Ni feu, ni charbon, ne sont aussi brûlants qu'un amour secret que chacun ignore.

Lecteur de mon coeur ! comme toujours fais moi signe ^^


Ni feu, ni charbon, ne sont aussi brûlants qu'un amour secret que chacun ignore.

Anonyme.



« Comment te sens-tu l'ami ? Ça va, tu tiens le coup ? J'imagine que oui, tu tiens toujours le coup de toute façon. C'est vrai que je ne t'ai jamais vue flancher. Jamais. Sache que je vais bien, tu dois te demander comment je le sais, puisque je t'écris quelque chose que normalement, je ne sais pas encore. Ce que tu peux être septique sur tout ! Je le sais tout simplement. Comment va notre fils ? Toujours dehors, bien sûr que oui, qu'il est dehors... Il a tout ce qu'il lui faut ? Demande à Zoran de garder un œil sur lui. Discrètement, s'il y arrive. Quoiqu'il est plus discret que toi, n'importe qui est plus discret que toi, l'ami. J'imagine que tu te demandes quand je vais rentrer, et non tu ne peux pas me promettre de retourner toute cette Ebat' de forêt pour me ramener chez nous par la peau du cul.

Je suis bien plus loin que la forêt et la seule et unique raison pour laquelle je ne te dis pas où je suis c'est que tu vas venir me rejoindre. C'est ce que je ferais.

En faite l'ami, c'est ce que je souhaite. Oui je crève d'envie que tu débarques ou je suis, que tu me hurles dessus et qu'on rentre à la maison.

Ebat'...

Il ne faut pas. Je ne peux pas céder à cette envie, sinon tout va partir en vrille. On s'est bien trop battus pour ce résultat alors, non, on ne foutra pas tout ça en l'air à cause de nous. De ce que nous sommes. »

« De ce que nous sommes », le colosse relut cette phrase deux puis trois fois de suite. Une trop rare sensation de chaleur lui parcourut les veines. Elle ne reniait pas ce qu'ils étaient, eux et non ce que leur condition avait fait d'eux. Anton sourit d'une façon presque unique.

« Je tiens à te montrer un souvenir en particulier, il est vieux, mais il est juste à nous ». L'écriture n'était plus aussi nette qu'auparavant. Ana avait tremblé en écrivant ces derniers mots. Les traces d'un Palec se dessinaient sous ses yeux. L'empreinte-lui paraissait petite puis, il se souvenue que ces mains étaient petites.

L'ami soupira, son souffle trembla lui aussi. Avec ses deux mains bien accrochées sur ses cuisses et ses épaules voûtées, personne ici bas n'aurait pu croire que c'était un témoin. Le témoin de la Kosilka qui se battait en première ligne avec ses soldats, l'un des plus terribles de l'histoire de ce Mira.

Un nœud venait de se former dans son estomac, ce n'était ni la faim ni l'angoisse qui rongeait cet homme aux dimensions extravagantes, même pour ce Mira. Ce sentiment était bien plus vieux que tous ces instincts primaux, plus fort aussi. Il l'avait déjà ressenti et s'en était délecté à chaque fois.

Il expira et posa son doigt sur le Palec suivant avec un sourire presque timide.

- Tu m'expliques pourquoi tu veux casser ce mur ? Lui demanda la jeune femme en pointant ledit mur du doigt.

- Au cas ou...

- Au cas ou de quoi ? S'agaça la faucheuse en laissant retomber son bras le long de son corps.

Cela faisait bien dix minutes que le colosse avait osé suggérer de briser le mur qui les séparait. Leurs deux maisons avaient le mur du salon en commun et l'ami avait pour objectif de le faire « sauter » comme il le lui avait si délicatement dit. Ce qu'il ne lui avait pas dit par contre, c'est qu'il ne supportait plus cette idiote de séparation. Ils avaient toujours vécu plus ou moins ensemble. De son côté sa Kulka, était bien tenté de dire oui. L'idée de démolir cette barrière à coup de poing lui avait effleuré plus d'une fois l'esprit, parfois avec une envie dévorante sans jamais trouver le courage de franchir le cap.

C'était idiot, elle le savait. Ce qu'elle savait aussi c'était que l'ombre au fond de son cœur était toujours là. Guettant avec patiente le meilleur moment pour l'engloutir dans son puis sans fond à tout jamais. Depuis un certain temps maintenant, la jeune femme regardait l'ami d'une façon différente. Il était toujours lui, aussi puissant que vaillant, et sa voix était toujours un rempart contre sa folie qui la rongeait un peu plus chaque jour, mais il avait ce petit quelque chose en plus qui attirait son regard. Elle n'aurait pas vraiment su dire quoi. Pourtant, cela lui faisait bondir son cœur dans sa poitrine et l'ombre se tenait toujours tranquille quand cela se produisait.

Puis, la peur prenait le relai. La faucheuse avait peur de tout. D'elle, de lui, de ce désir qui lui brulait les entrailles et encore d'elle. Parfois, elle s'imaginait des choses et avant que ses joues ne rougissent des images du gros venaient planer au-dessus d'elle. Ana était vulnérable quand elle se laissait aller, alors elle ne devait pas le faire. Pour leur propre bien, pour le sien. Surtout pour celui de l'ami, elle avait peur de le détruire, elle se savait capable de le faire. Alors, elle se devait de résister. Pour lui.

- De toute façon c'est non ! Doué comme t'es tu vas tout foutre en l'air ! Conclus la jeune femme en passant devant lui pour atteindre la cuisine. Elle avait visé juste et elle le savait.

Anton n'était toujours pas réputé pour son adresse. Il attrapa son bras quand elle passa devant lui, sa main si grande entourait complètement son membre sans la blesser. Quelque chose crépita entre eux. Ils évitèrent de se regarder et tentèrent d'ignorer leurs poitrines douloureuses.

- Ana.

- Tout va bien, l'ami. Tout va bien...

Il la relâcha, un odieux pincement leur tordit les entrailles.

Quand sa porte d'entrée claqua dans son dos, la faucheuse se prit la tête entre ses mains, soupira et sortit à son tour de chez elle. Anton chez lui perçut le moment exact où sa Kulka sortit de chez elle, ne pas bouger fut pour lui atrocement douloureux.

Il se jurait dix fois par jour de tout lui avouer et dix fois par jour, il renonçait. Dans le fond, il avait tout aussi peur de se faire rejeter que de tout détruire. Entre eux, tout tenait grâce à un équilibre fragile qui un jour serait remis en cause par son âme sœur. Anton, à tort ou à raison, en était persuadé.

Déboussolée et en colère la Kosilka contre elle-même, déambulait dans son village en trainant les pieds. La nuit prenait doucement possession des lieux, faisant naître des ombres tordues à tous les coins de rue. Cela aurait pu être effrayant, si celle de la faucheuse ne lui faisait pas encore plus peur. Un jour, elle l'avait personnifié et son esprit abimé lui avait donné son visage. Même traits, mêmes proportions, mêmes couleurs, mais, un sourire sombre et sournois ornait ses lèvres. Elle s'était fait peur. Depuis ce jour, la jeune femme se promit de se tenir loin de ce double maléfique qui n'était autre qu'elle.

Quand l'un des siens la croisait, il la saluait d'un respectueux hochement de tête, seul quelques-uns lui adressaient directement la parole.

Elle se laissa tomber sur les fesses sur l'herbe tendre de la pleine avec une bouteille à moitié vide d'alkogol' dans une main. Archi sortit sa petite tête de son poignet et se laissa, à son tour, glisser sur l'herbe. Il prit en volume et entoura sa maitresse avec son corps. Elle avait besoin d'être dans sa bulle et son familier l'avait ressenti. Seule, elle put enfin tenter de mettre de l'ordre dans ses idées.

Quand elle renifla, Archi resserra un peu plus ses anneaux autour d'elle. Le familier ne supportait pas l'idée que sa maitresse souffre. Il savait pertinemment qu'il n'y pouvait rien, que ses maux ne pouvaient pas se soigner si facilement. Cela lui fit mal.

Aucune larme n'avait franchi la barrière de ces cils quand un sentiment d'urgence la prit presque deux heures plus tard. Quelque part, on avait besoin d'elle. L'un des siens, à proximité d'un clan neutre, l'appelait. Elle se devait d'y aller. Maintenant. La flamme mauve et grise en son centre dansait frénétiquement dans un coin de son cœur, lui indiquant son emplacement.

- On y va Archi, le serpent reprit sa taille habituelle et serpentait déjà devant elle a toute vitesse. Zoran ! l'interpellé se retourna vers elle avec un air surprit coller sur le visage. Va voir l'ami, dis-lui qu'on m'appelle, je reviens bientôt. Dis-lui de veiller...

Le soldat ne peut entendre le reste de son message, la faucheuse était déjà bien loin. Quand Anton entendu ce que son ami avait à lui dire, un grognement lugubre s'échappa de ses lèvres. Il broya quelques mots entre ses molaires, que Zoran comprit tant bien que mal et referma la porte sans aucune autre forme de procès.

- Merci, fais de ton mieux, c'est sympa, t'as une petite soif ? grogna le soldat en enfonçant ses mains profondément dans ses poches. Quelques coutures lâchèrent, mais cela ne l'arrêta pas.

Elle n'avait pas dit quand elle reviendrait. Ce détail le rendait fou de rage. De son côté, Ana et son serpent atteignirent leur destination en un temps record. Plus presser de rentrer chez eux qu'autre chose.

- Cessez de vous cacher. C'est vous qui m'appelez, pas le contraire. Gronda la jeune femme en mettant pieds à terre. Ses cheveux emmêlés lui donnaient l'impression de peser des tonnes sur son cuir chevelu.

Un petit groupe d'humain, précéder par un soldat rachitique sortirent à grande peine d'une grotte.

- Depuis quand n'avez-vous pas mangez ?

Devant leur mutisme Ana fit un signe a Archi, ce dernier reprit sa taille normale et partit chasser. Sans un mot, elle rassembla du petit bois alluma un feu sans magie. Elle aimait faire les choses par elle-même, ressentir le résultat de ses actions et quelque part elle se disait que cela leur ferait peut-être moins peur. Le Familier revint rapidement en trainant facilement un énorme cerf à cinq pattes. Toujours en silence, elle se mit à préparer la viande devant le regard étonné des siens. Ils savaient tous qui elle était, et pour rien au Mira ils se disaient qu'une personne comme elle faisait ce genre de tache.

Seulement, Ana faisait ce qui lui plaisait sans se soucier de savoir si cela se faisait ou non. Le soldat s'agenouilla à côté d'elle et sortit un couteau, tout en l'imitant il lui jetait de petits coups d'œil furtif.

- Si tu tiens à me regarder, fais-le franchement soldat. Je ne tue pas pour un regard, crut-elle bon d'ajouter devant sa mine déconfite. Le soldat prit son courage à deux mains et la regarda

franchement.

Elle n'était pas du tout comme il l'avait imaginé, déjà c'était une femme. Une jolie femme. Son étrangeté la rendait belle à n'en pas douter. Ensuite, des tas de fantômes dansaient dans son regard blanc, mais le sourire qu'elle lui accordait était doux. Il fronça les sourcils. Elle était dangereuse et même si cela ne se voyait pas, il se doutait qu'elle pouvait éliminer dix personnes en un battement de cœur. Le bâton qui était accroché ç sa hanche par un entremêlement de lambeaux de cuir, était particulier aussi, jonché de symbole étrange qui puait la magie et le sang. Un bout de tissus crasseux, qui fut surement rouge autrefois, y était accroché et flottait sous la légère brise qui leur parvenait.

- C'est un souvenir soldat. Intervient la faucheuse en le voyant le regarder intensément. Il ne lui répondit pas, s'affairant sur sa tache en silence. Ana ne dit rien, pourtant elle perçut parfaitement la faible rougeur grandir sur ses joues.

Dans leur dos, un humain continuait d'attiser le feu et un autre préparait des bouts de bois pour la cuisson de la viande.

- Les plus faibles et les enfants en premier imposa la Kosilka en se relevant. Ses genoux grincèrent sous l'effort, elle ne releva les yeux qu'une fois qu'elle finit d'épousseter ses vêtements.

La fatigue commençait à se faire ressentir et l'envie de rentrer chez elle était encore plus pressante.

Pendant un moment personne ne parla, ce silence pesant et mettait tout le monde mal à l'aise. Pourtant, Ana ne le romprait pas. Comme toujours, quand elle était seule avec les siens une guerre interne faisait rage en elle. Parler oui, peut-être, mais pour dire quoi ? Elle ne savait pas, alors elle se taisait et quelque part cela l'arrangeait autant que cela l'angoissait.

Ils se mirent à manger, toujours en silence, tous ne cessaient de la regarder. Ils attendaient quelque chose et Ana doutait de pouvoir le leur donner.

- Allez-vous nous tuer ? l'interrogea l'un d'eux en fixant intensément son bout de viande à peine cuit.

Aucun n'avait pris la peine de la cuire correctement, ils avaient trop peur qu'elle leur interdise d'une seconde à l'autre de se nourrir.

La faucheuse soupira fortement par le nez, se leva, saisit le bout de viande et le piqua sur une broche improviser avant de le remettre au-dessus du feu. Elle prit le temps de le cuire suffisamment, devant tous leurs regards aussi écarquillés de peur que curieux avant de se retourner pour le redonner à son propriétaire.

- Seuls ceux qui ont un bout de viande suffisamment cuit ont le droit de parler.

Elle se remit à manger sans un mot de plus, Archi serpentait autour d'eux tout en sifflant joyeusement. Parfois, il glissait son nez dans les poches des uns et des autres. Il ne trouva rien d'intéressant. La faucheuse ne dit rien, pourtant elle avait bien senti une autre âme dans la grotte. Sa flamme était très faible. Elle fit mine aussi de ne pas voir que l'unique soldat cachait des bouts de nourriture dans l'une de ses poches. Le familier le laissa faire, curieux.

Toujours sans un mot, Kosilka se leva et se dirigea vers la grotte. Beaucoup de souvenirs explosèrent dans son esprit. Elle tenta de les évacuer en secouant la tête de gauche à droite plusieurs fois d'affilé. Le soldat se leva d'un bond et passa devant elle, son maigre corps faisait en repart entre elle et l'entrée de pierre.

- Pourquoi ? demanda le plus simplement du monde la jeune femme en touchant son arme du bout des doigts.

Il ne répondit pas, luttant contre l'envie de se battre contre elle et succombant au besoin de protéger son précieux fardeau.

- Si tu ne me donnes pas une bonne raison de ne pas rebrousser chemin soldat, pousse-toi.

Il déglutit avec peine. Son corps tremblait et son estomac, fraichement plein, menaçait de se vider de nouveau sur l'herbe éparse et brulée. Il ne dit rien, Ana prit sur elle et avança.

Quand il l'a saisi par le bras, elle lui jeta un regard de travers tout en haussant un sourcil.

- Vraiment, soldat ?

- Je...

- Une seule bonne raison soldat. Contre attaqua la jeune femme en dégageant son bras d'un mouvement sec. Juste une.

- Elle est malade, souffla à grande peine l'homme en baissant les bras et les yeux.

Elle eut pitié. Et mal, terriblement mal.

- Tu as peur de moi ? Répond moi soldat ! Quand sa voix claqua dans l'air, l'homme se raidit

d'un coup.

Honteux, il finit par baisser le menton. Ce n'était pas juste d'elle qu'il avait peur, ça Ana le comprit sans peine. Ce qu'elle était faisait peur. Les mains de la Faucheuse trahirent son état d'esprit.

D'un coup d'épaule, il tangua et recula de plusieurs pas. La jeune femme passa devant lui et entra enfin dans la grotte sous les regards des siens.

« Malade », c'est ce qu'il avait dit d'elle. Ana, aurait plutôt dit mourante.  

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