Chapitre 22: Aveux

Après ce qu'il s'est passé hier, je m'échappe tout de même de la maison. Heureusement, je n'ai croisé personne et j'ai fermé ma chambre à clé. Personne ne saura que je ne suis pas dedans. Je joue vraiment avec le feu, mais au point où j'en suis ça n'a plus vraiment d'importance. Quand j'arrive au jardin sous le soleil inhabituel, Sebastien est sur une nappe posée sous le porche. Il me sourit en disant:
-Hey.

Hier, j'étais tellement en colère que je me forçais à l'ignorer, mais voir ses bleus me blesse moi-même d'une certaine façon. Il semble deviner mes inquiétudes, car en indiquant son visage il m'assure:
-Ça fait presque plus mal.

Je le fixe sceptique et son sourire relève ses pommettes. Je soupire en laissant tomber. Je lui demande plutôt, amusée:
-C'est un pique-nique?

-Ben des fois j'ai faim.

-C'est presque comme si t'étais humain.

Il rit puis prend un cookie que je le regarde juste manger, même s'il m'a tendu la boîte. Quand il a fini, je demande:
-Du coup, qu'est-ce qu'il se passe?

Je devine qu'il lèche ses dents, puis il me sert un sourire de pub, de dentifrice ou plutôt de gants de boxe. Il demande:
-J'ai encore quelque chose?

-Non.

Pour je ne sais quelle raison, son sourire s'efface rapidement. Il me conseille:
-Tu devrais manger. Parce qu'après que je t'ai dit ce que j'ai à te dire, tu vas sûrement partir.

Malgré mon anxiété naissante, je réponds:
-T'es mourant ou un truc du genre? Parce que les gens ne s'en vont pas dans ces cas-là. S'ils sont pas des robots insensibles.

Il sourit, puis dit:
-On pourrait poétiquement dire que je suis mourant.

Je fronce les sourcils et il continue:
-Tu te souviens de quand Mr.Connard m'a mis à côté de toi en maths ?

-Oui, bien sûr.

-Eh ben tu cachais ton visage comme si j'étais Médusa, mais j'avais envie de le voir parce que je te voyais rarement depuis des années. C'était peut-être la curiosité.

Le regard dans le passé, il rit avant de poursuivre:
-Du coup quand je t'ai vu du coin de l'œil en train de regarder sur ma feuille, j'en ai juste profité et je t'ai regardé. T'avais la même expression timide, mais t'avais grandi. On voit mieux les traits de ton visage angulaire comme tes pommettes. Tu sais elles font un peu contraste, avec ton nez rond que je trouve mignon et tes lèvres de poupée, et...ok, je commence à avoir l'air flippant avec la description détaillée. Attends, je rassemble mes pensées, enfin j'essaie, je stresse.

Je ris un peu nerveuse et il reprend:
-Ok donc j'ai vu ta tête et j'ai pensé "wow".

Il ajoute plus longuement:
-"Wow".

Je lève les sourcils en riant et il continue:
-Je sais pas, c'était bizarre et, perturbant, ce que je ressentais après tout ça. Donc, mon cerveau confus a juste eu l'idée de la piscine. Je vais l'admettre, j'avais pas des pensées pures, du tout.

Il a un sourire de fripon avant d'ajouter:
-Surtout quand je t'ai vu en maillot de bain.

Je lève les yeux au ciel ennuyée et il dit:
-Donc je prends du temps, mais je veux refaire la chronologie.

Je hoche la tête attentive avec le cœur battant vite et de l'appréhension. Il reprend:
-Donc après j'ai fait de ta vie un enfer et j'en suis désolé. Je voulais pas te dire pourquoi, mais on va dire que j'étais en colère que tu m'ai jeté à la piscine. T'avais mis cette distance, comme tu l'avais fait toutes ces années. J'ai toujours trouvé ça bizarre, sûrement parce que je m'attends trop à ce que les gens m'aiment bien.

Je souris amusée et il poursuit:
-Je m'attendais à ce que ça arrive comme par magie avec toi, que tu m'aimes bien parce que j'en avais envie, mais non. Mais après tu m'as donné une chance et on a commencé à parler et parler.

Il esquisse son beau sourire, plissant son regard, à la teinte d'une nuit étoilée. Il ajoute:
-Et t'es incroyable.

Je ris le cœur dansant malgré ma nervosité. Il dit:
-Et c'est la raison pour laquelle...

Il regarde ailleurs et soupire puis fronce les sourcils brièvement. Il me regarde et m'avoue:
-C'est la raison pour laquelle je suis tombé amoureux de toi.

Je ressens des éclairs dans mon estomac et sens mon corps, saisi par une force bizarre. Je m'efforce de respirer normalement, pendant qu'avec un air peiné il me dit:
-Je suis désolé d'avoir encore foutu le bordel dans ta vie, avec tes parents et tout le monde qui sait. Tout ça parce que je voulais éventuellement être avec toi pour de vrai, égoïstement.

Je fronce les sourcils et dit confuse et submergée:
-Tu refuses de te remettre en couple depuis Min Jung. Et t'en as à peu près rien à faire des filles, à part pour le sex, ou juste te divertir je suppose...
Donc comment...comment tu sais que je suis pas juste ta nouvelle envie de t'amuser, comme les autres?

-Je le sais, c'est tout...tu me fais me sentir différent, tu me donnes envie de réessayer. Mais je sais que c'est dur pour toi, je suis désolé.

-T'es vraiment désolé de m'aimer? Tu le regrettes tant que ça?

-Non. Mais je me sens mal pour toi, avec toutes les conneries que tu dois gérer. Et aussi sûrement parce que ça fait mal, de perdre ce qu'on n'a même pas pu avoir.

Je tourne la tête en sentant mes larmes menaçant de s'échapper. Pourquoi je pleure putain?! Tout est tellement chaotique avec ça, effectivement. Nos parents, le lycée dont j'ai peur...
J'ai de nouveau des éclairs dans le ventre quand il s'approche et essuie mes larmes, en disant doucement:
-Pleure pas.

Je m'efforce de sourire et il me demande confus:
-Pourquoi tu pleures?

-Je suis juste contente que, pour une fois que j'aime bien quelqu'un pour de vrai, il m'aime aussi. Et je suis aussi contente que cette personne ça soit toi.

Il s'approche et, avant que je ne puisse penser, ses douces lèvres caressent les miennes avec une saveur de cookie, puis elles épousent doucement la forme de mes lèvres. J'ai un orage dans l'estomac et mon cœur cogne, pendant que je laisse mes doigts caresser ses cheveux doux presque longs. On s'arrête pour se sourire, mais le sien meurt et il regarde en bas avant de dire:
-Pardon, j'aurais pas dû faire ça.

Je dis doucement:
-Ça faisait du bien.

Il me regarde à nouveau et en un clin d'œil, son odeur fruitée et boisée me caresse. Ses lèvres dansent ensuite avec les miennes, encore et encore, pendant qu'il tient doucement ma mâchoire dans sa main réchauffante. On s'arrête enfin à bout de souffle et rigolant. Je me calme et respire lentement en regardant le vide, pendant que mon cœur court un marathon. Sebastien dit amusé:
-J'ai foutu en l'air tes pensées.

-Dis encore "désolé" et je vais te frapper.

Il rit puis se couche sur son sac à dos lui servant de coussin. Je n'ai même pas senti sa petite coupure, ni son bleu sur mes lèvres. Mais en regardant son visage, je me souviens qu'il est blessé. Je demande:
-Je t'ai fait mal à la lèvre?

-C'est plutôt totalement le contraire.

Je ris, mets mon sac à côté de lui et me couche aussi. Après un moment de débat, je soupire et dis:
-Mon père va me tuer.

Sebastien fronce les sourcils et demande inquiet:
-Pourquoi? Il est loin d'être trop tard pour rentrer. Il sait pas que t'es dehors ?

-Non. Mais c'est pas ça. Ce que je veux dire c'est que si tu veux tenter, je suis partante.

Après une seconde de confusion, quand il a compris il me demande avec un grand sourire:
-Tu veux bien qu'on sorte ensemble? T'es d'accord?

-Oui, ça sera chaotique, mais je suppose que la vie est pleine d'aventures.

Il rit puis se retrouve au-dessus de moi. Nos lèvres jouent doucement ensemble, tandis que mon cœur bat vite. Il se recouche et expire assez fort. Je lui demande:
-Ta lèvre te fait encore m...

-Si tu veux t'arrêter de m'embrasser, dis-le hein.

Je ris puis réponds en m'asseyant comme lui:
-Non, mais je veux pas te faire plus de mal.

-C'est pas le cas.

Il caresse ma joue avec un regard hypnotisant puis m'embrasse. Après avoir quitté ses lèvres, je m'arrête de sourire pour demander:
-Est-ce que toi et Jamari, vous allez avoir de gros problèmes, pour vous être battus?

-Non, t'inquiète, à peu près toute la classe a essayé de nous sauver bizarrement.

-Bizarrement hein?

Il rit et raconte:
-Oui, donc vu qu'ils nous ont séparés avant que le prof arrive. Et qu'on a tous raconté un mensonge sur comment ça a empiré, à partir d'un malentendu, on s'en est pas trop mal sortis. Aussi parce qu'apparemment ça nous ressemble pas de faire ça.

-C'est vrai.

-Ben, ton pote s'est bien battu plein de fois au collège, non?

-Que deux fois ok? Alors que toi, tu l'a fait plein de fois en primaire et une fois au collège. Donc commence pas.

-Ok ok, me frappe pas.

Je souris et il me dit:
-Donc je suis collé pendant une semaine d'après mes calculs sur comment écouler le nombre d'heures. Jamari aussi et il a été suspendu pour deux matchs.

Me sentant super mal pour lui, je dis:
-Oh merde...non.

-Désolé, enfin c'est à lui que je devrais dire désolé. Mais je suis tellement désolé.

Je soupire puis il m'imite avant de dire:
-Je te ramène.

En fronçant les sourcils, je réponds:
-Quoi?

-Je dois trouver le moyen de parler à ton père .

-Il va te tuer, je devrais tout lui dire moi-même.

-Je préfère me faire tuer que ce soit toi.

Je ris et réponds:
-Ok Lancelot.

Il rigole puis ses lèvres m'approchent à nouveau.

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