Chapitre 13: Repérés
C'est la fin des cours et je repère Jamari. Il est en train de sortir de la classe, où il parlait au prof. Il est seul par miracle, donc je le rejoins. Il me sourit et demande:
-T'as fini non?
Je dis un peu ennuyée:
-Oui, mais t'as entraînement, donc c'est mort pour une glace.
Il râle en me faisant rire, puis il dit:
-Je dois souffrir pour le bien commun.
Je m'arrête de rire, pour lui demander plus sérieusement ce qui m'intéressait:
-Euh t'as un truc? Je veux dire aujourd'hui, tu me lançais ton regard pensif plein de fois. Comme si t'allais dire un truc. Mais après tu faisais comme si de rien n'était.
Il soupire et en souriant amusée, je lui dis:
-Allez, demande.
Il me tire plus loin avant de me raconter:
-Je t'ai vu avec Sebastien.
Mon sourire meurt et je lui demande choquée:
-Où?
Il fronce les sourcils, mais se contente de répondre:
-J'allais camper avec les gars, et Keylor voulait nous montrer une cascade. C...
-Vous nous avez tous vus?
-Non, juste moi...donc qu'est-ce qu'il se passe?
-On est juste amis.
-Amis genre amis? Ou son autre genre d'amies? Comme il a dit.
Il mériterait presque une gifle lui aussi, mais je me contente de répondre:
-Je couche pas avec lui, ok?
Il hoche la tête puis dit:
-Pardon...mais je comprends pas pourquoi vous vous cachez alors.
-À cause de ce que tu viens de penser. J'aurais ça, fois trente, au lycée, alors que j'ai enfin la paix. Je veux pas que ça foute tout en l'air.
-Je comprends ça, mais je comprends pas non plus pourquoi tu parles à ce connard. En fait si, en partie. Vu que c'est lui, les gens l'aiment bien parfois.
Je suis sûre qu'il veut ajouter "les filles surtout", mais à la place il dit:
-Mais peu importe ce qu'il se passe, je suis là s'il te fait chier. Lui ou n'importe qui. Capiche?
Je ris et hoche la tête, il coupe son sourire d'emoji pour dire:
-Je dois y aller.
Il tape son poing contre le mien et disparaît comme une flèche.
Une fois dehors en sortant du lycée, Sebastien est toujours un peu plus loin derrière, donc je lui envoie par message:
Pourquoi tu me suis?
Il répond:
Je te suis pas Madonna je dois prendre le bus
Je demande:
Pourquoi? Tu marches pas?
Il explique:
Toi aussi t'as la flm de marcher non? En plus moi j'ai des crampes à cause du tournoi de midi
J'allais rentrer en voiture, mais hier soir mon père a pris mes clés parce que j'ai eu un autre B à mon contrôle de littérature
Raj peut pas me ramener et j'ai pas envie de taper la discute dans la voiture de jsp qui
Beaucoup trop amusée, j'envoie:
Wow, et je croyais que mes parents étaient les seuls dictateurs
Sa bulle affiche:
Yup...
Je demande:
Ok qu'est-ce que t'as raté au contrôle?
Il répond:
Le ptn de commentaire
Il met un emoji frustré avant d'ajouter:
Je sais pas faire cette méthodologie correctement
Cette fois, il y a un emoji enragé. Je souris et propose:
Ok je pense pouvoir aider
On va au jardin?
Il envoie:
Ok!
Dans le bus, on s'ignore, alors qu'il s'est mis dans la rangée à côté de la mienne. J'ai juste envie de lui faire une grimace, je suis trop bête. Des miles après on est enfin assis dans l'herbe où Sebastien s'étire en grognant. Ça me fait rire. J'avoue quand même que j'en profite bien aussi, pour regarder les muscles de ses bras, avec le t-shirt sans manche noir qu'il a mis. Je tourne la tête, pour ne pas croiser son regard quand il va ouvrir les yeux. Il va penser que je l'observe. C'est le cas mais bon. Il s'assied en disant:
-Je suis à ça de m'enfuir pour Mexico.
Je ris et lui réponds:
-Pas très safe, choisis plutôt le Canada.
Il rigole puis dit plus irrité:
-J'en ai tellement marre de mes parents. Ils veulent que je sois bon, non excellent et tout. Comme si je représentais l'arbre généalogique entier, c'est le cliché des parents asiatiques impitoyables.
Je ris malgré moi et son air boudeur n'aide pas. Il est trop dramatique. Ça m'étonnerait qu'ils l'aient torturé, comme l'autre cinglé avec moi, pour que mon cerveau se muscle. Cliché du parent africain. L'excellence ou rien. Je lui rappelle:
-T'as quand même réussi à te rebeller, quand t'as arrêté la gymnastique et le piano, non?
-Oui, mais après j'ai recommencé à me plier à leurs exigences. Parce que parfois je suis une vraie merde.
Je grimace et lui dis:
-Non, t'en es pas une, tu te soucies d'eux et eux, ils se soucient de toi. C'est pour ça.
Il secoue la tête en fronçant ses longs sourcils noirs. Il répond:
-Non, ils veulent juste la fierté.
-Ils veulent que t'ailles dans une université super, avec plein de snobs. Et que tu deviennes si blindé, que tu pourras vivre n'importe où...et ils veulent sûrement de quoi frimer, oui.
Il rit puis dit:
-Je sais même pas où je veux vivre.
-T'en as vraiment aucune idée?
-Ben je sais pas, quelque part avec du soleil. Mais je vais essayer de quitter Silverlake. Parce qu'être né, vivre et mourir ici, c'est tragique.
On rigole et il me demande:
-Et toi? Ils sont plus cool, tes parents?
Je ricane puis réponds:
-Mon dictateur s'est beaucoup calmé. Mais s'il avait toujours été calme, j'aurais pas ces notes, comme il dit.
-Ouais t'es une crack.
Je soupire, puis marmonne:
-Ouais, ça m'a coûté.
Il se met à m'observer plus sérieusement. Putain, mais ferme-là Amina. J'ajoute:
-Hey, mais je vais bien, et j'ai une moyenne de compétition maintenant.
Il sourit un peu et dit:
-Tu vas avec les snobs aussi.
-J'espère pas.
-Rêves toujours. On va se retrouver au milieu d'héritiers de vieilles fortunes, et d'enfants de stars.
On rigole et je lui dis plus fermement:
-Bon aller, prends ta feuille, si tu veux te retrouver à nouveau dans ta voiture, pour commencer.
Il rit et sort sa trousse.
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