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Comme prévue la suite ne fut pas de tout repos. Nous recevions encore des tas de messages et de lettres de condoléances auxquels il fallait répondre. Mamie devait appeler différends organisme pour les informer qu'à présent elle vivait seule. Résilier l'abonnement téléphonique, régulariser sa situation pour la retraite... entre autres. Ce n'était pas évident. Au bout du fil, on lui présentait vaguement des condoléances avant de lui demander tout un tas de justificatif. 

De mon côté, je commençais à rassembler les affaires de papi avec David. Papa et maman essayaient de récupérer des cartons dans des magasins alentours. Eric était là, lui aussi. Il s'occupait du grenier qui devait aussi contenir toute une vie de trésors et de souvenirs. Ses affaires resteraient dans les cartons jusqu'à ce que la visite avec le notaire ai lieu, le lendemain. Nous saurions alors ce qu'il voulait en faire. 

Je m'attelais à la chambre, vidant un à un les différents placards et repliant avec le plus grand soin les vêtements qu'il portait depuis des années. Je le voyais encore avec sa chemise à carreaux rouge et blanche ou sont polo beige, à me raconter ses histoires et son passé ou m'apprendre à faire du vélo. Ma gorge se serra de nouveau, mais les larmes ne vinrent pas. Quelqu'un frappa à la porte. C'était David.

- Tu veux un coup de main ? proposa-t-il aimablement. 

Je hochais la tête, acceptant son aide et nous vidions donc le reste des placards. Sous vêtements, manteaux, bibelots... tout y passait. En quelques heures, les cartons ramenés par papa et maman furent remplies. Il ne restait plus qu'à les trier. Nous nous occuperions de cela plus tard. 

David et moi descendions à la cuisine pour nous servir un café, tandis que les autres terminaient leur pièce. J'avalais une gorgée en regardant dans le vide. Ca faisait du bien de sentir le liquide chaud et amer couler le long de ma langue, puis du ma gorge. J'avais l'impression que ça me réchauffait de l'intérieur.

- Quand a lieu le rendez-vous chez le notaire ? questionna l'homme en face de moi.

- Mardi, je crois.

- Tu y seras ?

Il voulait en savoir des choses. Pourquoi s'intéressai-t-il à ça tout à coup ? Il dû remarquer mon air interrogateur. Son visage afficha un sourire et il leva les mains dans un geste innocent.

- Je cherche juste à faire la conversation, s'expliqua-t-il. 

Mouais, ça irait pour cette fois. Je ne voulais pas me battre avec lui. Je m'apprêtais à lui répondre lorsque Eric hurla mon nom depuis le grenier.

- Tu peux venir, s'il te plaît ?

David et moi échangions un regard intrigué avant que je ne le rejoigne au pied de l'échelle menant au grenier. Mon parrain inconnu tenait une petite boîte en bois joliment ornée. Le couvercle était ouvert et lorsqu'il me la tendit, je pu voir ce qu'elle contenait. Une montre à gousset était à l'intérieur, avec un morceau de papier jauni sur lequel était écrit mon nom.

- Je pense qu'il voulait que tu l'ais. 

Sa perspicacité était impressionnante. Je me saisi de la boîte avec lenteur et saisi l'objet, délaissant la feuille pour le moment. La montre dorée était un peu plus petite que la paume de ma main et la chaîne pendait entre mes doigts. David, qui jusqu'à présent était resté adossé à l'embrasure de la porte, s'avança les sourcils froncés. Il était vraisemblablement très intéressé.

- C'est peu commun comme cadeau, commenta-t-il avec nonchalance. Il comptait te l'offrir à noel ? 

Je ne répondis pas. Replaçant la montre dans sa boîte, je me saisi du mot et commençais à le lire lorsque Eric intervint. 

- Tu devrais peut-être attendre d'être chez toi pour le lire. Non pas que je ne suis pas curieux - et apparament je ne suis pas le seul.

Son regard s'était porté avec insistance sur le voisin de mamie lorsqu'il prononça ces mots. Il n'avait visiblement pas plus confiance en lui que moi en eux deux. Ecoutant ce sage conseil, je refermais la boîte et la gardait serrée contre moi, ne sachant qu'en faire.

C'est ce moment que choisi mamie pour venir voir où nous en étions dans le tri. Lorsqu'elle vit le coffret dans mes mains, sont regard se voila et un sourire triste apparut sur ses lèvres. 

- Tu l'as trouvé, se contenta-t-elle de dire. Garde-la précieusement. 

Elle finit par reprendre contenance et aller inspecter la chambre. De mon côté, je rangeais la boîte dans la boîte à gants de ma voiture.

A la fin de la journée, le salon était envahi de cartons. Il y en avait une quinzaine, contenant uniquement les affaires qui devaient partir. Nous étions tous affalés soit sur le canapé, les fauteuils ou des chaises récupérées dans la cuisine, à boire un café en discutant de chose et d'autres. Mes parents parlaient de leur vie aux Etats-Unis, Eric me racontait sa vie et je compris pourquoi je ne l'avais jamais vu jusqu'à présent. C'était un homme d'affaires très occupé. Il était à la tête d'une entreprise en plein essore, de l'autre côté du pays, et devait se consacrer uniquement à son travail. De ce que j'avais compris, c'était la première fois qu'il prenait des vacances - si je pouvais le dire ainsi - depuis très longtemps. 

- Et toi ? questionna-t-il avec enthousiasme. Que fais-tu dans la vie ? J'ai cru comprendre que tu faisais des études en histoires. Que veux-tu en faire par la suite. 

C'était bien la première fois que quelqu'un s'intéressait de cette manière à mes études. La lueur dans ses yeux m'indiquait qu'il voulait vraiment en savoir plus sur moi, alors je n'hésitais pas.

Je passais une heure à répondre à ses questions avec enthousiasme. Il était vraiment très intéressé par ce mon parcours. Je vis dans ses yeux la même flamme qui brûlait dans les miens à chaque cours d'histoire. Il aimait ça aussi, mais pour une raison inconnue, il avait prit un chemin très différent. 

- Ca te plairait de faire des reconstitutions historiques ? me demanda-t-il soudain. 

Mon rêve. Je savais que des associations le faisaient, chacune spécialisée sur une période bien particulière, mais je n'en avais jamais trouvé une qui reprenne celle que j'appréciais le plus. De plus, la plupart du temps, elles étaient complètes et ne cherchait pas de nouveaux adhérents. 

Avant que je puisse répondre, il me tendit un prospectus bien plié et coloré. Je le reconnaissais sans aucun mal. C'était un flyer invitants à participer aux fêtes galantes de Versailles. Ca faisait longtemps que je voulais y aller, mais les billets étaient hors de mes moyens. 

Je regardai mon parrain qui me fit signe de le prendre, sous les yeux des autres membres de la famille et David. Je m'en emparais donc, la main tremblante. Le prospectus semblait un peu trop rigide pour un morceau de papier. En le dépliant, je découvris avec stupeur non pas un, mais deux billets roi et reine valable pour la journées qui se tiendrait au célèbre château cette année.

Je n'en revenais pas. Ces billets donnaient accès à pratiquement toutes les prestations proposées. Sans pouvoir me contenir, je lui sautais dans les bras, des larmes de joie dévalant sur mes joues.

- Et bien, commenta mon père d'un ton rieur. Tu sais comment parler à ta filleule toi. 

- Ce doit être un trait de famille, répliqua Eric. Beaucoup d'entre nous sont très interessés par l'histoire et les reconstitutions. Chacun à son époque préférée. La seule qui déroge à la règle, c'est ta femme.

Je me retournais vers maman qui leva les yeux aux ciel. 

- Tu sais bien que ça n'a jamais été mon fort à l'école. Pourquoi s'intéresser autant au passé et ne pas se tourner uniquement vers l'avenir ? 

- Parce que, chère cousine, l'histoire nous rappelle comment une nation a été construite ou détruite. Elle nous montre les plus grands hommes et femmes de ce monde, les erreurs et réussites de chacun. S'en souvenir, c'est éviter le pire et se pousser à accomplir de grandes choses.

Du charabia incompréhensible pour maman. Elle soupira, mais ne répliqua pas. 

- En tout cas, merci à toi de lui offrir cette journée. Ca fait tellement longtemps qu'elle veut y aller.

Oui, cela faisait des années que je mettais de l'argent de côté pour pouvoir y aller un jour. Le problème quand on était étudiant avec un logement à payer sur paris, c'était qu'il ne nous restait pas grand chose à la fin du mois. Et ça, c'était seulement si on cumulait les petits jobs. Eric me proposait l'un de mes plus grands rêves de gamine sur un plateau.

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