Chapitre 37: Edward

Quand on arrive à la table du repas dans leur seconde salle à manger, la famille de Sebastien me regarde ce qui me rend nerveuse et me fait dire:
-Désolé pour le retard.

Le père de Sebastien s'arrête de boire pour répondre:
-On ne vous a pas attendus, on avait faim.

Sebastien chatouille mon cou et me dit:
-Tranquille Amina.

Je soupire et vais m'asseoir à une des places restantes qui sera en face de Sebastien, entre sa mère à côté et son père de façon adjacente. Ça a l'air fait exprès, mais c'était sa mère ou Emmie. Choisis ton poison. Je réalise que je n'ai pas de fourchette ou de couteau, juste des baguettes. Le stress envahit mon corps, le rendant un peu plus rigide tandis que je fixe les objets fins en bois. Je crois que je vais m'évanouir. Je lève la tête et le père de Sebastien me regarde, avec ses baguettes. Ok, je suis mal, très mal. D'un coup, il se met à rire en plissant son regard en amande et je fronce les sourcils confuse. Il me dit:
-Tu aurais dû voir ta tête.

Je m'efforce de sourire puis tourne la tête vers Sebastien qui secoue la tête ennuyé en me tendant une fourchette et un couteau. Emmie, elle, semble sortir sa fourchette de sous la table. Le père de Sebastien me dit:
-Tu n'avais pas remarqué qu'Emmie avait une fourchette quand vous êtes arrivés?

Avant que je ne puisse répondre Sebastien ajoute moqueur:
-Elle n'est pas très habile de ses mains.

Sa sœur réplique:
-Oh la ferme.

Leur mère fronce ses sourcils arrondis en disant:
-Ne commencez pas vous deux.

À part tout ça, la table a l'air d'un rêve. Sebastien me dit:
-Heureusement, on avait du poisson donc on a pu remplacer la viande.

Je souris puis dis:
-Merci.

Avec un ton de prédateur tapi dans l'ombre, la mère de Sebastien demande:
-Il ne m'a toujours pas dit pourquoi. Tu es végétarienne?

C'est le moment de compliquer encore plus les choses. Je réponds:
-Euh...je suis musulmane.

Ses yeux s'arrondissent quand elle me regarde choquée et Sebastien la fixe. Je tourne encore la tête sur son père qui se contente de mâcher en nous regardant. Je regarde à nouveau sa mère qui s'est calmée pour me demander presque moqueuse:
-Pourquoi tu as autant hésité?

Sebastien répond:
-Maman.

Un peu embrassée par ce que je viens de faire je lui dis:
-Eh bien, c'est juste que les gens peuvent réagir différemment.

Elle fronce les sourcils et continue son enquête en commentant:
-Tes parents sont noirs et musulmans...je ne vois pas ça souvent.

Je lui dis surprise:
-En fait, il y en a beaucoup qui peuvent l'être, même si c'est pas tellement à Silverlake. Mais il y en a. Il y a même la Nation of Islam, même si c'est un peu à part. Malcolm X et Muhammad Ali en faisaient partie. Mais ils l'ont quitté. Pardon je m'étale, moi c'est mon père...il est sénégalais.

Le père de Sebastien me demande:
-C'est où ça?

Sebastien répond:
-La côte ouest de l'Afrique.

Je lui souris, mais Emmie demande:
-Dis-moi comment il est venu jusqu'ici? Grâce à ta mère?

Sentant comme moi les conneries arriver, Sebastien la mitraille sûrement du regard. J'expire puis réponds:
-En fait, il a été assez chanceux, donc je suis née par chance. On me le dit souvent pour plein de raisons.

Sebastien me sourit, amusé et je l'imite puis continue:
-Quand mon père était ado, il vivait en France avec ses parents et ils ont participé à ce truc, vous savez la loterie pour avoir le visa?

Le père de Sebastien dit:
-Ah oui.

Je continue en étirant les lèvres:
-Ils ont gagné du premier coup et ils sont venus ici et voilà.

Emmie dit moqueuse:
-Trop mignon.

Sebastien soupire. Son père ajoute:
-Ça me rappelle...quand on est arrivé ici juste nous deux, c'était très chaotique et on ne connaissait pas les rues. On n'avait pas vos trucs Maps là, donc pour arranger notre déménagement difficile je me suis perdu.

Sebastien sourit et son père me demande:
-Tu connais Maneki-neko?

Je réponds:
-Non.

Sebastien explique:
-C'est les statues de chats blanches qui font ça.

Il lève puis baisse son avant-bras avec un air de statue. Il est tellement bête. Je me retiens de rire contrairement à son père qui continue:
-Eh bien cette nuit, j'ai continué à marcher dans le coin et puis j'ai changé de direction et je suis tombé sur une Maneki-neko devant un magasin. Je suis entré et demandé mon chemin. C'est comme ça que j'ai rencontré Jin. L'homme qui m'a aidé à trouver mon emploi d'agent immobilier, qui m'a fait entrer dans le milieu. Il nous a aussi aidés à nous intégrer un peu plus. Malheureusement, il a déménagé à Hawaï et on s'est perdus de vue. Mais je me souviens toujours de lui. Tu sais, la Maneki-neko nous apporte de la chance.

Je réalise que je souris depuis un moment puis lui dis:
-Merci pour l'histoire.

En étirant ses lèvres, il répond:
-Pas de soucis.

En me servant, je jette un coup d'œil à sa femme qui a l'air de fumer de l'intérieur. Je l'ignore pour demander une bénédiction sur mon repas de façon discrète, histoire de ne pas lui tendre la perche. Je m'apprête à manger quand le père dit:
-Oh! Je suis désolé. On est vraiment impolis. On ne s'est pas présentés correctement. Je suis Masaru et ma femme s'appelle Keiko.

Je réponds:
-Enchanté, vous avez de beaux prénoms.

Je quitte sa femme indifférente du regard. Masaru me sourit et dit:
-Merci. Tu sais son prénom veut dire qu'elle est bénie et elle m'a moi comme tu peux le voir.

Je ris doucement tandis que j'entends Keiko soupirer à côté de moi. Sebastien dit avec un regard ennuyé:
-Papa s'il te plaît, tu dois arrêter de dire ça.

Masaru rit et moi aussi je le fais à nouveau doucement. Emmie s'y remet en demandant:
-En parlant de bénédictions, dis-moi Amina, je suppose que tu es la responsable derrière tous les suçons de Sebastien? Sinon tu devrais avoir des soupçons. Je le dis pour toi.

J'ai l'impression de couler dans son chaudron. D'habitude, j'évite ça et c'est assez facile avec le froid nous recouvrant de vêtements. Mais des fois, Sebastien veut se prendre pour un marcheur blanc et enlève son manteau. C'est donc beaucoup plus simple d'atteindre son cou et je m'en prive pas. Quelle idiote. Je ne sais pas comment j'ai pu penser que sa famille ne le remarquerait pas, surtout avec sa peau claire.
En plus, même avant, je ne me souviens pas de l'avoir vu avec un suçon, même avec toutes ces filles. C'était plutôt Min Jung qui ne le ratait pas.
Affublée d'un sourire carnassier, Emmie continue de me fixer avec son grand regard brun et vif. Sebastien a l'air de se statufier dans sa colère naissante.
Je risque bêtement un regard vers leur mère qui me regarde hostilement en plissant ses yeux noirs, les lèvres pincées. J'ai l'impression que mon estomac se tord quand je dis avec des sueurs froides:
-Eh bien, je euh...

Sebastien soupire bruyamment puis dit à sa sœur:
-Oui, c'est ça. Maintenant quoi? Tu veux appeler les flics? On parlait pas quand t'étais avec ton dernier chien de compagnie.

J'écarquille les yeux et Emmie plisse ses grands yeux ce qui accentue le pli en dessous, elle réplique ensuite hostilement:
-Parle mieux Sebastien.

Ce dernier lui répond avec la même agressivité passive dans la voix:
-Toi aussi surveille ta bouche.

J'ai peur qu'ils ne se sautent dessus, mais me remets à respirer quand ils se quittent du regard pour continuer à manger, dans un silence de mort. Je prends une sorte de croissant en pâte avec des bords plissés. Je le regarde en souriant puis en mange. C'est plus moelleux que je pensais, mais spongieux. Ça a un goût de saumon beurré et épicé mélangé à des légumes, dont certains que je ne connais pas vraiment. Ce truc est vraiment bon. Je souris encore puis prends mon courage à deux mains pour reprendre la conversation en disant au père:
-Ces sortes de croissants...

Il me corrige:
-Gyoza.

Je souris et continue:
-Ils me font penser à quelque chose qu'on fait au Sénégal, ça s'appelle "pastel", mais on frit la pâte donc c'est un peu sec. En grandissant, j'ai aussi constaté que c'est aussi comme les empanadas.

Il répond:
-Hmmm, c'est intéressant la façon dont on trouve des similarités dans le monde.

J'essaie d'en goûter avec la sauce, ça ajoute un goût de soja épicé et acidulé. Je considère le fait de trouver un moyen de squatter ici. Je continue:
-Pour la nourriture similaire, j'ai lu que les gens avec des environnements ou des besoins similaires peuvent indépendamment développer les mêmes façons de préparer leur nourriture. C'est logique. Comme chez les peuples aux climats froids, on retrouve souvent des ragoûts ou des bouillons qui réchauffent alors que pour les climats chauds ce serait plus des repas légers et rafraichissants.

Malgré le fait que ce que je viens de dire n'est pas révolutionnaire, Masaru continue de me regarder intéressé et hoche la tête. Je suis donc poussée à continuer:
-Euh, donc il y a plein de spécialités locales qui sont aussi influencées par la disponibilité des produits. Avant les échanges mondiaux en tout cas. Les peuples des côtes avaient des plats composés autour des poissons, alors que ceux qui dépendaient beaucoup plus de l'agriculture avaient des choses autour du pain, ou même des nouilles ou des pâtes.

Masaru hoche la tête avec un sourire puis lève ses sourcils épais en disant:
-Toi t'en as dans la tête.

Je ris doucement, puis réponds:
-Merci, mais j'ai pas dit grand-chose.

Emmie refait son entrée en disant:
-Mais non, Sebastien t'a ramené une vraie encyclopédie. Est-ce qu'elle fait tes devoirs aussi? Ça doit être pratique.

En japonais, son père dit quelque chose à Emmie. Le ton était assez universel et effectivement malgré son regard ennuyé plissant son regard brun, elle la ferme. Sebastien, lui, esquisse un sourire satisfait. Ils me rappellent des gosses. Leur père me dit:
-Pour ton truc des pastels et des empanadas, je me demande comment l'Amérique du Sud est similaire à l'Afrique.

-Eh bien je ne suis pas sûre, mais il y a des gens qui disent aussi que les plats des Français ont pu influencer notre cuisine et donc donner les pastels. Même si je ne vois pas trop d'équivalents dans la cuisine française. Et que ça ne répond pas non plus à ta question.

En fronçant légèrement ses sourcils droits, Masaru demande:
-Pourquoi français?

Je lui explique:
-Le Sénégal a été colonisé par la France, donc on a gardé des choses de chez eux.

Sebastien semble chercher sa mère du regard. Je lui jette un coup d'œil discrètement, mais elle l'ignore. C'est vrai qu'elle a l'air intéressée par ce pays avec tout ce que Sebastien m'a dit et sa pâtisserie. Mais si ça me touche, elle s'en tape complètement. Emmie ajoute:
-Heureusement, le Japon n'a jamais été colonisé.

Je pense à lui balancer un rappel de l'occupation militaire qui a suivi la 2ème Guerre mondiale, qui pourrait quand même s'apparenter à une invasion. Il vaut mieux pas, je vais éviter de générer plus de chaos. Je me contente de soupirer et on continue de manger. Soudain, Emmie s'y remet en disant avec un regard méprisant:
-En tout cas Amina j'espère vraiment que tu vas pas bousiller mon frère comme c'est arrivé avec l'autre.

Je la regarde confuse quand Masaru me fait sursauter quand il explose en criant:
-Damare!

Emmie réplique défiante:
-Pourquoi je devrais me taire? C'est une inquiétude justifiée, non?

J'écarquille les yeux en voyant son père se lever et contourner la table, mais sa femme le tient à distance suivie par Sebastien. Emmie n'a pas bougé d'un cil. Sur un ton coupant reflétant le regard que Sebastien lance à Emmie, leur mère dit à sa fille:
-Honto, pechakpecha pechakpecha urusai kedo, damatte!

Cette fois, je me suis concentrée pour saisir les sonorités des mots, mais je ne sais même pas à quoi bon. Je n'ai rien compris logiquement. Enfin, j'ai juste reconnu "urusai". La dernière fois, je crois que c'était quelque chose comme "tais-toi". Emmie a l'audace de ricaner avant de se lever et dire:
-Oui, je suis juste une peste qui parle trop pour vous. Alors que je suis sûrement la seule qui ne cherche pas activement à détruire cette famille.

Elle s'en va et Keiko parle à son mari en japonais, comme pour le calmer et Sebastien aussi l'imite. Masaru finit par se rassoir et eux aussi. On continue de manger comme s'il ne s'était rien passé et quand mon cerveau commence à mettre en place des questions sur ce qu'Emmie voulait dire sur ses frères, Masaru me demande comme confus:
-Mais au fait pourquoi est-ce que tu es si foncée? Ton père? Ta mère est noire d'ici non? Elle est très foncée aussi? Je n'ai pas vu des tonnes de gens aussi foncés.

En fixant mon assiette, je grimace totalement sidérée. J'ai l'impression de me faire écraser. Je lève la tête sur Sebastien qui regarde son père avec l'air de lui demander ce qu'il fout. Masaru l'ignore et me regarde innocemment pour avoir la réponse à sa question. Ok, il ne doit pas avoir l'habitude.

Avec toutes ces années à vivre ici?
Non, peut-être qu'il n'est pas du genre à voir un tas de personnes noires différentes, on peut être assez divers. Surtout à Silverlake qui est un peu un melting pot. Il préfère peut-être rester chez lui aussi. Mais quand même, la télé. Ça se trouve il n'est pas fan de la télé américaine. Papa regarde bien les chaines sénégalaises ou françaises la moitié du temps.

Pourquoi est-ce que je n'arrête pas de lui chercher des excuses plus absurdes les unes que les autres? Je n'arrive juste pas à accepter qu'il joue avec moi d'un coup, quand ça se passait à peu près bien. Bon. On va voir. En feignant l'indifférence, je le regarde et réponds:
-En fait, ma mère est plutôt claire, mais elle est noire. Elle est d'ici.

Masaru répond, désolé:
-Oh, c'est dommage pour toi.

Cette fois, j'écarquille les yeux et Sebastien crie:
-Papa!

Masaru semble sincèrement confus en disant:
-Quoi?

Sebastien répond:
-Ça se dit pas! C'est pas possible. Tu peux pas ne pas le savoir.

Son père répond:
-Je lui ai juste dit...quoi?

Je regarde toujours le vide sidérée. Dire que je pensais bien m'entendre avec lui. Je tourne la tête vers Keiko tentant de retenir son sourire amusé. Mais le pli accentué sous ses yeux se plissant la trahit encore plus. Je sais qu'Emmie aurait aimé voir ça.
Je me remets enfin à regarder Masaru qui dit comme s'il ne comprenait pas:
-Quoi? Je pensais qu'on pouvait être ouverts entre nous maintenant. Aller, je voulais juste dire que c'est plus...plus...kirei et rayonnant.

Je le regarde totalement confuse et sa femme se penche vers moi pour m'expliquer:
-Kirei, ça veut dire, comme beau. Que ce serait juste plus beau.

J'ai l'impression qu'on m'a donné un coup dans le ventre en la regardant avec son sourire suffisant, mais aussitôt j'entends Sebastien dire:
-Ok. J'en ai marre de ces conneries.

Masaru gronde:
-Sebastien.

Sa mère dit en même temps:
-Ton langage.

Mais Sebastien est maintenant près de nous et me tend sa main en disant:
-Amina viens.

Je me lève avec mon manteau en disant pas du tout désolée:
-Merci, c'était très bon. Au revoir.

Masaru répond un peu perdu:
-De rien, au revoir Amina.

Sa femme ne dit rien, mais je vois Masaru lu décocher un regard désapprobateur donc elle me regarde et lance:
-Au revoir.

Elle aurait sûrement préféré qu'on lui arrache une dent avec ce ton. Une fois dehors, devant la porte, Sebastien respire profondément. Son regard obsidienne s'adoucit quand il le pose sur moi et en bougeant ses longs sourcils noirs à cause de l'inconfort, il me dit:
-Je suis désolé, je suis tellement désolé.

-Ça va, j'ai un peu l'habitude. D'une certaine façon.

Il lève ma tête par le menton et fronce les sourcils avant de dire:
-Tu devrais pas avoir l'habitude de ce genre de conneries. T'es magnifique avec ta peau.

Je lui souris et regarde ses yeux brillants se plisser quand il m'imite. Il tord un peu ses lèvres bien fournies puis dit:
-Mes parents sont assez contents que je sois aussi pâle que Casper d'une certaine façon, surtout l'hiver. Parce que c'est le style idéal au Japon, en Asie même. Justement, Emmie, parfois, depuis qu'elle est petite, ils pouvaient lui faire des commentaires parce que comme t'as vu elle est plus bronzée. Moi et Edward on détestait ça autant qu'elle et on le leur disait donc ils se sont calmés, mais parfois ça leur reprend.

Je grimace peinée puis dis:
-On a ça aussi, que ce soit en Afrique ou ici. Tout ça, c'est juste nul.

En caressant ma joue, il dit:
-Ouais.

Je croise encore les planètes noires ternies dans son regard et lui dis en souriant:
-Mais le repas était une tuerie.

Il se met à rire et me propose:
-Je peux te faire une boîte vu qu'ils ont gâché ton moment.

Je rigole puis dis:
-Je veux pas énerver ta mère encore plus.

Il hausse les épaules en disant:
-Je m'en fous.

Il s'en va, alors que je crie:
-Hey!

Il rouvre la porte et me tire dedans avant de dire:
-Attends au chaud.

Avant que je ne puisse répondre, il s'en va. Heureusement qu'ils ont préféré l'autre salle à manger à celle à côté, j'ai pas à les voir. Enfin, espérons qu'ils ne viennent pas par ici. Au bout d'un moment où je pensais à m'enfuir, je sors et commence à marcher, quand on me tire par le dos de mon manteau. Je me retourne sur Sebastien avec un grand sourire que je lui rends. Il a une boîte assez large. Je lui demande:
-T'essaies de nourrir ma famille pendant un mois?

-Pourquoi pas? Et tes parents vont pouvoir goûter ce que ma mère a fait, ça fait une sorte de premier contact.

Je me mets à rire et en étirant ses jolies lèvres, il ajoute:
-Je te jure que c'est pas empoisonné.

Je souris puis m'approche et effleure ses lèvres suaves. Je l'embrasse doucement, mais assez vite ma langue glisse contre la sienne et je m'accroche à ses cheveux. Soudain, par miracle ou malédiction, je me souviens de quelque chose et arrête notre baiser. Sebastien joueur colle son visage au mien ce qui me fait rire, mais je le pousse. Avec un sourire relevant sa pommette saillante, il demande:
-Quoi?

Je m'arrête de sourire sachant que je vais gâcher l'ambiance, puis réponds:
-Ce qu'Emmie a dit sur ton frère, comme Min Jung à la piscine...je comprends pas.

Il prend soudainement un air sérieux et soupire longuement. Appréhensive, je lui dis:
-Si c'est trop, t'es pas obligé de me le dire.

-Non.

Il esquisse un sourire d'une tristesse m'étouffant. Il me demande:
-Tu t'es jamais demandé où était Edward tout ce temps?

-Il est parti étudier il y a des années non?

Sebastien a un air triste assombrissant son regard et faisant tomber les coins de ses lèvres. Je commence à angoisser en demandant:
-Qu'est-ce qu'il s'est passé? Il s'est disputé avec tes parents?

Sebastien inspire longuement puis pose son regard nuit sur moi et me dit:
-Ça va bien assombrir le moment de te le dire là, mais je suppose qu'on ne peut pas le cacher pour toujours. Même si on ne le fait pas vraiment, plus autant. Mes parents préfèrent quand même encore faire comme s'il ne s'était rien passé.

En sentant l'obscurité se rapprocher, je fronce les sourcils immobiles. Sebastien inspire encore longuement et me raconte:
-Eh bien, c'est une longue histoire tragique, mais en bref il est tombé amoureux, malheureusement pour lui. Ça n'a pas marché et il s'est mis à boire. Et un jour, il a bu, il est monté dans sa voiture et...ça sonne comme une tragédie et ça s'est fini tout comme. Il n'a blessé personne à part lui...au moins. On peut dire ça. Je sais qu'il aurait détesté avoir emporté quelqu'un avec lui.

Je fronce les sourcils secouée et peinée pour Sebastien. Je lui dis:
-Je suis tellement désolée, je peux même pas imaginer comme...

Je me tais, le prends dans mes bras et le serre. Il s'accroche à moi et on reste comme ça un moment en ignorant le froid.

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