Un bon élève est entouré par sa cour, un meneur est cerné par sa bande.
Un bon élève est entouré par sa cour, un meneur est cerné par sa bande.
André Lévy.
Être une kosilka n'était pas de tout repos. Ana apprenait, parfois amèrement, cette nouvelle leçon jour et après jour. Souvent, elle se disait qu'elle avait saisi le plus gros et juste après elle faisait une nouvelle découverte. Cela l'épuisait émotionnellement parlant, et seul l'ami pouvait voir cela. Il s'en rendait compte, car il l'a connaissait, après ces nombreux hivers passés en sa compagnie, entendre et comprendre son mutisme n'était qu'une simple et presque trop facile formalité. Par contre, elle ne laissait rien au hasard et s'interdisait de flancher même quand Anton lui proposait son épaule pour se reposer dans l'intimité rassurante de leur maison.
Ce jour-là ne différait pas des autres depuis un moment maintenant. Cela avait commencé dès le lendemain de l'arrivée des nouveaux soldats, Anton avait obéi à sa Kulka. Il les aidait à s'installer en construisant de nouvelles maisons, un matin où plus tard, elle lui avait demandé de monter d'autres maisons sans plus autres explications et sans vraiment le regarder.
- D'autres vont venir ? Lui demanda le colosse ce soir-là en entrant chez eux.
- Je pense oui.
- Tu penses ou tu en es sur ? insista l'ami en se rapprochant d'elle.
Une table en bois bancale les séparait, elle avait souvent été réparée et encore plus souvent brisée. Ana soupira et leva enfin les yeux.
- Il y en aura forcément d'autres, c'est logique.
Désireux de changer de sujet il s'assit en face d'elle et reprit sa tâche après s'être essuyé les mains.
- Respire ce ne sont que des carottes... Ana continu sur sa lancée quand il leva un sourcil interrogateur. C'est fait pour nourrir pas pour trancher des gorges, t'es trop sérieux.
Ils se regardèrent et partir dans un rire qui éclipsa la tension qui s'était installée dans leur demeure tout aussi bancale que leur table.
- Il reste de la biche ?
- Non, que du renard finit par répondre le colosse après un bref coup d'œil.
- Ebat'...
- Tu vas bouffer de la terre !
Pour toute réponse la jeune femme leva les yeux au ciel tout en grimaçant. Il lui jeta un regard froid qui bien sûr, ne lui faisait aucun effet, elle sourit un peu plus et murmura une nouvelle fois cette injure en articulant plus que de raison.
Leurs journées se déroulaient ainsi depuis quelque temps, avant que le soleil ne se lève ils s'entrainaient tous les deux, puis le colosse entrainait les autres soldats sur un terrain devant leur maison. Ana ne participait jamais, elle n'était qu'une ombre quand le ciel était clair.
La faucheuse s'évertuait jour après jour à ne surtout pas se lier d'une quelconque façon à ses nouveaux soldats, elle ne voulait rien connaitre d'eux contrairement au colosse. Elle ne connaissait ni leur nom ni leurs origines et encore moins leurs gouts et cela lui convenait parfaitement.
Ana les regardait toujours de loin, le visage fermé et les mains enfoncées dans ses poches. Archi n'était jamais loin non plus. Le familier était l'ombre de l'ombre.
Cependant, s'il y avait bien une chose a là qu'elle elle ne pouvait s'échapper c'était le repas du milieu de journée. Le colosse, premier soldat et témoin de la kosilka, tenait à ce que tout le monde mange ensemble au moins une fois par jour. Donc, quotidiennement, la jeune femme subissait les assauts de l'ami. Ce dernier prenait un malin plaisir à l'attraper et la ramener auprès de tout le monde, ce que les autres soldats ne voyaient pas c'était que la jeune femme se débattait et jurait comme une sauvage. Il lui arrivait parfois de le mordre au sang.
Archi, lui profitait du fait de ne pas aller chasser et se goinfrait. Les autres avaient fini par s'habituer à cet animal inconnu et hors du commun qui aimait se faufiler dans des endroits improbables et dormir dans des recoins tout aussi inattendus, et gare à celui qui le réveillait ou pire lui marchait dessus.
Un cri de douleur résonnait au moins une fois par jour.
- Le temps tourne, dit Ana en se levant.
- Il fait encore nuit, bailla le colosse en passant sa main dans ses cheveux tout en tirant sur ses mèches trop longues il se dit qu'il était temps qu'il les coupe.
La jeune femme ne lui répondit pas, elle ne pouvait pas lui dire qu'elle le savait, car la cicatrice de sa joue lui faisait mal. Elle attendit qu'il ait le dos tourné pour se frotter le bas de sa joue gauche. Il fit comme ci il n'avait rien vu et effleura à son tour son visage abimé.
- Prends tes couteaux.
- Encore ?! s'exclama la jeune femme en se retournant vivement en direction du colosse.
- La faute a qui si t'es aussi douée qu'un nouveau-né avec une lame ?
La jeune femme saisit une de ses lames et la lança sur Anton, il ne bougea pas d'un iota.
Quand le couteau se planta a un peu moins d'un mètre de l'ami, il soupira le retira et lui jeta un regard lourd de sens.
- T'as pas une petite faim ? Murmura la jeune femme à son familier tout en suivant du regard le colosse qui sortait de chez eux. La langue bifide du familier gouta l'aire avec gourmandise.
Leur échauffement consistait à s'échanger des coups, se touchant les épaules, le ventre, les jambes à un rythme relativement lent. Celui qui les observait à la dérober pouvait affirmer que ni le temps ni la gravité n'avait d'emprise sur eux.
Ils se tournaient autour, sautaient par-dessus leur tête, s'effleuraient et se percutaient de façon gracieuse et incroyable. Ils n'étaient pas juste forts, ils étaient avant tout puissants et cela se ressentait dans tous leurs mouvements.
Zoran était persuadé qu'il ne pourrait jamais se lasser de ce spectacle aussi grandiose qu'effrayant. Il se levait toujours avant les autres, profitant de la faveur de la nuit pour suivre ses deux supérieurs en silence. Il respectait Anton, le premier soldat, cet homme au visage déformé par une atroce cicatrice qui lui barrait ses traits, était dur et violent avec eux et tout aussi juste. Il ne les ménageait pas, les faisant bouffer le sol encore et encore sans aucune moindre trace de honte. Il le faisait sans discontinuer jusqu'à qu'ils tiennent debout de plus en plus longtemps. Jusqu'à présent personne n'avait jamais réussi à toucher Anton. Zoran s'était juré d'être le premier à y arriver, avant cet homme était un soldat pour l'un des clans neutres. Avant, il était le plus fort. Avant.
En plus du respect, il appréciait sincèrement le colosse. Sous ses airs de dur inébranlable aux paroles rêches et au ton aussi coupant que les griffes d'un renard, il les regardait comme des êtres humains et non comme les montres sans cœur qu'ils avaient toujours été.
La kosilka était d'une souplesse et d'une rapidité incroyable, Zoran l'enviait, lui qui ne pouvait qu'à peine se pencher pour se toucher les pieds sans gémir. Il l'a trouvait aussi belle que redoutable et même si cela l'effrayait au possible il ferait tout pour elle. Tout ceci était bien plus fort que la raison. Il irait jusqu'à se sacrifier pour cette jeune femme froide comme le givre avec eux. Il le regrettait, il aurait aimé pouvoir s'assoir auprès d'elle et l'écouter parler librement au lieu de ne partager qu'un rapide repas par jour avec elle. Les autres aussi. Tous ces hommes ne voulaient qu'une seule et unique chose, servir leur Kosilka, quitte à y laisser leur vie.
Zoran s'en voulait aussi de ne pas être plus fort, avec plus de technique il aurait peut-être pu s'entrainer avec eux.
Anton avait fini par convaincre Ana que le laisser les observer n'était pas une mauvaise chose et que de toute façon Zoran n'en ferait qu'à sa tête. Elle accepta à contrecœur se promettant de lui arracher la tête s'il utilisait quoi que ce soit contre elle ou de lui crever les yeux s'il osait lui parler de tout ça.
Dans le fond, la jeune femme ne cherchait qu'à se protéger. Les hommes lui faisaient toujours peur, il n'était pas rare qu'elle se réveille en sueur et tremblante en pleine nuit le cœur au bord des lèvres. Son esprit aimait la torturer, et pas seulement à la tombée du jour. Elle se crispait encore et serrait les dents a s'en faire mal quand l'ami posait une main sur son épaule, aussi légère et sécurisante soit elle c'était un contact.
Les couteaux qu'ils utilisaient étaient faits pour tuer, la lame était faite dans un acier dont il ne connaissait ni le nom ni la structure. Tout ce qu'ils savaient de lui était ou le trouver et comment le façonner. Le manche était orné d'insidieux pics de métal qui s'enfonçaient dans les carcasses des ennemis. Un côté tuait et l'autre tranchait. Même avec tout cela, l'arme était moins mortelle qu'eux.
Elle ne le touchait pas à chaque coup porté, peut être une fois sur dix. L'ami, lui ne l'avait jamais touché, même si Ana n'était pas aussi agile que lui avec les armes elle était bien plus rapide que lui. Par contre, quand elle avait sa faux entre les mains rien ni personne ne lui arrivait à la cheville. En très peu de temps, Ana était devenue une guerrière accomplit, cela effrayait et fascinait l'ami.
Anton grogna quand sa peau se fendit une nouvelle fois, elle cicatrisa aussi tôt, mais cela n'empêchait pas sa morsure. Le cœur d'Ana se serrait à chaque fois qu'elle le blessait, elle en avait horreur. La faucheuse se devait de le faire, car le colosse ne la ménageait pas, il était encore plus dur avec elle qu'avec leurs soldats. Pourtant chaque goutte de sang versée était un supplice, chaque bleue aussi petit soit-il, une abomination. Pourtant, ils se devaient de s'entrainer tous les jours.
- Tu vois quand je te disais que le temps tournait !
Anton leva à son tour les yeux vers le ciel, en effet les cieux déjà sombres perdaient encore en luminosité. Le jour était à peine levé que la nuit menaçait déjà de les engloutir.
- Faut partir chasser avant que ça tombe. Conclut la jeune femme qui faisait tout son possible pour ne pas succomber à l'angoisse qui rongeait ses tripes.
Archi siffla et partit en direction de la forêt en prenant du volume, sa langue darda en direction du ciel, il accéléra. Au loin le maudit vent se levait, les deux chefs se regardent un instant puis sans un mot ils se dirigèrent vers leur village.
- Sort de ton trou soldat, rassemble des gars et chassez. Gronda la jeune femme en passant devant la cachette de Zoran, ce dernier sortit de son coin, opina du chef et lui obéit.
- Pas mal ! presque dix mots d'affiler...
- La ferme. Grogna sa Kulka en lui passant devant, faut les faire s'abriter.
Le regard du colosse se perdit une nouvelle fois au-dessus de lui, d'énormes nuages aussi sombres et lourds menaçaient d'exploser. Son regard d'or se fit plus ténébreux à son tour.
- Pas sûr que leur bicoque tienne le coup, c'est que du bois
- Et le bois, ça brûle, conclut la jeune femme qui sentait son cœur s'affoler. Je vais trouver Archi, toi tu les fais se rassembler.
- Ana...
- Interdiction d'aller dans ma chambre.
- Ana tenta une nouvelle fois l'ami en faisant glisser ses deux mains sur ses épaules. Sa Kulka se raidit, comme à chacun de leur contact, avant de se détendre imperceptiblement. Ce n'était qu'Anton, jamais il ne lui ferait le moindre mal. Jamais.
- On se dépêche. Conclut la jeune femme en tournant les talons sans aucune autre forme de procès. S'éloigner de lui calma les battements de son cœur rendu, l'espace d'un instant, fou.
Quand Ana décidait d'une chose, Anton n'avait pas voix au chapitre.
Elle se sentait nue sans sa faux, son bâton et elle ne formait qu'un, pourtant elle ne rebroussa pas son chemin. Tout en s'enfonçant dans la forêt, elle ressentit une vague fraiche, presque froide, lui grignoter les pieds.
Après un autre bref regard en l'air Ana accéléra le pas.
- Ebat' ! Archi ! Soldats ! rugit une première fois la Kosilka. Seul le néant prit le temps de lui répondre.
Elle se mit à courir droit devant elle, une peur panique menaçait de l'engloutir toute entière à chaque seconde. La jeune femme se sentait prise au piège seul dans la forêt. Tout son corps se contracta une paire de fois avant qu'elle ne s'effondre.
Ses mains s'enfoncèrent dans la terre. Ses doigts se refermèrent sur des brindilles qui se brisèrent. Ana souhaitait plus que tout entendre la voix de son témoin, elle voulait l'entendre lui dire que tout irait bien, que toute cette connerie serait finie avant qu'ils ne s'en rendent compte.
L'imaginer lui dire ça la calma un tant soit peu. Tant qu'elle entendait sa voix, tout irait bien.
Elle jura une bonne paire de fois avant de se concentrer sur ce qu'elle ressentait. Elle se redressa et s'adossa contre le tronc d'un arbre et ferma les yeux. La jeune femme commença par sa respiration, elle devait la calmer avant de pouvoir ressentir correctement les petites lumières danser au fond de son cœur. Elle se devait de le faire ! la faucheuse n'avait pas le choix.
Les yeux clos, les mains refermées sur son pantalon, elle s'obligea à respirer calmement.
Inspiration.
Expiration.
Inspiration.
Expiration.
Inspiration.
Tout devint plus clair en à peine deux battements de cœur, autant dire une éternité pour elle, une petite quinzaine de flames mauve lui indiquait que ses soldats étaient chez eux en sécurité. Elle se sentit rassurée et un peu agacée que son espace vital se fasse envahir. Un autre groupe n'était qu'à une centaine de mètres d'elle. Archi était avec eux, elle le sentait plus par sa présence que par sa couleur. Au-dessus d'eux le ciel gronda. La peur gagnait du terrain sur sa raison.
- Ebat'... grogna une nouvelle fois et se mit en marche. Soldats ! Rugis une nouvelle fois la jeune femme en poussant une nouvelle fois sur sa voix et ses jambes pour avancer plus rapidement.
- Oui Kosilka. La voix de Zoran résonna enfin, Ana ne l'aurait jamais avoué, mais elle se sentit tant rassurée qu'elle en eut un vertige. Puis elle dut se retenir de lui sauter dessus pour l'étrangler.
- J'appelle depuis une éternité ! Rugis la faucheuse en leur jetant un regard glacial.
Le petit groupe se figea, ces soldats ne savaient pas comment réagir. Tuer, protéger, chasser, soigner ça ils savaient, subir la colère de leur meneuse moins. Pas du tout. Elle ne leur adressait pas assez la parole pour qu'ils sachent comment interpréter ses regards noirs et la froideur de sa voix. Pourtant, Zoran crut y déceler un fragment fugace d'inquiétude. Il se garda bien de lui faire remarquer ou même de sourire.
- Nous sommes désolés Kosilka... Zoran se tut et se mit en tension, le ciel venait de rugir avec une telle violence que la terre se mit à trembler.
- On rentre. Une fois de plus elle tourna les talons sans en dire plus.
Le petit groupe eut à peine le temps de faire quelque pas que de la cendre se mit à tomber. Aussi légère qu'un grain de poussière, presque aussi belle que la vie. Ils se figèrent. Tout ce qui tombait du ciel était annonciateur de souffrance et de morts.
Dans son dos, un hurlement sinistre brisa le silence tendu.
L'un de ses soldats venait de se faire toucher par une cendre. Une toute petite particule noire. Se peau, puis ses muscles et enfin l'os de son bras fondait à vue d'œil.
- Archi ! le familier prit en volume pendant que la faucheuse aidait ses soldats à lui monter sur le dos. Elle fut la dernière à lui grimper dessus. Fonce !
Le serpent faisait de son mieux, mais avec sa grande taille slalomer entre les arbres n'était pas une chose aisée. Ana se rendit compte de cette erreur quand l'un de ses soldats se mit à hurler à son tour. Elle croisa le regard du premier blessé, son cœur se serra si fort qu'il se brisa.
- Dessous, chuchota-t-elle. On s'met sous Archi ! Archi ! dit-elle bien plus fort en détournant le regard de son soldat.
La Kosilka n'eut pas besoin d'en dire plus. Le familier fit glisser tout le monde hors de son dos et forma un pont avec son corps.
La faucheuse flatta la peau de son serpent, ce dernier ne souffrait pas de la morsure de la cendre, mais son changement de masse l'épuisait rapidement. Elle fit passer tous les siens avant elle et enfin ils purent reprendre leur chemin.
Anton devenait fou ! son dos était soutenu par le chambranle de sa porte, ses bras étaient croisés sur son torse fort et massif et dans son dos leurs soldats tournaient en rond. Seul deux de ses doigts s'agitaient sur son coude. Eux aussi étaient morts d'inquiétude, leur Kosilka n'était pas auprès d'eux et la pluie de cendre devenait de plus en plus forte.
Certains toits de leurs maisons commençaient à bruler. Un feu sans flame, aussi rouge que leur sang engloutissait avec gourmandise ces demeures.
Il aurait dû l'écouter quand elle disait que le temps se couvrait ! bien sûr que c'est ce qu'il se disait depuis ce qui lui semblait être une éternité ! les murmures angoissés des soldats lui parvenaient comme des pics acérés et bouillants qui lui percutaient le crâne et venaient se loger dans son cœur.
- Ils vont avoir besoin de soins. Il faudra aussi les réchauffer. Ces deux phrases soufflées dans le néant électrisèrent leurs hommes.
Certains préparaient des peaux, d'autres du lait de biche chaud et le reste débarrassait la table et sortaient tout leur matériel de soins.
Cette effervescence effleurait à peine l'esprit du colosse, tout ce qui lui importait pour lui c'était de voir la silhouette de sa Kulka apparaitre au loin. Il du fermer les yeux et prendre une grande inspiration, dénuée d'oxygène, pour ne pas se laisser aller à ses peurs.
- Stop ! le cri de la faucheuse fit arrêter tout le convoi brusquement.
Sa demeure n'était qu'à une poignée de mètre, pourtant, elle paraissait bien plus loin et les arbres n'aidaient en rien à une progression rapide. Archi soit juste assez gros pour les blessés, ceux qui le peuvent courez comme si Bog était à vos trousses !
Ils suivirent ses instructions.
Le chaos s'abattit férocement sur ce Mira.
Ana voyait l'ami lui faire de grands signes, il lui hurlait de se dépêcher de continuer de courir. Elle aurait pu et dû le faire. Seulement, son instinct lui dicta autre chose. Elle se retourna pour aider le premier blessé à avancer.
Sa peau se reformait bien plus vite que celle de ses soldats, ses muscles et ses os ne fondaient pas, mais tout son corps et son cœur étaient bouillants de peur et tremblants de douleur.
- Continue ! Ordonna la jeune femme a son familier quand celui-ci voulu faire demi-tour, rentre vite ! le serpent, bien qu'étant au bord de l'épuisement, ne l'écouta pas. Pour le familier, c'était elle avant tout.
Le familier rebroussa chemin aussi vite qu'il le pouvait pour se précipiter vers sa maîtresse qui aidait l'un des siens à avancer. Le pauvre bougre était au bord de l'inconscience tant il était brulé de partout. Pratiquement mort, mais Ana ne s'en rendit pas compte. Archi ouvrit grand sa gueule et saisit le pauvre blessé qui ne pouvait déjà plus marcher. La jeune femme lui hurlait ses ordres en se protégeant les yeux comme elle le pouvait avec une peau qui avait vu de meilleurs jours, mais son épuisement prit le dessus.
Tout ce qui suivit n'était que sang et lente agonie. Anton venait de se précipiter en direction de sa Kulka, Zoran était sur ses talons. La peau du colosse se faisait déjà rudement bruler par cette pluie macabre. Le soldat saisit son collègue blessé et le familier qui venait de reprendre une taille minimaliste.
Il se précipita de nouveau vers la maison en priant tous les Bogs possibles pour que le colosse et sa Kosilka le suivent.
Quand Anton arriva au niveau de sa Kulka il se baissa et passa son bras autour de ses anches. Leurs peaux étaient poisseuses de sang, des cloques se formaient et éclataient laissant couler un liquide aussi noir que les cheveux de la jeune femme.
- On s'bouge ! Ebtat' ! beugla le colosse qui avait par prendre sa Kulka dans ses bras.
Chaque pas lui demandait un immense effort, sa vision se troublait et ses bras tremblaient, pourtant pour rien au Mira il n'aurait cessé d'avancer.
Jamais, pas avec sa Kulka dans ses bras.
La grande table du salon était déjà occupée par les blessés. Il se dirigea en direction de sa chambre qu'il ouvrit à coup de pied.
- Tient l'coup... m'lache pas... supplia le colosse en la déposant délicatement sur son lit. Zoran !
Le soldat arriva dans cette pièce avec les bras chargés de baumes et d'onguents dès que son prénom retentit.
La jeune femme naviguait entre deux réalités, à la fois éveillées et endormies. Tout son corps la faisait souffrir, sa peau surtout. Seule la voix de l'ami l'aidait à se maintenir à la surface.
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