11⚔️Fils de p*te
SIRYASIUS
La tête inclinée en arrière, étendu sur une méridienne, Siryasius observait distraitement le défilé des prisonniers sous ses yeux. À sa droite, Tumiel se tenait debout, rigide comme toujours, les scrutant un par un.
La Tour Haut-Soleil devait être vidée de ses détenus pour servir d'avant-poste, et il devait maintenant décider du sort de ceux qu'il avait épargnés jusqu'à présent.
Une tâche qui l'agaçait profondément.
— Qu'on appelle Fel pour les tuer tous, marmonna Siryasius en levant les yeux au ciel.
— Ce serait facile, répondit Tumiel, mais c'est vous qui avez insisté pour procéder ainsi afin de ne pas manquer de possibles atouts.
— J'en arrive à regretter ma clémence.
— Regardez, un forgeron. Vous n'allez pas faire exécuter un artisan ?
Le nain noir, souillé et amaigri par la captivité, essuya ses mains sur son tablier crasseux avant de s'agenouiller et de parler d'une voix peu assurée :
— Je forge des armes en acier de Sombrine.
— Un nain des profondeurs ? Continue, tu m'intéresses. Comment es-tu arrivé dans mes geôles ?
— J'ai écrasé la tête d'un des Souliers Rouges qui a tenté de me voler, avec ma masse, balbutia-t-il. Puis j'en ai tué deux autres qui ont essayé de s'en prendre à mon petit-fils.
Soudain, Siryasius se redressa.
— Est-il mort ?
—Ma fille et son enfant ont réussi à échapper à vos fées assassines.
— Quel dommage... Et qu'attends-tu de moi ? La liberté ?
À cet instant, Rizael arriva en silence avec un grand bol de graines dans les mains.
Siryasius l'examina attentivement, suivant les motifs brodés de sa nouvelle tunique, dont la couleur rappelait celle de ses yeux, et dont la coupe au niveau du col ressemblait à la sienne. Son pantalon ample permettait une grande liberté de mouvement, et ses bottes glissaient silencieusement sur le sol, comme s'il contrôlait chacun de ses pas, tel un voleur.
— L'espoir ? murmura Siryasius, croisant le regard du demi-elfe.
Ce dernier déglutit avant de poser le plat à côté de Tumiel. Cette dernière en saisit une poignée, les grillant dans sa bouche avec un souffle brûlant.
— J'ai besoin de plusieurs avis. Renard, au pied.
Rizael se crispa, puis s'assit en tailleur devant Siryasius, contraint par l'autorité du cambion.
Il jubilait, peinant à contenir son amusement, avant de pointer du doigt le nain.
— Renard, que penses-tu de son cas ? C'est un nain noir des profondeurs, vivant à Sombrine. Sa cité a été attaquée par les Souliers Rouges, dans le but de récupérer les filons de minerais aidant à la création d'armes très résistantes. Penses-tu qu'il mérite la liberté ?
Rizael resta silencieux, hésitant à répondre.
— Ce n'est pas un piège, murmura Siryasius en s'approchant de lui. Sois sincère.
— Tous les prisonniers devant vous méritent la liberté, sans exception.
« Tu es devant moi » pensa le cambion avant d'attraper une poignée de graines.
— Tumiel.
— Quoi ?
— Les nains noirs de Sombrine n'ont pas mis le feu à une forêt il y a quelques années ? Toi qui as une mémoire extraordinaire.
— Effectivement, répondit-elle en grattant ses écailles, c'était pour récupérer du combustible. Ça a dégénéré et des hectares ont été ravagés.
Siryasius sentit Rizael se raidir lorsque sa main pénétra ses cheveux argentés, les caressant comme s'il était un animal domestique à apaiser. Une humiliation qu'il trouvait si divertissante en cet après-midi monotone qu'il regretta de ne pas y avoir pensé plus tôt.
— Renard, cette histoire ne te rappelle-t-elle rien ?
— Je... commença le demi-elfe. C'était dans la région ouest de la Côte d'Émeraude.
— Tumiel ? Où ai-je posé le pied pour la première fois dans le royaume terrestre avec mon armée ?
— La Côte d'Émeraude. Zone Ouest. Plus précisément à...
— Lae'Thys, l'interrompit Rizael.
— N'était-ce pas la forêt de Lae'Thys qui a brûlé à cause des nains de Sombrine ?
— I-il n'y avait que des ruines ! se justifia le nain. Plus de ville. Les arbres ne servaient plus à rien !
Soudain, la main de Siryasius dans les cheveux de Rizael se figea. Il se pencha légèrement en avant, son regard s'assombrissant.
— Les arbres servent toujours à quelqu'un.
Un frisson parcourut Rizael lorsque Siryasius sortit une dague de sa ceinture et la glissa dans ses mains.
— Tue-le.
— Seigneur, intervint Tumiel en se mettant sur ses gardes, vous êtes sûrs ? Vous venez de confier une arme à ce... cette créature m'a déjà entaillé une aile par le passé avec sa rapière.
— Je veux lui donner l'opportunité de se venger. Alors ?
Rizael observa l'arme avant de la prendre entre ses mains, l'examinant avec une familiarité retrouvée.
— Du bois calciné ne justifie pas la mort d'un être vivant ! s'écria l'une des prisonnières en retrait.
— J'ai un Terranid qui pourrait vous démontrer le contraire. Dois-je faire intervenir quelqu'un d'autre ou mon renard prendra-t-il les devants ?
Les lèvres de Siryasius s'étirèrent en un sourire satisfait alors qu'il observait Rizael s'approcher du nain, la dague pointée sous son cou.
Enfin, Rizael Silverleaf allait tuer une part de son sens moral au profit de la vengeance, et il en savourait déjà le spectacle.
Cependant, juste au moment où Rizael semblait prêt à passer à l'action, la dague sur la gorge du nain noir implorant sa vie, un instant de doute s'empara de Siryasius.
Soudain, Rizael pivota, lançant la dague avec une précision surprenante. Siryasius sentit la lame s'enfoncer dans sa poitrine, mais il ne laissa presque rien transparaître sur son visage.
Il retint un léger sursaut de surprise, feignant l'indifférence face à l'attaque qu'il considérait comme bénigne, alors qu'il sentait la froideur de sa propre lame à quelques centimètres de son cœur.
Le demi-elfe savait parfaitement où il visait, avec une assurance calculée.
« Pourquoi a-t-il fait cela, ce suicidaire ? » s'interrogea Siryasius. « Il a déjà tenté maintes fois de me blesser, en vain. Même s'il avait réussi, Tumiel l'aurait démembré. Alors pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qui a changé ? Me hait-il plus qu'avant ? Est-ce seulement possible ? »
D'un geste rapide, Siryasius étendit la main sur le côté pour empêcher Tumiel de les rôtir de son souffle draconique. Avec lenteur, il retira l'arme comme si elle n'était qu'un simple jouet.
Puis, il tendit la dague à Rizael, un sourire carnassier étirant ses lèvres.
— Essaie encore.
Rizael resta figé, les yeux écarquillés, observant avec horreur le sang qui s'écoulait lentement du torse de Siryasius. Un silence pesant enveloppa la pièce.
Face à l'absence de réponse du demi-elfe, Siryasius sentit une colère froide monter en lui.
Il voulait lui faire payer.
Qu'il comprenne enfin que chacun de ses actes avaient de désastreuses conséquences.
Sans un mot, il se jeta sur les prisonniers impuissants. Il se servit de ses mains comme d'instruments de mort, saisissant ses victimes une par une et les écrasant contre le sol de la pièce.
Son regard dépourvu de toute pitié, le cambion utilisait sa force surhumaine pour briser les os, étouffer les cris et écraser les corps sans défense. Chaque coup porté était précis, calculé pour infliger le maximum de souffrance en un minimum de temps.
C'était ainsi qu'il procédait sur le champ de bataille, et il savait qu'il rappelait à Rizael d'effroyables souvenirs de ses compagnons qu'il avait tué de cette façon-là.
Les prisonniers, désarmés et impuissants, ne pouvaient que subir la violence dévastatrice de Siryasius. Certains tentèrent de se défendre avec leurs mains nues, mais face à la puissance déchaînée du cambion, leurs efforts furent vains.
Le sol de la pièce se maculait rapidement de sang, les hurlements de douleur résonnaient dans les murs. Siryasius, dans un état de fureur incontrôlable, ne montrait aucun signe de ralentissement, continuant son massacre impitoyable jusqu'à ce que tous les prisonniers ne ressemblent plus à rien.
Alors que le silence de la mort retombait sur la pièce, il se redressa lentement, le souffle court.
Rizael, figé par l'horreur de la scène, dévisageait le démon avec un mélange d'effroi et de dégoût.
Siryasius, reprenant peu à peu son calme, essuya le sang qui souillait ses mains sur sa veste, puis fixa Rizael d'un regard glacial. Il s'approcha lentement du demi-elfe, chaque pas résonnant comme un écho menaçant dans la pièce désormais silencieuse.
— Regarde bien. Vois ce que ta faiblesse a coûté.
C'étaient les mêmes mots qu'il avait prononcés devant le célestien lorsqu'il avait enlevé Rizael.
Mais malgré la terreur et les regrets qui tenaillaient Rizael, ce dernier soutint son regard, ne montrant aucun signe de faiblesse.
Le demi-elfe était déterminé à ne pas fléchir, et cela l'énerva encore plus.
Dans un geste brusque, Siryasius attrapa le bras du demi-elfe, le tirant à sa hauteur avec une force déconcertante. Leurs visages étaient désormais à quelques centimètres l'un de l'autre, séparés seulement par l'épaisseur de la tension électrique qui les enveloppait.
— Ne crois pas un seul instant que tu peux te jouer de moi, cracha le cambion d'un ton glacial. Tu es à ma merci, et je te montrerai ce que cela signifie.
— Et ne crois pas un seul instant que ta cruauté me paralysera. Cela fait cinq ans que je t'affronte, Siryasius, prince de rien. Tu n'as de démoniaque que ton apparence. Le reste égale à peine les agissements pathétiques des bandits de grand chemin qui cherchent désespérément l'attention dans les bras d'une putain.
La remarque de Rizael résonna dans la pièce, percutante et cinglante.
Un éclair de surprise passa dans les yeux glacés de Siryasius, trahissant la douleur sourde que ses mots avaient provoquée. Un instant, il sembla sur le point de réagir violemment, levant la main dans un geste menaçant.
Cependant, au dernier moment, il retint son geste.
Il détourna le regard, dissimulant ainsi son trouble, et prit une profonde inspiration pour calmer ses émotions et masquer toute trace de vulnérabilité.
Mais c'était trop tard. Il pouvait le voir dans le regard de Rizael, soudainement changé. Le demi-elfe avait trouvé l'un de ses points faibles, sa nature bâtarde, et venait de s'en servir contre lui.
Avec en prime, une remarque acérée, assénée avec une précision dérangeante.
— Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à chercher l'amour d'une femme de joie, répondit Siryasius d'une voix presque effacée, trahissant une vulnérabilité inhabituelle pour lui.
Rizael, déconcerté, resta silencieux. Soudain, Tumiel attrapa ce dernier par le col et s'exclama :
— Je peux m'en charger, Seigneur. Je peux le faire disparaître, ou simplement le faire taire définitivement. Vous pourrez le garder en vie sans avoir à endurer ses mots.
Siryasius ressentit une profonde lassitude l'envahir, réalisant l'ampleur du chaos qu'il avait provoqué. La pièce était maculée de sang, tout comme ses vêtements, et ironiquement, comme le disait souvent Amalia, « il n'était même pas l'heure du goûter ».
Le cambion se détourna d'eux, se dirigeant vers la sortie, et ordonna d'une voix lasse :
— Je dois me reposer. Nettoie tout ça, Renard.
Dans le couloir sombre et silencieux, Siryasius s'appuya lourdement contre le mur, sa poitrine lancinante le forçant à grincer des dents pour réprimer la douleur. Il murmura le nom de Damnation, et quelques instants plus tard, son serviteur apparut dans l'ombre, ses yeux brillants d'une lueur inquiétante.
— Appelle Oliver, ordonna Siryasius d'une voix rauque, ses mots sifflants entre ses dents serrées. Immédiatement. Je l'attendrai dans la chambre d'invité près de la bibliothèque.
— Très bien, maître.
Alors qu'il s'apprêtait à partir, une voix brisa le silence, faisant tressaillir Siryasius. Il se retourna, ses yeux injectés de colère croisant ceux de Rizael, qui se tenait dans l'ombre derrière lui.
Il regretta amèrement de ne pas l'avoir éliminé à la première opportunité.
— Qui t'as fait ça ? commença Rizael.
Siryasius se remémora soudain les coups de fouet et un sourire ironique étira ses lèvres. Il comprit enfin pourquoi le demi-elfe avait risqué sa vie pour se venger.
— Toi, espèce d'ordure.
— Alors je me félicite.
— On est quitte.
— Pour toutes les vies que tu as anéanties, depuis cinq ans et même aujourd'hui, nous ne serons jamais quittes. Cela n'empêche...
— Quoi ? Comptes-tu me laisser en paix ou désires-tu tant t'abandonner au Dieu de la Mort ?
— Je demande pardon.
Siryasius papillonna des yeux, saisi par l'étonnement.
— Tu t'excuses de ne pas avoir tué ce nain toi-même ?
— Non, jamais je ne l'aurais tué. Surtout pas pour ton plaisir, ni par vengeance.
— Dans ce cas, de quoi t'excuses-tu ? D'être le plus misérable des animaux de compagnie ?
— Je m'excuse pour mes paroles ayant dépassé ma pensée.
Le cambion plissa les paupières, scrutant le demi-elfe à la recherche d'un piège ou d'un mépris dissimulé. Mais il ne trouva que de la sincérité dans son regard.
— J'ai tué tous les prisonniers à mains nues, devant toi et sous l'emprise de la colère que tu m'as provoquée... et tu t'excuses pour m'avoir mal parlé ?
— C'est exact.
— Par les Enfers, es-tu en train de perdre la tête à vivre ici ?
— Je t'ai dit que j'ai dépassé le stade où tes mots et tes actes me terrifiaient. Je t'ai tant affronté par le passé que je m'y suis accoutumé. Même lorsque tu as commencé à faucher mes camarades et à te réjouir devant moi. Mais ma conscience demeure, et je sais quand je franchis les limites.
— Et quels regrets as-tu pour tes paroles ? Tout est véridique. Tu l'as vu lorsque la Reine Sadique était là, et je suis sûr que c'est l'un de mes serviteurs qui t'a informé de ma nature de demi-démon. Bâtard. Fils de pute.
— Ne parle pas ainsi de ma mère !
— Non. Fils de pute, c'est moi. C'est pourquoi tu as fait allusion à une prostituée en m'insultant, n'est-ce pas ?
Soudain, Siryasius vit l'expression surprise sur le visage de Rizael, réalisant que le demi-elfe n'avait jamais été mis au courant de cette information.
— Tu es... un fils de putain ? Au sens propre et figuré ?
— Tais-toi.
— J'ai découvert il y a moins de deux jours que tu étais un cambion, alors que pendant cinq ans, je te croyais être un prince démoniaque !
— Supplice est bavard. Il aurait pu te le révéler pour me provoquer. Ou peut-être Grall, ou quelqu'un d'autre.
— Être un fils de pute n'est pas honteux.
— Je vais te trancher la gorge dans ton sommeil.
— Avoir un fils comme toi serait bien plus honteux, en y repensant.
— Te démembrer.
Soudain, Siryasius se sentit défaillir. Il s'appuya plus lourdement contre le mur, tournant le dos à Rizael.
— Tu m'épuises. Reste loin de moi.
— Laisse-moi t'aider.
— Es-tu lunatique ? Ou suicidaire ? Ton souhait le plus ardent doit être de vouloir ma mort. Ne devrais-tu pas tenter une manœuvre pour m'achever ?
— Je te connais, Siryasius. Je sais qu'au moindre mouvement, tu prendrais l'avantage pour me ridiculiser. Tu endures la douleur, mais tu m'as montré par le passé que tu possèdes des ressources insoupçonnées qui se réveillent toujours aux moments les plus critiques.
— Tu ne sais rien de moi.
— Tu détestes les légumes.
— La belle affaire. Vas-tu en faire une balade, oh mon barde ?
— Tu es bon danseur.
— Hein ?
— Tu es plus habile avec tes poings qu'avec une épée. Je soupçonne que tu es moins compétent que moi dans ce domaine, mais tu compenses par ta force brute.
— Comment...
— Le froid te fait cligner des yeux plus que la normale. Une de tes canines, côté droit, est légèrement fêlée. À chaque fois que quelqu'un fait quelque chose d'incroyablement stupide, tu détournes le regard en fronçant les sourcils, comme si tu te demandais « Est-ce que cela vaut la peine de le tuer maintenant ou d'attendre ? »
— Comment sais-tu tout cela ? Es-tu obsédé par moi, Rizael ?
— Avoir un sens aigu de l'observation fait partie de mes compétences, et j'ai eu cinq ans pour t'observer.
Siryasius sentit Rizael s'approcher doucement, gardant une distance de sécurité.
— Je te hais, Siryasius, plus que quiconque sur cette terre. Je te hais pour avoir détruit mon foyer, ma famille, mes amis, tout ce qui comptait pour moi. Je te hais de toute mon âme, mais tu as raison. Seules de minces parcelles de morale m'empêchent de te faire subir une mort sanglante. Moon souhaite te voir jugé, puni et renvoyé en Enfer. Bien que j'ai plaidé en faveur de ta mort, il m'a convaincu du contraire.
Rizael poussa un soupir, puis reprit d'une voix ferme :
— Alors oui, peut-être suis-je obsédé par toi, mais pas pour des raisons agréables. Pas parce que tu me divertis. Parce que tu es mon ennemi. Parce que je ne trouverai la paix que lorsque tu souffriras autant que j'ai souffert lorsque tu m'as privé du bonheur. Je te hais, Siryasius. Profondément.
Ses mots résonnèrent dans le couloir sombre. Un silence pesant s'ensuivit, jusqu'à ce que Siryasius le brise d'une voix grave mêlant cynisme et désespoir :
— Et après ce discours, on se demande encore pourquoi je vous fais la guerre.
Siryasius détourna le regard et se dirigea d'un pas lourd vers l'obscurité du couloir, laissant Rizael seul avec ses pensées tourmentées.
⚔️PROCHAIN CHAPITRE SAMEDI ⚔️
Siryasius le fils de pute (au sens propre et figuré) :
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