Chapitre 25: Duel
Le matin de cette belle journée fériée, je regarde une vidéo sur l'architecture grecque. Sumai me sert de sorte de bouilloire en dormant sur moi. Soudain, ça toque avec énergie, Papa. Je n'ai pas le choix donc dit le plus doucement possible:
-Oui.
Papa entre et je ne peux m'empêcher de devenir tendue. Il s'assied sur ma chaise et demande doucement:
-Tu peux aller le coucher? On doit parler.
Je me lève et vais mettre Sumai à l'abri de ce qui va suivre. Je reviens et m'assieds sur le lit. Papa commence:
-Ok...je suis désolé pour la gifle.
Je hoche la tête et réponds:
-Je suis désolé de t'avoir frappé avant-hier, je voulais pas. J'ai juste...
-Oui, je sais, au moins je sais que tu sais te défendre un peu.
Je hoche la tête et il me dit:
-Tu m'as rappelé ce que j'ai vécu avec ta mère. Et oui, ce n'était pas facile, mais il y a différents niveaux avec ça Amina. Moi et une afro-américaine c'est différent oui, mais on a plus de choses en commun que toi et ce garçon.
-Moi j'ai pas l'impression qu'il y ait tant de différence, vu que vous vous disputez plus que nous.
Il ricane et réplique:
-Vous ne vivez pas encore ensemble...et pour la religion par exemple hein?
-Eh bien ses parents sont chrétiens...mais je vais pas mentir, je sais pas en quoi il croit. En fait, je sais qu'il croit en Dieu, mais je sais pas comment. On s'est disputé là-dessus donc je me suis dit que je fais ce que je fais avec ma religion et lui aussi de son côté.
-Et vos enfants? Qu'est-ce qu'ils feront?
Je fronce les sourcils perturbée par sa question qui se projette beaucoup trop loin. Avec un sourire moqueur, il me dit:
-Oh, parce que tu penses que vous sortiriez ensemble pour vous regarder dans le blanc des yeux jusqu'à la fin des temps? Que vous seriez un de ces couples ensemble pendant 15 ans, pas marié, sans enfant ni rien, parce qu'il n'est pas prêt à s'engager? Jusqu'à ce que, soudain, un jour, il s'en aille pour en épouser une autre sans attendre.
Eh ben, c'était spécifique comme exemple. Je réponds:
-Je pense pas que ça arrivera...
-Mais tu n'en es pas sûre, tu lui as demandé pour ce problème?
Je le regarde comme s'il avait perdu la tête et lui réponds:
-Tu peux pas demander à un gars de 18 ans ce qu'il veut faire avec sa relation sur le long terme, comme ça.
-Certains sont capables d'y répondre.
-S'il te plaît, si t'acceptes de lui parler, ne lui dis rien du genre. Il va fuir.
-Alors tant pis, il n'était pas fait pour toi dans ce cas-là. Je ne veux pas de quelqu'un qui a peur de t'aimer ou qui ne sait pas ce qu'il veut avec toi.
-Mais les gens ne savent pas, des fois ils essaient même de ne pas se presser pour ne pas finir blessés.
-C'est ton cas?
-J'espère que je ne vais pas reculer, avec la façon avec laquelle je peux penser parfois, mais j'essaie surtout d'aimer sans penser à ce qui pourrait aller mal. Mais je ne ferme pas les yeux non plus.
-C'est comme ça que ça devrait être. Et si ça tourne mal et que tu tombes dans l'obscurité, tu attrapes toutes les cordes que les gens autour de toi te tendront. Et avec tu remontes et tu te remets sur ton chemin.
Je le regarde confuse, parce que ça a du sens, contrairement aux cris ou remarques habituelles. En plus, ça sonne comme ce que j'avais dit à Jamari, quand il a eu le cœur brisé par sa première copine, c'est bizarre. Il continue:
-Aussi tu ne m'as pas répondu pour cette question sur les enfants, c'est trop facile d'utiliser le "je suis trop jeune pour m'en soucier" pour mettre ça de côté, parce que tu n'as pas envie d'y penser.
-Qu'est-ce qui te dit que j'ai même envie d'avoir des enfants?
Il rit et me répond:
-Arrêtes de déconner Amina, quand je te vois avec Sumai c'est évident.
-Il y a des gens qui se débrouillent bien avec les bébés, sans forcément en vouloir.
-Donc tu veux me dire que tu abandonnerais ton envie d'avoir des enfants pour lui? Est-ce qu'il est si bien que ça?
-On n'en est pas encore là.
Il ricane et dit:
-De toute façon, on verra.
Il se lève et je demande avec trop d'espoir:
-Alors?
-Alors, dis-lui de se préparer à venir demain matin, je te donnerais l'heure après.
Je demande inquiète:
-Tu seras gentil hein?
-Je serais ce que je serais.
-Papa tu pourrais ruiner ma relation...
-S'il n'arrive pas à me supporter, il ne te mérite pas.
Sur ce il s'éloigne et je lance:
-Merci!
-Hmmm.
***
Le lendemain, après l'attente qui m'a presque tué, Sebastien est bientôt là. Soudain, ça sonne et je vais ouvrir le cœur battant. En croisant, le regard couleur nuit de Sebastien, je souris. Il tire ma main et me prend dans ses bras à l'odeur à la fois douce et un peu rugueuse. Il me regarde et me dit doucement en caressant ma joue:
-Hey, ça va aller.
Apaisée par son toucher, je souris, mais soupire et dis:
-On verra.
Il sourit, mais s'arrête pour regarder derrière moi où je vois que Papa est apparu en me tournant. Je fais entrer Sebastien, qui lui dit joyeusement:
-Bonjour, Mr.Camara, comment vous allez?
Papa se contente de le fixer donc Maman derrière lui siffle:
-Adama.
Papa dit:
-Hmmm...je vais bien, je vais bien. On dirait que toi aussi.
Sebastien répond:
-Vous avez bien deviné, et bonjour Misses C...
Maman dit:
-Ondine.
Sebastien lui dit en souriant:
-C'est un beau prénom. C'est français non?
Maman explique:
-Oui, créole de Louisiane.
Sebastien dit:
-Je suis Sebastien, c'est dans la même veine.
Maman rit doucement et Sebastien semble se souvenir de Papa à qui il demande:
-Et vous Mr.Camara? Je peux avoir votre prénom s'il vous plait?
Papa réplique:
-Adama.
Sebastien commente:
-Ça sonne bien aussi. Votre prénom est sénégalais comme celui d'Amina?
Papa répond:
-Oui, tu as d'autres questions? Et arrêtes de me vouvoyer, je ne suis pas si vieux.
Je me retiens de pouffer et Sebastien répond:
-Je n'ai pas d'autres questions, mais je suppose que vous si, non?
À ma surprise, Papa sourit et dit:
-Oui et je nous ai réservé un endroit pour parler.
Presque en même temps Maman et moi on fronce les sourcils comme Aya qui nous a rejoints entre temps. Sebastien demande:
-Comme un restaurant?
À ma surprise, Papa rit et répond:
-Pas si vite, je nous ai trouvé un endroit plus drôle. Le stand de tir.
J'écarquille les yeux et Maman dit:
-Quoi?
J'ajoute confuse:
-Papa tu tires même pas comme ça.
Il répond:
-C'est jamais trop tard pour m'y mettre.
-Tu crois pouvoir parler dans un endroit où ça tire de partout?
-Je nous ai trouvé un bon coin.
-Tu lui feras pas peur comme ça, tu sais? Je ne sais même pas si tu sais tirer.
-Je sais tirer.
Je fronce les sourcils et il ajoute:
-Il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas. Et toi Sebastien? Tu sais tirer?
Sebastien lui dit:
-La dernière fois que je l'ai fait, c'était il y a deux ans, mais je pense m'en sortir.
Je le regarde confuse et il me dit:
-C'est autorisé au stand de tir avec l'autorisation des parents.
Je réplique:
-Ok, ben justement tu l'as pas là.
Papa dit déçu:
-J'avais oublié.
Sebastien propose:
-Je peux leur envoyer le papier électroniquement avant d'y être.
Pour ne pas empirer la situation, je me retiens de demander quel prétexte il va utiliser pour sa raison d'y aller. Papa dit:
-Ok très bien, on va au Tripper Point, donc tu peux télécharger leur formulaire et le remplir dans la voiture. On verra bien sur place. Tu gagneras peut-être un restau si ça ne marche pas. Mais ne prie pas trop fort, si ça t'arrive de le faire.
Je serre la mâchoire face à cette pique, mais Sebastien sourit puis nous fait signe en partant avec Papa. Mon estomac se tord d'anxiété et Aya dit:
-Peut-être qu'il aura bien son restau, s'ils le laissent pas passer avec un formulaire numérique. Ça passera mieux avec la bouffe.
Maman met ses mains sur mes épaules et me dit:
-Ça va aller, ce ne sera pas un duel à mort.
Je ne peux m'empêcher de sourire.
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