18⚔️Sensible cambion


RIZAEL


En observant l'expression préoccupée d'Amalia tandis que Thalion veillait à ce qu'elle ne se tache pas en finissant sa soupe d'os, Rizael ressentit un pincement de regret d'avoir interrompu l'atmosphère joyeuse qui avait inauguré le pique-nique.

La proposition de Siryasius l'avait pris au dépourvu, d'autant plus en découvrant l'oasis luxuriante à quelques kilomètres seulement de la sombre demeure infernale.

Mais c'était l'interrogation de son ami d'enfance qui avait réveillé en lui des émotions qu'il avait toujours refoulées, ne surgissant que dans les moments d'ivresse ou de confrontation avec son ennemi juré.

Le simple fait que Siryasius puisse savourer le bonheur d'un pique-nique innocent dans un cadre idyllique l'avait soudainement répugné. Son esprit avait été envahi par les souvenirs de combats, de villes dévastées, d'orphelins, de souffrances et de sang.

Tout ce que Siryasius avait causé et qui ne pourrait jamais être pardonné.

Et le pire, c'était que Siryasius ne semblait éprouver aucun remords pour Lae'Thys, malgré toutes ces années.

— On ne peut pas changer quelqu'un qui est profondément convaincu d'être mauvais.

Il se tourna vers Grall, qui fumait tranquillement sa pipe, appuyé contre les jambes massives de Xol, qui semblait faire croître l'herbe autour de lui avec un enthousiasme presque enfantin.

— N'espère pas changer Siry, reprit Grall en voyant l'incompréhension dans le regard de Rizael. Il ne regrettera jamais le massacre de ta cité.

— Tout le monde peut devenir meilleur. Sinon, c'est bien un monstre.

— Siry est... Siry. Dès qu'il a décidé de conquérir des cités terrestres et célestes, il n'a jamais éprouvé de regret. Il ne changera pas et ne deviendra pas « bon » pour toute la gloire du monde.

— Il tire même du plaisir dans l'horreur... Grall, je comprends que tu sois loyal envers ton employeur, mais n'éprouves-tu aucune empathie pour toutes ces vies perdues ?

— L'Enfer m'a privé de ce sentiment. Tu vois, une fois que tu réalises que le monde est dirigé par les puissants, tu ne peux plus pardonner les faiblesses. C'est le cas de Siry.

— Il n'avait pas à faire payer ses tourments existentiels à Lae'Thys.

— C'est parce qu'il était faible qu'il a incendié ton foyer. C'est précisément à cause de sa propre faiblesse que ta vie a été anéantie. De toute façon, s'il avait été puissant, peut-être que le résultat aurait été tout aussi tragique.

— De quoi parles-tu ? Sois plus explicite.

— Ce n'est pas à moi de te parler du passé de Siry.

Grall étendit ses bras puissants avant de s'allonger complètement, prêt à faire une sieste digestive.

Alors qu'un silence qu'il perçu comme gênant s'était installé après son échange avec Grall, le demi-elfe sentit le besoin pressant de rompre cette atmosphère chargée. Il baissa les yeux vers son violon soigneusement rangé dans son sac, une idée naissant dans son esprit tourmenté.

Inspiré par le chant des oiseaux et le calme réconfortant de l'oasis, Rizael décida de laisser parler son instrument. D'un geste fluide, il ajusta l'archet, sentant la familiarité réconfortante de l'instrument entre ses mains. Il se plaça ensuite au centre du groupe, captant l'attention de chacun par sa simple présence.

Sans un mot, Rizael commença à jouer. Les premières notes jaillirent de son violon, douces et enveloppantes comme une brise légère. Il choisit une balade ancienne, une mélodie simple et pourtant profondément émouvante.

Il se laissa porter par la magie de sa musique, ses yeux se fermant pour mieux ressentir chaque note, chaque vibration. Il sentit la tension qui avait enveloppé le groupe se dissiper peu à peu, remplacée par un calme profond et réconfortant.

Rizael enchaîna avec d'autres morceaux, chacun aussi apaisant que le précédent.

Thalion, adossé à un arbre, ferma lentement les yeux, son souffle se calmant au rythme de la musique. Amalia, quant à elle, se laissa glisser sur l'herbe douce, utilisant les jambes de ce dernier comme oreiller, ses paupières devenant de plus en plus lourdes.

Son ami d'enfance endormi, Rizael concentra enfin son énergie magique et, grâce à ses pouvoirs de barde, il laissa la mélodie qu'il avait composé il y a quelques jours de cela, s'élever de son violon.

Chantant d'une voix douce et en langue elfique, Rizael communiqua avec les oiseaux présents dans l'oasis, les imprégnant de la mélodie et leur confiant la mission de la transmettre à leurs congénères sur le continent.

Grâce aux pouvoirs magiques de Rizael, la musique serait interprétée par la résistance comme un signal, les incitant à passer à l'action de la bonne façon et au bon moment.

Rizael observa avec satisfaction les oiseaux s'éloigner dans le ciel, porteurs de son message d'espoir et de libération, avant de cesser de jouer et de déposer son violon.

Il se leva doucement de son lieu de concert improvisé et décida de s'aventurer à travers la forêt tropicale environnante.

Les feuilles bruissaient doucement à son passage et après quelques minutes de marche, il parvint à un petit bosquet baigné par la lumière tamisée des rayons de soleil filtrant à travers le feuillage dense.

Et là, au centre de ce havre de verdure, gisait Siryasius, seul.

Rizael s'approcha lentement, sa curiosité mêlée d'une pointe de méfiance. Il regretta à nouveau de ne pas avoir sa rapière avec lui lorsqu'il se dit que tuer son ennemi dans un endroit si paisible ne lui aurait pas apporté la satisfaction qu'il attendait.

Finalement, surmontant ses réticences, Rizael décida de s'allonger à côté de Siryasius. Il sentit l'herbe fraîche chatouiller sa peau et ferma les yeux, laissant la sérénité du lieu l'envahir peu à peu.

Les minutes s'écoulèrent en silence, rythmées seulement par le doux souffle du vent.

— Dis-moi ce que tu détestes chez moi.

Le murmure calme de Siryasius rompit doucement le silence qui enveloppait le bosquet. Les paroles inattendues de son ennemi ébranlèrent légèrement Rizael, qui ouvrit les yeux pour observer le démon allongé à côté de lui.

Pendant un instant, Rizael resta silencieux, réfléchissant à la question. Les raisons de sa haine envers Siryasius étaient nombreuses et complexes, ancrées dans les souvenirs douloureux de la destruction de Lae'Thys et de la perte de tant de vies innocentes.

— Ce n'est pas tant ce que je déteste chez toi, répondit finalement Rizael d'une voix posée, mais plutôt ce que tu représentes. Tu incarnes la destruction, la tyrannie et le chaos. Tu es le symbole de tout ce que je combats.

Il marqua une pause, laissant ses pensées se rassembler dans son esprit.

— Ta cruauté, ton mépris pour la vie, ton ambition destructrice, ton esprit manipulateur, ton arrogance, ton utilisation de la peur chez les autres et tout ce qui a trait à la torture... Ce ne sont que des évidences.

Rizael détourna le regard, fixant le feuillage au-dessus de lui.

— Et toi ? Qu'est-ce que tu détestes chez moi ?

— Il me faudrait plusieurs jours pour en dresser la liste.

— Ecrire « tout » ne prend que quelques secondes.

— Est-ce qu'il y a tout de même des choses que tu admire chez ton pire ennemi ?

— Ta force.

Le cambion fronça les sourcils.

— Ta puissance, ta maitrise, ton intelligence, ta ruse, ta façon de diriger, ton instinct de survie, ta complexité, ton charisme...

Siryasius observa Rizael, un mélange d'étonnement et de méfiance dans son regard. Puis, après un moment de silence où il sembla peser ses mots, il finit par parler :

— J'aime ta ténacité et ta détermination. Ton talent au combat, ta capacité à inspirer les autres, ton courage face à la mort, mais aussi ton humanité... et ton influence sur moi. Tu représentes un défi que j'aime relever et malgré la façon dont je te traite depuis des années, encore plus maintenant que tu es mon captif, je te respecte pour ces valeurs.

Rizael fut surpris par cette réponse, n'ayant jamais envisagé que son ennemi puisse lui accorder une once de respect.

Pendant un instant, leurs regards se croisèrent, emplis d'une intensité nouvelle alors que le bruissement des feuilles alentour semblait s'atténuer.

Le demi-elfe déglutit, une tension palpable enveloppant l'instant, alors que son cœur s'emballait dans sa poitrine. Il avait toujours regardé Siryasius en tant qu'ennemi juré, mais à présent, il ressentait quelque chose de différent, quelque chose de familier et pourtant inconnu à la fois.

Une sensation qu'il avait déjà éprouvée maintes fois depuis sa captivité.

— Tes brochettes étaient vraiment bonnes, murmura soudain Siryasius. C'est la première fois de ma vie que quelqu'un d'autre que Grall ou sa mère me fait à manger. Et si c'était empoisonné, j'espère mourir dans la nuit pour que personne ne s'en rende compte.

— Si un jour je dois te tuer, ça ne sera pas par le poison.

Pendant un instant qui sembla durer une éternité, aucun des deux hommes ne bougea, ni ne parla.

— Pourquoi est-ce si dur pour toi de t'excuser pour Lae'Thys ? demanda finalement Rizael.

— Parce que je ne regrette rien.

— Qu'a fait mon foyer pour mériter un tel sort de ta part ?

Siryasius ferma brièvement les paupières avant d'inspirer profondément.

— Qu'est-ce que tu penses du sexe ?

— Pardon ?

— Est-ce que tu trouves que c'est intime ?

— Je ne procure pas du plaisir au premier venu, donc oui.

— Je ne crois pas que ce soit la chose la plus précieuse que l'on puisse offrir à quelqu'un. Du moins, en tant que cambion. En tant que « moi ».

— Quel est le rapport avec l'attaque de Lae'Thys ?

Siryasius laissa un instant de silence entre eux avant de poursuivre :

— Je crois que je pourrais te baiser la bouche là, maintenant, et sans aucune gêne ou regret. Pourtant, je crois aussi que je serais incapable de te livrer mes pensées.

Un frémissement parcourut le corps de Rizael, mais il garda le silence.

— Partager ses pensées, c'est plus intime que du sexe. Mes mots valent plus que n'importe quel acte physique avec n'importe qui.

— C'est ta façon de me faire comprendre que tu ne veux pas parler de Lae'Thys mais que tu as envie que je te suce ?

Le sarcasme teintait la voix de Rizael, mais il fut brusquement interrompu par un geste violent de Siryasius.

Dans un mouvement rapide et inattendu, son ennemi le chevaucha et agrippa son cou avec une rare fureur. La colère flamboyait dans les yeux de Siryasius, transmettant une menace palpable à Rizael qui sentit son cœur battre la chamade dans sa poitrine.

Il eut l'impression étouffante que le Dieu de la mort planait au-dessus de lui, prêt à l'engloutir dans son étreinte impitoyable.

— Ce que je déteste chez toi ? Ta vision idéaliste du monde. Je suis frustré à chaque fois que tu te dresses continuellement face à moi, sans jamais abandonner. Tu représentes l'espoir que j'essaie désespérément d'écraser, et pourtant, tu es le seul à avoir survécu à chacun de nos affrontements. Tu valorises l'humanité, son empathie naturelle et sa bonté. Et par-dessus tout... je te déteste parce que tu es celui qui...

Siryasius s'interrompit, déviant un instant le regard, avant de laisser échapper un soupir. Face à la soudaine intensité de l'étreinte, Rizael sentit la pression sur sa gorge s'accroître, laissant échapper un léger grondement de douleur. Pourtant, malgré la menace imminente de l'asphyxie, il garda un calme apparent, fixant Siryasius avec une intensité égale.

— Je haïs les héros parce qu'ils mentent. Ils sont incapables de sauver tout le monde, alors ils doivent choisir. Des hypocrites. Ce que je déteste encore plus...

Aussi soudainement qu'il l'avait saisi, Siryasius relâcha lentement sa prise, mais son regard ardent était empreint d'une colère froide.

— C'est que personne n'était là pour me sauver.

Rizael sentit son cœur se serrer dans sa poitrine alors qu'une soudaine compassion brûlait en lui.

Dans un geste d'empathie, il posa délicatement ses mains sur celles de Siryasius, cherchant à l'apaiser.

— Tu as raison, murmura-t-il d'une voix étouffée. Personne ne devrait être abandonné. Pas même toi.

Siryasius, surpris par cette réponse inattendue, retira ses mains de son cou, laissant échapper un souffle rauque. Les émotions se bousculaient dans son regard, un mélange de rage, de douleur et de désespoir.

— Je ne veux pas de ta pitié, cracha-t-il avec amertume.

— Si j'avais été présent à l'époque de tes tourments, je serais venu t'aider pour t'empêcher de sombrer à ce point. Et maintenant, je suis là. Je peux t'aider.

— Tu n'as pas à m'aider. Je ne veux pas changer. J'aime ce que je suis devenu. Je me suis forgé seul et je ne dois rien à personne. Tu veux faire preuve de bonté ? Accepte de mourir.

— Vas-y.

Le cambion cligna plusieurs fois des paupières.

— Quoi ?

— Fais-le. Tue-moi. Maintenant. Tu le désire depuis si longtemps. Qu'est-ce qui t'en empêche ? Je suis sous ton emprise.

Rizael savait pertinemment et malgré sa peur, que Siryasius ne le tuerait pas. Même si la limite avait failli être franchi de nombreuse fois, encore quelques minutes auparavant.

Il avait encore trop de valeur dans le plan de conquête de son ennemi pour mourir ici, sans témoin.

— Encore un truc que je déteste chez toi. Tu aimes me provoquer pour rien. Tu as le sang chaud.

— Comme toi.

Soudain, toujours allongé, Rizael se redressa brusquement pour écarter les mains de Siryasius avant de saisir ses cornes. Mais avant qu'il ne puisse sortir une nouvelle pique cinglante, il entendit un gémissement.

Le demi-elfe écarquilla les yeux en observant son ennemi, dont le visage, à quelques centimètres du sien, semblait devenir d'un rouge plus foncé.

— Tu...

— C'est sensible, abruti ! Comment tu réagirais si je te tirais les oreilles ?!

— Eh bien, pas comme ça...

Rizael desserra sa prise avant de faire glisser ses mains sur toute la longueur des cornes de Siryasius, se rendant compte de la sensibilité de cette partie de son anatomie.

— Riz...

La voix de Siryasius avait changé et cela les troubla tous les deux.

Rizael sentit une brusque accélération de son propre rythme cardiaque alors que leurs regards se croisaient intensément.

La proximité troublante de Siryasius, à la fois menaçante et vulnérable, éveillait en lui un mélange déroutant d'émotions.

D'un geste instinctif, il se mit à explorer chaque courbe, chaque texture. Une onde de chaleur s'empara de lui, la proximité physique avec son ennemi devenant presque hypnotique.

Pendant un bref instant, le monde extérieur et toutes les tensions entre eux semblaient s'effacer.

Il pouvait sentir le souffle du cambion sur son visage. La respiration de Siryasius devint plus irrégulière, son torse se soulevant et s'abaissant rapidement. Ses pupilles se dilatèrent légèrement, trahissant l'effet de la proximité physique avec son ennemi.

Quant à Rizael, il ressentit une chaleur monter en lui, un désir naissant qui pulsait dans ses veines. Il se sentait presque hypnotisé par la réaction de Siryasius, une part de lui voulant pousser plus loin cette exploration intime, tandis qu'une autre partie lui criait de s'arrêter avant que les choses ne dérapent complètement.

« Je le hais, je le hais, je le... » essayait-il de penser en boucle, jusqu'à ce que son esprit n'arrive plus qu'à se focaliser sur ses mains mais surtout la bosse qu'il sentait contre lui.

Rizael dû reconnaitre l'évidence : il avait envie de Siryasius.

Il se rendait compte qu'il était tout aussi tendu que lui, et ce simple contact physique sur ses cornes avait eu un effet surprenant, brisant totalement l'image du tyrannique cambion et ébranlant ses certitudes.

Le demi-elfe réussit à détourner son regard de Siryasius un instant, non par volonté, mais parce qu'il venait de remarquer la queue démoniaque de ce dernier s'agitant avec enthousiasme.

« Comme la queue d'un animal » pensa-t-il, laissant échapper un léger sourire sur ses lèvres.

— Ça me donne envie de jouer avec ta queue, murmura-t-il d'une voix chargée de sous-entendus.

Le souffle de Siryasius s'accéléra à cette remarque, son regard fixant intensément Rizael, un mélange de surprise, de désir et de défiance dans ses yeux.

Rizael, sentant le poids de son audace, hésita un instant, mais l'adrénaline et le désir pulsant dans ses veines le poussèrent à poursuivre. Avec un mouvement fluide, il glissa ses mains des cornes de Siryasius vers sa queue dans son dos, l'effleurant délicatement du bout des doigts.

Une onde de chaleur électrisa leur contact, les faisant frissonner tous les deux.

D'un rouge intense, sa texture était lisse et légèrement rugueuse, semblable à celle du cuir, mais étonnamment douce au toucher. Pourtant, des pointes acérées ornaient le bout, lui conférant un mélange saisissant de beauté et de danger.

Chaque mouvement provoquait des réactions inattendues chez Siryasius, dont les frissons et les soupirs témoignaient d'une sensibilité surprenante.

Rizael savait qu'il franchissait une limite, mais l'excitation de l'inconnu et la tension palpable entre eux l'emportaient sur toute réserve. La sensation de pouvoir sur Siryasius, d'avoir le contrôle sur ses réactions, le grisait d'une manière qu'il n'avait jamais connue auparavant.

Pendant un instant, il savoura ce sentiment de supériorité.

Il se sentait fort, dominant, alors que Siryasius, d'ordinaire si impénétrable, semblait vulnérable sous ses caresses.

Voyant Siryasius fermer les paupières pour savourer chaque instant de cette délicieuse torture, Rizael sentit la chaleur de l'embarras lui monter aux joues jusqu'au bout des oreilles.

Il en voulait plus, tout comme lui.

Rizael s'approcha un peu plus près de son ennemi, sa voix se faisant plus douce, et murmura :

— Vrask-

— MAITRE !

Leur sursaut mutuel fut interrompu par le geste instinctif de Siryasius qui porta un puissant coup de poing dans le ventre de Rizael, le projetant dans l'herbe alors qu'il jurait de douleur.

Aussitôt, le cambion se redressa, saisissant sa queue dans son dos pour calmer son agitation. Pendant ce temps, Amalia, accompagnée de Xol, fit son entrée dans le bosquet.

— Maitre ! s'exclama de nouveau Amalia en courant vers lui. Regardez ce que Xol m'a aidé à faire !

Elle tendit fièrement une couronne de fleurs blanches à Siryasius.

— Je dois les manger ? demanda-t-il innocemment.

— Mais non ! Qu'est-ce qu'il a Renard ? Il a bobo ?

Amalia désigna Rizael, la tête dans l'herbe, calmant non seulement sa douleur mais aussi son ardeur. Ce dernier poussa un long soupir lorsqu'il sentit quelque chose se déposer sur sa tête.

— J'ai fait des couronnes pour tout le monde ! s'exclama Amalia avec enthousiasme.

Rizael leva doucement les yeux pour regarder Amalia, touché par son geste attentionné.

— Merci, Amalia, c'est vraiment gentil de ta part, murmura-t-il avec gratitude. Et toi aussi, Xol.

— Pourquoi tu as le cou tout rouge, Renard ?

Xol émit une série de sons étranges jusqu'à ce que Siryasius hoche plusieurs fois la tête en signe d'approbation.

— Il a raison, on devrait retourner avec les autres, déclara Siryasius. Grall ne nous a pas encore fait goûter à ses desserts.

La petite fille, excitée, se mit à courir en rond dans l'herbe. Siryasius la rattrapa habilement par le col de son vêtement et la déposa doucement dans les bras de l'homme-arbre.

Sans un mot de plus, et après avoir attendu que Rizael ne se redresse et les rejoigne, ils partirent tous ensemble du bosquet. Au bout d'un moment, Siryasius ralentit sa marche pour se retrouver au niveau du demi-elfe et murmura :

— Qu'est-ce que tu allais me dire ?

— Quoi ? Quand ? Certainement une insulte.

— Quand tu étais en train de...

Le cambion détourna le regard alors que sa queue s'agitait de plus belle.

Rizael l'évita tout autant. Il se racla la gorge, essayant de dissimuler son malaise, et répondit d'une voix hésitante :

— Ça n'a plus d'importance.

— Au crépuscule.

Le ton de Siryasius était calme mais il y avait une lueur d'intensité dans son regard qui captivait Rizael.

— Pardon ?

— Je vais m'entrainer sur la plage, comme l'autre fois. J'aurais besoin d'un partenaire.

— Entendu.

— Et... peut-être qu'après... il me faudra de l'aide pour me nettoyer aux bains. Surtout pour le dos, et...

Les mots de Siryasius se perdirent dans un murmure, mais leur signification n'échappa pas à Rizael. Une chaleur diffuse se propagea dans son corps, mêlant l'excitation à une pointe de nervosité.

— Je vois...

— Enfin, ce n'est pas une obligation. Je sais que... Enfin... Tu es mon serviteur et je... Tu dois avoir beaucoup d'autres tâches, même si j'ai demandé que tu sois à mon service exclusif. Mais ça ne veut pas dire que tu es obligé de... chiotte.

Un silence gênant s'installa entre eux, seulement perturbé par le vent qui soufflait à travers les arbres. Les yeux de Rizael erraient, cherchant quelque chose à dire pour rompre l'atmosphère étrange qui s'était instaurée.

— Je ne manquerais pas l'occasion d'avoir à nouveau ma rapière entre les mains, souffla Rizael avec un léger sourire, mais le ton de sa voix trahissait une certaine nervosité.

— Je n'en doute pas.

Alors qu'ils approchaient du reste du groupe, Rizael sentit une boule se former dans son estomac. Il ne savait pas quoi penser de tout ce qu'il s'était passé dans le bosquet entre eux.

Il avait eu l'impression de découvrir d'un coup une multitude de facette de son ennemi, mais également des émotions allant en contradiction total avec ce qu'il ressentait pour lui.

Siryasius ne pourrait jamais être pardonné pour ce qu'il avait fait. Il le dégoûtait toujours sur le plan moral et il ressentait toujours l'envie de le blesser.

Pourtant, il lui avait paru si humain qu'il en était encore troublé.

« Mon plan va peut-être fonctionner », se dit-il, le regard perdu. « S'il me fait confiance et qu'il s'attache à moi, je pourrais agir comme bon me semble. Je serais immunisé et j'aurais plus de moyen pour me sauver et préparer sa chute... »

Alors qu'il réfléchissait à tout cela, Rizael remarqua que le reste du groupe était en train de se régaler avec les desserts préparés par Grall. L'ambiance était joyeuse, les rires et les conversations animées emplissant l'air.

Cependant, cette atmosphère festive ne parvint pas à dissiper l'amertume qui s'était installée en lui. Les souvenirs des victimes de la conquête de Siryasius le hantaient toujours, lui rappelant les horreurs qu'il avait vues et ressenties.

— Je ne dois avoir aucun regret, même si c'est immoral, chuchota-t-il pour lui-même.

Il irait rejoindre le cambion sur la plage le soir même, quitte à ce que tout dérape, afin de se rapprocher de son objectif.

Cependant,lorsque le crépuscule enveloppa le paysage de ses teintes dorées, Siryasiusbrilla par son absence.



⚔️PROCHAIN CHAPITRE SAMEDI ⚔️

Rapprochement entre Siry et Rizael... Qu'est-ce que vous en pensez ? Des réflexions de Rizael sur sa soudaine attirance pour Siry ? De la haine et des non-regrets de Siry pour tous ces actes ? J'espère que l'histoire vous plait pour l'instant ! 🥰

N'hésitez pas à soutenir cette histoire en votant/cliquant sur l'étoile et en laissant un petit commentaire. Ça fait toujours plaisir de lire vos retours et ça m'encourage à continuer !



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