Le maître doit faire honneur à sa maison et non la maison au maître.
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Le maître doit faire honneur à sa maison et non la maison au maître.
Cicéron
Le cœur du colosse s'affola avant qu'il ne puisse réellement la voir. Il l'a senti aussi, elle puait le sang et la mort. Les spleinirs le sentirent également, ils s'agitèrent dans leur parc tentant de briser les barrières en les frappant avec leurs sabots fendus. C'est à peine si l'ami se tourna pour les observer. Il s'entendit déglutir et se sentit s'essuyer ses mains sur son pantalon. Il angoissait tout autant qu'il était pressé de la revoir.
- Tu ne le sens pas chef ?
- Tout va bien. Grogna l'ami.
Zoran n'en demanda pas plus, il se mit à observer la forêt priant un Bog qu'il avait toujours maudit pour que la Kosilka rentre vite.
- Elle est là.
Au loin, le maudit vent se réveilla balayant tout ce qui se trouvait bien au-delà de leurs regards.
Ana n'eut pas besoin d'être entièrement visible pour que le sang de ses soldats se glace dans leurs veines. Elle était couverte d'hémoglobine séchée et marchait trop lentement. Les tripes d'Anton partirent en fumée et ses genoux eurent une faiblesse. Il dut faire appel à tout son contrôle pour ne pas la prendre dans ses bras et ausculter chaque millimètre de son corps. Il la laissa s'approcher se promettant de ne pas bouger d'un iota. Ce fut un calvaire.
- Vous êtes chez vous. Dit la jeune femme en se retournant complètement vers les nouveaux venus, ici on prend soin les uns des autres. Conclut la faucheuse en se dirigeant de nouveau chez elle. Et on fait tous quelque chose, rajouta la jeune femme en reprenant son chemin aussi dignement qu'il le lui était possible.
- Bienvenue Kosilka, soupira le colosse quand elle arriva enfin à sa hauteur. Son regard la survola sans s'arrêter, la voir ainsi lui faisait bien trop mal. Es-tu blessé ? Personne à part eux deux ne pouvait entendre ces quelques mots sifflés entre ses dents.
- Je vais bien, ce n'est pas le mien. Anton opina du chef, son soulagement détendait ses traits. Je te laisse les accueillir. Voulut conclure la jeune femme pressée de se retrouver entre ses murs. Et seule.
- Zoran va le faire. Zoran !
- Oui chef, bon retour Kosilka. Ana le remercia rapidement d'un bref mouvement de tête sans le regarder.
- Occupe-toi de les installer, nourris-les et soigne-les si besoin.
Le soldat partit s'occuper de tâche rapidement. À peine un instant plus tard, ils se firent dépasser dans un brouhaha peu habituel.
Ana et Anton étaient si proche l'un de l'autre que personne ne put s'apercevoir que cette dernière avait serré son poing sur le haut de l'ami. Lui l'avait senti et s'était rapproché un peu plus d'elle. Ce tout petit instant de proximité, coupé du monde, leur rendit un peu de leur force.
- Viens dans ta nouvelle maison Kulka.
Ana haussa un sourcil interrogateur et se baissa pour aider Archi à grimper sur elle. Le familier était à bout de force, plus d'une fois elle lui avait dit qu'ils pouvaient marcher, mais le serpent ne l'avait pas écouté. Pas pour leur bien-être, mais pour le confort de sa maitresse. S'ils avaient été attaqués, elle lui aurait ordonné de fuir avec les siens sur son dos. Et le familier n'aurait pas pu supporter de la laisser se battre seule.
Elle le suivit sans un mot, mobilisant ses dernières forces pour marcher aussi vite que l'ami. Le colosse ralentit le pas, conscient de son état, conscient de son épuisement.
La façade de sa nouvelle maison la laissa perplexe. Elle n'eut pas besoin de lever le menton pour la regarder de la base au toit. Ana se tourna vers l'ami et ouvrit grand les yeux.
Le colosse laissa échapper un petit rire quand il vit le visage décomposé de la faucheuse.
- Que du bois...
- Je savais que tu allais adorer.
- Magnifique, grinça cette dernière avant de passer le pas de la porte.
Après un rapide coup d'œil sur sa droite, la faucheuse aperçut que les nouveaux venus entraient dans leur ancienne demeure. Zoran et quelques autres soldats les entouraient, le reste était dispersé tout autour de leur village pour le protéger.
L'esprit de la faucheuse s'apaisa.
L'intérieur était comme l'extérieur, tout en bois et avec des meubles dépareillés. Aucune chaise qui entourait la grande table en bois n'était identique. Un petit bureau et une chaise étaient contre la fenêtre à côté de la porte d'entrée. Face à la table, un amas de peaux rembourré avec, en grande partie, des feuilles et du foin trônait. La jeune femme aperçut aussi trois autres portes et une pièce supplémentaire. La tête lui tournait, jamais elle n'en avait eu autant.
Le colosse lui laissait le temps d'observer son nouvel environnement, il se doutait qu'elle avait déjà remarqué que toutes ses affaires étaient sur la table.
Ana se laissa tomber sur le tas de peaux chaud et confortable, un brouillant soupire s'échappa de ses lèvres. Chaque parcelle de sa peau la démangeait et la tirait, la fatigue alourdissait son corps. Elle n'avait pas encore lâché son bâton.
Un silence confortable prit place entre ces deux êtres, Anton ne pouvait s'empêcher de la regarder encore et encore cherchant la moindre trace de coupure. Il crut apercevoir un bleu sur sa joue, mais il n'en était pas sûr.
Il sortit de sa poche le bout de tissus crasseux et le rendit a Ana, avec un sourire elle le noua autour de son arme et laissa sa tête dodeliner un instant.
- Et si tu allais te laver ?
- Pourquoi j'habite ici maintenant ? demanda en même temps la jeune femme sans ouvrir les yeux. Elle était épuisée.
Anton soupira un petit rire forcé.
- Pas assez de temps pour construire plus de maisons, il accompagna sa réponse qu'un haussement d'épaules.
- Il y a un endroit pour se laver ?
Du menton, il lui montra une des trois portes. Sans un mot, à peine un soupire, elle se leva et s'y dirigea avec peine. Anton prit sa place sur le tas de peau et décida d'attendre qu'elle sorte de la salle de bain.
Un énorme bac en pierre avec deux sceaux était sur le fond, un petit meuble de rangement, sur sa gauche, était plein de serviettes et de quelques affaires. Ana y fit glisser son doigt, sur le mur de droite un miroir fissuré lui renvoyait son image. La jeune femme grimaça. Sa peau, ses cheveux, ses vêtements étaient maculés de sang et de boue sèche.
Un nouveau soupir s'échappa de ses lèvres.
Elle ne prit pas le temps de réchauffer son eau. Tout ce que la jeune femme voulait c'était de se débarrasser de cette seconde peau collante et sentir autre chose que cette peur poisseuse qui l'empêchait de respirer.
Anton n'avait pas bougé d'un iota quand elle refit son apparition, son regard se durcit.
- Ta joue.
- Un seul coup.
- Un de trop. Gronda plus fort le colosse en se levant, sa main effleura sans gène son visage. Ses doigts s'arrêtèrent juste avant sa cicatrice.
- Je ferais plus attention la prochaine fois, elle saisit sa main et captura ses doigts entre les siens.
- Je t'accompagne, la prochaine fois.
- Non. Cingla sa Kulka en le regardant droit dans les yeux.
Le colosse eut l'impression de recevoir une claque en plein visage. Il se sentit abandonné.
- Tu es le seul en qui j'ai confiance pour garder village en sécurité. L'ami accusa le coup en serrant les dents.
- Tu ne veux pas de moi.
- Quoi ? non j'ai jamais dit ça ! Se renfrogna la Kosilka tout en s'éloignant de lui, véritablement blessée par cette remise en question. Elle en profita pour se laisser tomber de nouveau sur le tas de peau.
Ils se regardèrent, se toisaient, avant qu'Anton fasse un pas en avant et entoura la jeune femme entre ses bras.
- Je n'aime pas te savoir seule. Je, continua son témoin d'une voix plus forte, ne supporte pas l'idée que tu sois blessé.
- Je vais bien.
Incapable de rajouter quoi que ce soit d'autre ou de faire quelque chose de cohérent, il se détacha d'elle et sortit pour s'enfermer chez lui. Le colosse avait le cœur en vrac, entre autres.
Ce ne fut que le surlendemain qu'Archi fût capable de se détacher de la peau de sa maitresse, le familier en profita pour se prélasser au soleil devant chez eux. La marque sur la joue de la faucheuse devint noire et aucun de ses soldats ne pouvait le regarder sans éprouver de violentes envies de massacres.
- Comment tu t'es organisé pour les nouveaux ?
- Bonjour à toi aussi, Kulka, s'amusa le colosse en la voyant arriver.
- Bonjour à toi aussi l'ami, rétorqua la jeune femme avec tout le sarcasme dont elle était capable. Cela fit sourire Anton, elle allait mieux. Physiquement du moins.
- Chef, Kosilka, intervient Zoran, avec un bref signe de tête, qui n'était pas loin. Les Spleinirs ont encore brisé leurs barrières.
- Laisse-les en liberté.
Anton regarda sa Kulka, elle opina du chef.
- Que font les nouveaux soldats ? demanda la jeune femme à l'ami du colosse.
Ce dernier fut si surpris qu'elle lui adresse directement la parole qu'il resta muet un instant avant de se reprendre rapidement.
- Les plus jeunes sont déjà sur pieds et aident à couper du bois, les humains en forme montent leur propre maison et les soldats veulent s'entrainer.
- Qui les nourrit ? Le soldat resta muet, il ne sut quoi lui répondre, puisque personne n'a proprement dit ne s'occupait de ce genre de tâche. Demande à un petit groupe d'humain de s'en occuper et trouve en d'autres pour la chasse et la récolte. Je veux que les réserves soient toujours pleines.
- Bien Kosilka. Le soldat opina du chef et tourna les talons rapidement.
- Soldat ! ce dernier, électrisé par l'ordre indirect de la faucheuse se retourna d'un coup. Fait en sorte qu'une cuisine correcte et constamment ouverte soit là-dedans. Du menton Ana désigna leur ancienne demeure.
Anton se prit un violent coup de coude dans le ventre quand il se mit à applaudir la jeune femme.
- Comment trouves-tu ton nouveau chez-toi ?
- Bordélique.
Les deux amis rirent de bon cœur, leur moment de félicité venait de s'estomper pourtant ils se sentaient bien.
Devant eux, tout en haut de la colline au milieu des Spleinirs, un tas de petites maisons faites en bois sortaient de terre. Une, plus grande que les autres, avait une forme étrange. Sa base était large et un peu bancale, son deuxième étage était plus petit et son toit rond. Leur ancienne demeure ne ressemblait à rien, pourtant elle se transformait peu à peu en lieu le plus important du village.
- C'est notre bordel à nous.
- J'aurais pas mieux dit...
Archi serpentait vers eux paresseusement, Ana comprit qu'il n'était toujours pas au mieux de sa forme quand il évita les spleinirs au lieu de faire mine de leur mordre les pattes.
- Tiens, l'ami tendit une bouteille d'alkogol' à sa Kulka. Il avait d'abord été contre, il ne voulait pas qu'elle s'enivre. Puis, il s'était dit que ce ne serait pas aussi dramatique que ce qu'elle venait de vivre. Qu'ils allaient vivre.
- Toi ? Me donner de l'alcool ? s'étonna Ana avant de saisir la bouteille, elle regarda le liquide onduler. Transparent comme de l'eau et aussi épais que de la boue. Elle se dit qu'elle allait s'étouffer en buvant ça.
Anton lui reprit la bouteille des mains en avala de grosses gorgées. Ana l'observa, elle voyait son profil non tailladé. Il avait quelque chose d'hypnotisant dans sa façon de faire les choses. Toujours avec beaucoup trop de sérieux et de passion.
Sa première gorgée ne fut pas une réussite, sa trachée venait de prendre feu. La kosilka se mit à cracher le reste de sa boisson sur la pelouse, Anton, allongé sur le dos, hurlait de rire en tapant du poing sur le sol. Il roula sur le côté quand la jeune femme leva la main pour le frapper sur le torse.
- Ebat' ! C'est quoi c'te merde !
- Pas de gros mots ! Un truc pour les grands, gamine ! rajouta le colosse en saisissant son poing.
Vexée, elle porta de nouveau le goulot de la bouteille à ses lèvres et prit une plus petite gorgée cette fois. Cette fois, elle ne cracha pas et trouva ça presque bon.
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