse et de force qu'elle avait pensé ne jamais revoir.

- Alors il est toujours vivant. S'était-elle contenté de souffler dans un murmure tout en couvrant son image d'une certaine douceur.
- Tu le connais toi aussi, Yoora ? Questionna alors la mère.
- Mais oui maman, quand nous sommes venues la dernière fois il était là aussi.
- Ah oui ? Je n'avais pas fait attention...
- Tu n'as pas quitté Chanyeol des yeux, c'est pour ça. J'ai pris le temps d'aller parler un peu avec lui.

L'intérêt de muet retomba sur sa sœur, son regard appuyant sur elle une impatience qui la mit mal à l'aise. Il l'enviait terriblement d'avoir eu une conversation avec lui, il mourrait d'envie de lui parler, de lui poser des questions. Alors il se rabattit sur Yoora, effaçant sa dernière phrase sur son ardoise pour se remettre à écrire.

« Que vous êtes-vous raconté ? »
- Pas grand chose. Annonçait-elle tout en tentant de se remémorer les paroles du petit homme. Il était heureux de t'avoir dans sa chambre, il a toujours été seul sinon.
« Tu sais pourquoi il est là ? »
- Non, pas exactement...
« On est dans quel service ici ? »

Voyant l'intérêt que portait son frère à ce petit mourant qui partageait sa chambre, Yoora n'eut pas le courage de répondre à cette dernière question. Elle allait faire mal à son frère, le rendre triste, alors elle se contenta de baisser les yeux tout en se pinçant les lèvres.

- En soins palliatifs, mon chéri. Il n'y avait plus de place nulle part dans l'hôpital donc tu as été amené ici pour être soigné au calme.

Ce fut donc leur mère qui annonça la triste vérité. Chanyeol avait froncé les sourcils, baissant un peu les yeux, il avait semblé réfléchir un moment, ne voulant certainement pas y croire. Son visage s'était à nouveau tourné vers le sien, si paisiblement endormi, alors que les images de l'horreur de ce matin lui revenait en tête. Sa difficulté à respirer, son arrêt cardiaque, le massage qui avait secoué son corps... Non, c'était une coïncidence.

« Il est peut-être là pour la même raison que moi. Par manque de place. » Avait-il alors écrit sans grande conviction, comme si son corps n'avait pas été dupe alors que son cœur était plein d'espoir.
- Je... Ne crois pas, Chanyeol. Désolée...

Yoora s'était fait violence pour lui dire la vérité, elle l'avait entendu de la bouche même du concerné, il était un réel patient de ce service, sa fin était donc proche. Il n'en fallait pas plus pour que le grand blessé ne tourne un visage sombre vers cette silhouette qu'il voyait de plus en plus flou, son regard se noyant dans quelques larmes qu'il n'avait pas senties venir. Sa gorge s'était nouée, la chambre sombra dans un silence gênant et quelque peu pesant, mais il lui fallait du temps pour accepter ce qu'il venait d'apprendre. Alors qu'il avait frôlé la mort de justesse, Mr. Byun, lui, marchait lentement dans sa direction sans pouvoir l'éviter. C'était tout ce qu'il avait espéré ne pas apprendre à son sujet, ne comprenant pas comment un petit être aussi débordant de joie et de vie pouvait ainsi être condamné au pire. Et pouvait continuer de vivre tout en le sachant.

La fin de journée tomba rapidement sur l'hôpital, la chambre s'était assombrie et la famille de Chanyeol avait fini par quitter les lieux. Il n'y avait eu que des échanges tout aussi communs entre eux après cette vague de tristesse qui avait frappé l'accidenté et il était finalement content de se retrouver enfin seul avec lui. Lui qui n'ouvrait toujours pas les yeux, lui dont il espérait le réveil imminent, lui à qui il avait hâte de parler. Mr. Byun l'avait attendu de la sorte lorsqu'il était encore inconscient ? Avait-il eu ce même espoir ? Avait-il ressenti cette peur et cette angoisse de ne jamais le voir se réveiller ? Soudain, il le comprenait. Il comprenait son sourire et sa joie lorsqu'ils s'étaient vus pour la première fois, il comprenait sa familiarité précoce lorsqu'il lui avait adressé les premiers mots d'une conversation à laquelle il n'avait pu participer, il comprenait son euphorie de passer la nuit avec lui sans pouvoir le lâcher. Ils vivaient la même chose, traversaient les mêmes sentiments et se posaient les mêmes questions. Tous deux, n'avaient fait qu'attendre l'autre.
Il lui avait été difficile de fermer l'œil cette nuit-là, son phare alors éteint ne lui avait pas permis d'oublier cette énorme angoisse qui lui emprisonnait la poitrine lorsqu'il lui fallait fermer les yeux. Il avait eu peur de ne pas se réveiller le lendemain, et il avait eu peur que lui ne se réveille pas non plus.

Pourtant, tôt le matin, des paupières blanches papillonnèrent, préservées des rayons virulents du soleil par des rideaux beiges, elles eurent l'impression de se réveiller d'une lourde et profonde sieste. Baekhyun ouvrait les yeux, difficilement, se sentant encore lourd et prêt à replonger dans le sommeil dès qu'il fermerait malencontreusement les yeux. Même venant à peine de se réveiller, il se sentait fatigué, épuisé et n'arrivait pas même à bouger la tête. Pourtant il ne désirait que tourner le regard et le voir, priant pour que sa présence n'ait pas été qu'un doux rêve ni sa suffocation un cauchemar. Mais il n'y arrivait pas. Son nez restait pointé vers le plafond et ses yeux ne pouvaient qu'en parcourir la peinture qu'il ne connaissait déjà que trop bien. Le temps sembla très long alors qu'il tentait de reprendre contenance, s'armant de patience le temps que ses forces lui reviennent et que la motivation ne le regagne. Enfin, il put entrouvrir les lèvres, prendre une longue inspiration et se soulager d'un soupir qui lui permit de sentir tout son corps. Il se sentait bouger les orteils, pouvait frotter ses pieds contre les draps et il réussit à lever un bras devant lui pour venir se frotter les yeux d'une main nonchalante, épuisée. Il se pinça les lèvres, dégourdit sa langue entre ses quenottes et put déglutir avant un nouveau soupir.

Enfin réveillé, il tendit le bras vers sa fenêtre, attrapa le rideau et fit de son mieux pour le tirer un peu, découvrant un mince espace où il laissa entrer la lumière qui vint s'échouer sur son front. Cette timide chaleur lui réchauffa le cœur, heureux que les jours de pluie aient cessé, il espérait que cela annonce de beaux jours. De magnifiques jours durant lesquels il pourrait vivre sans crainte. Débarrassé de ce poids qui lui avait tenu le crâne enfoncé dans son oreiller, le petit mourant put enfin tourner la tête vers ce qui l'intéressait, ne pouvant s'empêcher d'être soulagé en voyant son brancard, de sourire en voyant son visage et de sentir son cœur louper un battement en apercevant autre chose.

« Bonjour, Byun. J'espère que tu vas bien. »

Coincée entre le bras brûlé du blessé et le buste de ce dernier, une ardoise blanche trônait fièrement pour délivrer ce si simple message. Quelques mots qui lui firent ronronner la poitrine, quelques caractères qui lui firent monter les larmes aux yeux, quelques coups de feutres qui firent de lui le condamné le plus heureux de Corée. C'était pour lui les premiers mots de Chanyeol, la première phrase qui lui était entièrement adressée, qu'il avait lui-même griffonnée, en pensant à lui. Il n'en fallait pas plus pour que son petit cœur s'emballe, sentant sa mâchoire trembloter alors qu'il sentait une soudaine envie de pleurer. Dieu merci, de joie. Il allait enfin pouvoir lui parler, il allait enfin recevoir des réponses. Sa solitude venait de prendre fin, pour de bon.

Mais le grand blessé dormait profondément, Baekhyun ne pouvait se douter de l'heure tardive à laquelle il avait enfin daigné fermer les yeux, bien trop occupé à scruter la silhouette sombre du mourant devant la fenêtre. C'était donc à son tour de le regarder, et d'attendre, encore et encore, comme il l'avait fait depuis le premier jour. Mais sa patience fut rapidement récompensée car, comme s'il avait senti la présence éveillé du petit ange, Chanyeol se mit légèrement à gigoter. Ses paupières frémirent, son poing se referma dans le vide avant que son bras ne se lève lentement, effaçant sans le vouloir la moitié de la phrase affichée sur l'ardoise avant que cette dernière ne fasse le grand plongeon jusqu'à heurter le carrelage. L'accidenté sursauta, violemment réveillé par la bêtise qu'il venait de faire et, se devant de chercher cette frimousse dont il avait rêvé toute la nuit, il ne se préoccupa pas plus de son message au sol et releva immédiatement les yeux vers la fenêtre.

Il rencontra immédiatement son regard. Ses yeux quelque peu tombants, étrangement tristes et mélancoliques, sur son visage si doux qui étirait un sourire des plus chaleureux. Quel dommage que ce masque de plastique ait été toujours là à lui emprisonner la bouche, gâchant cette merveilleuse image qui accueillait le géant dans cette nouvelle journée. Il pouvait ainsi remercier les cieux de lui avoir permis de vivre cet instant divin, si surréaliste, où la simple présence d'un petit homme qu'il ne connaissait strictement pas suffit à lui réchauffer le cœur.

- Bonjour, Chanyeol. Je vais bien, ne t'inquiète pas.

La réponse au message qu'il s'était appliqué à écrire dans la nuit avant d'oser affronter sa peur du noir. Il en avait écrit bien d'autres mais les avait effacés en ne les trouvant pas assez doux et trop intrusifs, trop secs, trop directs. Il avait fini par opter pour la simplicité et la familiarité, ce qui caractérisait si bien cet être d'un blanc éblouissant. L'accidenté était heureux de sa question, et soulagé par la réponse qu'il venait de recevoir. Il se permit alors de sourire, frottant sa joue contre le tissu du coussin sur lequel reposait sa tignasse, il aurait largement préféré remplacer le coton par les mèches éclatantes de Mr. Byun. Une pensée et un désir qui le surprirent, mais qui ne l'étonnèrent finalement guère, devant bien accepter ce lien original et exclusif qui était né entre eux.

Heureux de pouvoir enfin partager une discussion avec son colocataire, le blessé voulu continuer, enchaîner sur une prochaine question mais se retrouva bien bête. Tâtonnant sur les draps, il ne comprit pas tout de suite l'absence de l'ardoise mais dut bien se souvenir du saut qu'elle avait fait hors du brancard. Il avait alors laissé son bras tomber à côté du matelas, ballant, dégouté de ne pouvoir l'attraper. Il fut néanmoins heureux d'entendre l'ange ricaner face à sa bêtise, c'était une mélodie envoutante, une petite gourmandise qui ne manqua pas de le faire sourire d'autant plus.

- Ce n'est pas grave, on discutera plus tard. Les infirmières ne vont pas tarder.

Chanyeol comprit alors que, derrière son sourire et sa réponse rassurante, le petit homme n'était pas si bien que cela. D'ordinaire, il se serait précipité hors des draps pour se saisir de l'ardoise qu'il aurait tendue au géant avec impatience, il se serait installé dans son fauteuil ou se serait assis directement sur le brancard, prêt à engager un conversion qui ne serait pas même coupée par les infirmiers. Mais il restait là, allongé dans son lit, les bras étendus sur les couvertures, la tête enfoncée dans l'oreiller et les lèvres entrouvertes pour une respiration timide et fatiguée. Ce n'était pas le Mr. Byun qu'il avait connu, et cela l'effrayait énormément.

En manque de lui, en manque de cet être qui lui était pourtant inconnu, le muet eut le même réflexe que la veille. Tendant son bras dans le vide, il ouvrait la main vers le malade qu'il désirait tant toucher, vers lequel il aurait aimé courir, vers le soleil qui lui donnait envie de vivre. Enfin, il put voir son ange tendre la main vers lui, imitant son geste avec lenteur, avec une main incertaine, un bras vacillant, il découvrait son désir de le recevoir. Leur impression était-elle donc réciproque ? Leurs sentiments partagés ? Le motard commençait à le croire. Il n'avait pas eu cet accident pour rien, il n'avait pas croisé la mort par pur hasard, c'était pour le rencontrer lui et, peut-être, lui redonner cette force de vivre qu'il ressentait lui-même en sa compagnie. Il n'avait pas le droit de s'éteindre. Pas maintenant. Pas maintenant qu'ils s'étaient rencontrés.

Alors, dès le départ des infirmières après leur ronde quotidienne et après avoir récupéré son ardoise, Chanyeol ne perdit pas une seconde pour s'accrocher à lui, pour s'y attacher et créer toujours plus de liens qui les rendraient inséparables, à tel point que même la faucheuse ne se risquerait pas à venir les déranger.

« Byun, c'est ton nom n'est-ce pas ? Je ne connais pas ton prénom. »

Le mourant avait été quelque peu déplacé par les jeunes femmes. Il leur avait demandé de l'aider à mieux s'installer pour apercevoir les messages que lui enverrait son colocataire. Il s'était alors allongé sur le côté, les genoux quelque peu repliés et les bras chaudement recroquevillés contre son torse, il ne manquait rien de ce qu'il pouvait se passer de l'autre côté de la chambre. D'un geste accompagné d'un tendre sourire, il demanda au blessé de pencher son ardoise pour mieux y lire, là qu'il avait le visage à moitié fourré contre le moelleux de son coussin.

- Ah oui c'est vrai. Ce sont les infirmiers qui m'appellent Mr. Byun, je leur ai pourtant dit qu'il pouvait m'appeler autrement... Avait-il alors commencé, ajoutant un faible soupir avant de retrouver ce sourire qui ne quittait jamais ses lèvres. Baekhyun. Je m'appelle Byun Baekhyun.

Les yeux du muet s'illuminèrent instantanément tant il était heureux de découvrir le magnifique prénom de celui qui occupait toutes ses pensées. Immédiatement, il s'empressa d'attraper le mouchoir qui lui permettait d'effacer son ardoise, commençant à y écrire à une vitesse folle sous le ricanement malicieux de l'ange.

- Tu t'appelles Park Chanyeol, né à Séoul le vingt-sept novembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-douze et tu fais un mètre quatre-vingt-cinq.

Le motard stoppa son écriture, tournant vers son ami une mine surprise, stupéfaite même, alors qu'il avait l'impression de faire face à un devin. Ce petit homme avait vraiment le don de lui faire croire qu'il n'était pas humain, mais plutôt un acolyte des dieux. Sa réaction amusa grandement Baekhyun qui s'était mit à rire de bon cœur, se mettant quelque peu à tousser tant son corps était encore épuisé de sa crise de la veille. Il fut bien obligé de lui avouer qu'il avait appris tout ça dans les papiers d'identité qu'il avait lus à son arrivée dans la chambre, le rassurant sur sa condition d'être humain normal.

« Tu n'as pas eu d'autre colocataire dans ta chambre ? »
- Non, tu es le premier. Et certainement le dernier. Avait-il ajouté après un moment d'hésitation.
« Pourquoi ça ? » Avait alors questionné Chanyeol dans l'espoir que Baekhyun contredise ce que lui avait appris sa famille.
- Nous sommes en soins palliatifs ici, les chambres sont toutes individuelles. C'est moi qui ait accepté qu'ils t'installent ici car ils n'y avait plus de place, et que j'étais plutôt en forme...

Voilà. La conversation délicate était lancée, l'accidenté allait pouvoir lui poser cette question qui lui brûlait tant la langue et les doigts depuis qu'il avait compris le sort de son nouvel ami. Le silence fut lourd, il hésita à écrire mais finit par griffonner cette interrogation à laquelle Baekhyun s'attendait.

« Du coup... Que t'arrive-t-il, Baekhyun ? »

Le petit patient accueillit cette question avec un sourire. Le plus doux que Chanyeol avait pu voir, un sourire qui le fit rayonner, qui communiqua toute sa chaleur, toute sa bonté et surtout sa beauté. Comment pouvait-il s'apprêter à faire cette annonce atroce avec une telle sérénité ? Le blessé en fut émerveillé.

- Mon cœur semble plus pressé que moi de s'endormir à tout jamais. Commença-t-il alors avant de comprendre au regard désolé de son colocataire qu'il allait falloir davantage d'informations. J'ai fait une crise cardiaque il y a quelques années, sans raison, ou du moins les médecins n'ont pas su dire. J'avais de bonnes analyses, je ne faisais pas d'effort particulier, je ne fumais pas et n'étais pas stressé... C'est juste arrivé.

Tout en racontant ses mésaventures, le mourant avait levé les yeux vers l'électrocardiogramme qui ne cessait d'afficher les battements timides de ce muscle qui lui faisait défaut.

- Je n'ai pas eu le temps de m'en remettre que je faisais une nouvelle crise, à peine rentré chez moi. Il m'a fallu du temps pour retrouver un mode de vie normal, avec comme nouvelle caractéristique d'être sujet aux infarctus.

Il eut un ricanement nerveux, s'amusant amèrement de cette malchance qui lui collait à la peau, ayant déjà accepté son sort.

- J'ai voulu profiter de la vie, elle m'avait l'air si fragile qu'il fallait que je la saisisse sans attendre ou il en serait fini de moi. Mais là encore, rien ne s'est passé comme prévu. Je me suis effondré après quelques jours de voyage à peine. J'ai essayé une deuxième fois pour le même résultat et le diagnostic a fini par tomber. Insuffisance cardiaque non réversible.

Un soupir franchit ses lèvres fines et s'échoua sur le plastique du masque, faisant disparaître cette bouche si magnifique derrière un manteau de buée blanchâtre.

- Pour faire simple, mon cœur se fatigue au moindre geste. Plus il se fatigue et moins il est apte à faire quoi que ce soit. Je m'éteins donc à petit feu et ne peux rien y faire.

Les prunelles vaincues et pourtant pleines de force du mourant s'étaient à nouveau plantées dans le regard compatissant et débordant d'admiration du blessé. Encore une fois, alors qu'il annonçait le pire, alors qu'il avouait son avenir macabre qui aurait fait fondre en larme n'importe qui, il affichait ce très fin sourire qui partageait un sentiment de sérénité inégalable. Il n'avait pas besoin de mot pour rassurer son vis-à-vis car son visage angélique communiquait cet unique message : ça va aller, tout va bien se passer. Mais Chanyeol refusait de croire que c'était la fin de l'aventure pour lui, il était certain de pouvoir le sortir de là, de pouvoir le sauver, car c'était cela l'unique but de leur rencontre.

« Il n'y a aucune solution ? »
- Si, bien sûr. Annonça Baekhyun avec nonchalance, comme voulant se convaincre du contraire. La transplantation cardiaque, mais tu te doutes que les donneurs ne se trouvent pas à chaque coin de rue. Puis je ne suis pas encore assez amoché pour être prioritaire sur les listes d'attente.

Il avait ricané, voulant certainement rassurer son nouvel ami ce qui eut effectivement ce résultat. Chanyeol se sentait légèrement plus léger, il avait moins peur pour lui, espérant qu'il pouvait croire que la fin n'était pas pour demain et qu'une solution s'offrirait à eux.

- Ce serait bien de parler de quelque chose de plus joyeux...
« Tes cheveux blancs du coup, on en parle ? »

La question avait été toute trouvée et les deux hommes s'en amusèrent immédiatement, Baekhyun riant de bon cœur tant il ne s'y était pas attendu. Le motard semblait avoir un bon humour, comme il l'avait espéré, ils étaient faits pour s'entendre. Il ne pouvait alors qu'être le plus heureux des hommes.

- C'était pour me camoufler contre les murs et voler de la bouffe au réfectoire.
« Et ça a marché ? »
- Absolument pas !

Il leur fallut bien la matinée pour faire connaissance mais ce fut Baekhyun le plus curieux des deux jeunes hommes. Il avait enfin l'occasion de se faire un nouvel ami, il la saisissait donc sans aucune hésitation, bien trop heureux d'apprendre à connaître quelqu'un de plus dans sa vie. Elle était si courte qu'il avait besoin de la remplir de pleins d'individus, d'innombrables souvenirs, autant que s'il avait vécu cent ans. Et il était réellement heureux que Chanyeol puisse faire partie de ces quelques êtres qui auront fortement compté pour lui, même durant ce si court laps de temps. Il comptait lui en faire part, le jour où il quitterait l'hôpital, c'était si important pour lui, qu'il ne pourrait que le remercier de tout son cœur d'avoir partagé ces infimes instants pourtant si forts et uniques.

Allongé dans son lit, il avait pris plaisir à observer le grand blessé s'animer sur son brancard. Ne serait-ce que le voir écrire était un miracle selon les médecins après cet accident qui aurait pu lui coûter la vie, alors il ne pouvait s'empêcher de sourire tendrement à chaque rencontre de leurs regards. Jusqu'à ce que les infirmières ne les dérangent à nouveau pour l'heure du repas en milieu de journée. Le mourant était le seul concerné, Chanyeol ne pouvant manger par lui-même devait se contenter de perfusions, mais il était bien heureux de pouvoir assister à un moment de vie du petit ange.

Ce dernier avait dû se redresser dans son lit, aidé des infirmières il avait tout de même fait la grimace en demandant tant d'effort à son corps épuisé. Il n'avait pu soupirer de soulagement qu'une fois la tête du lit suffisamment relevée pour lui permettre de rester assis face à son plateau. Son masque à oxygène lui fut retiré et les jeunes femmes quittèrent la chambre pour le laisser manger dans le calme.

- Appelez-nous si vous avez du mal à manger, vos bras pourraient être fatigués. Le conseillèrent-elles avant de refermer la porte.
« C'est quoi le menu ? »

Chanyeol dut taper sur son matelas pour que le petit homme prenne conscience de son message, esquissant immédiatement un sourire en coin en rabaissant les yeux vers son plateau, sa main soulevant les cloches en plastique pour lui permettre d'identifier son repas.

- Porridge de riz et de légume, la base. Épinards à la sauce soja avec graines de sésame, ils ont fait des efforts !
« Pas de dessert ? »

Baekhyun trouva un petit paquet de papier joliment plié qu'il put prendre dans le creux d'une main pour l'ouvrir de l'autre. Tirant sur un très fin ruban, il découvrit deux morceaux de yaksik, de petits carrés de riz gluant au miel et à la sauce soja également garnis de châtaignes, de pignons et de graines de sésame. Ce dessert détendit les traits de son visage alors qu'il semblait soudainement touché, plein de tendresse et de reconnaissance. Chanyeol en fut quelque peu choqué car il retrouva dans son regard la même infime lumière pleine de sagesse qui brillait dans les yeux des aînés ayant traversé une vie tumultueuse durant de nombreuses décennies. Ce n'était pas le cas de ce petit homme pourtant vieillissant avant l'heure, pourtant déjà mourant, qui derrière son visage juvénile cachait la souffrance et la fatigue des plus âgés.

- Du yaksik.
« Pourquoi, tu fêtes tes 60 ans ? »
- Idiot ! S'exclamait-il sans pouvoir s'empêcher de rire. Une des infirmières prépare son mariage, il doit avoir lieu demain je pense, c'est gentil de sa part de m'avoir apporté ce gâteau. Il est très bon pour la santé !
« Tout ce qu'il y a sur ton plateau est bon pour les malades, tu es choyé. »
- Ils se font certainement du souci pour moi...

Cette étincelle reconnaissante de fin de vie revint dans le regard tombant du malade qui reposait son dessert pour mieux se saisir de ses baguettes et commencer à manger. Ses gestes se faisaient lents, hésitants, tant il arrivait à sa main de trembler, de ne pas avoir la force de porter une trop grosse bouchée d'un coup. Il faisait de nombreuses pauses, mâchait très lentement pour ne pas s'épuiser et respirait parfois très fort pour ne pas trop fatiguer ses muscles déjà mal en point.

Pendant qu'il tournait la tête vers l'immense fenêtre pour admirer un ciel bleu qui donnait envie de partir en promenade pour un pique-nique dans un parc, Chanyeol ne manquait de le contempler, lui. Il le trouvait plein de douceur, à l'image de cette brise timide qui s'infiltrait entre les fenêtres très faiblement ouvertes, plein de chaleur, comme les rayons qui illuminaient ses cheveux et rougissaient ses joues. Il trouvait étrange cette sensation de sérénité qu'il pouvait ressentir tout en regardant un être qui allait pourtant mourir. Baekhyun était-il si bien préparé à disparaître ? Avait-il réussi à accepter cette triste finalité ? Le blessé pouvait facilement y croire en le voyant ainsi, en paix avec lui-même, calme, profitant des derniers courants d'air qui caressaient son si joli minois. Ne pouvant que le trouver majestueux malgré sa fragilité, magnifique malgré sa pâleur et plein de vie malgré sa maladie, le géant retourna son ardoise et s'accorda quelques coups de feutre pour immortaliser le paradis qu'il apercevait.

« Tu es toujours seul dans cet hôpital ? » Fut la question soudaine que posa Chanyeol une fois le repas terminé pour le petit mourant.
- Non, je rends souvent visite aux autres patients, je ne suis jamais vraiment seul.
« Je parle de ta famille. Ou de quelqu'un que tu aimes. »
- Ma famille n'est pas au courant de ma situation. Et je n'ai personne qui correspond à ce que tu insinues. Termina-t-il tout en affichant un doux rictus, amusé par la curiosité du grand homme.
« Tu n'aimes pas ta famille ? »
- Bien sûr que si ! Mais je ne pense pas que c'était ce que tu voulais sous-entendre, je me trompe ?

Le pincement de lèvres de Chanyeol avant qu'il n'affiche un sourire coupable tel celui d'un enfant pris la main dans le sac confirma la pensée du patient immaculé. Mais derrière les plaisanteries, derrière cette envie de parler avec légèreté tout en s'amusant, le géant désirait tout de même en savoir plus sur son colocataire.

« Personne d'autre que tes parents n'est important pour toi ? »

Baekhyun avança les lèvres tout en semblant pensif, reposant sa joue contre son oreiller sans perdre sa position assise. Il suivait la main du muet qui effaçait déjà cette nouvelle question avant de reprendre le feutre pour à nouveau y tracer des caractères plus francs, moins tremblants, ayant pris l'habitude de sa condition.

« Personne ne te manque ? »

Il eut cette fois-ci un haussement de sourcils en croisant ses bras frêles sur son torse large mais tristement maigre.

« Tu ne voudrais rejoindre personne ? »

Les questions s'enchainaient mais le mourant se faisait toujours plus silencieux, ne faisant que lire méticuleusement chaque mot fastidieusement griffonné dans un grincement de mine feutrée.

« Tu n'as de sentiment pour personne ? »

Le regard tombant de l'ange se leva vers le géant après sa lecture, toujours sans plus d'expression que cette interrogation et cet air songeur qui venait pourtant d'ajouter une petite lueur dans ses iris ternes.

« Personne ne te donne envie de vivre ? »

Enfin, Baekhyun eut une réaction. Ses traits s'étaient immédiatement détendus, ses joues se relevant sur un sourire délicat, d'une extrême tendresse et si duveteux que Chanyeol sentit son visage s'enflammer et son cœur fondre. La sagesse resplendissante du mourant irradiait de nouveau la chambre, condamnant le géant à l'aimer comme il n'avait jamais aimé.

- Toi, Chanyeol.

• ------------------------ •

Petit mot d'Injae-Nim :

Deuxième partie de cette fiction que je n'aurais pas cru si longue... Il ne nous reste donc qu'une partie à découvrir, je ne sais pas si elle sera aussi longue que les deux premières, nous verrons bien ^^

J'espère que jusqu'ici cette histoire vous plait, que vous prenez plaisir à la lire et surtout que vous serez toujours présent pour la fin !

Ah ! Et j'ai vu Baekhyun en vrai hier ! Je m'en remets pas 🥰 je voulais partager mon bonheur avec vous tellement ça me semble irréel ~

Merci de m'avoir lue et à très bientôt <3

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top