Chapitre 29

Des mois, des années à songer qu'il faut pas trop qu'ils tardent

L'espoir est rongé, le cœur éponge les pleurs

Des fois c'est con mais c'est se condamner qui soulage sa peur

Laissez-les partir – 47ter

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L'obscurité. Encore. Toujours. Je suis attachée, dans le noir. Encore. Toujours. Je suis épuisée, je ne peux pas bouger. Encore. Toujours. En revanche, la lueur blanche que j'entrevois au fond de la pièce est nouvelle. Mais bien présente. Mes yeux collent, j'ai du mal à les ouvrir et ma vue est brouillée. Je plisse du mieux possible les yeux pour distinguer ce que je pense être une ombre à travers cet halos blanc. Il me faudra quelques instants pour comprendre qui se tient dans l'encadrement de la porte. Mon père. Je ne peux pas le croire. Je sais que je fais une crise. Et je ne peux pas croire que mon père puisse être la cause de toutes ces crises. Incroyable. Déchirant. Renversant. Il aurait pu me trahir à ce point ? Je n'en reviens pas. Je me sens pleinement réveillée maintenant et je sais que si je n'étais pas aussi surprise que cela, je pourrais presque me relever pour mieux explorer ce cauchemar, fouiller dans ma mémoire. Mais non. Et la silhouette se tourne dans ma direction. Elle remarque que je la vois. Elle panique. Mon père s'approche à grand pas de moi et je ressens une piqûre dans le bras qui m'endort presque instantanément.

*

Je me réveille en sursaut dans un lit parfaitement fait. Allongée sur les draps, je sens mon corps endoloris qui refuse que j'effectue un seul mouvement. Alors que je me réveille doucement, j'entrevois mon père dont les yeux s'illuminent.

— Oh mon dieu ! Anna ! Tu es réveillée ! s'exclame-t-il.

Il vient me prendre dans ses bras et me chuchote à l'oreille.

— J'ai eu tellement peur, tu n'imagines même pas.

Moi, je ne bouge pas. Je reste figée dans son étreinte, sans pouvoir me détacher de son image dans ma crise. Dans ma crise. Mon père était dans ma crise. Qu'est-ce qu'il foutait là ? Était-il vraiment là quand c'est arrivé ? Est-ce lui qui est à l'origine de tout cela ? Est-ce pour cela qu'il me soutien autant ?

Alors que les questions inondent mon esprit, un vent les balaye toutes lorsque Gabriel apparait dans l'encadrement. Je m'échappe de l'emprise de mon père directement pour mieux pouvoir le regarder.

— Gabriel...

Son nom m'échappe dans un souffle, comme une supplique que je serai prête à répéter toute ma vie.

— Je vais vous laisser, déclare mon père, en s'éloignant.

Je ne réponds pas, mon regard toujours encrer dans celui qui a pris mon cœur. Gab' s'avance dans ma direction, un pâle sourire sur les lèvres.

— Ne me fais plus jamais aussi peur, souffle-t-il. Tu n'as pas le droit de m'abandonner.

Une larme s'échappe de son œil, et je sais, je sens, que cette larme ne m'est pas destinée.

— Que se passe-t-il Gabriel ? lui demandé-je.

Une nouvelle larme s'échappe alors qu'il pince les lèvres en secouant la tête.

— Gab', mon amour, que se passe-t-il ? chuchoté-je en caressant son visage, le débarrassant des gouttes salée qui le constelle.

Il redresse la tête à mes mots, touché en plein cœur, les yeux perdus entre la joie d'entendre de la tendresse et la tristesse du poids qui pèse sur ses épaules.

— Je...je... bafouille-t-il.

Sa respiration s'accélère et mes mains ne sont plus assez pour tarir ses larmes.

— Nonna est morte, lâche-t-il dans un souffle.

Mes doigts se sont figés sur son visage. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas possible. Comment cet homme peut mériter autant de malheur ?

— Oh, mon cœur... murmuré-je, en le prenant dans mes bras.

Je le sens tressauter contre mon épaule. Il pleure. Et sa tristesse transperce mon cœur comme une flèche de glace. Les mots sont bloquées dans gorge et tout ce que je peux faire c'est le serrer encore plus fort contre moi, comme une promesse.

— Tu es restée endormi pendant presque 24h Anna, continue-t-il. On était prêt à t'emmener à l'hôpital mais ton père m'a dit que c'était déjà arrivé. L'enterrement se passe demain.

— Je serais là, lui assuré-je.

— Tu te moques de moi ? s'emporte-t-il. Hors de question que tu bouges de ce lit avant un moment !

— Je serai là, répété-je. Rien ni personne ne peut m'empêcher d'être là pour toi ce jour-là Gabriel. On emmènera ce fichu lit si tu ne veux vraiment pas que je le quitte mais je serai là, c'est clair ?

Il me regarde, perdu dans une bataille avec lui-même. Seulement il n'a pas la force pour se battre maintenant, je le sais, et il capitule.

— Merci.

Je lui souris pour le rassurer. Peu de temps après, Dan et Méli arrivent pour me sauter dessus et Gab' s'éclipse sans faire de bruits.

— Aïe ! m'exclamé-je. Vous savez, se faire tabasser, ce n'est pas de la tarte, hein. Alors si pouviez éviter de me massacrer encore plus, vous seriez des amours.

Ils éclatent de rire et décident de rester toute la soirée. Film, popcorn, couette. Le trio d'enfer. Ils veulent me changer les idées, j'en suis consciente, mais ils sont là pour moi et c'est tout ce que j'ai besoin de savoir. Tout ce dont j'ai besoin de penser ce soir. Concentrer mes pensées sur eux. Pas sur Nonna. Pas sur Siméon. Et encore moins sur mon père.

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Heyyy 🌺

Bon, je vous avez prévenu et certaines l'avaient deviné mais les émotions arrivent...

Petit chapitre mais nécessaire à l'histoire. Le prochain m'a fait pleurer quand je l'ai écrit 😭 J'ai hâte de vous le montrer !

Et sinon on en parle du père d'Anna ? Comment avez-vous trouvée la réaction d'Anna envers Gab ? 😍

• Prochain chapitre dimanche •

Des Bisous ❣️

🤳 Insta : soreevzen

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