CONTE DE NOËL
Juste une petite chose : un grand merci pour les 200 votes ❤❤!!
Salut, c'est Cycla ! Oui, ça faisait un bail ! J'espère que vous allez bien et que vous profitez bien de la fin de l'année.
On se retrouve pour le thème n°19 : Conte de Noël !
Un thème pour lequel on s'est battus, attention !! Mais c'est moi qui l'ai récupéré ^^
(victory !)Donc, Pôle Express vers Noël : Destination Conte de Nöel ! Bonne lecture et on se revoit le 23 !
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Il était une fois, il y a fort longtemps, un royaume de culture et de joie, un paradis des savants et des hommes de lettres. Un monde dans lequel l'éducation de l'esprit accompagnait celle du corps, et où les qualités individuelles donnaient à chaque habitant des ailes pour voler vers le lointain. On dit que chaque pays a sa part d'ombre, et pourtant celle de cette contrée se faisait fort discrète. Chants, rires, larmes et musiques étaient audibles, le faisant briller de mille éclats. Car ce pays n'était jamais aussi beau qu'en ce temps de fête qu'est décembre. Un manteau blanc drapait les maisons, les passants avaient revêtus de longs manteaux, d'imposantes écharpes et des bottes matelassées et discutaient tous ensemble.
Ce pays était le Royaume de Parole.
Et ses dirigeants, ayant compris que la communication était nécessaire pour unifier les hommes et faire évoluer la masse vers un même idéal de société sans classes, avaient rendu obligatoire une éducation aux lettres et aux conversations.
Ce monde était régi par des fées qui nommaient des hommes justes à la tête des différents pays. Le roi de Parole se nommait Natsume Sôseki. Et de palais il ne se préoccupait guère. Il possédait seulement un grand chalet sous des pins au coeur de la capitale dans lequel il vivait avec son fils : Mori Ôgai, dit Rintarô. Celui-ci était promis au trône depuis une petite année, après que le plus grand nombre ait accepté de le voir succéder à son père à condition que le coeur du jeune homme s'ouvre au monde. Mori n'était pas spécialement un solitaire ou un individualiste. Il entreprenait des études pour devenir médecin titulaire du royaume. Cependant, malgré ses 30 ans et son poste l'obligeant à se consacrer aux autres, Rintarô n'avait jamais réussi à éprouver du plaisir à aider autrui. Et cela se remarquait rapidement à son contact. Ses sourires tendaient à sonner faux, et le prince avait la fâcheuse manie de n'agir que s'il pouvait tirer profit d'une situation. Cependant, son savoir avait su le rendre indispensable à la capitale, c'est pourquoi un des objectifs principaux de la population était de former l'héritier à la sincérité.
Noël était une période très importante à Parole. C'était un mois privilégié pour les rencontres. Un mois où on allait vers l'autre, pour en apprendre plus sur lui, et en même temps sur soi-même.
Dans les rues de la capitale, les habitants s'affairaient joyeusement aux derniers préparatifs en vue des festivités. Le roi se devait de faire acte de présence et, bien malgré lui, Rintarô se retrouva dans emmitouflé dans un large manteau noir et rouge à suivre sa figure paternelle. Il soupira. Ce genre d'activités l'attirait bien moins que des soirées passées dans son cabinet ou dans la bibliothèque. Mais la loi était la loi : au Royaume de Parole, il était interdit de rester chez soi pendant les fêtes.
De facto, Ôgai était dans le froid en compagnie d'un cortège de bavards trop heureux et se retrouvait à aider à installer les décorations et à amuser les enfants.
Dans le ciel, l'ombre de quelques fées se distinguaient au travers l'épaisse couche de nuages blancs.
Mori grelottait, il souhaitait rentrer. D'ailleurs c'était décidé, il rentrait au manoir dès que son père aurait le dos tourné. Cela lui vaudra des oeillades désapprobatrices de la part de ses voisins, mais tant pis. Il n'aurait qu'à courir et à ruser quand son manque d'endurance l'aurait lâché. Il sourit avant de répondre en mentant à la question d'un petit garçon l'interrogeant quant à son soudain amusement.
Et à aucun moment il ne vit la silhouette ailée d'une jeune fée blonde perchée sur un toit et dont le regard bleu glacé scannait ses moindres faits et gestes.
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Pendant ce temps là, dans un autre quartier moins rayonnant de la ville, un trentenaire avançait parmi la masse. Il ne parlait pas, et tous semblaient l’ignorer. L’Homme possédait une chevelure argentée lui tombant au dessus des épaules, et était vêtu d’une fine veste de kimono matelassée verte. Il possédait un regard gris acier tranchant, et avait les lèvres pincées. Nul ne saurait affirmer si cela était dû à son humeur du moment ou au froid. À moins qu’il ne s’agisse tout simplement de son faciès habituel. L’homme marchait d’un pas vif en direction d’un quartier peu fréquenté en cette période de l’année : le quartier de la Guérison. Ou, selon la prose populaire : le quartier des hôpitaux. Fukuzawa, car il s’agissait du nom de notre homme, était muet. Il ne se souvenait plus depuis quand, et se moquait qu’il s’agisse d’une tare de naissance ou non. Cependant, dans un pays comme Parole, cette réalité le maintenant d’autant plus à l’écart du reste de la population. Il était rare d’y être muet. Très rare. A vrai dire, un cas comme celui de Fukuzawa n’avait pas été déclaré depuis des décennies. Si il eût existé un moyen de communication sans bouger les lèvres, celui-ci s’était perdu depuis bien longtemps.
Fukuzawa s’arrêta devant le bâtiment le plus imposant et entra en frissonnant. La chaleur du hall lui réchauffa le coeur, avant qu’il n’aperçoive le regard peiné du médecin de garde. Il s’agissait d’une jeune femme avec un carré brun qui ne devait pas avoir plus de vingt ans. Yosano, la jeune prodige de l'hôpital. Et accessoirement la seule à tenter désespérément de lui permettre de communiquer autrement que par un hochement de tête ou quelques mots écrits à la va vite sur une feuille de papier. La seule qui n’avait pas abandonné face à son cas et le regard inexpressif qu’il adressait normalement au reste du personnel de la clinique. Alors, pourquoi un tel regard ?
La jeune fille était vêtue d’un tailleur nacré la mettant en valeur, d’escarpins noirs lustrés ainsi que de son inséparable barrette papillon. Une tenue bien différente de son habituel combos : blouse blanche, chemise blanche et lunettes rouges. Elle s’avança vers lui, et il se rendit alors compte qu’ils étaient seuls dans la salle de réception. Elle lui confia soudain d’une voix confuse :
“Mr.Yûkichi, croyez bien que je suis sincèrement désolée de cette situation. Je vais devoir partir pour un repas de famille. Vous savez de quelle manière se comportent les gens en cette période. Cette année, je ne vais pas pouvoir faire impasse. Je serai absente dès ce soir, ce qui veut dire qu’il n’y aura personne ce week-end à la résidence hospitalière. Les collègues et les malades sont rentrés chez eux…”
Son interlocuteur haussa un sourcil et griffonna sur un bloc note sortit de sa manche de veste : “Ils sont déjà guéris ? Félicitations, vous faites des miracles.”
La jeune femme se retint alors de pleurer.
“Vous ne comprenez pas ? Vous allez être vraiment seul pour les fêtes, cette année ! Il n’y aura personne ici cette semaine ! Nous ne reviendrons tous que pour le Nouvel an !”
Elle renifla. Ses paupières fermées tentaient en vain de retenir ses larmes.
“Si seulement je pouvais vous soigner. Si je n’étais pas si impuissante ! Si-”
Elle s’interrompit alors que son patient la serrait doucement dans ses bras. Elle trembla contre lui, puis finit par s’apaiser grâce aux cercles qu’il traçait dans son dos. Il lui redressa la tête, sortit un mouchoir de sa veste pour essuyer les quelques traces de maquillage qui avait coulé. Le plus âgé lui dédia un sourire indulgent avant de la pousser légèrement vers la porte.
Elle comprit le message. Il pouvait se débrouiller seul. Elle se sentait minable. Elle ne pouvait même pas l’inviter à réveillonner chez elle, malgré l’insistance dont elle et son ami Ranpo, un pseudo-inspecteur qui adorait l’adulte hospitalisé, avaient fait preuve durant tout le mois de Novembre. Sa présence “nuirait à l’ambiance agréable de la soirée.” Maudite soit sa tante et ses idées préconçues ! Dans le pays de l’idéal, la connerie restait cependant présente partout…
Elle se tourna avant de partir pour donner une dernière accolade à l’adulte et l’embrasser sur la joue avant de partir dans la nuit qui tombait.
Elle avançait sur les pavés, rejoignant l’avenue principale. Le fait de laisser un membre de son entourage seul pour Noël la révoltait. Son cerveau se contortionnait pour trouver une solution. Qui voudrait bien accueillir son patient ? Peu de monde…
Elle entra dans la rue avant de se figer. Si, il y avait une solution ! Et elle se trouvait juste devant elle. En outre, elle pourrait faire d’une pierre deux coups en cassant les pieds à distance d’une personne qu’elle jugeait plus que méprisable. Il lui fallait juste du courage pour aller aborder l’homme en face d’elle. Elle respira un grand coup, et alors qu’elle se sentait poussée en avant, elle se mit presque à courir vers l’être qui lui paraissait providentiel.
“Votre Majesté ! Pardonnez mon impolitesse, accepteriez-vous de m’aider ?”
Derrière elle, un petit garçon aux yeux et aux cheveux hétérochromes lui ayant soufflé l’idée souriait de toutes ses dents, avant de déplier ses ailes et de partir en volant vers l’hôpital.
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Des pas colériques résonnaient contre les pavés. Rintarô avançait contre vents et marées, et arborait un regard plus sombre que les dieux de la nuit aux-mêmes qui dissuadait quiconque de l’approcher. Alors que, enfin, sa journée de torture en compagnie des gosses était finie, et qu’il voyait déjà son laboratoire et sa tranquillité se profiler à l’horizon, il avait fallu qu’Elle s’en mêle. Elle, c’était Akiko Yosano, une de ses camarades à l’école de médecine qu’il avait dû parrainer pendant sa première année, parrainage qui s’était plutôt très mal passé. Résultat des courses, elle ne pouvait plus le voir, et il ne la visitait que pour qu’elle l’aide dans le cadre d’expériences, ce qui bien sûr avait le don de l’agacer prodigieusement. Néanmoins, il était très dur de refuser quelque caprice au prince. Mais là, ce qu’elle lui avait fait était terriblement déloyal.
Son père était venu le trouver pour l’informer qu’une personne en difficulté (par là, Mori avait compris “handicapée”) serait seule pour Noël. Et bien sûr, pour son idéaliste de figure paternelle, cela était inacceptable. Il avait donc été décidé en deux minutes chrono que : 1) La personne viendrait passer Noël avec eux; 2) Qu’elle dormirait au chalet; 3) Que ce serait à lui de s’occuper d’elle et de veiller à ce qu’elle ne manque de rien car apparemment ils auraient sensiblement le même âge. Et tout cela ne figurait absolument pas dans son planning de départ.
Il shoota dans une pierre. Franchement, le monde se liguait contre lui. Et tant pis si il avait l’air d’un adolescent en pleine crise d’immaturité, il ne pouvait pas être classe et soigné tous les jours. Mais il ne fallait pas trop qu'il attente à son image de vampire brun ténébreux transylvanien.
Il avançait sans faire attention à son environnement, et quitta bientôt les rues animées pour se diriger de manière inconsciente vers le quartier de Guérison. Il y allait souvent pendant ses premières années d'études, mais moins depuis qu'il avait obtenu son propre cabinet privé. Et bien qu'il aurait pu se perdre, ayant oublié le chemin, il lui semblait que celui-ci était tout tracé et brillait devant lui, comme si des fées le guidaient.
Il arriva bientôt devant un bâtiment de briques grises et au toit bleu foncé couvert de neige. L'hôpital s'étendait sur cinq étages et était tout en longueur, doublé de l'immense jardin qu'il possédait. Ce qui était bien sa veine, son traître de père lui ayant soufflé avant de l'embarquer dans ce bourbier que le patient à récupérer aimait particulièrement les promenades en plein air. Que diable venait-il faire dans cette galère ?
À tous les coups, ce devait être une vieille dame au bout du rouleau qui ne saurait même pas ce qu'il attend d'elle… Ou bien un gosse incapable et peureux qui fuirait devant son allure de vampire des neiges… Dans tous les cas, ce serait l'enfer.
Il tenta d'ouvrir la porte. Celle-ci était fermée, forcément. Bon sang, cette nouille d'Akiko ne pouvait donc même pas penser à laisser la porte ouverte, surtout si il restait quelqu'un à l'intérieur.
Et là, alors qu’il fouillait dans ses larges poches pour récupérer le trousseau de clefs, l'improbable se produit. Une espèce de furie blonde ailée se précipita vers la porte, lui rentrant dedans, l'ouvrit dans une flambée d'étincelles, et le tira d'un grand coup sec à l'intérieur du bâtiment alors qu'il sentait la pression de deux autres mains enfantines dans son dos. Il sentit le porte se refermer dans son dos tandis qu’il cherchait du regard les chenapans qui lui avaient fait le coup. En vain, les enfants avaient disparu. pourtant, il jurait les avoir vu. Et une fillette blonde en robe rouge, en hiver, ça se repère rapidement. Se sentant observé, il porta son regard vers le fond du hall, et se figea. Près des bornes de réception et du guichet, au milieu de la large pièce silencieuse, se tenait un homme. L’inconnu devait mesurer sa taille, à peu de choses près. Il portait les cheveux longs et détachés. Des cheveux gris clair, presque argentés. Pourtant Mori ne lui donnerait pas plus de la quarantaine. A peine. Seuls les plis interrogateurs creusés entre ses sourcils à sa vue seraient susceptible de le vieillir. Faisant glisser son regard le long de la silhouette masculine, Rintarô vit qu’il ne portant qu’un yukata rembourré qui ne devait pas bien le protéger du froid, ainsi que des zori.
“Monsieur, c’est un établissement privé, vous n’avez rien à faire ici. De plus, par quel moyen êtes-vous entré ? C’est moi qui ai les clefs.” Poursuivit-il en brandissant le trousseau de Yosano avait refourgué à son père.
A cette vue, l’inconnu avança vers lui d’un pas vif et rapide, jusqu’à coincer l’héritier entre lui et la porte, et darda sur lui un regard de givre. Puis, il saisit son poignet et le leva. Mais il resta à le fixer en silence. Du moins, sa bouche ne s’ouvrait pas.
“Mais qu’est-ce qu’il vous prend ? Ca ne va pas ? Lâchez-moi, je peux appeler les autorités !”
L’homme ne répondit pas. Alors, prenant une grande inspiration, le prince prit de l’élan et lui donna un grand de genou dans le ventre. L’homme au yukata avait reculé trop tard. Il se retrouva plié en deux, suffoquant. Mais en silence, malgré sa bouche ouverte. Aucun son ne semblait vouloir traverser la barrière de ses cordes vocales. Alors Rintarô ouvrit de grands yeux.
“Toi… Es-tu le patient de Yosano ?”
“Bien sûr que oui c’est lui sombre imbécile ! Non mais, on fait tout pour vous simplifier la tâche et vous arrivez quand même à vous planter ! Bande d’incapables !”
“Elise-chan, ce n’est pas en leur criant dessus que tu vas arranger la situation… En plus l’autre ne peut pas t’entendre. Juste le médecin…”
“Je sais Kyusaku ! Mais il m’énervent !”
Mori releva la tête, et manqua de tomber à la renverse en voyant deux enfants ailés flotter à 3 mètres de hauteur : un garçon aux cheveux bicolores et portant une poupée ; ainsi que la jeune fille qui l’avait percuté plus tôt. Des fées. Voilà qu’il perdait la tête, il se mettait à voir et à entendre des fées… Mais il s’aperçut bientôt qu’il n’était pas le seul à regarder en l’air, hébété. Son agresseur fixait les deux apparitions, la stupéfaction visible au sein de ses prunelles. Il baissa finalement son regard vers lui, et ils se fixèrent. Le prince se sentit absorbé dans les pupilles clairs de son vis à vis. Cette vision faisait naître en lui des sentiments contraires : une certaine tendresse, de la colère et un ressentiment vis à vis de Yosano, la culpabilité de l’avoir frappé, une curiosité d’en apprendre davantage sur lui et son handicap. Et enfin, une possessivité qui avait déjà commencé à le ronger. Lui adressant un signe de la tête, il lui désigna la porte. Une lueur de compréhension traversa le regard de l’autre adulte avant qu’il ne hoche la tête. Et là, prit d’une impulsion soudaine, Rintarô s’élança vers lui, lui attrapa la main et courut vers la porte qu’il ouvrit d’un geste rageur avant de s’enfuir avec son compagnon d’infortune. Devant cette scène, les deux être fabuleux stoppèrent leur dispute. Pour un temps, du moins.
“Kyusaku, pourquoi t’as pas verrouillé la porte comme je te l’ai demandé ?”
“Et toi, comment t’expliques que l’autre muet ait pu te voir ?”
La fillette ouvrit la bouche pour répondre, mais se retint, fixant la porte. Elle espérait que les deux idiots ne gâcheraient pas cette opportunité.
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Il était tard quand l’héritier et son inconnu avait atteint le chalet royal, s’attirant au passage le regard scrutateur et le sourire entendu de la voisine du roi. Il faut dire que le plus jeune des deux n’avait pas lâché la main du “malade” du trajet. Leur route s’était plus ou moins bien déroulée, bien qu’il avait fallu que Rintarô s’arrête pour expliquer que non, il n’était pas un kidnappeur pédophile et que oui, il était son “sauveur” chez qui il allait passer la fin des fêtes. Il avait au passage manqué de flanquer son poing dans la figure de l’argenté quand celui-ci avait poussé un soupir de détresse en l’apprenant. Mais sinon, ça s’était bien passé. Sauf que Rintarô avait oublié que l’autre ne portait qu’un yukata, et se trouvait donc à son chevet, lui apportant tisane et couvertures pour soigner son début de rhume en attendant que le roi finisse de travailler. L’homme aux cheveux charbon pestait intérieurement. Cette colocation promettait d’être invivable. Il n’avait toujours aucune idée de la raison pour laquelle il éprouvait un tel besoin de s’occuper de l’autre. Il ne connaissait même pas son nom. En plus, de ce qu’il avait pu en voir, leurs caractères semblaient diamétralement opposés. Et pourtant, il lui avait cédé son lit, lui épongeait le front, et s’efforçait de ne pas s’énerver devant et contre lui.
Son patient ouvrit de petits yeux fatigués, et fixa un miroir sur la table de chevet princière. Faisant de flaibles mouvements de la tête dans sa direction, il fit comprendre à Mori de lui passer l’objet. Le prince souffla et le saisit avant de le tendre en face du visage maladif du patient.
“Oui, tu fais de la peine à voir. Quelle idée de porter un simple tissu par ce temps. Et moi j’ai autre chose à faire que de soigner quelqu’un dont j’ignore tout.”
L’écoutant d’une oreille distraite, le plus âgé se redressa douloureusement, sortit une main de sous les couvertures pour l’attrapper et souffla sur la surface réfléchissante, laissa de la buée de former sous le regard ébahi du médecin. Puis, il traça des signes dans la buée et tendit faiblement le miroir à Rintarô qui le saisit :
‘Yukichi’.
Juste un mot avant que l’autre retombe, le visage rouge de fatigue, et prêt à sombrer dans un sommeil réparateur. Et en même temps que ses paupières lourdes se fermaient, une voix douce lui répondit : “Mori Ôgai, dit Rintarô”.
Le prince resta longtemps à le veiller sans dormir cette nuit-là. Le lendemain, Yûkichi le muet rencontrerait le roi. Quatre jours plus tard, ils fêteraient Nöel ensemble. Une semaine plus tard, Yosano commencerait à passer quotidiennement au chalet, Mori refusant que Yûkichi quitte son domicile. Celui-ci accepterait, un sourire amusé au visage. Après deux semaines, ils sortiraient pour la première fois tous les deux. Fin mars suivant, ils s’embrasseraient sous les premières fleurs du printemps. Six mois après leur rencontre, ils commenceraient officiellement à sortir ensemble. Et deux ans plus tard, un soir d’hiver, Mori le demanderait en mariage, après s’être battu pour que le peuple accepte de voir un muet partager sa vie. Ils adopteraient une fillette blonde qu’ils appelleraient Elise et qui leur semblerait étrangement familière. Yûkichi trouverait un travail, et s’amuserait en compagnie de son compagnon et de son beau-père à mettre en couple des employés royaux. Ils gouverneraient avec sagesse. Ils deviendraient tous deux souverains de Parole, et écouteraient le peuple. Après leurs morts il resterait de leur vie une vision d’harmonie et de prospérité. Mais pour l’instant, il n’y avait qu’un prince égoïste dont le coeur s’ouvrait peu à peu à la vue de son futur amour.
Et il y avait juste deux enfants à la fenêtre pour contempler cet amour naissant sous les flocons de neige, avant de s’envoler mi déçu mi-satisfait de la tournure des évènements. Ces deux finiraient ensemble, bien que cela ne soit pas entièrement grâce à leur plan. Et ne craignez rien, chers lecteurs, vous les reverrez tous. Ils reviendront bien tôt ou tard...
FIN CONTE DE NÖEL
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