25⚔️Libre camomille


RIZAEL


— Est-ce là ta manière de mesurer la confiance qui existe entre nous ? demanda Rizael, un brin de sarcasme dans la voix.

— Cela te semble-t-il si absurde ? rétorqua Siryasius, un sourcil arqué.

— Absolument. Tu me tends ce que je convoite depuis si longtemps comme si c'était la chose la plus simple au monde. Ce n'est plus une question de confiance. Et tu resterais les bras croisés ? Tu n'essaierais pas de me retenir, de me faire payer ma fuite ?

— Je veux simplement voir ce que tu vas faire.

La tension qui régnait entre eux était presque tangible. Rizael se trouvait à la frontière de l'évasion, évaluant ses options, tiraillé entre le désir de s'échapper et cette force mystérieuse que Siryasius exerçait sur lui.

Plus tôt dans la journée, il avait tenté d'influencer subtilement l'esprit du cambion, qui, avec sa lucidité caractéristique, avait perçu ces manœuvres.

Le demi-elfe cherchait à appeler à la conscience humaine de Siryasius, dans l'espoir d'arrêter le conflit dévastateur qui ravageait les royaumes.

À mesure qu'il découvrait l'essence de Siryasius, il trouvait des moyens de fléchir sa résolution, mais cette proximité ne faisait qu'attiser sa curiosité et son désir d'en savoir plus.

Rizael n'était pas naïf, surtout en ce qui concernait ses propres sentiments, et son interaction avec Beatrix, mais surtout avec Siryasius, avait semé le trouble dans son esprit.

Il avait passé le reste de la nuit à penser à eux.

À lui.

À son corps, ses caresses.

Ses mains qui étaient si douces et qui pourtant, avaient déjà apporté la mort à d'anciens camarades.

Siryasius représentait à la fois une source de souffrance et d'étrange fascination, ce qui amenait Rizael à s'interroger sur l'éventuelle influence d'un sortilège de la succube.

Le lendemain, avant de monter au deuxième étage, il avait cherché Beatrix, ayant appris par Supplice, toujours prompt à critiquer, qu'elle avait passé la nuit dans l'une des chambres d'invités.

— As-tu encore envie de moi ? lui demanda-t-elle en se coiffant devant le miroir. Je suis désolée, mais ce qui s'est passé hier était un cas exceptionnel. Malgré le plaisir partagé, tu m'es toujours désagréable.

— Qu'as-tu fait exactement ?

— Ça s'appelle un orgasme, mon cher.

— Ce n'est pas à ça que je fais allusion. As-tu utilisé des sortilèges sur moi ?

— Tout ce que j'ai fait, c'est libérer des endorphines et quelques autres petites choses pour te détendre et nous faire confiance le temps d'un ébat. De rien.

— Et ta théorie ?

— Elle visait à voir si deux ennemis jurés, malgré leur passé conflictuel, pouvaient ressentir une attraction mutuelle. Et cela s'est avéré.

— Seulement à cause de tes enchantements...

Il n'y avait aucun sortilège dans l'air quand tu lui as demandé de te donner du plaisir. Et c'est désolant que vous ne vous en soyez pas rendu compte.

— De quoi parles-tu ?

— Vous êtes en train de brûler de désir l'un pour l'autre. Tout le temps. C'est constant. Je suis une succube. Je le sens. Je le vois. Vous vous attirez dangereusement l'un l'autre.

— C'était juste physique, rien de plus. Pourquoi serais-je attiré par quelqu'un qui a détruit ma vie ? Par quelqu'un d'aussi néfaste ?

— Parce que tu parviens à voir le bien en lui. Parce que tu démontes ses défenses, une à une, et cela te donne l'impression d'être unique. Parce que chaque fois qu'il agit mal, cela te révolte, mais à chaque fois qu'il fait preuve d'une surprenante bonté, il te conquiert. Chaque fois, tu te perds davantage, oubliant qu'il n'est pas fait pour toi, et tu plonges un peu plus.

Les mots de Beatrix lui coupèrent le souffle et le firent rougir, tandis qu'elle le fixait avec sérieux avant de se retourner vers le miroir.

— Voilà ce que tu ressens, Rizael.

— Ce ne sont que des suppositions...

— Ma nature de succube me permet de ressentir tout cela, surtout quand tu étais le plus vulnérable, sous ses caresses.

— Tu mens.

— Ta véritable crainte, c'est de réaliser à quel point la disparition de Siryasius te dévasterait. Il existe un terme, dans le lexique infernal, qui capture l'essence de ce que vous partagez.

— Laisse-moi deviner... Vraskelia ?

— Tu en connais la signification ?

— Il semble que ce mot ait une palette de signification.

Avec une grâce mesurée, Beatrix se redressa, sa queue effleurant délicatement sa jambe. Se penchant vers lui, elle se rapprocha de son oreille, le parfum captivant de ses épices enveloppant l'air autour d'eux.

— Ça évoque un concept qui nous échappe tous.

— Un respect inconditionnel, une confiance sans faille et...

— Il représente « l'amour ». L'équivalent ultime d'un « Je t'aime » en langue infernale.

Rizael sentit son sang se glacer dans ses veines alors que Beatrix prononçait ces mots, chacun résonnant dans son esprit comme un coup de tonnerre. Il se tenait là, figé, incapable de répliquer et de nier la vérité qu'elle lui exposait avec tant d'aplomb.

— Siryasius ne pense pas à ça quand il me dit ce mot, dit-il, sa voix à peine audible.

— Un jour viendra où, lorsqu'il te le répétera à nouveau, tu l'entendras clairement.

Beatrix inclina légèrement la tête, un éclat malicieux dans ses yeux dorés.

— Peut-être même que tu brûles de l'entendre, au plus profond de toi. Peut-être que tu n'attends que ça... Être le seul que Siryasius puisse aimer.

Il se sentit submergé par un tourbillon d'émotions contradictoires, incapable de trouver les mots pour exprimer la confusion qui régnait en lui.

Avant qu'il ne puisse répondre, Beatrix s'éloigna de lui, un éclat de malice dans les yeux, avant de quitter la chambre des invités et de le laisser seul avec ses incertitudes.

— Rizael ?

Le demi-elfe cligna plusieurs fois des yeux en regardant Siryasius à quelques mètres de lui, à moitié éclairé par les rayons de soleil traversant les arbres.

Il avait fait revivre Lae'Thys et c'était un cadeau inestimable. Ça ne pardonnerait jamais ce qu'il avait fait, mais ça apaisait la peine dans le cœur de Rizael.

Et désormais, il lui offrait la liberté.

Le demi-elfe déglutit difficilement, cherchant à rassembler ses pensées dans le tumulte de ses émotions.

Puis, sans un mot, il se retourna et il s'engouffra seul dans la forêt.

Il marcha d'un pas vif, déterminé à s'éloigner le plus possible du cambion, sans se retourner une seule fois vers lui.

« Je le hais, je le hais, je le hais... » se répétait-il comme à l'époque où il n'était pas son captif.

Soudain, il s'arrêta.

Il avait marché pendant de longues minutes, les pensées tourbillonnant dans sa tête, jusqu'à ce qu'une clairière parsemée de trèfles apparaisse devant lui.

Perdu dans ses réflexions, il se trouva confronté à un dilemme déchirant : retourner vers la résistance ou embrasser la proposition de Siryasius et envisager une nouvelle voie.

Ses yeux dérivèrent sur la camomille dans sa poche avant qu'il ne la retire et ne la fasse tournoyer.

Siryasius avait été le seul à comprendre ce qu'il recherchait réellement. Ce n'était pas simplement la liberté de sa captivité, mais quelque chose de plus intime, plus profond.

Rizael nourrissait le désir ardent d'une existence libre, façonnée par ses choix personnels, à l'écart des aspirations et des attentes d'autrui, loin de tout conflit.

En tant que barde, il aspirait à embrasser pleinement sa vocation : vagabonder de cité en cité, captiver les foules par ses chants et ses mélodies, se délecter de l'ivresse et savourer les délices éphémères de l'existence.

C'est ainsi qu'il se mit à effeuiller méthodiquement la camomille, détachant ses pétales un à un.

— La liberté, la résistance, la liberté, la résistance... répétait-il, jusqu'à ce que l'ultime pétale scelle son destin.

Alors que la liberté était au bout de ses doigts, Rizael se mit à cueillir des trèfles, insatisfait.

— La liberté, la résistance, la liberté, la résistance...

Le résultat était différent, mais il continua. Encore et encore.

Jusqu'à ce qu'il se rende compte que ce n'était pas la chance qui posait problème, mais ses options.

Alors il en prit un dernier et murmura :

— La liberté, la résistance, Siry, la liberté, la résistance, Siry...

Lorsqu'il arrive au dernier pétale, son cœur se comprima si fort qu'il jura.

Rizael s'étira, glissa le trèfle dans sa poche et se massa les tempes.

— Putain de merde.

Il rebroussa chemin, pressé, retraversant le bois jusqu'au bosquet marqué par la souche d'arbre.

Mais il était parti.

— Non, non, non... marmonna-t-il, l'anxiété le gagnant alors qu'il poursuivait sa recherche. Ses sens en alerte manipulait nerveusement sa boucle d'oreille, implorant une réponse qui ne venait pas.

Finalement, après un temps qui lui parut une éternité, il perçut cette présence familière, une sensation instinctive déjà éprouvée au cœur de leurs confrontations.

Aveugle qu'il aurait été, il aurait tout de même senti son aura.

Approchant d'une clairière parsemée de camomilles, il en cueillit quelques-unes avant de se retrouver face à Siryasius. Allongé dans l'herbe, son visage empreint de mélancolie et le bras masquant ses yeux.

Un léger sifflement de Rizael suffit à attirer l'attention de Siryasius, qui, en découvrant le demi-elfe et son bouquet tendu, laissa transparaître une lueur de surprise.

— Je ne te jure pas allégeance et je ne renonce pas à ma liberté, sache-le. Mais il m'est impossible de te quitter ainsi car... eh bien... te côtoyer, c'est le meilleur moyen de trouver tes faiblesses pour provoquer ta chute.

Le rire de Siryasius résonna dans la clairière, un son inattendu qui sembla effacer, l'espace d'un instant, la lourdeur de l'air.

— Toujours aussi imprévisible ! J'ai cru que tu m'avais abandonné.

Siryasius contempla le bouquet puis avec un geste lent, tendit la main, prit une fleur et la porta à son nez.

— Je ne changerais pas.

— Je sais.

— Je ne deviendrais pas gentil et je n'arrêterais pas cette guerre.

— Tu ne peux pas laisser Tiam prendre ta place, sinon les royaumes terrestres en souffriraient bien plus qu'avec toi. Et je ne peux pas effacer de mon esprit toutes les horreurs que tes conquêtes ont commises.

— Si je tombe sur l'un de tes camarades, je ne me retiendrais pas. Je les tuerais. Et si j'ai le choix entre ma conquête et toi, je te tuerais sans hésiter, tu en as conscience ?

Rizael déglutit mais ne détourna pas le regard.

— Je l'ai toujours su.

— Malgré cela, tu ne veux pas ta liberté ?

— Pas maintenant et pas comme ça. C'était ton test. Je veux que tu me l'offres réellement, sans que je puisse craindre tes représailles.

— Hm...

Siryasius l'invita d'un geste de la main à s'allonger dans l'herbe et les fleurs avec lui.

— Ne fais pas comme l'autre fois, commenta Siryasius en jouant avec les fleurs du bouquet. Je te rappelle que mes cornes et ma queue sont-

— Je sais. Sensibles. Même si t'entendre gémir comme ça, c'est stimulant.

Ils restèrent tous les deux allongés en silence pendant un temps qui parut infini. Il n'y avait que les bruits des oiseaux perturbant leurs réflexions.

— Mon père était un marchand, murmura soudain Rizael, les bras derrière la tête et le regard perdu dans les nuages. Un humain tout ce qu'il y a de plus banal. Il s'est arrêté à Lae'Thys un jour et n'est jamais reparti. Au départ, j'ai pensé que c'était parce que mes parents s'aimaient, mais ensuite...

— Et puis ?

— Il est parti m'acheter un nouveau violon, et il n'est jamais revenu.

— Il est mort ? demanda Siryasius en se redressant sur son coude pour observer Rizael.

— Non, il a juste fui. Plus tard, j'ai réalisé qu'il n'avait jamais aimé ma mère. Il était resté à cause de la grossesse, puis à cause de moi. Quand il a finalement craqué, il est reparti sur la route.

— Et tu n'as jamais tenté de le retrouver pour lui faire payer ?

— J'y ai pensé, mais ma mère m'en a dissuadé. Lorsque la guerre a éclaté, j'ai parfois espéré que tu le rencontres sur ton chemin.

— Ça aurait été avec plaisir de lui couper la tête. Peut-être que cela s'est produit ?

Rizael secoua la tête et ferma les yeux.

— Je l'ai croisé à Orifleur, lors du « non-siège ». D'ailleurs, pourquoi n'as-tu pas attaqué ce jour-là ? La vraie raison.

Siryasius avala péniblement sa salive.

— Honnêtement ? Tiam est venue me voir la veille. Elle est restée toute la nuit et le jour suivant... et... je n'ai pas pu. Pas après ce qu'elle m'a fait.

— Je suis désolé.

— Tu n'as pas à l'être.

Un silence pesant s'installa avant que Siryasius ne brandisse une camomille devant le visage du demi-elfe.

— Continue avec l'histoire de ton père. Comment était-il là-bas ?

— Il menait une vie rangée, avec un commerce prospère, une femme et des enfants. Ce soir-là, je lui ai demandé de l'alcool, beaucoup d'alcool. J'ai eu une sacrée cuite. Mais dans ma folie, j'ai franchi une limite que même Moon m'avait interdit.

— Laquelle ?

— Les bardes ont le pouvoir d'utiliser la magie à travers la musique. C'est un don qui peut être un atout précieux en temps de conflit, mais... si tu sais comment l'utiliser, c'est aussi une arme meurtrière.

— Que lui as-tu fait ?

— Je l'ai hypnotisé pour qu'il saute d'une falaise.

Les yeux de Siryasius s'écarquillèrent, surpris par la froideur de la confession de Rizael. Sa voix était dénuée d'émotion, son regard fixe, presque distant.

Alors qu'il avait conduit son géniteur dans les bras du Dieu de la mort, il ne semblait pas avoir une once de regret.

— Laisse-moi t'embrasser.

Ce fut au tour de Rizael d'être surpris face à cette demande inattendue. Il prit une profonde inspiration, cherchant ses mots.

— Pourquoi ?

Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres de Siryasius, ses yeux brillants d'une lueur intrigante.

— Parce que je te désire. Parce que j'adore cette part sombre de toi. Parce que je suis fasciné par tout ce qui te rend unique. Qui te différencie des autres héros. Parce que... je pense que nous sommes plus semblables que tu ne veux l'admettre.

Rizael sentit son cœur battre la chamade dans sa poitrine, déchiré entre la tentation et la méfiance. Après un moment de réflexion intense, il plongea son regard dans celui de Siryasius et répondit d'une voix hésitante :

— D'accord.

Siryasius se pencha doucement au-dessus de Rizael, sa présence proche provoquant des frissons sur la peau du demi-elfe. Leurs regards se croisèrent, intenses, avant que les lèvres du cambion ne captent celles de Rizael dans un baiser empreint de désir et de douceur.

Rizael se laissa emporter par la chaleur de l'étreinte, ses mains venant caresser les épaules du cambion. Leurs souffles se mêlèrent et dans cet instant suspendu, il sentit ses doutes et ses peurs s'estomper, remplacés par un élan de confiance et de fascination pour cet être mystérieux qui se tenait au-dessus de lui.

Il se laissa emporter par la passion du moment, plongeant plus profondément dans le baiser avec une audace qu'il ne se connaissait pas. Sa langue trouvant facilement celle de son partenaire et se liant avec elle.

Lorsqu'ils se séparèrent enfin, Rizael sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine, une lueur d'excitation mêlée d'appréhension brillant dans ses yeux.

— Tu as peur ? demanda Siryasius en l'observant attentivement. Peur que, à cet instant, je me révèle cruel ? Monstrueux ? Tu veux fuir ?

— J'ai repensé à mon père, parce que comme lui, j'allais partir, murmura-t-il enfin. Je ne veux pas te fuir pour une supposée liberté.

Siryasius resta silencieux un moment, laissant les paroles de Rizael résonner dans l'air chargé d'électricité entre eux.

— Que veux-tu alors ? demanda-t-il finalement, sa voix empreinte d'une douceur inattendue.

— Je ne sais pas... mais là, maintenant, je veux ça.

Rizael tira sur la chemise de Siryasius, l'attirant vers lui pour un nouveau baiser, cette fois-ci empreint de passion et d'une intensité grandissante.

Un frisson électrisant parcourut l'échine de Rizael, mêlant l'excitation à une pointe de nervosité alors qu'une partie de ses sens restait toujours en alerte.

Malgré le désir ardent qui les animait, il ne pouvait pas chasser totalement les réflexes et les précautions acquises par son corps après des années de combat contre Siryasius.

Lorsque les lèvres de Siryasius trouvèrent les siennes et que le souffle brûlant du cambion caressa son oreille, Rizael perdit un peu plus le contrôle.

Il se laissa emporter par la passion, ses doigts explorant la nuque et les cheveux noirs de Siryasius, tandis que sa queue pointue s'enroulait autour de son bras.

— Riz... murmurait Siryasius, ses lèvres parcourant son cou avec avidité. Tu es... appétissant.

— Ne me dévore pas.

— Je le fais déjà.

Il suça sa peau si fort que le demi-elfe se vengea en serra avec force la pointe de sa queue tranchante. Quelques gouttes de sang coulèrent de sa paume mais le puissant gémissement du cambion en valait la peine.

Rizael en profita pour explorer son torse musclé sous sa chemise et s'attarder sur la pointe de ses pectoraux. Siryasius retint un soupir, ses yeux sombres brûlant d'une lueur intense.

— Que faudrait-il faire pour que tu ne sois qu'à moi pour l'éternité ?

— Tu ne veux pas de quelqu'un comme moi. C'est ton désir sexuel qui parle.

— Bien sûr, mais pourquoi ne voudrais-je pas d'un amant aussi... exquis ? Tu es mon égal.

— Vraiment ?

— Je t'ai sous-estimé une seule fois et depuis, tu es le seul de mes ennemis que je ne considère pas comme inférieur.

Siryasius enveloppa Rizael dans ses bras, humant ses cheveux avec délice avant de murmurer d'une voix chargée d'émotion :

— Et depuis le début, j'adore ton odeur.

Rizael sourit doucement, touché par cette confidence.

— Bergamote, bois brûlé et une touche de romarin. C'est pour cela que tu as un savon qui sent comme moi ?

Siryasius acquiesça, son regard se perdant dans celui de Rizael.

— Parce qu'en pensant à toi, je pense au combat, à l'excitation de gagner, de me défouler, d'affronter quelqu'un aussi fort que moi. Toi. Je pense à toi.

Une vague de chaleur envahit le cœur de Rizael, submergé par la sincérité de Siryasius.

Il savait que ce n'était pas une déclaration d'amour, mais ça y ressemblait. Siryasius exprimait son désir avec une intensité brute, sans artifice ni retenue. C'était ainsi qu'il fonctionnait.

Bien qu'il soit conscient que leur relation restait principalement physique, Rizael savourait chaque mot, chaque caresse, chaque instant passé avec le cambion. Dans cette clairière, loin des conflits et des discordes, le mot "ennemi" perdait de sa signification.

Ils étaient simplement deux êtres, se découvrant l'un l'autre, sans préjugés ni barrières.

Leurs lèvres se retrouvèrent, avides de contact, alors que leurs membres durcis se frottait l'un l'autre avec impatience.

Perché au-dessus, Siryasius céda le premier à l'appel du désir. Avec délicatesse, il retroussa la chemise de Rizael, traçant un chemin de baiser brûlant sur sa peau.

Il s'attarda sur chaque côte, explorant de sa langue, mordillant et aspirant, jusqu'à frôler l'ourlet de son pantalon.

Son regard se leva vers Rizael, attendant son consentement qui fut immédiat. Le cambion fit glisser sa main à l'intérieur du vêtement, abaissant légèrement le tissu pour révéler le sexe tendu de son amant.

Ses doigts se mirent à étaler le liquide pré-séminal avec une lenteur exquise tandis que le souffle de Rizael devenait saccadé et trahissait son impatience grandissante.

— Supplie-moi.

— Siry... !

— C'est tout ce dont j'ai besoin.

Au moment où ses lèvres accueillirent le membre de Rizael, ce dernier bascula la tête en arrière, plongeant son regard dans l'immensité du ciel, tandis que ses mains se perdaient dans la fraîcheur de l'herbe et la délicatesse des fleurs.

L'ennemi était devenu l'amant.

La sensation de se sentir enveloppé, caressé par sa bouche, sa langue agile, et par moments, l'effleurement audacieux de ses dents, emporta Rizael au-delà des frontières de la pensée.

Entre deux halètements profonds, Rizael laissa échapper un soupir, ses doigts trouvant prise sur l'une des cornes du cambion et provoquant chez ce dernier un gémissement de sensibilité accrue.

Les marques de ses ongles se firent sentir sur les hanches de Rizael, frôlant sa peau avec intensité, jusqu'à ce que, soudain, un éclair de réalisation traverse son esprit.

— Pas de doigt ici, articula-t-il d'une voix pressante.

— Hm ?

— Évite tes doigts à cet endroit...

— Et pourquoi donc ? Peur d'explorer de nouveaux horizons ? rétorqua Siryasius, une pointe de défi dans la voix.

— Je l'ai déjà fait, mais avec tes ongles c'est dangereux. Les risques de douleur, d'infection... Sans compter où ils ont pu traîner...

— Tu oses me dire ça quand je peux te faire crier.

Siryasius n'attendit pas un instant de plus pour se venger et le sucer avec une puissante intensité. Il joignit en même temps sa main pour caresser ses bourses mais également le branler en même temps.

Rizael, submergé, perdit toute contenance, emporté par une vague de plaisir qui ne laissait place à rien d'autre.

Sa réponse fut un abandon total, un souffle coupé par l'intensité de l'instant. Sa jouissance remplissant la bouche de son amant qui l'avala sans perdre une goutte.

— J'avais faim.

— Tu... m'épuises, Siry.

— On rentre ? Il doit être l'heure de manger.

Rizael arqua un sourcil, se redressant laborieusement.

— Ne désires-tu pas que je te rende la pareille ?

— Il n'y a aucune obligation, répondit le cambion d'un ton détaché, épaules haussées.

— Mais, comme tu me l'as fait, je devrais...

— Ce n'est pas une transaction. Ni même un service rendu. J'avais envie de te sentir dans ma bouche, c'est tout. Et puis, je te sens épuisé.

Rizael fixa son partenaire jouant négligemment avec des camomilles, perplexe face à l'idée que quelqu'un comme lui puisse se croire indigne d'affection. Ou alors tout était simplement dû à la cruauté de ses actes.

— À quoi penses-tu pour afficher un tel sourire ? questionna Rizael en se rhabillant.

— À me couper les ongles.



⚔️PROCHAIN CHAPITRE SAMEDI ⚔️

J'espère que vous avez ce chapitre à la fois touchant et... intense 🔥

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