28⚔️Petite mort


RIZAEL


L'envie de fuir ce palais étouffant ne quittait jamais vraiment Rizael, mais il avait trouvé en lui la résolution nécessaire pour faire ce pour quoi on avait requis sa présence.

Tenant son violon, il s'accordait aux rythmes sinistres de l'orchestre infernal, tout en s'acquittant de la tâche ingrate de divertir les convives avec des chants sur demande.

Ce qui le tourmentait le plus dans ce tumulte, c'était l'absence de toute occasion de discuter avec Siryasius des événements récents.

Devenu le centre de toutes les attentions, le cambion se voyait assailli de flatteries superficielles de la part des autres souverains infernaux.

Il était l'attraction de la soirée, une situation qui avait manifestement mis Tiam hors d'elle, au point qu'elle s'était retiré dans le salon des orgies démoniaques avec d'autres dirigeants. Asmodeus les avait suivis et depuis, on n'avait plus revu personne en sortir.

Quant à Disyasius, il restait à l'écart, bavardant çà et là, jusqu'à ce qu'il s'arrête devant Rizael et le dévisage avec mépris.

— Barde, chante-nous quelque chose en infernal, à moins, bien sûr, que ton talent ne se limite qu'aux piètres mélodies des mortels.

Avec un soupir presque imperceptible, il laissa son archet danser sur les cordes, embrassant le défi. Sa voix, portée par la mélodie qu'il avait méticuleusement préparée, s'éleva en infernal, une prouesse qui surprit l'audience.

Il ne maîtrisait pas du tout la langue infernale et s'était servi des livres de vocabulaire dans la bibliothèque du deuxième étage. Calamité avait vérifié son texte, son sens, puis l'avait approuvé.

À travers ses paroles, Rizael dessinait l'image d'un être déchiré entre la fierté de sa lignée et la quête d'amour, un amour qui semblait aussi insaisissable que les étoiles dans le ciel nocturne des enfers. Chaque vers, chaque note résonnait avec l'histoire de Siryasius et de son père.

Dans un instant fugace où leurs regards se croisèrent, un échange silencieux mais intense eut lieu entre Siryasius et Rizael.

L'assemblée, sous le charme de la performance de Rizael, semblait partagée entre l'étonnement et une curiosité renouvelés pour ce demi-elfe qui venait de prouver que son art n'avait pas de frontières. Même Disyasius, qui avait lancé le défi avec mépris, ne pouvait ignorer l'adresse et l'émotion brute que le barde avait su insuffler dans sa prestation.

La chanson s'acheva sur une note suspendue, laissant un silence lourd flotter dans l'air. Puis des applaudissements retentirent, certains sincères, d'autres contraints, mais tous reconnaissant le talent indéniable de Rizael.

— Bien joué, barde, concéda Disyasius, son ton empreint d'une froideur qui masquait mal sa surprise. Peut-être les mortels ont-ils quelque chose d'intéressant à offrir, après tout.

— Vous êtes le mieux placé pour le confirmer.

Alors que le roi s'apprêtait à répondre, la main du cambion sur l'épaule du barde l'interrompit.

Siryasius, deux coupes d'un alcool fort et écarlate dans la main, donna un coup d'épaule amical à Rizael avant de fixer son père avec amusement et de dire :

— Tu as assez joué pour ce soir. Roi Disyasius, je me permets d'interrompre votre conversation et d'enlever ce barde pour mon propre divertissement.

— N'oublie pas à qui tu t'adresses et qui a fait de toi ce que tu es désormais.

— Et n'oubliez pas que je suis maintenant votre égal. J'ai peu de clémence et le moindre affront envers ma personne ou celle de mon captif pourrait entraîner des conséquences désastreuses.

— ... Bien évidemment, « roi » Siryasius.

Disyasius les regarda à nouveau avec mépris avant de se retirer et de les laisser seuls.

— Ce soir, tu as chanté pour nous tous, mais je me demande... chanteras-tu pour moi ?

Rizael, surpris par la demande, rencontra à nouveau le regard de Siryasius. Plusieurs invités derrière eux commençaient à attendre l'occasion de parler au cambion pour rentrer dans ses bonnes grâces, mais ce dernier ne regardait que lui.

Troublé un instant, le demi-elfe pris l'une des coupes alcoolisées et la bue d'une traite en retenant une grimace.

— C'était du sang.

— Ne te fous pas de ma gueule, Siry.

— J'aurais bien voulu te voir le recracher. Ça m'aurait diverti et donné une raison de t'entraîner ailleurs.

— Le Souverain de la Terre et des Cieux n'a pas besoin de raison pour cela, n'est-ce pas ?

Siryasius fronça les sourcils avant de boire sa coupe, d'appeler un serveur pour finalement lui piquer plusieurs bouteilles avant d'inviter Rizael à le suivre à l'écart.

Lorsqu'ils quittèrent la salle principale, les festivités battaient toujours leur plein tout autour d'eux dans d'autres salles et dans les couloirs.

Ils marchèrent pendant un moment, de plus en plus à l'écart des autres, avant que Siryasius ne pousse la porte d'un petit salon, entouré de plantes aux couleurs étranges mais aux senteurs sucrées, où trônait une large méridienne.

— Fais comme chez toi, dit Siryasius en verrouillant la porte derrière eux. C'est l'un des rares endroits ici où je peux trouver un semblant de paix.

— L'air y est plus respirable, avoua Rizael, soulagé. J'étais à deux doigts de dire ce que je pensais de ton père, mais je me suis retenu de justesse.

— Et ta rencontre avec l'Archidiable ? ironisa Siryasius. J'aurais parié que tu te pisserais dessus.

— Ça a failli arriver. Je ne sais pas comment j'ai tenu sans m'évanouir. Sa présence est... oppressante.

— Tu lui as tenu tête grâce à ça, expliqua Siryasius en pointant la boucle d'oreille de Rizael. Ce bijou est plus qu'un simple ornement. Parce qu'il vient de moi et qu'il a été forgé dans les flammes infernales, il te protège. Parfois, je me demande si ce n'est pas à cause de lui que je n'arrive pas à te tuer depuis tout ce temps.

— Peut-être bien. Je l'ai toujours vu comme une protection.

— Même après avoir découvert la vérité sur ta mère ?

Rizael s'installa aux côtés de Siryasius, déplaçant ses jambes pour trouver sa place. Il saisit une bouteille d'alcool et en prit une longue gorgée directement au goulot.

Après un soupir, il fixa le sol de marbre, perdu dans ses pensées, puis murmura :

— Personne n'est totalement bon ou mauvais. Ma mère pensait bien faire en essayant de nous protéger, mais regarde où ça nous a menés. Si tout ça ne s'était pas passé, ma vie aurait été bien différente. J'aurais été un simple barde à Lae'Thys, marié à quelqu'un que j'ai connu toute ma vie, entouré d'une ribambelle d'enfants.

— Quel cauchemar ! s'exclama Siryasius dans un éclat de rire feint. Heureusement pour toi, j'ai tout saccagé.

Malgré la plaisanterie amère de Siryasius, Rizael ne pouvait trouver l'humour dans les paroles qui remuaient des souvenirs douloureux et des regrets.

Pourtant, contre toute attente, il se surprenait à éprouver une forme d'admiration croissante pour le cambion.

Il admirait sa force, son audace, sa détermination et ça malgré tout ce qu'il avait subit dans sa vie démoniaque.

Mais les horreurs devaient cesser.

— Vas-tu réellement mettre fin à la guerre, maintenant que tu endosses le rôle d'émissaire des Enfers ?

— Très probable. Tiam va récupérer ses troupes, me délestant ainsi d'une part conséquente de mes forces. Les récalcitrants auront le choix : se rallier à ma cause pour ériger un nouvel empire ou s'insurger. La deuxième option étant la plus probable, je me réjouis d'avance du massacre.

— Tu envisages donc de combattre tes propres soldats ?

— La compassion n'a jamais été mon fort. Tu le sais bien. Ceux qui manquent de loyauté ne méritent guère une once de mon attention.

— Et moi ?

Siryasius, après avoir pris une longue gorgée, remonta doucement sa manche pour révéler le collier orné d'un pendentif de camomille, la chaîne méticuleusement enroulée autour de son poignet.

— Je voulais le porter discrètement ce soir. C'était la seule option. Ce cadeau que tu m'as fait, Riz, symbolise bien plus que la loyauté. Le porter en sachant les risques encourus dans ce lieu, c'est la preuve de l'estime que j'ai pour toi.

— Cela représente un risque, pourquoi ?

— Parce que c'est une faiblesse.

— Porter un bijou ? Tu en es couvert, tout comme les autres c-

— Tu es une faiblesse.

Rizael cligna plusieurs fois des yeux, incertain, avant que Siryasius ne finisse sa bouteille et, avec un geste nonchalant, ébouriffe ses propres cheveux avant de caresser ceux de Rizael.

— Ce soir, tu as été à la fois mon avantage et ma faiblesse.

— Comment cela ?

— Je n'avais pas prévu qu'Asmodeus arrive si tôt. Que tout soit réglé si vite. Tu aurais dû être loin de lui. Sa capacité à écraser la vie d'un simple geste a failli me submerger.

— Je pensais que tu avais tout orchestré.

— Provoquer l'Archidiable avec insolence ? Peut-être. Invoquer mon épée alors qu'il exige que je te tue devant tout le monde ? Certainement pas. Asmodeus trouve mon audace et mes provocations divertissantes. Je suis 'insignifiant' à ses yeux, car je suis un cambion, et pourtant 'intéressant' car je transcende ma condition. Sa curiosité me maintient en vie.

— Nous avons frôlé la mort de près... Mais, à bien y penser, tu agis de la même manière.

— Comment ça ?

— Durant ces cinq dernières années, tu m'as épargné parce que je t'amusais, pas parce que tu ne pouvais me vaincre. À Etherna, tu étais sur le point de m'étrangler parce que je t'avais lassé avec ma ruse.

— C'est exact.

— Alors, pourquoi me retenir à tes côtés maintenant ? Est-ce pour le même motif ?

— Non.

Rizael l'observa boire à nouveau une longue gorgée et se souvint soudain de l'avertissement de Beatrix sur l'ivresse de Siryasius. Il détourna les yeux vers la porte fermée puis caressa sa rapière en déglutissant, avant que le cambion ne s'étale un peu plus sur la méridienne.

— Envisages-tu encore la fuite ? interrogea Siryasius, un œil sur l'arme de Rizael. Fuir donnerait raison à ma tante, mais cela m'est désormais indifférent.

— Tu mens.

— Comment le saurais-tu ?

— Tu mens rarement, et lorsque cela arrive, je le perçois dans ta voix. Ce n'est pas flagrant, mais après tout ce temps passé ensemble, je le discerne.

— Comme tu veux... souffla Siryasius avec une lassitude feinte, masquant mal l'intensité de ses émotions. De toute façon, je ne lui appartiens plus, comme tu ne m'appartiens plus.

Rizael, perplexe, chercha à décrypter les sous-entendus de Siryasius.

— Te restituer ton épée n'était pas un geste anodin. À notre retour, je te libérerai officiellement. Ce n'est pas simplement te rendre ta liberté, c'est te reconnaître comme mon égal.

— Pourquoi maintenant ? Tu voulais ma loyauté et maintenant que tu as tout ce que tu désires, tu me chasses ?

— Il me manque l'essentiel. Et cela, même en te rendant ta liberté, je ne l'obtiendrai pas. Alors ça ne sert à rien de plus que de te faire du mal, que de te garder.

— Mon pardon ? C'est ça que tu cherches ?

— Non, Rizael. Ce que je désire, c'est toi.

Sa voix, habituellement si assurée, trahissait une vulnérabilité inhabituelle.

Un silence lourd, presque palpable, enveloppait la pièce, suspendant le temps alors que les paroles du cambion résonnaient encore dans l'espace confiné entre eux.

— Mais je sais que je ne peux t'avoir pleinement. Nos chemins, notre passif, nos valeurs... Tout est trop divergent. Tu ne pourras jamais te tenir à mes côtés comme je l'aurais voulu.

— Cesse de choisir à ma place.

C'est alors que Siryasius vit Rizael se rapprocher, la distance entre eux se réduisant jusqu'à l'inévitable. Les lèvres de Rizael trouvèrent celles de Siryasius dans un geste audacieux, brisant toutes les barrières.

— Qui es-tu pour décider seul de ce qui est possible ? murmura Rizael, son souffle chaud effleurant sa peau.

Submergé par une émotion brute, Siryasius se laissa emporter par l'élan de Rizael.

Leurs baisers, d'abord hésitants, se firent rapidement ardents, chaque contact explorant, questionnant, affirmant leur présence l'un à l'autre. Le goût enivrant de l'alcool sur leurs lèvres se mêlait à l'intensité de l'instant, amplifiant le désir qui les consumait.

Lorsqu'ils se détachèrent, le temps reprit son cours, mais quelque chose avait irrémédiablement changé entre eux. Le regard intense qu'ils partagèrent était chargé d'un désir ardent de découvrir ce qui pourrait naître entre eux.

Rizael ne voulait plus penser au passé ou à l'avenir. Fatigué des luttes incessantes, des jeux de pouvoir, des ombres du passé qui les avaient tous deux façonnés.

Il en avait assez de cette guerre perpétuelle contre lui-même, contre Siryasius, contre le monde entier.

Il voulait se libérer de ces chaînes invisibles, explorer les possibilités de ce nouveau lien qui s'offrait à eux, dénué de calculs, de méfiance, ou de regrets.

Pour la première fois, il envisageait un futur où leur relation ne serait plus définie par les termes de geôlier et de captif, mais par une connexion plus profonde, choisie et partagée.

Ce courage démesuré contre Asmodeus, ce risque ultime pris par Siryasius pour le protéger, avait éveillé un battement sauvage au creux de sa poitrine.

Des sentiments si intenses qu'ils en devenaient presque palpables, résonnant en lui avec une force inattendue.

— Riz...

Dans un mouvement soudain, Siryasius saisit Rizael par les épaules, le faisant s'allonger à sa place sur l'opulente méridienne.

Les mèches sombres de Siryasius, encadrées par ses cornes, voilaient son visage, tandis que sa queue démoniaque commençait à s'enlacer autour de la jambe de Rizael d'une manière séductrice.

— Laisse-moi te montrer à quel point je te désire.

Le visage de Rizael s'empourpra tandis que Siryasius, prenant une nouvelle gorgée d'alcool, laissait entrevoir une ardeur d'autant plus manifeste. Il se défit de ses parures, attachant avec soin le collier de camomille autour de son cou et ôtant ses bagues une à une.

— Tu t'es coupé les ongles ? s'étonna Rizael en les voyant sans les faux ongles métalliques.

— Tu n'aurais pas accepté autrement. Et j'ai également ceci. Ne m'en veux pas trop.

Siryasius sortit de la poche de son pantalon une minuscule fiole dont il agita le contenu transparent. Il fallut un instant à Rizael pour saisir, avant qu'un éclat de compréhension ne traverse son regard, éveillant une réaction soudaine chez son partenaire.

— Excuse-moi, suis-je allé trop loin dans mes propositions ?

— Te voir t'excuser, c'est déjà explorer un territoire inattendu pour moi. Cependant...

— Vois-tu, parmi les démons, la relation charnelle est bien plus simple et guidée par l'instinct. Je ne saisis pas entièrement comment cela fonctionne chez les mortels, en particulier concernant le plaisir masculin, et si tu...

— Tu parles trop, Siry. Regarde-moi.

Le silence s'imposa alors qu'ils avaient le regard plongé l'un dans l'autre. Rizael posa ses mains sur le visage de Siryasius, dégageant quelques mèches noires, avant de réduire un peu plus la distance entre eux pour l'attirer contre lui.

— Moi aussi, je te veux. Entièrement.

Les doutes de Siryasius s'évanouirent aussitôt. Ses mains se mirent à explorer prudemment son torse presque nu, se faufilant contre sa peau avant de la couvrir de baisers ardents.

Le temps sembla suspendu et les battements de leur cœur devinrent plus sonores à mesure que le cambion traçait son chemin sur sa peau et que Rizael alternait entre une respiration saccadée et des souffles de plaisir.

Lorsque Siryasius glissa sa main dans la chevelure de Rizael, celui-ci se redressa, cherchant ses lèvres pour un baiser empli de fougue, ses doigts traçant un chemin de tendresse autour de sa nuque, s'enroulant dans ses cheveux, puis explorant avec audace le relief de ses cornes, provoquant chez le cambion des gémissements de plaisir.

— Prends ceci, souffla le cambion en lui présentant une fiole. Juste une goutte.

— Je pensais que c'était destiné à autre chose ?

— Les présents de Beatrix servent à plusieurs fins. Mais si tu hésites, laisse-moi te guider.

Avec une confiance séductrice, Siryasius laissa couler quelques gouttes du liquide sur sa langue avant de reposer la fiole et de chercher les lèvres de Rizael, l'invitant à partager l'essence magique dans un baiser partagé.

L'instant où leurs langues se mêlèrent, une chaleur envahissante se propagea à travers le corps de Rizael, évoquant la puissance enivrante de leurs précédents ébats avec la succube, suggérant une nuit sans fin, où les limites s'effaceraient sous le désir.

— Tu vas me tuer de fatigue si l'on fait ça tout la nuit.

— Au moins, j'aurais réussi à te tuer de quelque chose.

Rizael riposta par un mordillement joueur au cou de Siryasius, qui, entre rires et soupirs, libéra son membre tout aussi dur que le sien et ne se mette à le branler doucement. Siryasius, avec une attention renouvelée, déposa quelques gouttes supplémentaires sur eux, augmentant leur liaison par un glissement plus intense et partagé.

Il le fit se pencher, embrassant, mordillant et humant la peau du demi-elfe avant de caresser de ses lèvres toute sa longueur pour le sucer avec avidité.

Rizael, la tête renversée, se laissait emporter par le courant des sensations. Ses mains ne quittant pas les cornes du cambion.

Alors qu'il sentait la jouissance venir vite, bien trop vite, il se mit à observer les plantes de la pièce pour se déconcentrer, sans succès. Sa jouissance remplit la bouche de Siryasius qui laissa s'échapper un rire après l'avoir avalé.

— Ne t'inquiète pas, avec le cadeau de Beatrix, tu pourras jouir pendant des heures sans période réfractaire.

— Je vais finir par éjaculer en poudre.

Siryasius ne put contenir un fou rire qui, soudain, agita bien plus le cœur de Rizael que tout acte charnel.

Le voir ainsi venait de remuer quelque chose en lui mais il n'eut pas le loisir de s'y attarder car déjà, une autre surprise venait l'exciter.

Siryasius, après avoir aidé son amant à retirer ses chaussures et son pantalon, fit de même et, aux yeux de Rizael, sembla le narguer avec son membre tendu et imposant.

Tenant la fiole, Siryasius répartissait son contenu avec précaution, enduisant ses doigts ainsi que l'entrée tant convoitée du demi-elfe.

Rizael avala sa salive, partagé entre l'appréhension et le désir, mais un regard échangé avec Siryasius, empreint d'une malice complice, le rassura quelque peu.

— Tu as le droit de refuser. À tout moment, souffla le cambion.

— Je sais... c'est juste que, les rares fois où... c'était moi qui...

La voix de Rizael se perdit, son passé d'amant plus souvent donneur que receveur le rendant vulnérable. Siryasius répondit à cette vulnérabilité par un silence plein de compréhension avant de l'explorer doucement, s'aventurant à l'intérieur avec un doigt.

La réaction immédiate de Rizael, un frisson parcourant sa peau claire, ne fit qu'attiser le désir de Siryasius. Patient, il attendit, guidant Rizael vers une détente progressive, avant d'introduire un second doigt, les mouvements devenant plus assurés.

— Je n'en peux plus, Riz...

La tension en lui était palpable, son souffle s'accélérant, les yeux clos, perdus dans l'intensité d'une intimité partagée. Siryasius, sensible à chaque frémissement de son amant, procéda avec une délicatesse calculée et introduit son sexe au sein du demi-elfe lentement, conscient de l'importance de chaque geste pour leur union.

Le début fut difficile pour Rizael, l'adaptation douloureuse, mais bientôt, la douleur fit place à un plaisir profond. Un plaisir exacerbé lorsque Siryasius trouva et caressa avec précision les points de plaisir.

Le demi-elfe se mit à répondre avec passion, chaque mouvement les rapprochant d'un plaisir mutuel inexploré.

À mesure que Siryasius augmentait le rythme, les hanches de Rizael passant des frémissements aux ondulations ferventes, le plaisir devenait tangible, leurs échanges ponctués de cris et de soupirs.

— Siry... ! s'exclama Rizael, la respiration saccadée. Putain... Tu vas me...

Ces mots à peine prononcés, Siryasius l'attira contre lui, le soulevant délicatement de la méridienne. Tout en le gardant étroitement uni à lui, il guida leurs mouvements dans un rythme harmonieux, intensifiant leur étreinte d'une passion renouvelée.

— J'avais besoin de te sentir plus proche, murmura-t-il.

Sous la caresse des baisers de Siryasius, Rizael fut emporté par une vague d'émotions intenses, chaque toucher entre eux amplifiant le vertige de plaisir.

Le simple contact sur son sexe suffit à le faire jouir et marqua le torse de Siryasius.

Porté par cette intensité, Siryasius redoubla d'ardeur. La chambre fut bientôt emplie des exclamations de Rizael.

Dans cet instant d'abandon total, les ailes sombres de Siryasius se déployèrent sans qu'il en ait pleinement conscience.

Les yeux de Rizael, brillants de larmes éveillées par un torrent de sensations, s'écarquillèrent à la vue des ailes qu'il n'avait observées qu'en de rares occasions, des souvenirs lointains au début de la guerre.

Elles se déployaient dans l'ombre, d'un noir aussi profond que ses cornes, mais marqué de cicatrices dorées si nombreuses qu'elles suscitèrent chez lui une inquiétude soudaine, le poussant à s'interroger sur les raisons qui avaient poussé Siryasius à les dissimuler avec tant de soin au fil du temps.

Cette contemplation fut brusquement interrompue lorsque Siryasius le mordit à l'épaule et serra fermement ses hanches, son nom s'échappant de ses lèvres.

Le cambion céda à l'intensité de son plaisir jusqu'à ce que Rizael, écartant délicatement les mèches sombres collées au front de Siryasius, lui murmura :

— Siry, tes ailes... elles se sont déployées.

— Ah... je m'excuse.

— Pourquoi des excuses ? Elles sont...

— Affreuses, je le sais. Tiam... me l'a assez dit. Avec les marques supplémentaires de la guerre, j'ai préféré les cacher. Comme Bea. Nous pensions que c'était mieux ainsi et...

— Sublimes, l'interrompit Rizael. Elles sont sublimes. On dirait des veines d'or courant à travers la nuit.

— Tu les trouves vraiment belles ?

— Est-ce que le mot « sublime » signifie autre chose pour toi ?

— Riz... Tais-toi, sinon je vais perdre le contrôle une fois de plus.

— Elles sont captivantes, d'une noblesse... si majestueuses. Grandioses et-

Rizael fut interrompu par une nouvelle étreinte passionnée qui le priva de parole. L'effet de l'incantation de la succube était si puissant qu'ils demeuraient emportés par un désir incessant l'un pour l'autre.

Siryasius intensifia ses mouvements, sa peau prenant une teinte encore plus ardente sous le souffle chaud de Rizael contre son oreille.

Ils atteignirent l'apogée ensemble, avant que Siryasius, dans un dernier souffle, ne se retire, le corps vibrant. Sa main tremblait légèrement, mais il ne résista pas à l'envie de caresser avec douceur les cheveux blancs de son amant, puis de capturer ses lèvres dans un baiser.

Le cambion se servit à nouveau en alcool et en offrit une gorgée à Rizael, tous deux enveloppés dans l'ivresse du moment et de leurs plaisirs partagés.

— Beatrix m'avait prévenu que l'alcool décuplerait ton désir.

— Oh la vilaine succube... Elle n'a pas tort, cependant. Sans son intervention, je n'aurais jamais osé t'offrir un tel plaisir. J'aurais eu trop peur de...

— Me blesser ? De me transpercer avec ton ardeur ?

— Que tu me repousses parce que tu ne voudrais pas de moi.

Rizael observa attentivement, touché par la soudaine vulnérabilité de son partenaire. Ce dernier évitait son regard, se refermant sur lui-même, les bras croisés et les mains crispées sur ses propres épaules, tandis que sa queue et ses ailes s'agitaient, trahissant son trouble intérieur.

— Sous prétexte que « personne n'aime Siryasius, alors Siryasius n'aime personne » ?

— C'est cela. C'est plus facile de ne pas s'attacher pour éviter le rejet. Mais avec toi, je...

— Je ne t'ai pas rejeté.

Les yeux de Siryasius se fermèrent, un souffle de quiétude traversant son être au fil des paroles de Rizael qui imprimait en lui cette image d'une fragilité rarement partagée.

— Je vais briser ton maléfice.

— Quoi ?

— Prends ma place, Siry.

Docile, le cambion prit position sur la méridienne, observant Rizael qui, avec soin, appliqua quelques gouttes de l'élixir sur son intimité.

— À quatre pattes, maintenant.

— Par tous les cercles de l'Enfer, jamais je n'aurais cru qu'entendre un ordre de ta part m'enflammerait ainsi.

Réticent à briser l'instant par un rire, Rizael se contenta de caresser tendrement le dos de Siryasius, ses baisers descendant le long de sa colonne jusqu'à sa queue en pointe et la naissance de ses fesses. Avec la même délicatesse, il appliqua le reste de l'élixir, et même l'effleurement le plus léger lui confirma que Siryasius était prêt à l'accueillir.

Rizael exhala profondément, cherchant à maîtriser son propre désir, ses mains tremblantes parcourant le dos du cambion, dont les ailes s'étaient rétractées et dont la queue démoniaque s'était déjà enroulée à son bras en signe de confiance totale.

Puis, avec une patience exquise il s'inséra avec une lenteur tortueuse. Il savoura chaque centimètre en lui, chaque sensation et surtout chaque gémissement du cambion.

Lorsqu'il commença ses va-et-vient, il perdit vite patience tant son partenaire l'excitait à répéter son prénom en boucle. Tant il jurait et tant il le remerciait d'avoir pris le contrôle.

Rizael empoigna fermement les cornes de Siryasius, s'en servant comme leviers pour approfondir leur union, la puissance de ses mouvements arrachant des souffles coupés à son amant.

Après une série de va-et-vient intenses, il relâcha momentanément sa prise, pour saisir de sa main de libre le membre durcit du cambion qu'il se mit à branler.

— Siry... Tu es... incroyable... bordel... J'aimerais...

Il voulait rester en lui le plus longtemps possible mais n'arrivait plus à exprimer ses pensées. Les pensées se brouillaient, les mots se perdaient, emportés par le courant tumultueux du désir.

Et alors qu'il sentit le sexe du cambion pulser entre sa main, prêt à s'abandonner entre ses doigts, un murmure brisé parvint à ses oreilles :

Vraskelia.

À ce moment précis, Rizael crut entendre une autre signification que les fois précédentes.

Il crut entendre un « je t'aime ».

Les larmes brouillèrent sa vision, et dans un élan partagé, ils eurent un orgasme fulgurant.

Le monde semblait osciller, tout comme les fondements de son être, son corps, sa volonté, et, inévitablement, son cœur.

Alors pour échapper à la révélation de ce moment, pour fuir la portée de ces mots, il s'abandonna à la poursuite de cette extase, se noyant dans l'oubli du plaisir, dans un infini d'étreintes.

Encore et encore, pendant des heures, toute la nuit.

Jusqu'à en oublier le prénom de l'un et l'autre.



⚔️PROCHAIN CHAPITRE SAMEDI ⚔️

Il fait chaud ici, non ? 🔥😏 J'espère que ce chapitre vous a plu, moi c'est l'un de mes préférés parce que la relation entre Riz et Siry est juste... 🥰

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