Chapitre 15: En enfer

À ma surprise, de retour en cours, plein de gens complimentaient Sebastien sur sa bague. Ils le complimentent déjà en temps normal, mais là c'était trop. Beaucoup de gens semblent l'aimer...bien sûr Maya aussi. La pause devient longue. Un peu devant moi, je la vois tenir la main de Sebastien, pour observer mon cadeau. Ses lèvres rose pâle, normalement en une moue boudeuse, s'étirent. Elle commente:
-C'est vrai que c'est super beau. Qui te l'a offerte alors?

Sur un ton malicieux, elle demande:
-C'est de ta copine?

Quelque chose fait un bond dans mon estomac, tandis que Raj rigole. Ivan dit amusé:
-Ce serait un truc de fou. Et je serais énervé, non, furieux...que tu me l'aies caché!

Je me retiens de regarder ce cinglé, pour avoir haussé la voix comme un enfant. Bien sûr les autres ça les fait rire. Sebastien répond:
-Calmez-vous. Ça vient juste d'un très bon ami.

Ivan répète sur un ton salace:
-Très bon ou bonne hein? Super bonne?

D'après son ton, Sebastien se retient de rire en disant:
-Grandis Ivan.

Ce dernier réplique:
-Je fais presque ta taille, donc ferme-là.

Sebastien répète:
-Presque.

Ivan commence:
-Ferme ta gu...

Raj dit par-dessus son insulte:
-Du coup, c'est qui? C'est vraiment un gars ou une meuf?

Sous le regard noisette clair de Maya, les observant en souriant, Sebastien répond:
-C'est une personne que vous ne connaissez pas c'est tout.

Raj dit scandalisé:
-Wow attend, t'as des potes qu'on connait pas?

Sebastien le rassure:
-Non, non juste cet ami-là.

Ivan réplique:
-Alors, montre nous-le-la-il-elle. Pourquoi tu veux pas lui donner un foutu sexe? C'est quelqu'un entre les deux ou quoi?

En riant à sa frustration, Sebastien répond:
-Non.

Maya dit amusée:
-Il fait ça parce que c'est une fille, pas vrai?

Sebastien répond sûrement en souriant:
-Maya t'es chiante, tu le sais ça?

Le rire aigu de cette dernière retentit et Raj dit:
-Ok donc c'est quoi, ce délire? Tu vois une meuf plus d'une fois? Genre ça commence à devenir sér...

Sebastien le coupe:
-Oh, oh, oh, non. Calme-toi. C'est juste un...arh! Une amie. Voilà, contents?

Maya sourit et Ivan continue:
-Ok, donc montre-là nous, alors. Rassure-moi, c'est pas La fée Clochette, que tu vois parce que t'es devenu cinglé, et que tu vois des choses, hein?

Ils rient et Sebastien leur dit:
-Elle. Mon amie. Pas la fée, bouffon. Elle vit un peu loin, et elle n'aime pas être dérangée par un tas de gens.

Raj commente sarcastiquement:
-Excusez-nous, la meuf a un cercle très privé.

Ils rient et Sebastien dit:
-Ok, ok. Je verrais avec elle, pour savoir si un jour vous pourrez la harceler. Contents?

Cette phrase est tellement ironique, avec la façon dont ils me traitaient. Je soupire, pendant qu'ils continuent de parler, non satisfaits.
Heureusement, l'heure est passée vite. Maintenant que les heures sont passées, j'écoute l'histoire qui s'annonce folle de Jamari. Ses yeux rieurs plissés, il continue avec un léger sourire:
-Et donc notre cousin nous a proposé de venir.

-Me dis pas que vous y êtes allés.

-Bien sûr que j'y suis allé.

-Qu...quoi? Mais c'est n'importe quoi.

-Hey, avoir l'air grand aide.

La façon dont il l'a formulé, me fait justement penser à un enfant. Je m'arrête de rire doucement, sous son regard ennuyé. Je demande:
-Y'avait quoi là-bas?

Avec un grand sourire, il répond:
-Ah, ça juge, mais après ça veut savoir.

-Hey, c'est pour la culture générale.

Il arrête son rire pour me raconter:
-Ok, ok. Donc bien sûr, il y avait surtout de la lumière bleue cheloue, mais pas trop forte. Et à des moments elle devenait rouge. Et il y avait des billets. Des putains de billets partout par terre, à certains endroits. Et les meufs étaient juste trop bo...belles. J'ai même cru que j'étais tombé amoureux de l'une d'elles.

Je me retiens de rire en demandant:
-Elle ressemblait à quoi?

-Elle avait des cheveux bouclés noirs, attachés en une queue de cheval. Elle était noire, mais claire, et elle avait une robe blanche. En fait, la robe avait des trous ovales partout, comme un motif. Mais ils étaient pas géants. Ça lui allait super bien. Pas dans le genre vulgaire, mais plutôt un truc de défilé.

-Et ses yeux, tu les as pas croisés?

Avec un regard qui rembobine et un sourire amusé, il répond:
-Elle avait un regard intense. Pas méchant, mais plutôt genre, elle va t'observer sans gêne.

Je demande amusée:
-Et pourquoi tu l'as pas ramenée ici?

Jamari fait une moue de bébé, avec ses lèvres charnues et son regard plissé, ce qui me fait beaucoup trop rire. Il soupire bruyamment avant de me raconter:
-Elle m'a regardé, et je sais pas comment elle a fait, mais elle a secoué la tête avant de s'approcher juste un peu. Pour articuler: "Je sais que tu devrais pas être là". Et elle a ri, avant de disparaître. Je me sentais comme une merde.

-Hey, elle aurait pu te dénoncer. Tu pourras toujours y retourner en plus.

-Ouais...

-Quand tu seras riche et célèbre.

-Eh, si elle me voulait pas en tant que pauvre type de 17 ans, elle me méritera pas quand je serai riche à 22 ans.

On rigole et je lui dis:
-T'as pensé au fait qu'elle n'a pas envie de mériter la prison, surtout?

Il rigole puis ajoute:
-Je crois avoir l'âge de consentement officier Camara.

Je lève les yeux au ciel et il ajoute:
-Mais bon, en plus c'était une des danseuses. Mon cousin me l'a dit. Et ma mère me tuerait si j'essayais de me marier avec une strip-teaseuse.

-Pff.

-Quoi pff? Je pense pas que ton père te laisserait épouser un membre de gang.

On se met à rire comme deux idiots et je lui dis:
-Là, t'abuse avec la comparaison. Trouves un truc moins absurde.

L'air beaucoup trop amusé, il propose:
-Te marier avec un blanc.

Je le regarde blasée, ce qui fait redoubler ses rires. Il ajoute:
-Je me trompe? Je pense pas qu'il accepterait un indien, ni un asiate non plus.

Je repousse un froncement de sourcils, dont j'ignore l'origine, et ne veux pas la connaître. Je fais remarquer à l'autre clown:
-Eh bien génie? T'es pas au courant que les indiens sont asiatiques?

-Pff, t'as eu le mémo, l'idée générale.

-Non, je ne crois pas.

-Quoi?

-J'ai pas l'impression que je le laisserais choisir pour moi. Je vais m'enfuir ou un délire du genre, s'il le faut.

Jamari demande en rigolant:
-Tu prévois de nous refaire Roméo et Juliette?

En secouant la tête, je réponds:
-J'espère pas.

Après les cours, je ne sais pas pourquoi, mais la conversation avec Jamari me revient. J'ai jamais vraiment réfléchi au scandale que Papa pourrait faire, si je choisis quelqu'un de si différent. Vu que rien que le fait de penser à un garçon est un crime avec lui.

En plus parfois les "noirs d'ici" le gavent à cause des différences et tous les préjugés stupides. Jamari a calmé sa foi, en certains stéréotypes débiles sur les plus jeunes, avec les années. Mais j'ai pas de Jamari pour toutes les origines. Sebastien me réveille, en me disant excité:
-Oh. J'ai oublié de te dire que j'ai décidé de refaire des recherches, sur le Shintoïsme.

Affichant un sourire intéressé, je demande avec un long:
-Et?

-Eh ben c'était plus intéressant que la dernière fois, bizarrement.

J'ai survolé des éléments là-dessus en anthropologie, mais je lui dis:
-Raconte.

-Ok attends mes neurones chauffent. Donc "Shinto" ça veut dire "La voie des dieux" ou euh...j'ai oublié, mais c'est à peu près pareil. C'est la plus vieille...on peut dire religion, mais c'est aussi plus quelque chose, comme une part de la culture japonaise. C'est imprégné dans les actions de tous les jours, et il y a aussi les festivals. Mais je vais y revenir et euh oui. C'est la plus vieille foi du Japon.

Il réfléchit et poursuit:
-Donc les gens, ils croient aux "kamis". C'est comme des esprits sacrés ou des divinités, qu'on trouve dans différents phénomènes naturels. Dans des objets aussi, et même des lieux. Du coup, ça s'apparenterait plutôt à une religion polythéiste. Si on essaie de le voir sous ce filtre de religion.

J'ai réussi à stopper mes sourcils, en entendant "polythéiste", qui m'a mise un peu mal à l'aise. Je ne sais pas pourquoi ça m'arrive, alors que je m'y attendais. En plus, je relisais sur des gens qui vénéraient les ossements de leurs ancêtres, il n'y a même pas deux jours. Je réalise que je me suis mise à regarder ailleurs, perdue dans mes pensées. Je lui dis:
-Oh euh désolé, continues.

Il hoche la tête et s'exécute, trop content de partager ce qu'il a appris:
-Donc les gens vont au sanctuaire pour les fêtes, comme pour le Nouvel An. Au Nouvel An, il y a Hatsumode par exemple. C'est la tradition de visiter un sanctuaire, pour prier pour la nouvelle année. Les gens font des offrandes. Comme de la nourriture ou du saké, et ils prient les dieux...enfin, c'est pas comme on ferait à l'Église ou que tu le ferais. C'est plus comme une coutume, c'est un rituel, c'est comme une cérémonie, enfin voilà. Euhm, les gens font aussi des purifications, avec de l'eau, ou de la fumée, ou du sel par exemple...et ils sonnent des cloches, pour attirer l'attention des kamis.

Pour chasser le sentiment bizarre me dérangeant, je dis:
-Oui, on a la purification aussi dans l'Islam.

Il sourit et je lui fais signe de continuer. Il m'apprend:
-J'avais pas eu le temps, de lire plus là-dessus, et pour une fois c'est vrai. Mais j'avais juste lu que, durant les mariages, ils échangent du saké et du riz sacré. Mais après la majorité des gens ne font plus, de mariages vraiment shintoïstes. Mes parents l'ont pas fait.

Toujours envahie par le nuage en moi, je hoche la tête malgré tout. Il reprend donc:
-Et hmmm, je crois que j'ai trouvé le moyen d'oublier, qu'il y a un tas de festivals. Pour les trucs sur l'agriculture, c'est Matsuri. Et je suis pas assez sûr du reste que j'ai survolé. Ma famille m'avait surtout parlé de ça et Oshogatsu, le Nouvel An. Je vais revenir dessus. Hatsumode c'est le nom de la tradition, hein, pas du Nouvel An.

Je pousse mes lèvres à jouer la comédie, en s'étirant, et il dit:
-Donc durant les festivals aussi, ils font des offrandes et marchent dans les rues, et tout ça...

Je suis sur le point de poser des questions sur les Yokai, quand Sebastien me choque, avec l'air contrarié refroidissant son visage. Son expression affute aussi son regard, à la teinte d'une ombre. Il me demande sombrement:
-Ok, c'est quoi, ton problème?

Nouvelle info: je dois travailler ma poker face. Il continue de me servir ce regard, me rendant mal à l'aise. Je dis donc, plus nerveusement que je le devrais:
-Y'a rien, c'est juste...original.

Il fronce les sourcils avant de répliquer:
-"Original", c'est pour une peinture, ou une performance artistique bizarre. C'est pas pour quelque chose, que les gens pratiquent depuis des millénaires.

Je le regarde maintenant agacée par tout, allant de mes sentiments à ses paroles, empreintes de sa nouvelle hostilité. Comme provoqué par ce qu'il y a dans mes yeux, il reprend:
-Quoi? Il y a un problème avec ça?

-Il, euh...je sais pas c'est, c'est...

-Oui, je sais. C'est pas ta foi, mais c'en est une aussi. Tout le monde ne peut pas être musulman, tu sais.

Je commence à m'énerver encore plus, à cause de sa phrase, me faisant passer pour une imbécile. J'inspire, le fixe et réponds piquée:
-Ouais, mais peut-être que parmi toutes les autres religions, certaines ne sont pas forcément bonnes.

Il prend un air exagérément étonné en disant:
-Oh, et je suppose que la tienne est sûrement la meilleure, alors.

Tannée, je lui balance:
-Tu fais même pas un huitième, de tout ce que t'as cité. T'en avais rien à foutre du Shintoïsme. Tu t'y es juste à nouveau intéressé, parce que tu t'ennuyais, ou un truc du genre.

Merde, pourquoi j'ai parlé comme ça? Je vois, dans ses yeux brûlants, que c'est trop tard. J'avais oublié, à quel point il peut avoir l'air intimidant, quand il s'énerve. Il réplique:
-Donc, les croyances de mon peuple, c'est juste un truc auquel on s'intéresse, quand on s'ennuie? Comme un de tes livres débiles? Je sais pas si tu crois que je suis échoué dans ce pays, sans putain de racines, mais je te rappelle que je parle à ma famille au Japon. Et eux, ils croient en ça. Et puis et si c'était mon cas aussi hein?

-Non, t'es chrétien comme tes parents. Non? C'est ce que t'avais dit aux gens, à chaque fois que ça avait été mentionné. Et puis, dans cette religion là aussi, justement, t'as des problèmes si tu te mets à vénérer des esprits.

Il ricane et demande acidement:
-Qu'est-ce qui te dit que je veux toujours être chrétien? Et puis après quoi? Tu penses être une meilleure personne que les shintoïstes? Parce qu'ils croient en ces esprits?

-Au moins, je risque pas l'enfer.

Je ferme la bouche en écarquillant les yeux, face à ma connerie. Ferme ta putain de gueule Amina! La façon incrédule dont il me regarde, me transperce. Son ricanement me percute.
Il me dit durement:
-Vu que t'es Dieu et que tu sais tout mieux que tout le monde, trouve un moyen de régler tes problèmes pour commencer hein? Et tu sais quoi? T'es qu'une putain d'hypocrite. Tu dis ça, mais tu pratiques même pas assez ta propre religion, selon toi-même. Et tu prétends t'intéresser à tous ces peuples, mais tu les méprises sûrement tous, en les foutant dans la case "vous allez tous brûler en enfer". Vu que t'es toute puissante.

De nouveau piquée par ses paroles, je réponds hostilement:
-Hey! Je fais pas ce genre de choses. J'ai juste lu le Coran. Et d'après ce qui est écrit dedans, ma conclusion sur les esprits est logique, dans plein d'interprétations possibles.

-Et ton livre a aussi dit que si tu te repens, tu peux être sauvé. Donc t'es pas en position de juger, tu l'as jamais été.

Je le regarde en fronçant les sourcils et il dit:
-Oui, je regarde ce dont tu me parles, moi.

Je me retiens de lui prouver que moi aussi, pour à la place répliquer:
-Ok t'as lu ça et? Tu comptes te repentir demain, si t'as une raison de le faire? Parce que t'as pas l'air d'être prêt à ça.

-Honnêtement, je sais pas. Je sais pas en quoi je vais croire. Enfin plutôt comment je vais croire. Mais au moins, je me concentre sur ce que je fais. J'essaie pas de forcer les gens, à penser comme moi. Un autre truc qu'on t'a interdit, non? Je me trompe?

Un peu drainée je dis:
-Je fais ça pour...j'ai juste pas envie que tu finisses en enfer, ou je sais pas.

-C'est pas ta responsabilité, et tu sais pas où je vais finir.

Sur ce, il prend son sac et s'en va. Je respire, pour dissuader mes larmes de monter. Pourquoi ça a si mal tourné?

***

Ça fait deux jours, que Sebastien ignore mes messages d'excuses. Il n'est venu au jardin, aucune des fois où j'y étais aussi. Je crois que c'est fini. Jamari, lui, n'était même pas là hier. Àcause d'une journée d'entrainement spécial. Maintenant, il est à côté de moi, depuis au moins deux minutes. Mais je passe trop de temps à manger, en silence. Des fois je me déteste. Il me demande:
-Ok, qu'est-ce qu'il se passe?

Je continue de fixer ma brique de jus, en répondant:
-Rien.

-Tu piétines des fois. Et tu fixes le plateau comme si t'allais le tabasser, donc...

Je ne peux m'empêcher de sourire. Merde au final. Que l'autre imbécile aille se faire foutre. J'en ai marre. Il a dit des choses blessantes aussi, et il s'en fout. J'expire puis dis à Jamari:
-C'est juste des trucs débiles.

Il demande hostilement:
-Est-ce que c'est l'autre là?

Je mens en secouant la tête, mais il me regarde pas convaincu. J'enchaine:
-Bref, sinon tu veux plus connaitre la fin?

Il me dit moqueur:
-La fin du livre vicieux que tu lis, "juste pour te renseigner sur les riches", hein?

-Hey, c'est utile pour étudier certains comportements.

-Ah oui, je suis sûre que t'étudies bien, certains comportements.

Je le mitraille du regard et il rigole, ce qui me fait craquer et l'imiter.
Après les cours, je retourne dans le jardin. Le ciel gris le recouvre. J'ai pas prévenu Sebastien cette fois. Je crois bien que je vais devoir me réhabituer, au calme ici. Ça va aller. Après avoir fini la plupart de mes devoirs, j'écoute de la musique. Je tombe sur mon son du moment. Une chanson country-pop sur le Texas, où je n'ai jamais mis un pied.

Malgré ça, avec le costume que me donne le son, j'ai l'impression d'être née et élevée là-bas. Je danse des épaules, assise dans ma doudoune, et fais du lipsyncing, les yeux fermés. Je m'imagine maintenant sur scène, tout en bougeant les bras et la tête. J'aime tellement la musique. Quand la chanson finit, je ris puis ouvre les yeux.

Je manque d'avoir une attaque, et recule d'un coup en voyant Sebastien. Il est assis devant moi, avec un sourire amusé. Il s'approche, enlève mes écouteurs, et me fait remarquer:
-Je te l'avais dit. Tu devrais faire attention, et pas écouter de la musique aussi fort. N'importe qui peut s'approcher.

Je hoche la tête et soupire, puis contre 70% de mon être, je décide de me comporter en presque-adulte. Je lui dis:
-Je suis désolée pour ce que j'ai dit. Je voulais vraiment pas être méchante et arrogante et...

-Je sais, je sais. T'as grandi avec tes croyances, et tu vois les choses d'une certaine façon à cause de ça. Comme tout le monde. C'est pas forcément mauvais ou bon, ça dépend juste de nous.

-On devrait juste se foutre la paix avec ça, effectivement. Ironiquement, le colonialisme religieux, c'en est un bon exemple que mon père aimait bien ressortir pour m'expliquer ça. Désolé, je refais l'Encyclopédie. En bref, je crois que mon cerveau n'était pas branché ce jour-là.

Il esquisse un sourire...attendri? Il l'accompagne par:
-Mais je comprends. Tu veux pas que j'aille en enfer, parce que tu tiens un peu à moi, non?

Mes lèvres se tordent avec ma moue, qui le fait rire doucement. Je marmonne:
-Je sais pas...

-Ça va aller. Je sais que ça va pas vraiment te convaincre de quoi que ce soit, de te dire ça. Mais pour l'instant je suis pas un démon qui répand le chaos. Donc c'est un début pour ma balance céleste. Enfin, je le fais pas de façon majeure et vraiment blessante. Parce que j'avoue que je peux créer des conflits. Mais je bosse dessus. Évolution, progrès.

Je ris et il continue:
-Et je suis vraiment désolé pour ce que j'ai dit. J'ai aucun droit de te juger sur comment tu pratiques ta religion, et tes livres sont pas débiles, et t'es pas une hypocrite.

Je hoche la tête, mais dis:
-En fait peut-être que je suis hypocrite. À chaque fois quand je lis, j'essaie de ne pas trop penser à toutes ces religions. Enfin aux conséquences auxquelles je crois. Même si ça vient en fond parfois, je me détache. Donc je crois bien que c'est un moyen de...je sais pas.

-Tu sais pas, parce qu'il n'y a rien à savoir. La façon dont tu m'as parlé des Ay...Ayé? Ay...

Je finis en riant:
-Aïeux. Les Aïeux.

-Oui, voilà, eux. Ben la façon dont tu me parlais, de comment leur religion fonctionne, et a influencé leurs vies, comme avec plein de peuples, ça montre que ça compte pour toi. Même si tu ne partages pas leurs croyances. Tu galères un peu parfois, mais c'est avec des aspects comme t'as dit. Malgré ça, tu les censures pas. Sinon tu ne lirais plus aucun de tes livres. Enfin, voilà, je sais pas.

Je souris et il ajoute:
-Et ce que j'ai dit sur tes problèmes, c'était un truc de connard. Je suis vraiment désolé.

Je hoche la tête. Trop rapidement, il bouge de sa position assise, s'approche, et me fait un câlin. Je manque de tomber dans l'herbe froide, donc je m'accroche à lui. Il doit être ravi. Son odeur presque tropicale, est revigorante, au milieu du froid fade. Malgré nos manteaux, je dois aussi reconnaître que sa proximité est réconfortante. Pourtant, je m'exclame:
-Oh! Je t'avais dit de garder ton gros cul loin de moi.

Il me lâche en riant. Pendant que je regrette un peu l'étreinte, il chouine:
-Tu vas vraiment me complexer à force. Quand c'est pas mon pouce c'est mon cul.

Je le regarde comme s'il était cinglé et on se met à rire, au point qu'on oublie la température nous mordant.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top