14⚔️Personne ne touche à...


SIRYASIUS


— Tu es tellement chiant quand tu n'es pas occupé à faire la guerre, grogna Grall en secouant sa grande marmite, ses sourcils broussailleux froncés dans une concentration intense.

À côté de lui, assis sur la table de la cuisine, Siryasius semblait pensif, son regard plongé dans les bols remplis de légumes disposés devant lui, comme s'il cherchait une réponse cachée dans les carottes et les haricots.

— Tu ne trouveras pas.

— Ta gueule. Je sais qu'Oliver t'a demandé de planquer des trucs bizarres dans ma nourriture. Et je trouverai.

— Les seuls trucs « bizarres » font partie de ce que l'on appelle communément de la nourriture saine. Tu devrais essayer, au lieu de rester sur ton régime carnivore.

— Estime-toi heureux que je ne sois pas cannibale.

L'orc poussa un grognement, ses mains massives agitant les baguettes de cuisine dans les ingrédients en train de cuire devant lui.

Après avoir assaisonné sa recette, il se tourna vers Siryasius qui semblait perdu dans ses pensées. Profitant du calme momentané qui régnait dans la pièce, Grall lança :

— J'ai appris de Supplice que tu voulais faire de Rizael ton serviteur personnel. Pourquoi ? Vous ne vous faites pas confiance et je suis certain que tu n'as pas changé d'avis sur lui. Tu veux toujours le tuer.

— Je le déteste, nuance. Le tuer me priverait d'un certain divertissement. Quant à mes raisons, elles sont simples : je suis entouré d'abrutis.

— Merci.

— Damnation et Supplice sont efficaces mais je ne peux pas tout leur demander. J'ai besoin d'une personne intelligente, compétente et-

— Qui a envie de te poignarder dans le dos. Rizael est la personne que tu devrais le plus craindre ici, et toi, tu veux qu'il te suive à la trace à chaque heure ? Les légumes te feraient donc perdre le peu de matière grise dans ton cerveau ?

— Rizael ne me tuera pas.

— Oh, et qu'est-ce qui te convint de cela ?

— Parce que c'est un héros.

Grall relâcha le manche de sa casserole avec un soupir, essuyant ses mains sur son tablier avant de fixer Siryasius ayant un sourire mauvais, un éclair d'intérêt brillant dans son regard perçant.

— Un héros ne tue pas.

— Rizael te déteste. Bien sûr qu'il peut te tuer.

— Il y aura toujours quelque chose pour l'en empêcher. Sa morale ou je ne sais quelle connerie. Il sait que ma mort n'apaisera pas son âme et surtout, qu'à l'instant où il me fera succomber, tous les autres lui tomberaient dessus. Me tuer signerait sa mort, et il n'est pas suicidaire à ce point. Il veut que je paie pour mes crimes, et il sait qu'il ne peut rien faire tant qu'il est prisonnier ici.

— Alors tu crois vraiment qu'il resta sage et ne tentera pas de s'échapper encore une fois ? lança Grall d'un ton narquois, son regard perçant fixé sur Siryasius.

— Oh, il va tenter... Mais je vais m'arranger pour l'amadouer.

Grall leva un sourcil, un rictus ironique tordant ses lèvres. Il connaissait trop bien la capacité de Siryasius à tisser des toiles d'araignée de manipulation et de tromperie.

Mais cette fois, il sentait que quelque chose était différent.

— L'amadouer ?

— Ma convalescence m'impose d'être « moins démoniaque » ? Eh bien, je vais jouer ce jeu avec lui. Je vais lui montrer un côté de moi plus... attirant. Je veux qu'il s'accroche à moi, même s'il ne pourra jamais oublier sa haine. Je veux semer le doute dans son esprit, le troubler.

— Tu es attaché à lui.

À cette remarque, Siryasius réprima un frisson d'irritation, ses traits se figeant dans une expression glaciale.

— Attaché à lui ? répéta-t-il d'une voix tranchante, presque menaçante. Ne te méprends pas, Grall. Je suis le maître de mes propres émotions. Ce que je ressens pour Rizael n'est que l'énervement. Ce qui compte, c'est ce que je peux tirer de cette relation. Et je ne vais pas laisser de la sentimentalité idiote entraver mes plans.

Grall haussa un sourcil, observant le cambion avec un mélange de scepticisme et de méfiance.

— Si tu le dis. Mais ne sous-estime pas les conséquences de jouer avec les sentiments des autres. Rizael n'est pas un pion ordinaire dans ce jeu, et tu risques de te laisser charmer par le barde si tu tends trop l'oreille à ses mélodies.

À peine les mots de Grall s'étaient-ils dissipés dans l'air que la silhouette de Rizael se dessina à l'entrée de la pièce, interrompant la conversation tendue.

Il se tenait là, vêtu d'une tenue qui était taillée sur mesure pour lui. Son habit d'un bleu clair, aussi éclatant que ses yeux, semblait flotter autour de lui avec une grâce naturelle. Chaque détail de sa tenue était soigneusement mis en valeur, de la coupe de son pantalon à la texture de son tissu, en passant par les subtiles touches d'argent qui soulignaient ses contours.

Un instant, Siryasius fut captivé par la prestance de Rizael, par cette aura qui émanait de lui, mêlant force et élégance. Il se rendit compte que, malgré sa haine profonde envers le demi-elfe, il ne pouvait s'empêcher d'admirer sa prestance et sa détermination.

Il l'avait toujours trouvé charismatique.

Mais cette pensée lui rappela qu'il n'était pas question de se laisser distraire par des pensées futiles. Rizael était un outil qu'il utilisait pour son divertissement et pour rendre malheureux Moon et la résistance.

Prenant une profonde inspiration pour dissimuler son trouble, Siryasius redressa fièrement la tête, son masque d'indifférence retrouvé.

— Que me vaut l'honneur de ta présence ? demanda-t-il d'une voix calme, bien que teintée d'une pointe de défi.

— J'ai commencé à prendre mes fonctions de... serviteur personnel, comme convenu.

— Tu veux une médaille ?

— Cependant, poursuivit-il d'une voix posée, j'ai encore beaucoup d'interrogations sur ma place ici, sur tes intentions et sur le véritable enjeu de cette demande.

Siryasius retint un sourire narquois.

— Qu'est-ce que je pourrais te demander et que personne ne pourrait faire ?

Avant que Siryasius ne trouve une idée, une voix paniquée résonna depuis le couloir.

— Maître ! s'écria Supplice, apparaissant soudainement dans l'encadrement de la porte. Fel et ses Souliers Rouges viennent de débarquer dans le hall !

Siryasius se redressa d'un coup, faisant apparaître son épée.

— Que tout le monde reste confiné dans les couloirs de service. Personne ne met un pied au premier étage. Je vais m'occuper de cela, déclara-t-il d'une voix autoritaire.

— Est-ce que je dois te suivre ? interrogea Rizael, prêt à agir selon les ordres.

— Ce serait dangereux... Donc c'est parfait. Suis-moi.

Dans les couloirs, l'agitation atteignait son paroxysme. Les serviteurs se pressaient, échangeant des regards inquiets et chuchotant entre eux. Certains tremblaient tandis que d'autres tentaient de dissimuler leur nervosité derrière un masque d'indifférence feinte.

Siryasius, suivi de près par Rizael, scrutait les diablotins agités lorsqu'Amalia arriva en courant devant lui. Il s'accroupit face à elle, la prenant doucement par les épaules, son regard doré empreint de calme et de détermination.

— Reste avec Grall, c'est entendu ? lui murmura-t-il avec tendresse. Même si tu sens l'odeur du sang, ne monte surtout pas.

— D-D'accord, maître ! balbutia-t-elle.

Siryasius lui offrit un sourire rassurant avant de la laisser repartir vers les couloirs. Puis, se relevant avec grâce, il se tourna vers Rizael, qui l'observait d'un air indéchiffrable.

— Quoi ?

Rizael hésita un instant, semblant sur le point de dire quelque chose, puis secoua légèrement la tête.

— Rien.

— Parle.

— Pourquoi es-tu si... Non, oublie ça.

— Tu devrais savoir que je peux très vite être en colère.

— Ce n'est rien.

— Parfait, déclara Siryasius d'une voix ferme, mettant fin à la conversation impromptue, avant de reprendre sa marche décidée vers les escaliers, Rizael à ses côtés, une tension perceptible entre eux.

Alors que Siryasius et Rizael atteignirent enfin le hall principal, ils découvrirent Fel, entouré de quatre de ses redoutables Souliers Rouges, un sourire narquois étirant ses lèvres.

À leurs pieds, trois diablotins gisaient inertes, victimes de l'impulsion meurtrière des fées enragées.

Siryasius sentit une bouffée d'indignation monter en lui, mais il la refoula rapidement, se concentrant sur la situation présente. Les Souliers Rouges étaient connus pour leur violence et leur loyauté aveugle envers Fel. Le réprimer devant eux n'était pas un choix judicieux.

— Seigneur Siryasius, quel plaisir de vous voir après cette absence ! lâcha Fel d'une voix mielleuse. Et... oh ! N'est-ce pas le demi-elfe de la résistance ? C'est un cadeau pour nous ?!

Siryasius retint un grognement, son mépris pour Fel s'intensifiant à chaque mot prononcé par la fée meurtrière.

— C'est mon affaire, Fel. Que fais-tu ici ? questionna-t-il d'un ton glacial, ses muscles tendus en prévision d'un éventuel affrontement.

Fel inclina la tête, un sourire carnassier étirant ses lèvres minces.

— Oh, rien de bien spécial. Juste une visite de courtoisie, dit-il avec un rire cruel.

Les Souliers Rouges, armés jusqu'aux dents, adoptèrent une posture menaçante, prêts à obéir au moindre ordre de leur leader.

Siryasius, habitué à ce genre de situations tendues, se remémora la première visite non sollicitée de Fel dans sa demeure.

Alors il lui fit un grand sourire et l'invita d'un geste de la main à passer dans le salon. Fel renifla dédaigneusement avant de traîner le pied ensanglanté d'une de ses victimes sur le sol, maculant le parquet de traces rougeâtres, jusqu'à la table à manger où il s'installa avec ses sbires.

— Pourquoi agis-tu ainsi ?! s'étonna Rizael dans un murmure chargé d'incompréhension. Ne sont-ils pas tes sujets ?

— Tu devrais savoir que les Souliers Rouges ne sont fidèles qu'à leur intérêt personnel. Si Fel daigne m'obéir, c'est uniquement par contrat. Te souviens-tu de la Crypte de Maz'el ?

Rizael hocha doucement la tête, suivant en silence Siryasius qui en s'installant à sa place, entre les fées, se revit deux années en arrière.

Dans la semi-obscurité de la crypte d'une ville maudite par la peste, il se revit coincés entre les lignes ennemies, la mort rôdant autour de Beatrix et lui.

Séparés du reste de leurs généraux, ils s'étaient retrouvés acculés par la résistance, la seule voie de sortie étant l'escalier menant vers la surface, désormais gardé par les ennemis prêts à les abattre sans merci. Les voix déterminées de Moon et des autres membres de la résistance résonnaient dans les ténèbres, annonçant leur funeste sort.

Beatrix, déjà affaiblie par la perte abondante de sang, et Siryasius, portant les stigmates d'innombrables flèches empoisonnées enfoncées dans sa chair, se trouvaient dans une situation désespérée, sans échappatoire apparente.

C'était dans cet instant de désespoir, alors que la mort les frôlait de près, que Siryasius avait pris la décision audacieuse de libérer les Souliers Rouges, enfermés depuis des siècles dans les profondeurs de la crypte.

Il se souvenait encore de la lueur d'approbation dans les yeux de Beatrix lorsqu'ils avaient conjointement décidé de libérer les Souliers Rouges, ces êtres puissants et meurtriers enfermés dans des jarres magiques depuis des temps immémoriaux.

C'était un moment où la survie avait primé sur tout le reste. Et malgré les avantages d'avoir l'aide des Souliers Rouges dans sa campagne, Siryasius regrettait leur présence.

Ils restaient avec lui parce qu'ils avaient soif de meurtre.

À un point qu'ils ne supportaient pas les périodes de repos entre chaque bataille.

— Je leur offre des vies à prendre et ils restent tranquilles, murmura Siryasius.

Alors qu'ils étaient tous assis à table, les Souliers Rouges commencèrent à s'adonner à leur terrible festin. Dévorant leurs victimes avec une voracité indomptable, ils laissaient échapper des rires sardoniques et des grognements de plaisir malsain, remplissant l'air de l'odeur métallique du sang et de la chair fraîchement déchirée.

Siryasius, gardant son calme apparent malgré le malaise qui l'étreignait, observait les diablotins d'un regard sombre. Bien qu'ils fussent des serviteurs, ils étaient aussi des membres de sa propre espèce, des créatures qui lui avaient juré allégeance.

— Nous nous ennuyons, déclara enfin Fel, en enfonçant son couteau dans la table. La succube a dit que la prochaine bataille n'aura lieu que lorsque vous aurez quitté votre demeure ! Alors, quand est-ce que cela arrivera ?

— Je vous ai confié tous les souterrains de la ville basse d'Etherna à nettoyer. N'est-ce pas suffisant ?

— C'est ennuyeux et la résistance nous bloque.

Siryasius jeta un regard bref à Rizael, qui se tenait légèrement en retrait derrière lui.

— Pouvons-nous tuer le demi-elfe ? demanda Fel en se tortillant sur sa chaise.

— J'ai dit non, répondit Siryasius d'un ton ferme.

Alors que Fel s'apprêtait à poser une autre question, les quatre Souliers Rouges disparurent soudainement dans une volute de fumée.

Siryasius se leva brusquement de sa chaise, cherchant du regard les fugitifs.

— Où sont-ils passés ?

La fée se contenta de hausser les épaules avant de pouffer de rire.

Lorsque Rizael laissa échapper un cri de douleur et s'effondra à genoux, une dague plantée dans son épaule.

Dans un accès de rage incontrôlable, Siryasius s'approcha de lui d'un pas lourd, ses mains se resserrant instinctivement autour de la gorge de l'impertinent.

— Où sont-ils ?! gronda-t-il d'une voix menaçante.

Fel, pris de court par la soudaine fureur de son maître, bafouilla quelques mots avant de faire apparaître ses subordonnés d'un geste tremblant.

Lorsqu'ils réapparurent dans le hall, Siryasius les toisa avec une rage glaciale. Il pointa un doigt accusateur vers eux.

— Qui a blessé Rizael ? Qui lui a fait ça ?!

Aucun des Souliers Rouges ne broncha, mais Siryasius remarqua une dague manquante à la ceinture de l'un d'eux. Dans un geste brutal, il se rua sur le coupable désigné, ses mains enserrant son cou avec une force mortelle.

— J'avais été clair. Personne ne touche à lui, rugit-il, sa voix emplie d'une colère sombre et implacable.

La fée meurtrière, prise au dépourvu, tenta de se débattre en vain sous l'emprise implacable de Siryasius. Mais bientôt, ses mouvements se firent plus faibles, jusqu'à ce qu'il cesse complètement de lutter, étouffé par la poigne de fer.

— Seigneur, vous avez promis de ne pas attaquer les Souliers Rouges ! plaida Fel d'une voix tremblante, son visage marqué par la terreur.

— Et tu as juré d'obéir à mes ordres tant que je te donnais des corps. Tu as tué mes serviteurs, je n'ai pas réagi. Tu t'en prends à Rizael, je me venge. Maintenant, disparais avant que je ne décide d'éradiquer toute ton espèce, cracha Siryasius avec un mépris glacial.

Fel acquiesça précipitamment avant de faire un signe rapide à ses sbires et de les entraîner hors du hall, disparaissant dans un éclat de magie.

— Il m'a désobéi. Cette saloperie !

Dans un accès de fureur incontrôlée, il lança violemment un vase qui se brisa en mille morceaux contre le mur, éclatant en éclaboussures de débris. Le bruit fracassant du vase se mêla au silence pesant qui s'était abattu dans la pièce, tandis que Siryasius tentait de contenir le torrent de rage qui menaçait de le submerger. Ses mains tremblaient encore, le mobilier environnant étant désormais menacé par sa furie incontrôlée.

Puis, surmontant sa colère avec une volonté de fer, il inspira profondément, essayant de retrouver son calme intérieur. Il savait que céder à la rage ne ferait qu'aggraver la situation déjà tendue.

D'un pas déterminé, il s'avança vers Rizael, dont le regard surpris dépassait la douleur qu'il ressentait.

Siryasius resta silencieux et posa une main avec précaution sur l'épaule de Rizael, un geste tendre contrastant la violence de ses récents actes.

— C'est une blessure superficielle, murmura-t-il enfin. Mais ça pisse le sang. Putain, je suis désolé que tu aies été impliqué. Foutu Souliers Rouges.

— Quoi ?

— Quoi « quoi » ?

— Tu as dit que tu étais... « désolé » ?

Siryasius cligna des yeux à plusieurs reprises, comme s'il réalisait seulement l'ampleur de ses paroles.

— Et alors ? répliqua-t-il, sa voix empreinte de défi.

— Tu ne t'excuses jamais. Et surtout pas à moi.

— Parce que c'est arrivé à cause de l'un de mes généraux qu-

— Tes sous-fifres m'ont plus d'une fois blessé sur le champ de bataille. Les Souliers Rouges ont assassiné l'une de mes camarades il y a quelques mois ! Tu ne t'es jamais excusé, mais là...

— Bon, écoute, tu peux mourir dans mon salon ou tu peux accepter et fermer ta gueule. Tu choisis. J'ai dit ce que j'avais à dire, alors épargne-moi tes lamentations.

Rizael accepta en silence et, sans un mot de plus, Siryasius se pencha pour le porter dans ses bras avec précaution, ignorant toute protestation qui aurait pu monter.

Il appela Damnation, lui faisant signe de nettoyer le hall et d'informer les autres serviteurs que les Souliers Rouges étaient partis.

Puis, avec Rizael dans ses bras, il se dirigea vers une pièce tranquille, cherchant un endroit où il pourrait prodiguer les premiers soins en toute tranquillité.

Le chemin se fit dans un silence pesant, chacun plongé dans ses propres pensées. Mais Siryasius, en baissant la tête vers le demi-elfe l'espace d'un instant, cru le voir rougir de cette situation.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans le cabinet médical servant le plus souvent à l'occultiste Oliver quand il était en visite ici, l'atmosphère changea instantanément. Les murs étaient tapissés de rayonnages remplis de potions aux couleurs chatoyantes, d'herbes séchées dans des bocaux en verre, et d'objets mystérieux étalés sur des étagères. Une table d'examen en bois massif occupait le centre de la pièce, éclairée par une lumière douce provenant de lampes magiques suspendues au plafond.

Siryasius déposa Rizael sur la table avec une délicatesse inhabituelle pour lui.

Puis il commença à rassembler les fournitures nécessaires pour traiter la blessure du demi-elfe. Il choisit avec soin des bandages propres, de l'alcool pur et une potion de guérison déjà prête en cas d'urgence.

Il ressentait le regard scrutateur de Rizael sur lui, un silence chargé d'attentes planant entre eux jusqu'à ce qu'il revienne vers le demi-elfe.

— Retire ta veste, ordonna-t-il d'une voix ferme.

Rizael obéit avec une certaine difficulté, ses mouvements marqués par la douleur contenue. Sans attendre un nouvel ordre, il ôta également sa chemise tachée de sang, se retrouvant ainsi torse nu devant Siryasius

Avec habileté, Siryasius commença à inspecter la blessure de Rizael. Ses doigts, habitués à manipuler des armes tranchantes, se firent doux alors qu'il palpait délicatement les contours de la plaie.

Il nota avec une certaine satisfaction que la dague n'avait pas atteint de zones vitales, mais la profondeur de la blessure suggérait qu'elle nécessiterait des soins approfondis.

— Que vas-tu faire ? demanda soudain Rizael. Tu t'y connais en médecine ?

— Bien évidemment. Je n'aurais pas passé l'adolescence sinon.

Il prit un chiffon propre imbibé d'alcool pur et tamponna précautionneusement les contours de la blessure pour en éliminer toute saleté. Rizael serra les dents, mais ne fit aucun mouvement pour se retirer.

Une fois la plaie nettoyée, Siryasius prépara une pommade à base d'herbes médicinales qu'il appliqua avec précaution sur la blessure. L'onguent avait une odeur piquante mais apaisante, nécessaire à prévenir toute infection et à accélérer le processus de guérison.

Ensuite, il enveloppa la blessure avec des bandages propres, veillant à ce qu'ils soient serrés mais pas trop, pour permettre une circulation sanguine adéquate. Il termina en administrant une gorgée de la potion de guérison, regardant attentivement les réactions de Rizael pour s'assurer qu'il la supportait bien.

Une fois les premiers soins terminés, Siryasius recula légèrement pour observer son œuvre. Malgré la situation tendue et les sentiments compliqués qui existaient entre eux, il se sentit satisfait de voir que la blessure de Rizael était désormais propre et bien pansée.

Siryasius resta un moment silencieux, contemplant le visage de Rizael. Une lueur de préoccupation teintait ses yeux, bien qu'il tenta de la dissimuler derrière son habituelle impassibilité.

— Ça devrait suffire pour le moment, déclara-t-il finalement, rompant le silence. Mais tu devras éviter les efforts physiques.

Rizael acquiesça et se redressa avec précaution, testant sa blessure prudemment.

— Merci, murmura-t-il sincèrement. Je sais que tu n'es pas du genre à accorder des soins avec tant de... délicatesse.

Siryasius détourna le regard, semblant gêné par le compliment inattendu.

— Ne te méprends pas, répondit-il d'une voix plus dure qu'il ne l'aurait voulu. Ce n'est pas pour toi que j'agis ainsi. C'est juste... plus pratique d'avoir un serviteur en bonne santé.

— Est-ce que je dois te servir ton repas ce soir ? Où y a-t-il autre chose que je devrais faire ?

Siryasius hésita un instant, laissant planer une tension palpable dans l'air. Finalement, il secoua légèrement la tête.

— Repose-toi. Je t'enverrais Supplice ou Damnation demain matin.

Sur ces mots, il se tourna vers la porte du cabinet médical, prêt à partir. Mais quelque chose retint son attention, une pensée fugace qui le fit hésiter.

Il se retourna pour faire face à Rizael, une expression indéchiffrable sur son visage.

— Je tiens à clarifier quelque chose, commença-t-il d'une voix calme mais ferme. Je ne suis pas attaché à toi, ni attiré par toi. Il est essentiel que tu ne te fasses pas d'illusions en pensant que, avec ton physique peu engageant, tu aurais pu séduire un cambion tel que moi. Si j'ai agi de la sorte, c'est parce que...

— « Personne ne touche à Rizael » sauf toi, c'est cela ?

Un léger sourire en coin se dessina sur les lèvres de Siryasius, reconnaissant l'ironie de la situation.

— Quelque chose comme ça, oui. Mais retiens bien que c'est pour des raisons purement pratiques.

— Alors, puis-je moi aussi proclamer « Personne ne touche à Siryasius, sauf moi » ?

Le sourire de Siryasius s'évanouit progressivement.

— Eh bien... cela... pourrait être envisageable, mais...

— Je plaisantais, se hâta de préciser Rizael.

— Oui, bien sûr, j'avais saisi.

— Vraiment ?

Tentant de regagner une certaine assurance, il se passa une main dans les cheveux, cherchant à retrouver son aplomb. Siryasius se sentait soudain troublé par la présence de Rizael, sans vraiment expliquer pourquoi.

Il se reprit rapidement et, avec un semblant de fermeté, il déclara :

— Bon, je me casse. Tu... euh... mouais. Repose-toi. Voilà, quoi.

Sans attendre de réponse, il quitta la pièce d'un pas décidé, laissant derrière lui un Rizael légèrement perplexe devant cette sortie précipitée.

Dans le silence qui suivit son départ, Siryasius se retrouva seul avec ses pensées tourbillonnantes. Se passant une main dans les cheveux, il soupira profondément.

Il ne pouvait s'empêcher de ressasser la conversation étrange qu'il venait d'avoir avec Rizael. Son cœur battait un peu plus vite que d'habitude, et une sensation indéfinissable l'envahissait.

Il en vint à se demander si Grall n'avait pas eu raison et s'il ne devait pas faire attention au demi-elfe qu'il désirait manipuler.



⚔️PROCHAIN CHAPITRE SAMEDI ⚔️

Y'A RAPPROCHEMENT !

P.S : pour ceux.celles qui n'arrivent pas à visualiser à quoi ressemble les Souliers Rouges et Fel... eh bien ils sont inspirés des Bonnets Rouges de Baldur's Gate 3, qui sont de la race des fées mais euh... bon.... voyez par vous même :

Charmant.


Le petit + 🔥 : croquis de logan__em (instagram) de Siry et Rizael ! 🥰

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