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Allongée dans mon lit dans mon petit appartement, je repensais aux évenements de la semaine passée. Il s'était passé beaucoup de choses en si peu de temps, j'avais du mal à croire que c'était la réalité et pas un film vu à la télévision. Les obsèques, un parrain sortit de nul part, le notaire... et la montre. 

Logée dans ma main, je l'observais sous toutes les coutures, la lettre de papi posée à côté de moi. Je l'avais lu dès que le pas de ma porte fut passé et que je me retrouvai enfin seule. Ces quelques mots griffonnés avec soin m'avait rendue perplexe et émotive. J'avais l'impression d'entendre sa voix lorsque mes yeux parcourais les lignes.

"Ma chère petite,

Si tu lis cette lettre, c'est probablement que je ne suis plus de ce monde. Crois-moi, je suis désolée de vous infliger ça à tous. J'aurais voulu t'en apprendre plus sur le monde et sur ce que nous sommes. La vérité, c'est que j'avais peur de te raconter mon histoire... et la tienne. Cette montre en fait partie. Elle te revient, prends-en le plus grand soin et garde-la à l'abri des regards. Je sais que ces quelques mots ne sont pas très explicite, mais je ne peux t'en dire plus dans cette lettre. Cache-la et n'en parle à personne. Si tu veux des réponses, choisi le moment  et sois prudente. 

Je te laisse avec un héritage dangereux, mais j'ai confiance en toi.

Je t'aime,

Papi."

Il avait toujours eu le talent pour parler en énigmes et j'apprenais à les déchiffrer, c'était devenu facile au fil des années, mais celle-ci ressemblait plus aux divagations d'un vieil homme. Comment un si petit objet pouvait mettre la vie de quelqu'un en danger ? La première hypothèse ne me plaisait pas du tout. Appartenait-elle à un homme dangereux ? L'avait-il voler ? Dans quel but ?

Je ne pouvais pas imaginer mon grand-père ainsi. D'aussi loin que je me souvienne, il n'avait jamais eu l'air d'un délinquant, même si ça lui arrivait de parler d'un passé trouble qu'il ne voulait pas forcément évoquer devant moi. 

Je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'il voulait dire. Choisir le moment ? Mais comment et où ? Tout cela, j'allais devoir le découvrir seule puisqu'il m'interdisait d'en parler à qui que ce soit. Plusieurs personnes l'avaient pourtant déjà vu. Lorsque Eric l'avait trouvée ce jour-là dans le grenier. David et mamie étaient présents aussi. 

Je lâchai un soupir de frustration en remettant l'objet dans sa boîte. Ce n'était pas le moment de retourner le cerveau. J'avais des examens à réviser et des cours à rattraper. Instinctivement, j'allais cacher la boîte dans mon armoire, sous une pile de draps propre. Avant de m'asseoir à table avec livres et cahiers.  La nuit allait être longue.

Un son strident me sorti de mon sommeil. Je m'étais endormie dans la cuisine, pendant mes révisions. Je me redressais avec difficulté. La partie haute de mon corps était endolorie. Mon dos et ma nuque me donnait l'impression d'être une grand-mère atteinte d'arthrose. Quant à la partie basse... Mes jambes engourdies m'empêchaient de me lever. Je tentais de relancer la circulation du sang dans celle-ci lorsque la sonnette de l"entrée se fit entendre à nouveau. Qui cela pouvait-il être à cette heure-ci ? 

Ave toute s les précautions pour ne pas me rétamer, je me levai de ma chaise, mes os craquèrent et un fourmillement désagréable prit place dans mes jambes. Je me traînais jusqu'à la porte en boitillant. Lorsque je jetai un oeil au judas, je découvris David sur le perron. Qu'est-ce qu'il faisait là ? 

Avant d'ouvrir, je m'assurai d'arranger un peu mes cheveux et de porter une tenue décente. Lorsqu'il me vit, un sourire amusé s'afficha sur ses lèvres.

- Bien dormi ? se moqua-t-il.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je en retour. 

Il ne s'en formalisa pas et me poussa sur le côté pour entrer. Il se croyait vraiment chez lui. Sans plus s'occuper de moi, il commença à faire le tour de l'appartement, ouvrant tour à tour les portes de la salle de bain, des toilettes et de la chambre.

- Où est ta cuisine ? 

Il le faisait exprès. La cuisine était juste un petit coin et ne faisait qu'un avec le salon. On ne pouvait pas rater les différents placards accrocher au mur, l'évier dans lequel traînait encore ma vaisselle de la veille et les vieilles plaque de cuisson juste à côté. Il me prenait pour une idiote. 

- Comment tu as su que je vivais ici ? 

Si nous continuions à jouer aux questions sans réponses, ça allait être ennuyeux.

- Tes parents, répondit-il simplement. Tu as déjà manger ?

Il trouva enfin le cuisine et posa un sac, que je n'avais pas remarqué jusque là, sur le plan de travail.  Il était estampillé du nom d'une boulangerie et je pouvais sentir les odeurs de viennoiseries qui s'en échappait. David commença à ouvrir les placards un à un, jusqu'à trouver ce qu'il cherche. 

- Je te laisse t'occuper du café.

Le fait qu'il se comporte chez moi comme si c'était chez lui me mettait mal à l'aise, mais je restais silencieuse pour le moment et attendrait qu'il me révèle la raison de sa venue. En attendant, je ne refuserai pas le petit déjeuner qu'il m'offrait, même si ça me paraissait suspect qu'il se pointe chez moi comme ça.

Je mis donc la vieille cafetière en marche avant d'aller débarrasser la table de tous mes livres. L'intrus y jeta rapidement un oeil avant d'afficher un nouveau sourire moqueur.

- Et bien je sais maintenant d'où viennent les traces sur ton visage. 

Les traces ? Quelles traces ? Je me précipitais dans la salle de bain sous ses éclats de rire. J'étais mortifiée en voyant l'image que me rendait le miroir. J'avais en effet des lignes rouge imprimées sur la joue droite, celle qui était collée à mes travaux quand je me suis réveillée. Et j'avais ouvert la porte comme ça ? Heureusement qu'il n'y avait pas en plus un filet de salive, ça aurait été la honte la plus totale. Je massais ma peaux pour aider à les faire disparaître avant de revenir dans la pièce à vivre. Le voisin de ma grand-mère m'attendait avec un grand sourire. Pendant que je m'arrangeais, il avait trouvé les assiettes et les couverts et dressé la table. Les croissants et pains au chocolat était disposés en pyramide sur une grande assiette.

- Je cherchais le jus d'orange, mais ton frigo est vide alors on s'en passera.

- Est-ce que tu vas enfin me dire pourquoi tu es chez moi ? 

Il ne répondit pas immédiatement, mais je ne lâchais pas. Mon regard lui fit bien comprendre qu'il dérangeait. Son sourire s'effaça légèrement. Il devint moins moqueur et arrogant. 

- Je suis venu voir comment tu allais. 

Les téléphone n'existait pas chez lui ?

- Tu aurais pu envoyer un message.

- C'est facile de mentir derrière un écran.

- Ne fais pas comme si nous étions amis, David. Toi et moi ne sommes que des connaissances. 

Il porta la main à son coeur et afficha un air faussement affligé.

- Ca c'est vexant. 

Brusquement, son air se fit sérieux, sourcils froncés. Il n'arborait plus aucune trace de ce sourire qui me hérissait le poil. 

- Plus sérieusement. Est-ce que tu vas bien, Clarisse. 

Il semblait vraiment s'inquiéter pour moi. Pendant un instant, j'hésitais à lui répondre et on entendait plus que le percolateur, dont le bruit assourdissant indiquait que le café avait fini de couler. Je me détournait pour aller chercher le bol. Je ne dis rien en versant le liquide dans nos deux tasses. Ce ne fut que lorsque je fus assise en face de lui que je répondis sans le regarder.

- Aussi bien que possible, étant donné la situation.

Je m'emparais d'un croissant, encore tiède et croustillant. Ca c'était un petit déjeuner de luxe. 

- Je ne suis pas toute seule, affirmais-je ensuite. J'ai beaucoup de soutient de la part de mes professeurs. Et ma meilleure amie m'aide aussi beaucoup. 

David me fixait d'un regard perçant. Il semblait juger si je disais la vérité ou non. Il dut être satisfait puisqu'il baissa les yeux pour prendre le deuxième croissant sur l'assiette. 

- Qu'est-ce que tu prévois de faire aujourd'hui ? 

Je ne savais pas si c'était de la simple curiosité ou s'il comptait me suivre dans mes activités de la journée. A la base, je n'avais pas prévu de faire autre chose que d'avancer dans mes révisions en commandant à manger sur Uber eat.  Il secoua la tête en fronçant les sourcils. 

- Tu ne vas certainement pas rester enfermée toute la journée par un si beau temps. 

Lorsque le petit déjeuner fit terminé et la vaisselle faite, il m'ordonna d'aller me changer. Je ne perdis pas de temps à discuter avec lui, ça n'aurait servi à rien de toutes manières. Je le laissais au salon pour aller prendre une douche rapide. J'avais hésiter cinq bonnes minutes sur la tenue que j'allais porter pour finalement opter pour un simple jean et un chemisier blanc. Confortable et passe-partout. Lorsque je revins dans la pièce principale, enfin prête, il n'était pas là. 

- David ? appelai-je.

J'entendis du bruit du côté de ma chambre et m'y précipitais pour voir ce qu'il trafiquait. De la porte, je pouvais le voir, devant le lit, sur lequel j'avais balancé mes livres plus tôt. Certains d'entre eux avaient fini au sol. C'était peut-être ça le bruit. Cependant, un sentiment étrange m'envahit et j'examinais la pièce du regard. Tout semblait en ordre.

- C'est comme ça que tu ranges tes affaires ? m'interrompit-il, moralisateur.

- Ils n'auraient pas bouger de la table si quelqu'un n'avait pas fait irruption chez moi sans m'avertir, rétorquais-je exaspérée.

On aurait dit le discours d'un père à une enfant désordonnée. C'était agaçant venant d'une personne que je venais à peine de rencontrer. Il semblait vouloir s'incruster dans ma vie sans que je ne puisse dire quoi que ce soit. Il fallait admettre qu'il avait veillé un certain moment sur mes grand-parents, qui le considéraient comme le petit-fils qu'ils n'avaient jamais eu, mais ça ne voulait pas dire qu'il devait se coller à moi et se comporter comme un grand frère envahissant.

- A quoi tu penses ? 

- A comment je vais faire disparaître ton corps. 

Il éclata de rire comme si c'était la meilleure blague qu'il avait jamais entendu. Pendant qu'il s'étouffait, je le bousculais pour atteindre l'armoire en prendre une veste. C'est là que je vis ce qui n'allait pas. La pile de draps, parfaitement pliés la veille, avait été retournée.   

Je fis comme si je n'avais rien vu et attrapa la première veste, noire en simili cuir. Un sentiment étrange m'oppressait. Je ne saurais dire ce que c'était, ni pourquoi je le ressentais, mais il était bien là. Est-ce que ça concernait la montre ? Est-ce qu'il avait fouillé pour la trouver ? Est-ce que je devais le lui demander ou me taire et prendre des précautions ? Je choisi la deuxième option. 

- Attends-moi dans le salon, s'il te plaît, je vais remettre de l'ordre dans la chambre avant de partir. 

Il semblait vouloir dire quelque chose, mais se ravisa à la dernière minute et tourna les talons. 

- Dépêche-toi. 

Il sorti de la pièce en laissant la porte grande ouverte. Lorsque David sorti de mon champ de vision, je fouillais rapidement dans l'armoire et sorti la précieuse boîte. Elle ne semblait pas avoir été touchée. Sans que je ne comprenne pourquoi, un intense sentiment de soulagement m'envahit. Je devais prendre une décision rapide. 

Tout en veillant à ce que David ne me vois pas, je sortis la montre de son rangement et la glissa dans la poche de mon pantalon. Ma chemise était assez grande pour dissimuler la bosse qu'elle formait. Je mis la boîte au dessus de l'armoire cette fois, avant de ranger la bazar qu'il y avait sur le lit. 

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