La Braise - Partie 2
Quand Thomas ouvrit les yeux pour la deuxième fois de la journée, il se demanda comment il s'était retrouvé sur cette couchette. Il était perdu : avait-il rêvé de tout cela ? Il essaya donc de se redresser, mais il fut interrompu par une main posée sur son torse qui le poussa afin qu'il s'allonge à nouveau.
« Tu dois rester immobile pour le moment, tes points sont fragiles. »
Thomas leva les yeux vers son interlocuteur et quand il découvrit que ce n'était nul autre que Newt, il ne pu empêcher un sourire de venir fleurir sur ses lèvres.
« Tu sais, si j'avais su que t'embrasser te ferait tomber dans les pommes, je me serais abstenu... dit-il en faisant la moue.
- Comment ça ? »
Le brun fronça les sourcils tout en essayant de se rappeler de quelque chose, mais à part le baiser donné par son compagnon, c'était le trou noir.
« Brenda a dit que tu avais trop forcé et que les points de suture qu'elle avait fait ont sautés. Ta plaie n'était pas belle à voir... Et je me suis fait engueuler ! »
Thomas ricana, avant de soudainement s'arrêter lorsque sa blessure recommença à lui faire mal.
« Ouais, ça ne m'étonne pas d'elle... »
Newt lui sourit puis baissa les yeux. Ils restèrent silencieux durant quelques minutes, puis cela devint trop long pour Thomas, alors il engagea la conversation. Pas sur le sujet qui l'intéressait vraiment mais, à vrai dire, il ne savait pas comment aborder ça avec le blond. Il ne se souvenait pas avoir déjà ressentis des sentiments amoureux avant de connaître Newt. Il se demandait parfois s'il savait même ce que cela faisait d'aimer. Mais quand ils s'étaient embrassés et ce, même si ça n'avait pas duré longtemps, Thomas avait ressentis quelque chose d'inhabituel. Il connaissait cette sensation. Il lui semblait même l'avoir déjà ressentis auparavant : cette sensation était celle de se trouver à sa place, d'être chez lui auprès de Newt.
« Comment ça se passe ici ? demanda-t-il alors.
- Le temps d'adaptation va être long, mais tout le monde est content d'avoir trouvé un endroit sécurisé. Aucune attaque n'a été rapportée. Mais les plus jeunes sont terrorisés. »
Newt soupira puis passa l'une de ses mains sur son visage, dont l'expression assez grave ne présageait rien de bon à Thomas.
« Tommy, comment on a pu aider des pourritures pareilles. »
Le blond avait l'air bouleversé et Thomas en fut chamboulé. Newt n'avait jamais arboré une telle expression. Pas même lorsqu'il avait compris, puis annoncé au brun qu'il était rongé par la Braise.
« Newt ? encouragea Thomas, ayant compris que son compagnon avait envie de parler. »
Pour appuyer son soutient, le brun brava l'interdit qui lui avait été donné et se redressa tant bien que mal afin de pouvoir poser l'une de ses mains sur le genoux du blond.
« Il y a ce gamin... Il a trois ans. Tu te rends compte, Tommy ? On a arraché ce gosse à ses parents à l'âge de trois ans ! I-il est minuscule, au début il ne disait jamais rien, les autres pensent qu'il a peur de parler parce que... Parce que WICKED l'a battu. Je me suis réveillé il y a trois jours et j'étais plutôt en forme alors j'ai essayé d'aider les autres à monter quelques abris supplémentaires. Quand l'heure du repas est arrivée, seul le petit manquait à l'appel. Alors on est partis à sa recherche. C'est moi qui l'ait retrouvé. Il s'était planqué dans une petite grotte. Tellement petite qu'il avait été obligé de se recroqueviller sur lui-même. Il pleurait... Quand il m'a vu, il a vite essuyé son visage et ses yeux et est sortit en vitesse. Il a dû s'excuser un millier de fois avant de se calmer et de me laisser lui parler. Je lui ai expliqué que ce n'était pas grave, qu'il n'avait rien fait de mal et qu'on s'inquiétait simplement pour lui, qu'on avait peur qu'il lui soit arrivé quelques chose. Tu sais ce qu'il m'a dit ? »
Thomas secoua la tête.
« Il m'a dit qu'il ne voulait plus que le méchant médecin lui fasse du mal pour retenir un prénom qui n'est pas le sien. Il s'appelle Louis. C'est son vrai prénom. Maintenant, il va mieux et s'ouvre beaucoup plus aux autres, mais... Je ne me souviens même plus de mon prénom à moi, Tommy. Je me souviens de celui de ma sœur, mais me concernant, c'est juste la douleur qui me vient quand j'essaie de me rappeler. On était un peu plus vieux, mais comment on peut enlever un gamin et lui faire autant de mal ?
- Stephen.
- Qu'est-ce que tu as dit ? le questionna Newt.
- Je crois que mon vrai prénom est... Stephen. J'en suis presque certain. ajouta-t-il ensuite. »
Newt le regarda, intrigué, puis son visage s'éclaira.
« Est-ce que toi aussi tu te souviens ? lui demanda le blond.
- Non, pas vraiment... C'est comme si le fait d'en avoir parlé a débloqué quelque chose en moi. Mais attend, tu as une sœur ?! s'exclama le brun, choqué.
- Oui. Et le plus drôle c'est qu'elle est ici, avec nous. C'est Sonya. Son vrai prénom est Elisabeth. Je me souviens que quand j'étais petit je n'arrivais pas à le prononcer alors je l'ai surnommé Lizzy. C'était elle l'immunisée de la famille. WICKED a voulu l'arracher à nous. C'est ce jour-là que mes parents sont morts. Moi j'ai essayé de la récupérer, mais ils ont finit par m'emmener aussi. Après tout, ce serait drôle de voir un non-immunisé dans le labyrinthe, pas vrai ? fit Newt en reniflant. Tu sais cette puce qu'on avait d'implanter dans la nuque ? Et ben je crois que combiner au fait que j'ai faillit y passer, ça m'a rendu la mémoire. Au début je pensais juste que c'était des rêves. Ou des cauchemars, mais au final je me dis que c'est bien trop précis pour que ce soit une invention de mon esprit... »
Thomas, qui était resté silencieux jusqu'à maintenant à cause de sa surprise, plissa les yeux.
« Tu es allé parler à Sonya ? questionna-t-il enfin son ami.
- Pour lui dire quoi ? Un truc comme : « Salut Sonya, je sais que tu ne te rappelle de rien, mais je suis ton frère » ? Non, je ne peux pas. Elle me considère déjà comme un ami, ça représente beaucoup pour moi.
- Et ton prénom à toi, tu n'en a vraiment aucune idée ?
- Non. Toutes les nuits avant de m'endormir je prie de toutes mes forces pour que ça arrive, mais rien. Je vois mon arrivée dans les locaux de WICKED, ma rencontre avec les gars, nos entraînements, toi... »
Thomas, qui avait baissé les yeux en écoutant son ami -si toutefois il pouvait encore le désigner ainsi-, les releva subitement et les plongea dans ceux de son interlocuteur.
« Moi ?
- Ouais, toi. Notre rencontre, nos rendez-vous secrets avec les autres... répondit l'autre en rougissant.
- Nos rendez-vous secrets... ? »
C'était plus une constatation qu'une réelle question pour Thomas. Il eu un premier flash. Il était dans un couloir, vêtu des habits réglementaires de WICKED. À ses côtés se tenait Teresa, et devant lui, un jeune blondinet tout frêle. La première impression qu'il avait eu de lui était qu'il semblait être prêt à s'effondrer. Mais cette apparente fragilité cachait un garçon fort, rusé, et terriblement loyal.
Un deuxième flash. Il y avait Teresa, Minho, Aris, Newt et lui. Ils déambulaient dans les couloirs de l'organisation, essayant de ne pas se faire repérer. Il se vit passer plusieurs portes, emprunter de petits passages étroits et arriver à l'air libre, en dehors de WICKED. Il se souvenait clairement de la première chose qu'il avait faite alors que seul Newt et lui étaient entièrement sortis des bâtiments. Il s'était tourné vers le blond et l'avait embrassé.
Alors non, Thomas ne se souvenait peut-être pas avec précisions de leurs rendez-vous secrets, mais il savait en revanche quelle était la nature de ses sentiments envers le blond. Maintenant, il comprenait d'où venait cette sensation de bien-être lorsqu'il était avec lui, parce que c'est ce qu'il ressentait à chaque fois qu'il se tenait près de Newt dans ses souvenirs. Il était amoureux de lui. Ils étaient amoureux l'un de l'autre et ce, depuis leur rencontre.
« Moi, hein ? dit-il finalement lorsqu'il fut sorti de ses pensées. »
Comprenant ce que ces mots signifiaient, un grand sourire fleurit sur les lèvres de Newt, qui ne put s'empêcher d'échapper un petit ricanement.
« Il semblerait, ouais... répondit-il simplement. »
Il se regardèrent en silence, durant de longues minutes. De longues minutes qui n'étaient pas gênantes. Loin de là. Durant ce temps, ils réapprirent à se connaître, visuellement parlant. Ils observèrent chaque détail du visage de l'autre, imprimant chaque petite courbe de façon indélébile dans leur mémoire.
Ce fut finalement Thomas qui sortit de sa transe le premier.
« Newt ?
- Oui ? répondit ce dernier, un peu perdu par ce qu'il venait de se passer.
- Tu pense que ce petit Louis accepterait de me parler ?
- Bien sûr ! sourit Newt. On lui a parlé de toi, tu sais. Je suis certain que ça va lui faire plaisir ! Laisse-moi aller le chercher. »
Le jeune homme blond embrassa Thomas sur le front sans même s'en apercevoir, ce qui surpris ce dernier, avant de sortir en courant.
Thomas était toujours en train de réfléchir à la manière dont il devait agir avec Newt quand se dernier revint près de lui, accompagné d'un minuscule enfant qui s'agrippait à la main du plus vieux comme si ça vie en dépendait.
« Louis, voici Thomas, le garçon dont nous t'avons parlé. Je vais vous laisser discuter un peu et je reviendrais te chercher tout à l'heure, d'accord ? »
Le petit hocha la tête et lâcha la main de son protecteur. Il s'approcha lentement du blessé et lui sourit.
« Tu es l'amoureux de Nout ? demanda naïvement le petit. »
Thomas fut scié par la question. Ne s'attendant pas à ce que le petit l'aborde de cette manière, il ne sut pas quoi répondre et préféra enchaîner sur un autre sujet.
« Nout ? »
Le petit baissa la tête.
« J'arrive pas à prononcer son prénom comme il faut. J'ai essayé vraiment fort ! Tu crois qu'il m'en veut ? »
Le petit paraissait terrorisé à cette idée et cela serra le cœur de Thomas. Il voulait absolument que le petit se sorte ça de la tête.
« Tu sais quoi ? Nout pourrait peut-être devenir son surnom ? Je suis sûr qu'il adorerait ! »
Et Thomas sut qu'il avait eu raison de dire cela lorsqu'il vit les yeux du petits garçon s'illuminer.
« Tu crois ? Ce serait cool ! répondit-il en sautillant, ce qui fit rigoler le brun. »
La présence d'un enfant était vraiment rafraîchissante. Évidemment, il avait connu des garçons plus jeune que lui, comme Chuck, et bien que ce dernier avait été un vrai rayon de soleil, être en présence d'un enfant si innocent, si naïf, c'était revigorant.
« Et toi tu as un surnom ? demanda lors le petit en penchant légèrement la tête sur le côté.
- Et bien Nout m'appelle Tommy...
- Alors moi aussi je peux t'appeler Tommy ? demanda Louis, le visage emplit d'espoir.
- Hum... Je pense que oui. »
À nouveau le petit sautilla, avant de se calmer et de venir s'asseoir sur le lit de fortune du blessé.
« Alors dis-moi Louis, tu te sens bien ici ? »
Thomas appréhendait la réponse. S'il s'était battu, s'il avait fait tout ça, c'était pour que des gamins comme Louis connaissent une vie normale, et pas celle de rat de laboratoire. Si jamais le petit lui répondait par la négative, alors cela voudrait dire qu'il avait échoué. Et il ne pouvait pas l'accepter.
« Oui ! s'enthousiasma le petit. Minho m'a apprit à grimper aux arbres et j'ai construit une cabane avec Gally ! Et même que je fais de la cuisine avec Nout et qu'il me raconte des histoires ! »
Le petit paraissait tellement passionné dans ses paroles... Son sourire était communicatif et Thomas ne pus s'empêcher de ressentir énormément de fierté : ses amis étaient les meilleurs. Bien que Gally n'était pas vraiment son ami, mais ça c'était une autre histoire.
« Tu es content d'être avec nous ?
- Oui ! »
Le petit n'avait même pas hésité.
« Et même que Nout il a dit que quand tu seras plus blessé tu m'apprendras à courir très très vite ! »
Mais où était le gamin apeuré que Newt lui avait décrit ? Louis avait tellement d'entrain... Comment WICKED pouvait supporter d'enlever toute l'innocence de gamins pour réparer une connerie qu'ils avaient eux-même commise ? Est-ce que lui-même avait un jour été aussi heureux quand il était petit ? Certainement. Et c'est ça qui lui faisait le plus mal : il n'avait pas eu d'enfance.
« Alors tu as intérêt à bien préparer tes pieds parce qu'ils vont chauffer ! »
Louis se mit à rire et silencieusement, Thomas se promit que ce rire ne s'éteindrait jamais. Pas tant qu'il sera vivant.
« Alors vous vous amusez bien ? »
Les deux garçons furent interrompus par Newt qui venait de les rejoindre.
« Bientôt je vais courir avec Tommy ! s'exclama le petit, tout sourire.
- Avec Tommy ? répéta le blond, essayant tant bien que mal de retenir son sourire.
- Oui avec Tommy. Et peut-être que Nout pourra nous regarder. proposa Thomas. »
Le principal intéressé pouffa ce qui entraîna le rire du petit. Et soudain une constatation s'imposa à Thomas : ne ressemblaient-ils pas à une famille ? Ils prenaient soin les uns des autres, s'entraidaient, s'aimaient. N'était-ce pas là, la définition même d'une famille ? Du moins, c'était la représentation que Thomas s'en faisait. Et ça lui plaisait assez.
« Aller Louis, on doit aller aider en cuisine. Et puis il faut que Tommy se repose. »
Le petit ne se fit pas prier et sortit rapidement, non sans gratifier son nouvel ami d'un large sourire et d'un bisou sur la joue.
« Ce gamin est adorable. constata-t-il alors qu'il se retrouvait à nouveau seul avec l'homme qu'il aimait.
- Et encore, tu ne l'as pas vu à l'œuvre. Il a une soif d'apprendre incroyable et tant que ce qu'il fait n'est pas parfait, il recommence. Je suis sûr qu'il pourrait être ton frère.
- Ou bien mon fils... dit-il à voix basse.
- Tu as déjà pensé à avoir des enfants ? le questionna Newt. »
Thomas soupira.
« Et bien, jusqu'à maintenant, pas vraiment. Tu sais, même si je me souviens de certaines choses, ma vie avant WICKED reste un trou béant. Certainement parce que j'étais trop petit. Avant de vous connaître vous, je ne savais pas ce qu'était l'amitié. Je n'ai qu'une vague idée de ce que peut-être une famille, mais je pense que si tu reste à mes côtés, je pourrais m'en faire une idée précise... Mais dis-moi, qui s'occupe de Louis ?
- Et bien à vrai dire un peu tout le monde. La journée il est avec Minho, Gally, Brenda ou moi et le soir il dort dans le dortoir que l'on a fait pour les plus jeunes. répondit Newt assez ému par les précédentes paroles de Thomas. Pourquoi ?
- Et bien je me disais que peut-être, si Louis le veut bien évidemment, on pourrait s'occuper un peu plus de lui que les autres... »
Newt voyait bien que Thomas n'était pas sûr de lui en prononçant ces paroles, et il devait avouer que ça le touchait beaucoup. S'occuper d'un jeune enfant était une grosse responsabilité. Et s'il lui demandait de s'en occuper avec lui... Il pouvait percevoir ceci comme une déclaration, non ? Surtout qu'il connaissait Thomas. Il savait qu'il n'était pas du genre fleur et chocolat. Et se dire qu'après avoir vécut toutes ces merdes, il avait enfin droit au bonheur, c'était merveilleux.
« Hum oui, pourquoi pas. Ça me tente bien... répondit-il essayant de ne pas faire paraître son émotion.
- Bien alors on lui en parlera au dîner, qu'est-ce que t'en pense ? »
Thomas aussi était submergé par l'émotion. Certes, il ne se souvenait pas de comment leur relation avait débutée, mais ce qu'il savait en revanche, c'est qu'il était amoureux de ce garçon. Vraiment amoureux. Ils étaient passé près de la mort. Très près de la mort. Et tout ce qu'ils voulaient désormais, c'était pouvoir vivre leur vie à fond. Le soucis, c'est que ce soit Thomas ou Newt, ils ne voyaient pas passer le restant de leurs jours sans l'autre.
« D'accord. dit Newt en attrapant la main du brun, qu'il serra doucement.
- Tu pourrais peut-être m'embrasser pour fêter ça, non ? »
Newt rigola.
« Bien, chef ! »
Et ne se faisant pas prier, il déposa doucement ses lèvres contre celles de l'homme qu'il aimait. Leur baiser fut passionné. Ils étaient enfin pleinement heureux. Peut-être pas pour toujours puisque ce fichu virus continuait de se répandre. Mais ils avait la chance d'être réunis, et souhaitaient en profiter au maximum.
The end.
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