Réfléchis avec lenteur, mais exécute rapidement tes décisions.
Réfléchis avec lenteur, mais exécute rapidement tes décisions.
Isocrate.
Les jambes de la jeune femme eurent du mal à la soutenir plus longtemps, elle se laissa tomber sur ses fesses dans un soupir. Toute cette conversation lui semblait aussi surréaliste que logique. C'est bien cela qui l'effrayait le plus, cela lui semblait logique, presque normal. Comme-ci elle avait attendu cela toute sa vie.
- Ne doute pas kosilka, j'observe ce Mira et son peuple depuis bien trop longtemps pour que je ne m'égare. L'ombre s'assit devant la jeune femme, aucun nuage de poussière ne se souleva quand elle toucha seul. Tu ne seras pas seule, tu ne seras plus jamais seule.
- Ce sera dangereux pour eux. Soupira Ana la mort dans l'âme.
L'ombre sourit, soulagée de voire que sa protégée prenait déjà son rôle au sérieux, Ana, elle, ne semblait pas avoir pris conscience de ses dernières paroles.
Le regard de la jeune femme se perdit sur l'ombre, le mauve du centre de son corps se mouvait. Elle avait l'impression que des millions de vies évoluaient en elle.
- Oui, mais vous ne serez pas démuni. Tu as le pouvoir de l'âme et tes soldats auront le pouvoir de la force.
- Je.. Je... La grimace et la moue plus que surprise de la jeune femme convaincue l'ombre de lui donner plus de détails sans tarder. Tes soldats sont et seront des hommes et des femmes dotés d'une très grande force, ils seront capables de briser un arbre d'une simple gifle, de voler grâce à leurs bonds prodigieux et tant d'autre chose... eux aussi on ce pouvoir en eux jeune Kosilka, sourit l'ombre. Ils viendront à toi et compteront sur toi.
- Je ne veux pas...
- Tu n'auras pas le choix, tu as un devoir à accomplir, c'est ta malédiction. Conclut l'ombre avec tant d'amertume dans la voix qu'Ana du serrer les dents.
- Pourquoi moi ! Demanda la jeune femme les joues baignées de larmes glaciales, elle ne se rendait pas compte de ce qu'il coulait sur son visage.
Il ne faut surtout pas y voir une quelconque faiblesse ou toutes autres traces de la sorte dans ses larmes. Ana ne le comprit pas immédiatement, mais une rage sans précédant envahissait son corps, elle ne supportait pas l'idée d'être responsable de qui que ce soit. Exactement comme l'ami il y avait tant d'années déjà.
L'ombre prit son temps pour lui répondre, elle devait lui expliquer que ce choix était presque arbitraire. Une fois fait, Ana l'insulta avec des propos qui auraient fait rougir le colosse avant de se reprendre, pas honteuse pour deux sous.
- Qu'importe les relations que tu entretiendras avec tes soldats ou ton peuple, tout ce que tu leur dois est la sécurité et leur survie.
- C'est bien assez... grogna la jeune femme en ramenant les genoux contre sa poitrine boudeuse.
- Ton ami, Anton. Ana releva son visage et planta son regard dans l'ombre, cette dernière eut l'impression de marcher sur des œufs et que la jeune femme pourrait la tuer malgré sa non-vie. Il est ton témoin et un soldat.
- C'est quoi ça encore ? demanda la jeune femme sèchement sans retenir un grognement.
- Un témoin c'est une personne qui t'a connu lors ta première vie.
L'ombre continua à lui détailler ce qu'était un témoin, Ana partit dans ses pensées. Si l'ami était son témoin et un soldat, il devrait forcément prendre des risques pour elle, cette certitude lui arracha une nouvelle grimace. Elle eut l'impression de sentir la gorge se resserrer.
- Il est hors de question qu'il soit blessé par ma faute.
- Il ne tient qu'a toi de tenir cette promesse.
- Que dois-je savoir d'autre ? Balaya la jeune femme qui voulait en finir au plus vite.
- Faisons venir ton ami, il doit entendre ce qu'il est maintenant.
- A-t-il le choix de refuser ?
- Non, non jeune Kosilka. Personne ne peut échapper à son destin. Personne. L'ombre semblait presque triste maintenant.
Anton peinait à retrouver son calme, il regardait tour à tour les trois cadavres qui l'entouraient sans savoir quoi faire. Il prit sur lui pour se relever, mais ses jambes ne lui obéirent pas. Il venait de se rendre compte qu'il tremblait de tout son corps qu'il était perdu et apeuré. Complètement perdu sans elle, sans elle il n'avait plus de raison de restée en vie, plus de raison de continuer ainsi. Sans Ana plus rien n'avait de sens.
Depuis quand était-elle devenue aussi importante à ses yeux ? Depuis le tout premier jour, se dit-il en baissant le nez.
Elle venait de disparaitre sous ses yeux, comme-ci la jeune femme n'avait jamais existé. Pourtant il n'avait pas rêvé cette vie, il avait bien vécu et voyagé avec elle ces dernières années ? Une pointe de doute transperça son cœur. Il se prit la tête entre les mains, non, il n'était pas fou, il avait bien vécu tout cela avec elle ! Mais les gens ne se volatilisent pas comme ça ! Soit, ils étaient sur terre vivant soit, en dessous, et mort, pas autrement.
Puis, à peine eut-il le temps de ressentir un haut-le-cœur qu'il se trouva à son tour dans cet autre Mira. Tout comme sa Kulka, le contenu de son estomac se déversa devant lui. L'instant d'après il se releva, ses jambes eurent un mal fou à le soutenir, mais il finit par y arriver. Son cœur battait à tout rompre et son sang faisait tant de bruit dans ses oreilles qu'il crut de venir fou. Mais, il était debout et ses mains étaient déjà occupées par deux couteaux, cela relevait plus de l'instinct qu'autre chose.
C'est à cet instant qu'Ana comprit. Elle comprit le sens du mot « soldat » en le regardant. Il venait à peine d'être catapulté dans un autre univers qu'il était debout et armé. Prêt à se battre, comme toujours. La jeune femme ressentit une forte admiration pour l'homme qui lui avait sauvé la vie.
- L'ami, commença Ana en s'approchant de lui sans craindre qu'il ne lui saute dessus, elle avait toujours eu une confiance aveugle en lui.
- Ana ! commença par crier le colosse, quand il l'aperçut il baissa ses armes et fit quelques pas vers elle. Ebat', c'est quoi ce bordel on est où ? t'as rien ? Il resserra ses bras le long de son corps pour s'empêcher de la serrer contre lui.
- Figure-toi que je me pose cette question depuis un moment, j'ai l'air d'aller mal ? Lui demanda-t-elle en finissant de franchir les quelques pas qui les séparaient, elle lui sourit aussi.
Anton rangea ses couteaux et quand son regard se porta au-delà de sa protégée son sourire disparut et il passa devant elle avant de la plaquer dans son dos
- Ebat' ! c'est quoi ce truc ! hurla-t-il en regardant l'ombre s'approcher d'eux sans ralentir.
- Une Zabyl, répondit Ana en se mettant de nouveau à côté de lui. Ça va surement te paraitre étrange, voir complètement dingue, mais elle est de notre côté.
Anton voulut faire une moue quelque peu étonnée, mais il poussa un hurlement à rendre sourd. La Zabyl venait de lui attraper le bras, elle l'avait dit, elle manquait de temps c'est pour cela qu'elle lui fit revivre toute leur conversation en une fraction de seconde et sans aucune douceur.
- Mais t'es taré ! hurla le colosse en revenant à lui. Il leva son poing pour l'enfoncer dans cette étrange créature, mais emporté par son poids, il l'a traversa et mangea le sol en soulevant un énorme tapis de poussière.
Sa Kulka se précipita vers lui, ils parlèrent un moment, Ana faisait tout ce qu'elle pouvait pour le calmer. Mais, quand Anton était fou de rage, il mettait toujours un temps fou à reprendre son calme. La jeune femme du esquiver les lames de ses armes, dans sa fureur il parlait avec les mains et cela mêlé a sa légendaire maladresse il était un danger public.
- Donc, tu vas me dire que tout ce merdier est vrai et que tout roule ?!
- Disons que c'est pas faux. Répliqua la jeune femme en soupirant, écoute, je ne saurais pas vraiment te l'expliquer, mais je sens que c'est vrai.
Ils se regardèrent intensément, Anton finit par abdiquer. Au fond de lui il savait qu'Ana ne lui mentirait jamais.
- Je suis ton soldat et ton témoin c'est bien ça ?
- T'as tout bon. Ana du se mordre la langue, pour elle il n'était pas que ça, il était bien plus et cela lui tordait le cœur.
- Kosilka, reprit l'ombre sans changer de ton, tu vas aussi rencontrer ton âme sœur.
Anton ouvrit grand les yeux, il se redressa et eut toutes les peines du monde à se retenir de lui sauter dessus. Tout son corps le brûlait, certaines images insupportables dansaient dans son esprit.
- C'est quoi encore ? intervient la jeune femme en enfonçant difficilement ses doigts dans le sol sec de ce Mira. Un de ses ongles se brisa en deux.
L'ombre parut s'amuser de sa réaction avant d'expliquer ce nouveau terme.
- C'est une personne qui va t'aider à maintenait ton équilibre, bientôt tout ton pouvoir coulera en toi sans aucune retenue. Il te donnera beaucoup de puissance et affutera ton instinct, mais il va aussi finir par te plonger dans la folie. Ton âme sœur est un être humain qui te comprendra au-delà de toute logique, il va vivre autant de temps que toi et te rappela ce qu'est la vie dans son plus simple appareil.
Ana se contenta d'hocher la tête, au fond d'elle, elle était soulagée de savoir qu'il y aurait quelqu'un qui l'aidera à se maintenir hors de l'eau. Le colosse laissa résonner ces paroles dans son esprit, il comprit qu'il ne pouvait pas être celui qui lui apporterait cet équilibre. Il était aussi bousillé qu'elle. Cela le rendit jaloux.
- On doit savoir autre chose ? soupira le colosse en remuant ses épaules, son cœur fit un bond quand sa Kulka se rapprocha assez de lui pour le toucher. C'était assez rare pour qu'il en profite pleinement.
- Je n'ai presque plus de dons, mais je peux t'offrir deux choses kosilka. Ana planta son regard sur elle, je t'offre un familier et une arme.
Sans se regarder, les deux compères froncèrent les sourcils.
- Ton familier est un animal qui ne prendra vie que quand tu lui donneras un nom, il est aussi puissant que toi. À toi de faire le bon choix. Finit mystérieusement la Zabyl.
Sous leurs yeux, elle fit apparaitre un bâton savamment sculpté. Tout en le déposant aux pieds de la faucheuse, elle fit apparaitre une autre petite ombre qui se tortillait lentement en direction de la cheville de sa nouvelle maitresse.
Ana ne ressentit pas le besoin de faire un pas en arrière, bien au contraire. Elle se pencha en avant et mit sa main juste devant la petite ombre, cette dernière grandit et s'enroula tout autour de son bas avant de s'y incruster sans douleur. Son regard se porta maintenant sur le bâton qui trônait bien droit devant elle.
La curiosité l'emporta et sous le regard du colosse, elle le prit entre ses doigts. Il ne faisait plus qu'un avec elle, il était à la fois léger et solide.
- Lève-toi Kosilka et fait connaissance avec ta fau.
Ana obéi sans broncher, ce qui surprit le colosse. Une fois debout, son arme devant ses yeux, elle sentit une onde qui les reliait. Les arabesques sculptées de son arme en bois formaient des petites œuvres incroyables. Personne n'aurait pu les décrire tant elles étaient complexes, mais Ana y semblait lire toute une histoire. Une histoire qui lui plaisait, si on se fiait à son sourire radieux. Elle détacha le bout de tissus crasseux, souvenir de son frère, et le noua autour de son bâton au niveau de sa main.
Elle sera un peu plus fort sa main et l'arme se transforma, le manche était toujours en bois, les arabesques dessinaient toujours leurs histoires. Seulement, un tranchant arrondi en métal venait d'apparaitre à chacune des extrémités.
Ana la fit fendre le vent à plusieurs reprises savourant sa force et son élégance.
- Il m'en faut aussi pour Anton.
L'ombre, aussi surprise soit-elle, prit quelques secondes avant de répondre.
- Pourquoi jeune Kosilka ?
- Il n'est pas juste un soldat ou mon témoin, Anton est comme moi. S'il dit quelque chose c'est comme ci je le disais moi.
- Es-tu sûr de ta décision faucheuse ? demanda la Zabyl d'une voix caverneuse.
Cette demande était sa première en tant que Kosilka et cela en disait déjà long sur elle. Ana ne voulait pas s'approprier toute cette histoire de destin divin ou elle ne savait quoi, pour elle il était logique qu'Anton ait la même chose qu'elle.
L'ombre fut rassurée, elle se dit qu'elle avait fait le bon choix, que cette fois peut être la vie de l'humanité était entre de bonnes mains.
Elle fit apparaitre une masse à la mesure du colosse. Elle était énorme et faite avec le même acier que la faux de la faucheuse. Ce dernier se leva à son tour pour la saisir, sur son arme aussi il y avait des gravures qui ravirent cet être hors normes.
L'ombre trembla.
- Mon temps s'épuise, elle fit un mouvement et le colosse disparut d'un claquement de doigts. Écoute mes dernières paroles jeunes kosilka, écoute-les attentivement. La Zabyl était bien plus sérieuse qu'une minute au par avant. Ce que toi tu as, l'autre aussi l'a. Il est exactement comme toi, mais ne pense pas comme toi. Il est ton pire ennemi et le salut de ton peuple viendra avec sa mort, seulement quand lui mourra toi aussi. Vous êtes lié faucheuse. Vos vies sont étroitement mêlées.
Un frisson aussi glacial que bouillant cloua la jeune femme.
- Je dois me... me sacrifier pour m... mon peuple ?
- C'est ton devoir, oui. Tu dois le faire une fois que tu auras tout accompli.
- Et les miens ? demanda Ana le cœur au bord des lèvres.
- Tes soldats vont te survivre, tout comme ton peuple. Seule ton âme sœur peut te survivre si tu te sacrifies. Si tu te fais tuer, elle mourra avec toi.
- Et si c'est elle qui se fait tuer ?
- Tu survivras et tu deviendras folle.
Il y eut un moment de silence lourd. La jeune femme se toucha le bras à plusieurs reprises.
- Une dernière chose Kosilka, intervient l'ombre tout en disparaissant. Tu ne peux pas avoir d'enfants, ce droit t'a été hotté quand tu étais enfant.
Ana se retrouva seule dans cet autre Mira un certain temps. Debout, à peine consciente, elle ressassait cette étrange conversation.
- Ebat'... dit-elle en se laissant tomber au sol. J'veux pas de tout ça...
La jeune femme nicha son visage dans le creux de son coude qui était lui-même sur son genou replié. Elle ne pleura pas, ne cria pas c'est à peine si on aurait pu l'entendre respirer, alors que de son côté Anton hurlait son prénom a plein poumon.
Un mouvement attira son regard, tout en levant le visage elle aperçut qu'elle n'était pas seule. Au loin, un jeune homme la regardait. Absolument tout son corps se mit en alerte. Elle se releva et serra les dents. Avec son bâton elle se sentait bien plus forte, c'est bien grâce à cela qu'elle ne ressentit aucune peur.
L'autre aussi la regardait aussi.
Ils se regardèrent sans bouger, Ana comprit qu'il s'agissait de l'autre. Son ennemi si semblable. Une aversion naquit en elle. La jeune femme ressentit le besoin de le tuer, ce besoin était fort qu'il l'empêchait de respirer. Pourtant, elle ne pouvait pas le faire maintenant.
Incapable de bouger ses membres, elle ne put qu'assister à sa disparition avant de constater qu'elle aussi disparaissait.
- ANA !!! le hurlement du colosse fit grincer la jeune femme qui venait à peine de revenir dans son Mira. Ebat' ! t'es enfin là !
L'ami la rejoignit en deux pas et posa ses deux énormes mains sur chacun des bras de sa Kulka. Cette fois-ci il la prit entre ses bras et la serra quitte à lui briser les os.
Tous les deux voulaient parler ce qu'il venait de se passer, mais aucun des deux ne savait quoi dire.
- C'est dingue tout ça.
- Je ne sais pas quoi en penser, avoua la jeune femme en se détachant de son témoin.
- Moi non plus... soupira le colosse en ricanant légèrement plus par dépit qu'autre chose. Elle t'a dit autre chose après ?
Elle fit non de la tête. Ana fut incapable de lui dire que d'une façon ou d'une autre elle devait mourir. Non, la jeune femme était incapable de lui dire, elle ne voulait pas lui briser le cœur et encore moins se confronter à sa réalité. Sur son bras, l'ombre remuait en faisant onduler sa peau. L'ami et elle la regardèrent.
- Ça te fait mal ?
- Non, du bout du doigt elle l'a toucha, elle ne ressentit rien de particulier. Je dois lui trouver un prénom.
- C'est ce qu'elle a dit oui, répondit Anton qui suivait du regard les mouvements de sa Kulka.
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