3⚔️Le coût de la faiblesse


SIRYASIUS


Siryasius, depuis son ascension à la surface il y avait cinq ans, avait découvert en lui-même des plaisirs insoupçonnés, des appréciations inattendues pour les merveilles du monde des mortels.

Peut-être était-ce l'influence de sa moitié humaine, un héritage longtemps refoulé qui, maintenant, trouvait son chemin vers la lumière.

Il s'émerveillait devant l'immensité de la mer, ses vagues éternelles qui se brisaient contre le rivage dans un ballet incessant.

Dans les forêts, il se plaisait à errer, fasciné par le jeu de lumière à travers les feuilles, le murmure du vent dans les branches, et la mélodie apaisante des oiseaux.

Le vent était une caresse sur sa peau, une sensation qu'il n'avait jamais connue dans les profondeurs étouffantes de l'Enfer. Il aimait sentir ses courants, tantôt doux et caressants, tantôt furieux et impétueux, sur son visage.

Au-delà de tout, Siryasius éprouvait une fascination étrange et déconcertante pour l'odeur du bois brûlé.

Curieusement, cette odeur lui parvenait toujours lors des confrontations avec Rizael.

Chaque fois que le demi-elfe se dressait devant lui, prêt à l'affrontement, l'air semblait se charger d'une fragrance mêlant le bois calciné à des notes plus subtiles de bergamote.

Et lors des rares moments où Rizael venait si près que son souffle effleurait la peau de Siryasius, une touche de romarin s'ajoutait à ce mélange complexe.

Rizael possédait une essence distincte, un mélange d'arômes qui déclenchait chez Siryasius un tourbillon de sentiments contrastés : une attirance mêlée à une irritation profonde.

Alors à chaque fois qu'il entendait les grognements de leur compagnon dragon, qu'il voyait la lumière des sorts divins de la paladine ou qu'une des plumes du célestien effleurait le sol, l'excitation parcourait Siryasius.

Ces signes annonciateurs présageaient l'approche inévitable de Rizael, son adversaire le plus fascinant et le plus détestable.

Il observait avec une attention particulière chaque mouvement de Rizael, l'élégance et la précision avec lesquelles il se préparait au combat.

Le demi-elfe, sa rapière en main, se positionnait avec une grâce silencieuse, un calme avant la tempête. Puis venait cette phrase, prononcée avec une solennité presque rituelle :

— Tu peux encore tout arrêter.

Siryasius ne pouvait s'empêcher de laisser échapper un rire moqueur à ces mots, chargé d'une ironie amère et d'une provocation délibérée.

Puis, avec une rapidité fulgurante et un sourire en coin, il se lançait dans le combat, accueillant le défi que Rizael lui lançait.

Rizael faisait danser sa rapière dans l'air, tranchant et parant avec une élégance mortelle. Siryasius, pour sa part, utilisait sa force démoniaque et sa rapidité surhumaine pour déchaîner des séries d'attaques brutales.

Leur combat était un mélange de force brute et de finesse technique, une symphonie de mouvements où chaque geste, chaque esquive, avait son importance.

À un moment, Siryasius réussit à surprendre Rizael, esquivant habilement un coup avant de se rapprocher dangereusement.

En un instant, il saisit Rizael par la taille, le tirant contre lui dans un mouvement qui tenait plus de la danse que du combat. Leur proximité était telle que Rizael pouvait sentir le souffle de Siryasius contre son visage.

— Encore une fois, tu danses remarquablement bien. Dommage que ce soit toujours dans un contexte si conflictuel, susurra Siryasius, son sourire suffisant trahissant son amusement devant l'embarras visible du demi-elfe.

Rizael, sentant la pointe de ses oreilles s'empourprer malgré lui, était tiraillé entre la gêne et une exaspération grandissante.

Siryasius, avec sa malice coutumière, parvenait à chaque rencontre à l'ébranler, le plaçant dans une situation inconfortable où il devait batailler pour garder son flegme.

Son agacement était palpable, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de reconnaître l'adresse avec laquelle Siryasius manipulait la situation.

Tentant de reprendre le contrôle, Rizael riposta avec un mouvement brusque, cherchant à se libérer de l'étreinte du démon.

« Je le hais. Je le hais. Je le hais. » marmonnait intérieurement Rizael, chaque fois face à son némésis.

Alors que Rizael reprenait l'offensive, ses gestes devenaient plus fébriles, amplifiés par les incessantes provocations de Siryasius. Le combat gagnait en intensité, les lames s'entrechoquant avec une rapidité et une précision mortelle.

Soudain, dans une manœuvre audacieuse, Siryasius désarma Rizael, projetant sa rapière hors de portée. Se retrouvant à une distance dangereusement rapprochée, le démon saisit l'occasion pour lancer une nouvelle raillerie.

— Tu sais, il y a un certain charme dans ton mutisme agacé. Si toutes mes victimes pouvaient te ressembler, la conquête serait bien plus plaisante.

— Tu n'aurais pas conquis autant de cités mortelles, démon, répliqua Rizael, son ton acéré.

— Oh, après toutes ces années à croiser le fer, tu pourrais au moins me faire l'honneur de m'appeler par mon prénom.

Rizael, exaspéré, mais gardant son sang-froid, adressa à Siryasius un regard glacial. Prenant une profonde inspiration pour contrôler son irritation, il recula d'un pas, évaluant rapidement ses options.

Sans arme, il devait improviser. Soudain, avec une rapidité inattendue, il se précipita vers l'endroit où sa rapière gisait, tout en préparant discrètement un sort en guise de riposte.

Siryasius, observant attentivement, éclata de rire devant cette réaction.

— Toujours aussi prévisible. Et attaché à ton jouet pointu.

— Pas si prévisible que cela.

Rizael, le regard vif et l'esprit en ébullition, déroula rapidement un parchemin de sortilège, murmurant une incantation d'une voix ferme et assurée.

Sous ses pieds, la terre se mit à trembler légèrement, alors que des lianes épaisses et robustes jaillissaient du sol, s'enroulant autour de Siryasius. Le démon se retrouva piégé dans un enchevêtrement de végétation magique.

Siryasius, surpris, mais nullement inquiet, commença à déchirer les lianes avec une aisance déconcertante, un sourire moqueur aux lèvres.

— Vraiment, tu pensais que ces petites plantes pourraient me retenir ?

Cependant, Rizael n'avait pas l'intention de s'en remettre uniquement à la magie du parchemin. Profitant de la distraction de Siryasius, il s'approcha rapidement et, dans un geste audacieux, enlaça la taille du démon avec ses bras, le maintenant fermement contre lui pour l'empêcher de bouger.

— Si tu voulais tant un câlin, il fallait le demander. Je t'aurais brisé les os et la mélodie en aurait été exquise.

Tandis qu'il se préparait à repousser Rizael avec force, un sifflement perçant fendit l'air.

Du firmament, une flèche éclatante, décochée par Moon, trancha les nuages, mais fut habilement esquivée par le cambion.

Ce n'était pas la première fois qu'il frôlait le danger incarné par les tirs du célestien, esquivant chaque fois avec une aisance qui défiait l'entendement.

Pourtant, une question taraudait l'esprit de Siryasius : pourquoi l'immobilisation ? Ce stratagème n'avait jamais porté ses fruits par le passé ; en quoi serait-il différent cette fois ?

— Rizael ! cria Moon, ses ailes angéliques battant avec urgence. MAINTENANT !

Siryasius comprit soudain que Moon n'était qu'un leurre, une distraction. Le véritable danger se tenait toujours contre lui.

Il baissa les yeux, trop tard, pour apercevoir la lame argentée d'une dague plongeant dans sa chair. Une arme qu'il reconnue, conçue spécifiquement pour les chasseurs de démons. Forgée dans un métal si précieux et rare que sa valeur équivalait à celle de centaines de vies humaines.

Le métal, froid et impitoyable, s'enfonça profondément, libérant une énergie puissante et sacrée.

Les yeux de Siryasius s'élargirent sous l'effet de la surprise et de la douleur, réalisant trop tard que l'étreinte de Rizael n'était pas un acte de désespoir, mais un piège finement orchestré, la clé de leur stratégie pour le neutraliser.

Le cri de douleur de Siryasius déchira l'air, un son brut et primal témoignant de sa souffrance. Il s'effondra au sol, son corps autrefois invincible semblant céder sous la puissance magique de l'arme.

Moon, ses ailes d'ange déployées dans toute leur majesté, atterrit doucement à côté de Rizael, un sourire de soulagement illuminant son visage.

— Nous l'avons fait, Rizael. Sans sacrifice, dit-il, sa voix emplie d'un espoir renouvelé. Nous allons pouvoir le bannir d'ici.

Il posa une main réconfortante sur l'épaule du demi-elfe. Cependant, Rizael, malgré la scène de triomphe devant lui, ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de suspicion.

— C'était trop facile, murmura-t-il, son intuition le mettant en alerte.

La chute de Siryasius, si soudaine et si complète, ne cadrait pas avec la nature rusée et résiliente du démon.

Soudain, dans un mouvement rapide, Siryasius se redressa, un rictus de douleur et de détermination sur le visage.

Avant que Moon ou Rizael ne puissent réagir, il saisit la rapière de Rizael, abandonnée au sol dans la confusion du combat. Avec une force et une précision terrifiantes, il la plongea dans l'une des ailes de Moon.

Un cri de douleur s'échappa des lèvres du célestien, tandis qu'il tombait à genoux, l'aile transpercée par l'arme. La lumière de ses ailes vacilla, comme si la blessure avait entamé son essence même.

— Il aurait dû mourir, gémit Moon, les yeux fixés sur Siryasius. C'est un démon, il n'aurait pas dû survivre à cette lame.

Le cambion se retint de parler de sa nature si particulière venant de lui sauver la vie.

— Vos petites ruses minables ne m'amusent plus.

Dans un élan de rage et de vengeance, Siryasius s'avança vers Rizael. D'une main ferme, il saisit le cou du demi-elfe, le serrant impitoyablement.

Rizael luttait pour respirer, ses yeux cherchant désespérément une échappatoire, une aide, tandis que la pression sur sa gorge augmentait.

Il en était convaincu, cette fois-ci, le démon allait le tuer.

Alors que Siryasius s'apprêtait à donner le coup de grâce, son regard se posa sur Moon, terrassé par la douleur et l'angoisse.

Lorsqu'il comprit les sentiments du célestien pour le demi-elfe, un sourire cruel se dessina sur ses lèvres.

— Quel délice de voir un amant si désespéré...

Soudainement, il relâcha sa prise sur Rizael, le laissant s'effondrer au sol, alors que ce dernier avait déjà perdu connaissance par manque d'air.

— Regarde bien. Vois ce que ta faiblesse a coûté.

Siryasius saisit brutalement Rizael par les cheveux, le hissant sur son épaule avec autant de délicatesse qu'on accorderait à un sac de patates.

— Je veux que chaque jour, tu te rappelles cet échec. De ton impuissante alors que j'emmène celui que tu désires à une mort certaine.

— Démon abject... ! Si tu le blesses, je...

— J'ai réduit en cendres des citadelles entières, et ton petit groupe de rébellion n'a rien pu faire pour m'arrêter. Crois-tu vraiment pouvoir m'effrayer ? Ta misérable existence ne perturbe même pas mon repos.

La voix de Siryasius, chargée de mépris, se fit encore plus tranchante alors qu'il enfonçait davantage la rapière dans l'aile de l'ange, provoquant un cri de souffrance chez ce dernier.

Il aurait aimé prolonger ce moment, savourer la douleur de son ennemi et imaginer ses plumes comme garniture pour ses oreillers.

Toutefois, la brûlure de la dague dans sa chair le ramenait à une douloureuse réalité. Malgré sa façade de froide indifférence, si Moon avait été moins submergé par sa propre douleur, il aurait pu remarquer l'étendue des blessures de Siryasius, le sang qu'il avait déjà perdu.

Regardant la cité embrasée avec un sentiment de regret amer, Siryasius comprit qu'avec ses forces actuelles, il ne pouvait achever la conquête de la cité volante.

Même en éliminant Moon, il lui restait encore à affronter une paladine, un dragon, une arcaniste et probablement d'autres nouveaux venus dans cette équipe qu'il s'était échiné à affaiblir au fil des ans.

Cette fois-ci, il ne tuerait personne... mais il ne repartirait pas les mains vides.

— Etherna ne sera pas à moi ce soir. Pas encore... Mais je peux au moins marquer le coup. Damnation !

Dans un nuage de fumée, son diablotin apparu, indifférent à la lutte désespérée du célestien tentant de se dégager de la rapière bloquant ses mouvements.

— Mon Seigneur ?

— Nous nous retirons. Pour l'instant. Où ont été réunis les otages ?

— Dans l'Église, comme vous l'avez ordonné il y a une heure.

— Alors avertis les autres, et transmets un message à Tumiel.

— Lequel, mon Seigneur ?

— « Brûle l'église et ne laisse aucun survivant ».

Tandis que le diablotin s'éclipsait, Siryasius, malgré la gravité de sa blessure, restait debout, dominant la place de tout son charisme. Son regard se portait vers le ciel, où Tumiel, alertée par son serviteur, s'apprêtait à exécuter ses ordres.

Lorsque la dragonne, répondant à l'appel de son maître, libéra son souffle infernal sur la cité, le cambion resta fasciné par l'éclat des flammes qui dansaient dans la nuit, transformant le ciel en un tableau vivant de destruction.

Cependant, une vague d'insatisfaction le traversa. La destruction de l'église ne suffisait pas à apaiser sa soif de vengeance.

« Bientôt, toute la cité s'embrasera, » songea-t-il, une promesse silencieuse faite à lui-même alors qu'il se détournait de la scène, Rizael inconscient pendu sur son épaule.

Un cri perçant brisa le silence, un son chargé de rage et de douleur, celui de Moon, libéré enfin de l'emprise de la rapière. La détresse de l'ange était tangible, sa colère palpable comme il fixait l'incendie qui se propageait.

Armé de son arc, il matérialisa une de ses flèches célestes, ciblant Siryasius dans une tentative désespérée d'arrêter sa marche.

Mais, comme toujours, le cambion esquiva l'attaque avec une aisance déroutante, les tentatives de Moon ne faisant que souligner son impuissance face à l'ennemi.

Continuant son avancée, Siryasius pénétra dans l'obscurité, jusqu'à ce que Tumiel, toujours sous sa forme draconique, se pose à ses côtés dans un fracas qui réduisit un bâtiment en ruines. La créature s'inclina, offrant son dos à Siryasius pour leur fuite.

La scène se terminait sur une note amère pour la résistance, Siryasius disparaissant dans l'obscurité avec Rizael, laissant derrière lui une cité blessée et des cœurs brisés.

Mais même dans ce moment de désespoir, une lueur d'espoir persistait : la résistance n'était pas vaincue, Etherna était meurtrie, mais toujours libre.

Le combat pour sauver Rizael et vaincre Siryasius ne faisait que commencer.



⚔️PROCHAIN CHAPITRE SAMEDI ⚔️

J'espère que ce début d'histoire vous a plu ! N'hésitez pas à me le dire en commentaire🥰 

Question : Est-ce que le samedi pour les sorties de chapitre vous plait ? Est-ce que vous préférez lire un chapitre coupé en deux sur deux jours (comme avec Always yours, The Vamphex) ou lire d'un coup tout un chapitre même s'il est un peu long ? 🤔

Siryasius devant Moon après avoir capturé Rizael :

N'hésitez pas à soutenir cette histoire en votant/cliquant sur l'étoile et en laissant un petit commentaire. Ça fait toujours plaisir de lire vos retours et ça m'encourage à continuer !

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