29⚔️Un goût de traitrise


SIRYASIUS


Siryasius savait qu'il était certainement tôt ce matin-là et que d'ordinaire, il aurait cherché à s'évader du palais de la Reine Sadique.

Mais pas cette fois-ci.

Entouré par la verdure, la nuit avait été courte, perturbée par l'inconfort de la méridienne et la présence inédite de Rizael contre lui.

Le souffle paisible de son amant effleurant sa peau et le frôlement de ses cheveux sous ses doigts éveillaient en Siryasius une tendresse nouvelle.

Aucun sursaut, aucune impulsion violente ne venait troubler ce moment de sérénité partagée, contrairement à ce qu'il avait connu avec Beatrix. Il se souvint de ce qu'elle lui avait dit avant d'enfoncer ses ongles dans sa main pour qu'il la relâche :

« Il faudrait que je dorme toutes les nuits avec toi pour que tu me fasses confiance et que tu ne tentes pas de me tuer dans mon sommeil. »

Il n'avait suffi que d'une nuit auprès de Rizael pour apaiser les instincts les plus sombres qu'il avait combattus pendant des années.

Alors que le demi-elfe remuait légèrement, cherchant instinctivement la chaleur de sa main, un murmure rauque s'échappa de ses lèvres :

— Ta main... Encore...

— Tu aimes ça ? demanda-t-il en connaissant déjà la réponse à travers le sourire paisible de Rizael qui se nichait plus confortablement contre lui.

Cette proximité inattendue semait en Siryasius une angoisse sourde à l'idée de la liberté retrouvée de Rizael. La pensée de son départ, de son éloignement, le hantait.

« Comment continuer seul, après avoir goûté à une connexion si authentique ? »

La décision du cambion d'accorder la liberté au demi-elfe avait semé en lui une certitude amère : tôt ou tard, Rizael le quitterait. Que son chemin le ramène auprès de la résistance ou vers un nouveau départ, l'éloignement était inévitable.

Face à cette perspective, Siryasius sentait le spectre de la solitude s'immiscer de nouveau dans sa vie, une ombre familière et pourtant insupportable.

— Chut... murmura Rizael. Ton cœur s'emballe pour rien...

Il ne répondit pas et tenta de calmer ses émotions bien trop humaines, cherchant un refuge dans le calme précaire que lui offrait ce moment d'intimité.

Mais leur bulle fut brisée par des coups insistants à la porte, signalant la fin de leur répit.

Avec réticence, Siryasius quitta la méridienne, observant Rizael qui s'étirait paresseusement.

— Qui est-ce ? demanda-t-il devant la porte.

— La maîtresse des lieux.

Il jura avant de lui demander de patienter. Dans la hâte, lui et Rizael s'habillèrent rapidement, Siryasius suggérant à Rizael de rester à l'intérieur pendant qu'il s'occuperait de la situation.

Quand il ouvrit la porte et tomba nez à nez avec Tiam, il la claqua aussitôt dans son dos et se confronta à elle.

La Reine Sadique le dévisageait avec la même expression de profond mépris et de révulsion qu'elle lui réservait depuis son enfance. Elle claqua sa langue dans un geste de désapprobation avant de décréter :

— Je te somme de quitter sur-le-champ les lieux et de ne jamais revenir. Notre pacte est révoqué ; oublie toute attache familiale ou intime qui nous liait.

— C'est là un désir que je caresse depuis longtemps.

— Seul Asmodeus pourrait désormais te venir en aide. N'attends aucun secours des autres monarques infernaux. Aucun ne te portera assistance comme je l'ai fait.

— Tu n'as fait que me mener par le bout du nez, Tiam. C'est fini.

— Oooh ! Tu le penses vraiment ? Et après, quoi ? Tu vas rentrer chez toi, fonder ton royaume et faire du demi-elfe ton prince ? Il est évident que tu t'es laissé manipulé par lui, tu empestes son odeur boisée et tu as osé brandir ton épée contre Asmodeus.

— Je ne suis manipulé par personne. Plus maintenant.

— Vraiment ? Ce mortel va te conduire dans les bras du Dieu de la Mort, comme sa mère. Parce que tu as encore oublié l'essentiel, mon neveu.

S'avançant vers lui, Tiam frappa doucement son torse de son index, un sourire cruel aux lèvres, avant de susurrer :

— Nul ne peut t'aimer. Tu as semé tant de désolation sur ton passage que nul être, terrestre, céleste ou infernal, ne pourrait te tolérer. Et si ça arrive, alors le barde s'est trompé de vocation et devrait jouer sur scène tant il est bon comédien.

— Je souhaite ne plus te voir avant le siècle prochain, cracha Siryasius.

— Et moi j'espère qu'il sera chargé de ton exécution proche.

Siryasius arqua un sourcil et regarda sa tante s'éloigner, le son de ses talons résonnant longuement, jusqu'à ce qu'il réintègre la chambre et croise le regard interrogateur de Rizael.

— Un problème ? fit-il en ajustant sa ceinture.

— Aucun.

— Tu me caches quelque chose, encore.

Rizael s'approcha prudemment, repoussant quelques mèches noires du front de son amant avant de rajuster sa veste.

— La Reine Sadique porte bien son nom, c'est tout. Et je suis exténué.

— Heureusement que nous avions la fiole de Beatrix, sinon je serais incapable de marcher. Ou même de me lever.

— Ou de te réveiller.

Ils partagèrent un sourire complice avant que Siryasius ne s'incline pour lui offrir un baiser tendre, un contraste saisissant avec la passion tumultueuse de la nuit précédente.

L'absence de réaction chez Rizael fit rejaillir une vague de panique en Siryasius, jusqu'à ce que, finalement, le demi-elfe secoue légèrement la tête et murmure avec une certaine hésitation :

— Je suis désolé, c'est juste que...

— Ne t'en fais pas. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je... Entre nous, c'est seulement physique, n'est-ce pas ?

Il se cachait derrière cette affirmation, même s'il ne parvenait pas à y adhérer lui-même, utilisant cette barrière comme un bouclier contre l'angoisse de l'attachement, de l'espoir, du risque de souffrir.

Au cours de cette nuit, il avait traversé un tourbillon d'émotions inédites. Des sensations qu'il n'aurait su nommer et il doutait que Rizael puisse éprouver quelque chose de similaire à son égard.

— J'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir, pour te donner une réponse sincère et définitive. Quelque chose sur laquelle je ne reviendrai pas.

— J'attendrai, aussi longtemps qu'il le faudra. Mais pour l'instant, nous devrions vraiment rentrer avant que ma tante ne perde totalement patience et ne déchaîne sa colère sur nous.

Le demi-elfe acquiesça et, après une quinzaine de minutes, ils se retrouvèrent à l'entrée initiale, face au pont qui menait au palais. Siryasius avança sa main vers Rizael, qui l'empoigna fermement. Ensemble, ils franchirent le portail qui s'ouvrait sur le domaine du cambion.

Arrivé dans le hall silencieux, Siryasius s'étira avant d'appeler Damnation. Il s'apprêta à demander si Rizael voulait aller aux thermes avec lui, lorsqu'il perçut son malaise.

— Quelque chose te préoccupe ? demanda-t-il.

— Non, je... c'est juste étrangement silencieux ici.

— À cette heure, c'est normal. Mais Grall doit déjà s'activer en cuisine... Ah ! Et si on lui demandait de nous préparer des omelettes ?

Rizael parcourait la pièce du regard, une inquiétude croissante peinte sur son visage. Siryasius, intrigué, scrutait l'espace, jusqu'à ce qu'un détail lui saute aux yeux.

— Pourquoi Damnation ne s'est-il pas présenté ? Supplice !

— Siry... Il serait sage de partir maintenant, murmura Rizael.

— Attends, laisse-moi juste... Supplice ? Hm. Calamité ne viendra pas si je l'invoque ainsi. Penses-tu qu'ils dorment ? Ou qu'ils... se rebellent ? Normalement, ils... Riz ?

Avant qu'il ne puisse terminer sa pensée, Rizael, rapière en main, commença à inspecter le hall, les yeux écarquillés, scrutant chaque coin sombre.

— Qu'y a-t-il ? L'atmosphère infernale t'a-t-elle désorienté ?

— Nous devons partir, Siry. Je t'expliquerai en chemin, mais il est impératif que nous quittions cet endroit sans t...

À peine les mots avaient-ils quitté les lèvres de Rizael que le silence oppressant du hall fut brisé par un éclat lumineux, aveuglant. Sous les pieds de Siryasius, des runes éclatantes se mirent à dessiner un cercle complexe et d'une puissance magique phénoménale.

Avant qu'il ne puisse réagir, des chaînes de lumière, pures et implacables, jaillirent du sol, l'enlaçant fermement, le clouant sur place. Le cambion, pris au piège d'un sortilège céleste, lutta contre ses liens éthérés. Mais chaque mouvement ne faisait qu'accroître leur étreinte.

— RIZ ! Aide-moi !

Alors que Rizael s'apprêtait à avancer, la porte du hall s'ouvrit avec fracas, révélant ses alliés de la résistance, armés et déterminés.

— Rizael ! s'exclamèrent-ils.

Dans l'instant suivant, une paire d'ailes immaculées enveloppa Rizael. Siryasius, ses émotions tourbillonnantes entre irritation et colère, assista impuissant au baiser passionné entre Moon et Rizael.

— Par les divins, tu es sain et sauf ! s'exclama le célestien. Tu m'as terriblement manqué !

— Je... Pourquoi tu m'as...

— Aucune blessure ? Tu es indemne ? interrogea Thorgar, la demi-orc, brandissant son marteau paladin dans une posture défensive envers Siryasius.

— Comment avez-vous fait pour entrer ?! s'exclama le cambion, luttant vainement contre ses entraves. Damnation ! Supplice !

— Parce que tant qu'il y aura des gens pour te nuire, nous aurons l'espoir.

Lorsque Moon effleura l'épaule de Rizael, un déclic se fit dans l'esprit de Siryasius.

Les pièces du puzzle s'assemblèrent : l'attitude changeante de Rizael, les insinuations de Tiam, les allusions à la "loyauté" de son amant.

Rizael détesterait toujours Siryasius, parce qu'il lui avait tout pris.

Parce qu'il ne méritait que cela, sa haine.

À cet instant, trahi par celui qu'il estimait, Siryasius éclata d'un rire sinistre, un son glaçant qui mit en alerte les résistants et fit s'approcher Moon, le regard durci.

— Tu pensais vraiment pouvoir affliger éternellement la résistance ? Détrompe-toi, démon... ou devrais-je dire, cambion.

— Ainsi donc, marmonna Siryasius.

— Connaître ta véritable essence nous a permis de tisser ce plan et d'enchanter ce sortilège puissant. Il se trouve que parmi les tiens, les traîtres sont nombreux.

Siryasius, le regard fixé sur les runes mêlant éléments infernaux et célestes, cracha le nom d'Oliver Offarios avec dégoût.

— Ton empire de terreur s'effondre, faute de fidélité parmi les tiens.

— Que leur est-il arrivé ? interrogea Siryasius, une ombre d'inquiétude traversant son regard.

— Nous avions prévu la chute d'Etherna. L'occultiste nous a tout confirmé. Ta drakéide, Tumiel, a été abattue en plein vol avant que l'on empêche la chute. Refusant nos chaînes, elle survit, bien que gravement blessée, jurant que tu nous infligerais un destin pire que la mort, expliqua Thorgar. Et quant aux autres, les diablotins ont fui. Nous avons sécurisé tes prisonniers. Après un interrogatoire, ils seront libres. Ta succube a tenté une attaque désespérée, emportant une jeune captive. Elle n'a pas réussi à nous échapper. Beaucoup réclament justice pour ses actes.

— Vous avez capturé la fillette ?! s'exclama Rizael en se rapprochant de Moon. Et les autres ? Qu'avez-vous fait d'eux ?

— Du calme, Rizael. Ils sont victimes de la tyrannie de Siryasius. Emprisonnés pour le moment, ils seront libérés après interrogatoire.

— Je n'avais pas souhaité cela...

Siryasius entendit un nouveau craquement à l'intérieur de sa poitrine.

— Siry, je te jure que je...

— Siry ? s'étonna Moon. Qu'est-ce qu'il te prend ? Est-ce que ta captivité t'as laissé des séquelles ?

— Comment ?

Tous se tournèrent vers le cambion, la tête levée et les sourcils froncés, cherchant à remettre ses idées aux clairs tout en gardant son sang-froid.

— Comment avez-vous fait ?

— C'est l'espoir qui nous a guidés, répondit Moon d'une voix empreinte de conviction.

— Nos bardes ont capté le chant des oiseaux messagers de Rizael et au même moment, ton occultiste te trahissait. Après avoir appris ta vraie nature, des détails sur ta demeure et la date propice pour attaquer, Offarios nous a aidé à pénétrer ici.

— Même s'il était surveillé, continua Thorgar, nous avons toujours eu un moyen de communiquer avec lui. Avec l'aide improbable de sbires de la Reine Tiam du Premier Cercle. Grâce à leur soutien inattendu, nous avons réussi à nous infiltrer ici, à préparer le terrain pour ce sortilège d'entrave.

— La loyauté, vois-tu, est un trésor précieux rarement accordé. Chez les tiens comme chez les nôtres, elle fait la différence entre la chute et la survie, conclut Moon, son regard fixé sur Siryasius.

Mais Siryasius semblait indifférent à ces reproches. Son attention restait rivée sur Rizael, cherchant dans son regard une confirmation de ses soupçons.

— Les oiseaux messagers... C'était quand exactement ?

— Durant notre pique-nique. Juste après le repas, avant que nous... commença Rizael, hésitant.

— Ah... je vois, conclut Siryasius, un éclat de compréhension dans les yeux.

Un sourire ironique se dessina sur ses lèvres, et il se tourna vers Moon avec un regard empli de dérision.

— Il semblerait que la question ne soit pas tant celle de la loyauté. À ce moment précis, Rizael avait toutes les cartes en main pour orchestrer ma chute, et il l'a fait avec une précision remarquable. Je dois admettre que c'est ingénieux, et j'ai manifestement sous-estimé le potentiel des bardes. Mes excuses, Riz, lança-t-il d'un ton moitié sérieux, moitié moqueur.

— Ne t'avise pas d'appeler notre ami de la sorte ! s'insurgea Moon, son ton trahissant sa colère.

— Pour moi, il reste ce qu'il a toujours été, car sa trahison a eu lieu bien avant que l'on ne se comprenne. Cependant, "ami" n'est sûrement pas le terme approprié.

— Tu ferais mieux de garder ton venin pour toi.

— Rizael, explique-leur.

Siryasius observait attentivement son amant, guettant sa réaction. L'hésitation du demi-elfe était palpable, son regard oscillant entre le cambion et ses alliés, un conflit intérieur se dessinant sur son visage.

Moon, percevant l'indécision de Rizael, s'avança d'un pas déterminé, son regard empli d'une intensité brûlante.

— Ne te laisse pas berner par ses mots, Rizael. Je ne sais pas ce qu'il t'a fait subir durant cette captivité, mais n'oublie pas qui est Siryasius. Souviens-toi de tout le mal qu'il a fait, de toutes les vies qu'il a brisées sans la moindre hésitation.

— Il ne l'a pas oublié, il m'a juste accepté tel que je suis, n'est-ce pas ?

— Arrête, cambion ! Rizael, ne te laisse pas égarer par ses machinations. Il est inconcevable que tu aies pu éprouver la moindre affection pour cette créature. Tout ce qu'il n'a jamais fait, c'était te manipuler, te façonner pour servir ses desseins. Ne vois-tu pas ? C'est son essence même, utiliser les autres pour atteindre ses objectifs, sans jamais rien ressentir.

Siryasius sentit un frisson d'indignation parcourir son échine. Moon parlait avec une assurance qui se voulait destructrice, chaque mot ciselé pour dénigrer et démentir toute possibilité d'une connexion réelle entre lui et Rizael.

— Rizael, tu sais la vérité. Tu m'as entendu la prononcer hier soir. Vraskelia.

Cependant, les mots de Siryasius sonnaient creux dans l'immensité du hall, sa tentative désespérée de se raccrocher à un semblant de lien avec Rizael semblait davantage une mascarade qu'une vérité tangible.

Moon, inébranlable, maintenait son regard sur Rizael, l'encourageant silencieusement à faire le choix qui s'imposait.

— Personne ne pourrait aimer quelqu'un comme lui.

Le silence qui suivit fut plus éloquent que n'importe quelle parole.

Rizael, l'expression grave, finit par acquiescer légèrement en direction de Moon, un geste silencieux mais lourd de conséquences.

Son rejet était un coup de grâce et une fois de plus, le cœur du cambion se fissura.

Mais Siryasius avait l'habitude d'être trahi, de souffrir et surtout, de se relever. Ce qu'il réussit à faire malgré les chaines et la douleur.

Rejetant la défaite, repoussant les larmes incandescentes qui menaçaient de trahir sa détresse, il redressa la tête avec une fierté dédaigneuse. Son regard, empli de la rage et du dédain propres à ceux qui ont frôlé les abîmes, se posa sur Rizael. Dans un souffle chargé de mépris et de révolte, il déclara :

— Tu es comme ton père. Un lâche.

Le visage de Rizael se décomposa, chaque mot de Siryasius s'abattant sur lui tel un marteau, brisant quelque chose à l'intérieur.

Moon, voyant l'effet dévastateur de ces paroles sur Rizael, ne put rester en retrait plus longtemps. Sa silhouette s'élança, un mouvement fluide et déterminé, avant qu'il ne plante son épée céleste dans le ventre de Siryasius pour le faire taire.

— Non ! hurla Rizael, se précipitant vers Siryasius mais aussitôt immobilisé par Thorgar.

— Cela suffit. Nous sommes venus ici pour mettre fin à ta conquête sanglante, pas pour te laisser détruire ce qu'il reste de bien en ce monde.

— Moon, quelle folie t'a pris ? Tu étais le premier d'entre nous à prôner sa survie pour un jugement équitable !

— Ta capture a bouleversé ma perspective. J'ai compris ta vision, Rizael. De telles abominations doivent être éradiquées avant qu'elles ne sèment davantage le chaos.

— Épargne-le. Confie-le-moi... Laisse-moi le châtier. Non pas maintenant, ni ici, mais en temps voulu. Siryasius a toute une organisation et si nous lui coupons la tête, ce n'est pas certain que tout s'arrête. Cède-le-moi.

Devant l'insistance de Rizael, Moon se retrouva partagé, son épée encore gorgée de sang alors que Siryasius réprimait un juron de douleur.

— Bien, il sera ton fardeau. Ton désir de vengeance te désigne comme le plus apte à lui infliger son ultime défaite.

Le visage de Rizael, marqué par la tension et l'espoir, se détendit légèrement alors que Moon retirait son épée, laissant Siryasius s'effondrer avec un gémissement de douleur.

Le cambion, malgré la gravité de ses blessures, parvint à former un sourire moqueur, le sang s'échappant des coins de sa bouche.

— Crois-tu vraiment apprendre quoi que ce soit de moi, Rizael ? cracha-t-il avec dédain. Tu restes aussi naïf qu'au jour où je t'ai arraché à ta pathétique existence.

Le cœur de Siryasius était déjà en ruines, ainsi il ne voyait aucun inconvénient à verser son venin sur Rizael. À l'instar de Rizael, lorsqu'il se trouvait dans l'incapacité de l'assaillir physiquement, il choisissait l'arme des mots acérés.

Cependant, il ne trouvait aucune satisfaction dans le spectacle des traits de Rizael se décomposant sous l'impact de ses paroles.

Au contraire, chaque expression de douleur qui traversait le visage de son amant ne faisait que briser davantage son propre cœur.

— Rizael, reprit Thorgar d'une voix pressante, nous avons été incapables de franchir le seuil du second niveau. Une magie puissante nous en barre l'entrée. Aurais-tu, par hasard, une clé ou un savoir susceptible de nous ouvrir ce passage ?

Alors que le demi-elfe s'apprêtait à formuler une réponse, une fragrance délicate titilla ses sens, accompagnée d'un murmure presque imperceptible. Un bruissement familier, qu'il avait déjà perçu... dans les tréfonds de la prison.

— Est-ce que vous avez eu à affronter des ennemis en arrivant ? demanda soudain Rizael en levant la tête vers le plafond.

— Mis à part quelques diablotins et la succube, rien d'insurmontable. Qu'est-ce qui te préoccupe ?

— Je suggère que tu rengaines ton arme, glissa Siryasius, un sourire malicieux étirant ses lèvres. Et si vous tenez à me conserver en vie, je préconise une retraite immédiate.

— Il a raison, il faut qu'on se retire avant que...

— N'écoutez pas le démon, répliqua Thorgar. Il veut nous empêcher de découvrir les secrets de sa demeure.

— Moon, fais-moi confiance, nous devons absolument partir avant que... ah.

Tous suivirent le regard de Rizael et un frisson de stupeur les parcourut à la vue du voile arachnéen qui s'était discrètement tissé au-dessus d'eux. D'immenses entités, suspendues, les dévisageaient de leurs nombreux yeux, tissant leur toile en direction du groupe.

— N'engagez pas le combat, souffla Rizael. Ce sont des cadeaux de la Déesse Arachnides. Tant que nous détenons Siryasius, elles ne nous feront aucun mal.

Cependant, malgré la mise en garde du demi-elfe, l'angoisse d'un des compagnons face à l'imposante envergure des bêtes le poussa à décocher une flèche empoisonnée.

L'araignée touchée chuta, convulsant dans une agonie muette, ponctuée de cris étouffés.

— Aux armes ! lança Moon, alors que les autres araignées entamaient leur descente pour venger leur congénère.

Rizael, seul à rengainer son épée, se positionna derrière le cercle magique enfermant Siryasius. Ce geste n'était pas dicté par la peur, mais par la sagesse acquise au cours de sa détention et des échanges nourris avec le cambion.

Il savait que détruire un don de la Déesse Arachnide s'accompagnait de conséquences désastreuses.

Alors il observa le combat totalement déséquilibré et en faveur de la résistance, avant que Siryasius ne sente son regard dans son dos.

Il aurait voulu détruire ses liens mais leur soirée l'avait épuisé, alors il attendrait le meilleur moment.

Mais avant cela, il avait besoin d'avoir la certitude que son amant avait vraiment joué un double jeu avec lui. Il ne voulait pas croire qu'il s'était fait manipuler, parce qu'entre eux, que ce soit physique ou par leurs discussions, tout semblait réel.

Les mots de Rizael étaient réels.

Et tandis que la dernière des araignées s'effondrait sous le fer céleste de Moon, Siryasius sentit sa force le quitter.

Son regard se posa sur l'étendue sanglante qui s'épanchait de son ventre, avant de s'écrouler, perdant connaissance aux pieds de ses adversaires.

Ayant toujours un espoir envers les sentiments de Rizael.

Et qu'une personne serait capable de l'aimer sincèrement.



⚔️PROCHAIN CHAPITRE SAMEDI ⚔️

Est-ce que ce chapitre vous a plu ? Vous avez des théories sur la suite ? 

La fin arrive bientôt !

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