Chapitre 6

Give me a lifetime

Donne-moi une vie

And then fifty more to find the words

Et cinquante de plus pour trouver les mots

That will never explain how I need you

Qui n'expliqueront jamais à quel point j'ai besoin de toi

I will love you – Gin Wigmore

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               Je me réveille le lendemain, par terre, courbaturée et encore morte de fatigue. Ma mère est en train de tambouriner à la porte et m'appelle pour que je descende prendre mon petit déjeuner.

— J'arrive m'man, lui dis-je, en me relevant difficilement du sol.

En descendant, je vois que mon père a préparé sa valise pour son périple, et me souviens soudainement que je l'accompagne. Vive les matins où on a la tête dans le cul ! Je prends alors un petit déjeuner rapide, file prendre ma douche et m'habiller pour partir. Je descends pile au moment il referme le coffre sur sa valise.

— Tu es prête ma chérie ? Il faut qu'on y aille !

— Oui, je prends mon chargeur et j'arrive.

Le trajet se fait en silence, étant donné que je passe la plupart du temps à dormir. On arrive assez rapidement à la salle de volley. Il ne nous a fallu qu'une heure et demie de route. Lorsque l'on arrive, les joueurs sont déjà dans les vestiaires et mon père rejoint le coach pour parler du match qui va arriver. Pour ma part, je m'installe dans les tribunes, près du banc des joueurs. Je ne suis pas seule, de nombreuses personnes ayant déjà pris place. La salle est plutôt petite comparée à la nôtre mais ses tons gris et noir instaure une telle ambiance froide que j'ai du mal à retrouver cette étincelle familiale présente au club. Je passe le temps en surfant sur les réseaux. Je vois que Méli et Dan ont décidé de se faire une petite sortie bowling et ne se gênent pas pour me narguer sur notre groupe en m'envoyant des photos.

— J'espère que ce sourire est pour moi, Anna !

Je relève la tête pour voir que c'est Isaac qui vient de m'adresser la parole. Gabriel est juste derrière et me fait un clin d'œil avant de s'éloigner alors qu'Isaac, lui, se rapproche de moi. Une fois qu'il est assez près, je baisse la voix pour que ceux autour ne puissent pas m'entendre.

— Je suis contente si tu rends Dan heureux, mais je te préviens que si tu lui fais du mal, tu ne pourras même plus sourire en m'apercevant, le préviens-je.

— Ok chef ! répond-il, un rictus sur les lèvres.

Je lui accorde peut-être mon premier sourire et lui souhaite bonne chance pour le match.

*

Les deux équipes se battent bien. Cependant, la nôtre est bien meilleur, notamment dans l'analyse du jeu adverse, et ne laisse aucun mystères quant au dénouement final. Isaac au service, 18-24 pour nous dans le deuxième set. Isaac exécute un service flottant, l'équipe adverse réceptionne bien mais le passeur est trop prévisible, il passe la balle en 4 pour son attaquant, qui se heurte alors à un bloc parfaitement en place, entraînant un contre de la part de Gabriel. Le set est remporté par notre équipe. Plus qu'un et la victoire est pour nous. Le coach décide de commencer le troisième set avec quelques remplaçants, pour faire tourner et faire reposer certains titulaires. Isaac a rejoint le banc, juste devant moi, est me lance :

— Je t'avais dit qu'on gagnerait ce match !

J'acquiesce, complètement prise dans le jeu, et je pense qu'il voit mon intérêt car il commence à commenter le match.

— Le coach à demander qu'on se focalise sur le poste deux pendant ce set. Ils ont perdu les deux autres en concentrant leur frappe sur le poste 4 alors ils vont tenter le tout pour le tout en poste deux. Cependant, le passeur est beaucoup moins à l'aise avec ce poste-là, donc si on ne se fait pas surprendre, ce sera plus facile pour nous de contrer.

En effet, à ce moment-là, le ballon passe en deux et est renvoyé directement par terre, au pieds de l'attaquant adverse.

— Le bloc se concentre surtout sur la diagonale, continue-t-il. C'est le point fort des attaquants adverses, et le défenseur s'occupe de se mettre sur la ligne pour couvrir le terrain. C'est Gab' au service, je pense qu'il va vouloir lâcher pour prouver au coach qu'il peut lui faire confiance.

Comme pour lui donner raison, Gabriel enchaîne deux aces avant de mettre la balle dans le filet, lançant le ballon trop loin de lui pour bien pouvoir le smasher. Isaac continue de m'expliquer pendant toute la fin du set comment l'équipe se met en place par rapport aux consignes du coach et de mon père. On gagne encore plus facilement ce set-là, l'autre équipe ayant déjà donné beaucoup de leur énergie pour essayer de remonter les autres sets. Nos joueurs vont tous se réunir au milieu du terrain pour fêter leur victoire et les quelques supporters qui avaient fait le déplacement les applaudissent chaudement. Commencer une saison par une victoire, c'est toujours bon pour le moral. Je rejoins mon père qui est accoudé à la barre séparant la tribune et le terrain pour le féliciter.

— Merci ma chérie, je pense qu'on va vite rentrée à l'hôtel avec le staff, il faut qu'on soit levé tôt demain pour parler affaire.

Il reste encore un peu pour parler avec les gars jusqu'à ce qu'on se retrouve sur le parking où il part de son côté, non sans m'avoir embrassé le haut du crâne. Je me retourne alors vers les minibus et me prépare à demander dans lequel je dois monter quand la voix de Gabriel se fait entendre derrière moi.

— Tu viens avec moi Tomas ?

— Quoi ? lui demandé-je, pas sûre de comprendre.

— J'ai ma voiture pour rentrer, j'ai donc supposé que tu préfèrerais rentrer avec moi que coincé sur la banquette du milieu des minibus, déclare-t-il, son fameux sourire scotché aux lèvres.

Je jette un coup d'œil au bolide derrière lui. Je pourrais presque le qualifier de « voiture de mec » si je m'y connaissais un peu mieux en automobile et si je ne prônais pas les valeurs de l'égalité homme-femme. Mais c'est totalement une voiture de mec. Est-ce que j'essaye de résister ? Non. Et puis, il n'a pas tort de toute façon.

*

Ça fait bientôt un quart d'heure que je suis dans sa voiture. Dans un silence à la limite du gênant. Il a allumé la radio, comme pour combler le silence que je laissais peser. Maintenant, je cherche désespérément quelque chose à dire mais je n'arrive qu'à observer sa main qui passe les vitesses et à respirer son délicieux parfum. Je pourrais passer une journée entière à humer son odeur. Le problème, là-dedans, c'est que ça m'embrouille totalement les idées.

— Alors ? T'en as pensé quoi du match ? demande-t-il en premier.

Surprise que ce soit lui qui rompe le silence, je mets un peu de temps à répondre.

— Il n'y avait pas photo, vous étiez beaucoup plus fort qu'eux. Votre technique de jeu marche bien à ce que je vois. Et toi ? Tu te sens comment dans l'équipe ?

— C'est ma deuxième année avec ce club, déclare-t-il, donc je connais déjà du monde comme Isaac ou Mattéo. Les nouveaux ont l'aire assez sympa même si je ne les connais pas encore ass...

Je fonce sur la radio, le surprenant et ne le laissant pas finir, pour augmenter le volume de la musique. J'adore cette chanson ! Et comme une gamine, je commence à chanter tous les instruments.

— Tin, tin tin tin, tin tin tin, tin tin tiiiiiinnnnnn.

Gabriel détourne son regard de la route deux secondes pour me regarder me trémousser sur la musique, comme si j'étais la star du clip. Je vois le scepticisme dans son regard et pourtant, mon sourire ne me quitte pas.

— Pourquoi tu me juges ? lui demandé-je en rigolant.

— Tu n'es pas un peu trop jeune pour connaître cette musique ? répond-il.

Là, je m'offusque carrément.

— Je t'en prie, c'est une insulte là ! Passons encore sur le « trop jeune », mais qui ne connaît pas cette musique ?

J'apparais vraiment vexée et il éclate directement de rire.

— Excuse-moi Tomas ! Je t'ai sous-estimée !

— Je préfère ça, ouais... dis-je, le regardant en plissant des yeux, mais en gardant un sourire sur le visage.

Je continue de chanter sur la musique est c'est à ce moment-là que je remarque avec surprise qu'il commence à chanter aussi. On peut tomber amoureuse d'une voix ? Amoureuse ? Qu'est-ce que tu racontes Romanna...

— On a des talents de chanteur cachés, Perez ?

Je cache ma réflexion sous une tonne de sarcasme. Il était sur le point de me répondre quand l'écran de mon téléphone s'allume sur un appel. Je regarde vite fait l'écran avant de le laisser sonner dans le vide.

— Tu ne réponds pas Tomas ?

— C'est mon ex, lâché-je.

Ex qui n'a duré que deux semaines. Ex dont j'apprécierai oublier le nom. Ex qui ne doit pas venir parasiter mon nouveau départ. Ex qui m'a quittée pour un mec mille fois plus moche que moi.

— Laisse-moi deviner son prénom, essaye mon conducteur. Lucas ? Hugo ? Théo ! Sûr c'est Théo !

— Julie. Son prénom c'est Julie...

Il bloque complètement, comme s'il n'arrivait pas à assimiler l'information. Il fronce les sourcils.

— Tu es lesbienne ? demande-t-il, peu sûr de lui pour une fois.

Je décide de m'amuser un peu.

— Bah oui ! Ça ne se voit pas ?

Là, je sens vraiment qu'il réfléchit sérieusement, sûrement un truc du genre « comment elle peut me mater autant si elle est lesbienne ? ». Je ne peux m'empêcher de pouffer et le rassure.

— Mais non, je rigole, je suis pansexuelle.

Après réflexion, je ne suis pas sûre que ça le rassure vraiment.

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Heyyy 🌺

Anna est de sortie dans ce chapitre ! Alors, vous aussi vous seriez montés avec Gabriel ? Vous pensez qu'il va avoir quelle réaction dans le prochain chapitre ?

• Prochain chapitre mercredi •

Des Bisous ❣️

🤳 Insta : soreevzen

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