Chapitre 27: Poyo-poyo

Je saute presque du canapé quand la porte s'ouvre. Je rejoins Sebastien ainsi que Papa. Je demande à Sebastien:
-Alors?

Avec un sourire plissant ses yeux brillants, il répond:
-Je suis vivant.

Papa le regarde en plissant aussi les yeux, mais différemment. Il me dit:
-Merci de t'inquiéter pour moi aussi.

Je réponds:
-Il te ferait pas de mal.

-On verra bien.

J'hésite, mais me love dans les bras chauds de Sebastien un moment, jusqu'à ce que je me souvienne de Papa. Je tourne la tête pour voir son regard ennuyé et lâche Sebastien. Je demande à Papa:
-Donc euh vous...t'es d'accord pour qu'on sorte ensemble?

Il répond avec un faux air surpris:
-Tiens, tiens, tiens tu parlais beaucoup plus fort la dernière fois.

Je grimace mal à l'aise, tandis que Sebastien se mord la lèvre avec le regard rieur pour se retenir. Papa continue:
-Hmmm, j'espère que je ne vais pas le regretter.

J'ai un grand sourire et ne peux m'empêcher de lui faire un câlin inhabituel. Je le lâche et il a un léger sourire. Derrière j'entends Aya émettre un:
-Beurk.

Je demande:
-Tu sors d'où toi?

Elle réplique:
-Des backstage.

Sebastien rit puis m'approche et me tire doucement, avant de me prendre dans ses bras. Il me dit:
-Tu vas être coincée avec moi très, très longtemps.

Je ris et derrière moi Maman qui s'est rapprochée dit:
-Oh, donc elle peut...

Papa émet un:
-Hmmm.

Il s'en va dans sa chambre en lançant:
-Au revoir!

Sebastien répond:
-Bye!

Maman dit à Sebastien:
-Félicitations il te fait confiance, mais si tu le lui fais regretter tu vas devoir avoir affaire à lui et moi aussi.

Avec un sourire nerveux, Sebastien répond:
-C'est bon à savoir...

Je lui dis:
-Détends-toi, t'as juste à pas foirer. Je pense que c'est facile.

-Facile.

Il me fait un bisou sur la joue et son parfum caresse mon odorat. Je souris et Aya plus loin lève les yeux au ciel puis se dirige vers la télé. Je demande à Maman qui elle nous sourit:
-On peut sortir? Avant que le soleil se couche, promis.

Maman répond:
-Hmmm, je ferais vite si j'étais vous.

Je souris et lui fais un bisou sur la joue. Sebastien dit:
-Au revoir Misses Cam...

-On-dine!

On rit et pendant que je le tire il lance:
-Ok bye...On-dine!

On rit et je lui dis:
-T'es un gamin.

Quand on arrive dans le jardin, sous le porche, j'inspire profondément en réalisant ce qu'il se passe. Comme s'il avait lu dans mes pensées, Sebastien crie:
-On est officiellement en couple!

Je ris et demande:
-Très officiel, tu veux que le pommier nous donne des pommes gelées aussi pour célébrer ça?

Il rit, s'approche et ses lèvres m'enveloppent de chaleur. Après la mort de mon sourire, je dis blasée:
-Toi au moins tes parents te font pas faire tout ça...attend, mais ils savent?

Sebastien a l'air gêné et dit:
-Non, mais après ils n'ont pas vraiment leur mot à dire d'habitude.

-Mais avec moi, ça sera différent, hein?

-Sûrement, mais je m'en fous. J'ai réussi à passer avec ton père parce que je suis pas du genre à abandonner. Ça ira ok?

Je hoche la tête et étire les lèvres, mais soudain ce que Papa a dit surgit comme un monstre. Mon sourire s'effondre malgré moi. En fronçant ses longs sourcils sombres, Sebastien me demande:
-Qu'est-ce qu'il y a?

Je secoue la tête et expire longuement. Je réponds:
-Rien.

-On vient à peine de commencer et tu me mens déjà? Vraiment?

Je grimace peinée puis dis:
-C'est juste...tu vas juste courir, c'est pas le bon timing pour ça et...

-Ok, dis-moi, je vais pas fuir, je suis pas du genre à fuir.

Je hoche la tête et raconte:
-Eh bien mon père m'a demandé...il m'a demandé si je pourrais oublier mon désir d'avoir un enfant, pour toi. Mais je sais même pas...je veux dire, tu sais ce genre de choses après des années, je crois.

-Wow, wow, wow, pourquoi tu devrais avoir à faire ça?

Je fronce les sourcils mal à l'aise et il insiste:
-Amina.

-C'est parce qu'on est trop différents.

Il fronce les sourcils et dit:
-On gère tous ces trucs à cause de nos différences, pour ne pas les laisser nous séparer, donc je comprends pas pourquoi ça nous prendrait ça. Oui à nous, pas juste toi.

-Tu veux des enfants?

Il me dit comme si j'étais débile:
-Pourquoi j'en voudrais pas?

-Oui, c'est un peu bizarre de le supposer maintenant que j'y pense, mais j'entends pas vraiment les gars dire ça. Enfin, c'est faux, Jamari voulait une équipe de basket ironiquement.

Je souris tristement en secouant la tête. Face au regard en partie ennuyé de Sebastien, je dis:
-Ok désolé, oui tu disais que tu veux des enfants.

-Oui maintenant précise le problème.

-Je te l'ai dit, on est trop différents.

Perdant sûrement patience, il dit:
-Explique.

Je soupire et réponds:
-Eh bien, c'est surtout...la religion.

Il fronce les sourcils et j'explique:
-Comme tu l'avais dit, je suis même pas bonne là-dedans moi-même. Mais il y a des choses auxquelles je crois et elles me rendent carrément triste que tu vas peut-être...finir dans un mauvais endroit, même si j'essaie de l'ignorer.

Je soupire et poursuis:
-Mais tu l'as dit aussi j'en sais rien, je suis pas Dieu. En plus tu...je sais pas, tu cherches encore ton propre chemin que je ne connais pas encore et je peux pas et je devrais pas t'influencer. Mais si j'ai des enfants, ça me tuerait de me dire qu'ils n'iront pas au paradis, parce que j'y crois. Et même si je sais que je ne connais pas le jugement ultime et que même, ils ne suivront peut-être pas ma religion toutes leurs vies, je veux qu'ils l'aiment autant que possible pour être...je sais pas. Protégés? En restant? En ayant plus de chances de rester parce qu'ils connaissent et aiment cette religion.

J'inspire intensément et continue:
-Je sais pas, je galère à savoir ce que je dis moi-même, mais je doute que toi tu laisserais ton enfant être comme coincé dans une seule religion seulement. Enfin, je le coincerais pas, mais tu vois. Et tu le laisserais sûrement encore moins être musulman avec tout ce que les gens disent ici et notre dispute. Je pense que tu voudrais lui apprendre plein de choses venant de ton côté et ce serait la chose la plus juste, mais...elles s'opposent. Je sais pas.

Il hoche la tête pensif et je ris nerveusement avant de reprendre:
-Maintenant, je passe sûrement pour une folle à parler d'enfants inexistants et de tous ces problèmes.

-Non, c'est des choses dont il vaut mieux parler.

Je hoche la tête puis plonge dans son regard de jais pensif. Je lui dis:
-S'il te plaît, peu importe ce que t'as à dire, ne mens pas pour avoir la paix temporairement. Juste...ne mens pas.

Il hoche la tête et soupire avant de me dire:
-Déjà, je connais pas ta religion autant que toi, mais je sais ce que j'ai cherché et tu sais qu'on n'a pas mes notes en recherchant n'importe comment.

Je soufffle et lève les yeux au ciel en me détendant un peu. Il reprend:
-Il y a des choses avec lesquelles je suis pas d'accord, mais c'est pas majeur. Je le vois avec toi, même si tu te considères pas comme un exemple. Mais il y a aussi Rania que tu m'avais cité comme "bon exemple". Malgré tout, je ne vois pas beaucoup de différences entre vous, à part le fait qu'elle soit voilée et fan des boys band de R&B des années 90.

Je ris et il continue:
-J'ai dû lui filer des CD pour qu'elle accepte de répondre à mes questions sans en poser plus. Mais t'inquiète il y a rien de plus de secret entre nous, pour des raisons évidentes et surtout parce que je suis plus obsédé par une certaine Amina.

Je ris puis dis:
-Il n'y a pas vraiment de raison évidente vu que...

-Que?

-Rien.

-Elle sortait avec quelqu'un.

-Arh, le répète pas.

Il rit et dit:
-Tu vois t'es pas la seule à ne pas être parfaite. D'ailleurs, je crois que le fait que j'ai dû la payer pour qu'elle m'éclaire n'est pas très bien.

-Sûrement.

-Bon, je me suis éloigné, je disais qu'il y a des choses que je n'aime pas, mais c'est aussi une très belle religion. Ces deux choses sont valables pour beaucoup de religions, je crois. En tout cas, j'ai pas un dégoût pour ou je sais pas quoi que tu pourrais t'imaginer.

Il soupire pensif et ajoute:
-Donc tu vois tout ça comme un bras de fer qui ne peut se terminer que d'une façon.

-Oui, ça sonne vraiment mal, mais en gros oui.

-Tu penses vraiment que c'est le bon chemin?

-C'est ce en quoi j'ai toujours cru même si je suis pas super là-dedans. Mais je crois et j'espère que je pourrais élever quelqu'un de façon à ce qu'il s'en sorte mieux que moi.

-Pour qu'il aille au paradis.

-Oui...ça a sûrement l'air fou pour toi.

Avec un léger sourire relevant ses pommettes saillantes, il répond:
-Non...non.

J'inspire longuement et il me dit:
-Tu les aimes vraiment beaucoup ces enfants imaginaires, pour déjà penser à tout ça.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire avant de répondre:
-Je sais j'ai l'air folle, désolé.

-Le sois pas. Les parents veulent toujours le meilleur pour leurs enfants. Ça peut être bon ou pas, mais te connaissant je crois en toi. Donc même si je suis pas un expert, éventuellement je ferais de mon mieux pour t'aider.

En fronçant les sourcils, je dis:
-Quoi?

Avec son sourire faisant briller les étoiles de ses yeux sombres, il répond:
-Si tu veux que tes bébés aillent au paradis ça leur fera pas de mal d'avoir de l'aide en plus de ta façon de les guider jusque là-bas.

Je me sens un peu bizarre de l'entendre parler de ça, ça a l'air tellement loin. Je lui dis confuse:
-Donc euh...tu veux dire que tu me laisserais gagner le bras de fer?

Il répond avec un sourire:
-Oui.

-T'es pas obligé de faire ça Sebastien, vraiment.

-Je sais, mais je te fais confiance donc je le fais.

Je souris un peu trop puis m'arrête. Il demande:
-Quoi?

-On est en train de parler de gosses imaginaires alors qu'on vient à peine de se mettre ensemble.

Il éclate de rire et je dis:
-Je dois te faire tellement peur.

En prenant ma main, il me dit:
-Non, non, pas du tout. C'est des conversations intéressantes, mais ça m'étonnerait que ton père veuille en entendre parler.

-Oh non!

On rigole puis je me remets à sourire comme une idiote. Sebastien chatouille ma joue et me demande:
-Quoi? Tu vois déjà leurs petits visages?

-Stop!

Il rigole et je dis:
-Je pensais juste à des paroles d'une chanson française. C'est...

Je continue en français:
-"S'aimer c'est s'arrêter de se faire la guerre parce qu'on n'a pas le même Dieu".

Sebastien me dit:
-Alors j'ai saisi que t'as dit quelque chose sur l'amour, la guerre et Dieu, mais pas trop l'idée générale.

Je ris et réponds à nouveau dans notre langue:
-T'as compris une bonne partie, ça veut dire que s'aimer c'est s'arrêter de se faire la guerre parce qu'on n'a pas le même Dieu.

Il sourit et dit:
-C'est beau, t'as de bons goûts musicaux. Ils sont même synchronisés à notre vie.

-C'est flippant.

On rigole et il prend ma main dans la sienne puis m'embrasse doucement. Quand mon corps calme ce qu'il provoque en moi, je dis doucement:
-Maintenant, les gens du lycée savent qu'on...se connait beaucoup et tout ce qu'ils doivent imaginer, non?

Les douces lèvres chaudes de Sebastien réconfortent ma main, ce qui me fait sourire le cœur battant plus rapidement. Il me répond:
-Oui, je pense qu'ils s'en doutent.

-Je suppose que t'es content.

-Pas si ça te rend mal...on peut leur dire n'importe quel mensonge qui peut passer, si tu veux toujours pas qu'ils sachent pour nous.

-Non, c'est le moment. Pour ça aussi je suppose, pour notre...couple? Ça fait bizarre à dire.

Je ris et il me sourit avant de déposer ses lèvres agréables contre les miennes en tenant ma joue. Nos langues commencent à danser ensemble et maintenant il me tire plus près de lui. Quand on respire à nouveau, il rit. Je lui demande curieuse:
-Quoi?

-Je crois que je t'ai trouvé un surnom.

En fronçant les sourcils, je demande:
-Quoi?

Avec son sourire angélique, il m'annonce:
-Poyo-poyo.

Poyquoi? Je lui dis:
-Ça sonne comme le nom d'un personnage mignon, un personnage d'anime ou de jeu vidéo...est-ce que c'est un prénom?

Il rigole et me répond:
-Non, ça veut dire que t'es moelleuse, toute douce.

-Je le suis pas.

-Si tu l'es.

-Tu m'as vraiment tenu longtemps moins de dix fois à tout casser et toutes ces fois j'avais un manteau.

-Pas chez toi.

-J'ai dit longtemps.

-Ok le manteau c'est peut-être pourquoi le nom m'est venu par association.

Avec un sourire suspect, il ajoute:
-Mais te tenir un peu m'a suffit, ton corps aussi est tout doux et moelleux sans manteau.

-Pff.

-Hey c'est pas une insulte, c'est mignon.

-Ouais mignon du genre ton corps est tout mou et t'as pas de muscles.

Il rit puis s'approche et s'amuse à effleurer mes lèvres avant que je me penche un peu et l'embrasse sous ses rires intérieurs. Il se détache de moi pour me dire en caressant ma joue et ma mâchoire:
-T'es parfaite Poyo-poyo

Je n'arrive pas à retenir un rire.

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