Chapitre 8
But I'm a creep, I'm a weirdo
Mais je suis un pauvre type, je suis taré
What the hell am I doing here
Qu'est-ce que je fous ici
I don't belong here
Ma place n'est pas ici
Creep – Radiohead
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Le liquide âcre coule dans ma gorge, la piquant légèrement. Je sens même que quelques gouttes dévier et tâcher mes vêtements. Je ne me suis pas changer, je n'en ai pas eu le temps. A partir du moment où, sur le parking, j'ai retrouvé l'usage de mes jambes, je suis parti en quête d'une boîte de nuit. Il ne m'a pas vu partir. Je ne l'ai pas prévenu. Non. Je n'ai plutôt pas voulu le prévenir. J'ai voulu le planter, là, comme ça. Je pense que je me suis loupé, car pour le planter, il aurait fallu qu'il soit seul. Du coup, je me soûle. Je me soûle et je me déhanche. Comme une malade. Actuellement, je danse sur la piste, mon verre d'alcool dans la main, criant comme une folle à chaque chanson que je reconnais. Ça ne me suffit pas. Alors je retourne au bar. Je prends un verre. Deux verres. Trois verres. Je décide de ne plus les compter. Le serveur ne me demande même plus ce que veux, il me sert. Je retourne sur la piste, je regarde les spots m'éblouirent, j'entends la musique s'engouffrer en moi.
Flash.
Boum.
Flash.
Boum boum.
Mon cœur bat à l'unisson avec les basses qui sortent des enceintes. Ça me libère. C'est mal, mais ça me libère. Autant je sens mon esprit emprisonné lorsque les crises commencent, autant il sait compenser en cassant les barreaux dans des moments comme celui-ci. Je lève la tête vers le plafond, comme si je respirais le bon air au sommet d'une montagne. Sauf que je suis dans une boîte, et que la seule chose que je respire est la fumée et l'odeur de l'alcool. Et ça me fait sourire. Je sens deux mains se poser sur mes hanches, avant de sentir un corps entier se coller au mien. J'hume son odeur. Elle est dégueulasse. Je me colle encore plus à lui. Je me retourne et reconnaît sa tête. Siméon. Je m'en fous. Il ne parle pas, moi non plus. On danse. On ne fait que danser, jusqu'à ce qu'un slow retentisse. Je veux bien ressentir la liberté, mais pas à ce point là quand même. Je me rapproche de son oreille et lui murmure d'aller me chercher un verre. Je le vois s'éloigner doucement, et décide au final de le suivre, plutôt que de rester planté au milieu des couples. On arrive au bar et le serveur me reconnaît, il commence déjà à me servir. Je sors donc ma carte bleue et la passe à Siméon pour qu'il paie avec. Une fois le verre en main, je vois qu'il se dirige vers moi pour me rendre ma carte et m'attends à ce qu'il en profite pour la glisser dans la poche arrière de mon jean. Seulement sa main se dirige vers mon décolleté et il m'assure connaître un endroit sûr pour qu'on ne puisse pas me la voler. Il coince la carte bleue dans mon soutif, mais au lieu d'enlever sa main, s'attarde sur ma poitrine.
Boum.
Cette fois, ce n'est pas les basses de la musique, c'est le brusque retour sur terre de mon esprit.
Boum.
Là, par contre, c'est ma claque qui résonne sur sa joue.
— Connard ! m'écrié-je, avant de tourner les talons et de me barrer.
Mais je n'en suis pas resté là, car j'ai bien vu qu'il continuait de me suivre, il dansait toujours avec quelqu'un non loin de moi, ou parlait avec une fille au bar, deux chaises plus loin. Je n'en pouvais plus. Alors je me suis vengé. J'ai embrassé deux trois mecs, je crois même avoir roulé une pelle à une jolie blonde. Je ne sais plus trop. Je les embrassais, mais je n'allais jamais plus loin. Ils se savaient. Ils s'en foutaient. Je ne sais plus exactement quelle heure il est mais je remarque qu'il n'y a plus aucune trace de Siméon. C'est là que tout part en vrille. Les larmes coulent. Je suis au milieu de la piste, mais les larmes coulent. J'abandonne ma partenaire de danse et fonce aux toilettes. Je m'assois sur la cuvette et pleure. Je pleure de tristesse. Je pleure de colère. Et je pleure de peur. De peur parce que dès que je ferme les yeux pour laisser s'échapper les larmes, je peux plus bouger. Je suis attachée. Je suis épuisée. Je suis perdue. Je suis dans le noir. Et je replonge. Encore. Et pour la deuxième fois dans des toilettes.
*
Je suis allongée dans mon lit, mais je ne veux pas dormir. Après avoir passé un long moment sur la cuvette des toilettes, je me suis relevée mais, bizarrement, j'ai rapidement dû me rebaisser pour vider tout ce que j'avais dans mon estomac. Je suis rentrée à pied. Je n'étais pas loin de chez moi en soi, mais pour le moment, je ne me souviens même pas du chemin du retour. Je suis allongée mais je refuse de dormir. J'ai déjà eu ma crise de la soirée. J'ai déjà pleuré toutes les larmes de mon corps. Je ne veux pas recommencer ça dans mon sommeil. Je regarde le plafond de ma chambre. Je tombe presque de fatigue mais à chaque fois où je risque de sombrer, mon téléphone vibre. Il a vibré toute la nuit mais je n'ai jamais voulu le regarder. Je n'arrive pas à savoir si c'est de la peur ou de l'indifférence. Si. Je sais. C'est de la peur. Alors je prends mon courage à deux mains et après une énième vibration, je prends mon téléphone. 6 appels manqués. 16 messages non lus. Tous d'un numéro inconnu. Mais je sais qui c'est.
« Isaac m'a passé ton numéro. T'es où ? »
« Romanna, sérieusement ! »
2 appels manqués
« Romanna, réponds. »
« Merde ! Qu'est-ce que tu fous ! »
Et ça pendant encore 4 appels et 12 messages. Je les lis tous. Je suis étonnée d'avoir autant de messages de sa part. Je me sens coupable de l'avoir fait flipper. Mais le pire, c'est que je suis heureuse de voir qu'il s'inquiète. Je dois vraiment avoir un grain quelque part. Je jure dans l'oreiller et décide de lui répondre, alors qu'il est 5h du matin et que ça fait quatre heures qu'il ne m'a pas envoyé de messages. Depuis, seul les notifications des réseaux sociaux m'ont tenue éveillée.
« Désolée »
Juste désolée, rien de plus. Je me rallonge mais mon portable vibre dans la seconde.
« Désolée ? C'est tout ? Ça fait 6h que j'attends un signe de vie ! »
« Je n'avais pas vu »
Feinte.
« Je rêve ! T'es où Romanna ? »
« Chez moi »
Je souris.
« Donc depuis le début t'es chez toi ?! »
« Non »
Court, sans équivoque.
« Merde mais Romanna qu'est-ce qu'il t'a pris ? »
Je soupire.
« J'ai eu un imprévu »
« Tu aurais pu me prévenir ! »
Tu aurais pu me prévenir que tu avais une copine.
« Je ne peux pas te prévenir d'un imprévu »
Elémentaire, mon cher Watson.
« Non mais je rêve ! Plus jamais ça, c'est clair ? »
« Parce qu'il y aura une prochaine fois ? »
Là, c'est clair, je suis encore bourrée.
« Bonne nuit Romanna. »
Ma tête s'écrase sur l'oreiller. Maintenant, plus rien ne m'empêche de me rendormir, et je ne peux pas faire autrement que tomber de fatigue.
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Heyyy 🌺
Aujourd'hui, c'est un chapitre très important pour comprendre l'état d'esprit d'Anna. Presque aucun dialogue mais c'est pour vous immerger totalement en elle 😏
Et sinon, on en parle de Siméon ? 😕 J'ai adoré écrire ce chapitre car j'ai essayé de tout faire passer dans la psychologie du personnage ! Le prochain risque de briser quelques petits coeurs (mais pas comme vous le pensez 😏)
• Prochain chapitre mercredi •
Des Bisous ❣️
🤳 Insta : soreevzen
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