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De retour dans mon appartement, dix jours plus tard, la première chose que je fit fut une machine. Il me fallait laver les vêtements qui traînaient dans la bassine depuis la semaine précédente. Je ne comptais pas me promener à poil dans la rue ou au travail. Après ça, je me préparais pour sortir à nouveau. Le frigo étant pratiquement vide, je n'avais pas de quoi faire un bon repas.

 En sortant, je m'assurais à deux reprises que la porte était bien fermée et que je n'oubliais pas les clés sur la serrure avant de redescendre. Oui, j'avais tendance à oublier immédiatement ces petits gestes habituels et dans cette ville, mieux valait être prudent. 

En dix jours chez papi et mamie, j'avais souvent vu David. Il était passé tous les deux jours et j'avais très vite remarqué qu'il était comme un petit fils pour eux. Il leur donnait un coup de main pour le jardin et quand mamie cuisinait trop, il ramenait un tupperware chez ses parents. En parlant, d'eux j'eu l'occasion de les rencontrer lorsque mamie les avait invité à manger un soir. C'était des gens charmants, mais la situation était un peu gênante sur le moment. Eux semblaient bien me connaitre alors que moi, jusqu'à cette soirée je n'en avais jamais entendu parler et j'avais un peu l'impression de passer pour une idiote. C'était toutefois une bonne soirée et j'avais presque hâte de les revoir.

La supérette étant à cinq minutes de chez moi, je ne pris pas la voiture. Un peu de marche me ferait du bien. Je ne m'attardais pas dans les rayons et en arrivant en caisse avec juste de quoi passer la fin du week-end, je cherchais au fond de mon sac un sachet pour ranger mes achats. Bien évidemment, je n'avais pas penser à en prendre et donc je dû en prendre un devant la caisse. Ca ne fera que quinze centimes en plus et ce n'était pas comme si j'en avais un placard plein. 

près avoir ranger les courses, je regardais les mails reçus ces derniers jours. Les publicités partaient directement à la poubelle, de même pour les notifications des réseaux sociaux. Je survolais ceux qui concernaient mes études, histoire de me mettre à jour sur les tâches. 

Mon téléphone sonna. Posé sur la table, l'écran affichait un nouveau message de David. Je ne l'ouvrais pas immédiatement, me concentrant avant tout sur mon travail. Au bout d'un certain moment, un appel vint briser le silence de l'appartement, me faisant sursauté. La main sur mon coeur - comme si ça allait pouvoir calmer ses battements - je décrochais en voyant le nom de mon amie. 

- Tu as le don de me faire peur, même quand tu n'es pas là.

A l'autre bout du fil, un rire cristallin se fit entendre.

- Bonjour à toi aussi, répondit-elle.  Comment ça va toi ?

Cette question pouvait paraître anodine dans un début de conversation, mais ce qu'Evanna me demandait, c'était comment je me sentais après les évenements de ces derniers jours.

- Papi va mieux, mais je suis encore inquiète. A son âge, il suffit de pas grand-chose pour faire une rechute.

- Ton grand-père est un homme fort, me réconforta-telle. Je suis certaine que ça ira pour lui.

Mes yeux commençaient à piquer à mesure que les larmes montaient et mon coeur commençait à se serrer. Oui il était fort, mais il arriverait bien un temps ou même ça ne le sauverait pas. Et je n'étais pas prête à le voir partir.

- Si on parlait d'autre chose, tentais-je en sentant l'air me manquer. 

Ma voix avait faibli et il était certains que mon interlocutrice l'avait entendu. Elle ne s'en formalisa pas et le sujet dévia sur un grand brun rencontrer récemment. 

- Et ton David ? Tu ne m'as pas dit s'il était beau. 

Son ton moqueur eu le don de chasser mes idées noires. 

- MON David ? répétais-je. Non ! Hors de question ! Oubli tout de suite cette idée !

- Ca ne répond pas à ma question.  Et puis tu sais ce qu'on dit : ne jamais dire jamais.

A son rire, mon soupir d'exaspération semblait l'amuser. Elle voulait tellement me voir enfin avec un homme que le moindre sourire d'un serveur dans un café était un signe pour elle. Evanna était très impliquer dans la recherche d'un compagnon pour moi, à tel point qu'elle serait capable de créer un profil sur Tinder ou un autre site du genre et de le gérer elle-même.

- Il est bel homme, mais lui et moi, ça n'arrivera pas. 

La conversation avec mon amie dura encore un moment . Nous parlions de tout et de rien, nous remémorant certains souvenirs d'école ou d'un avenir imaginaire. J'eus même l'occasion de dire bonjour à Aurélie, sa compagne avec qui je m'entendais très bien. L'appel s'éternisa et je raccrochais enfin, après avoir convenu que nous nous retrouverions dimanche pour une journée entre filles. 

Evanna coupa finalement l'appel et j'en profitais pour regarder les messages. Celui que j'avais reçu plus tôt s'avéra être de David.   

"A quelle heure tu termine jeudi ?"

Bonjour d'abord ! Cet homme ne connaissait donc pas la politesse ?  Je ne manquais pas de le lui faire remarquer dans ma réponse.

"Bonjour ! Je vais très bien, merci. Et toi ?"

Il ne tarda pas à me renvoyer des emoji morts de rire. Il se moquait de moi en plus. Pour la peine je le laisserait mariner un peu avant de répondre à sa question. 

- Alexa, joues ma playlist, ordonnais-je à l'enceinte connectée, branchée près de la télé. 

Après une brève réponse de sa voix automatisée, la musique s'éleva dans l'appartement et je ne manquais pas de m'improviser une petite séance de danse et karaoké, tout en faisant attention de ne pas trop déranger les voisins en sautant partout ou en chantant trop fort. Ce fut sur le refrain de L'assassymphonie que je me dirigeais enfin dans la salle de bain. J'avais besoin d'un bon bain chaud. 

Le temps que la baignoire se remplisse, j'allais chercher des vêtements confortables pour le reste de la journée et une serviette. Lorsque je fus prête, je me glissais dans l'eau, accueillant sa chaleur avec joie. Mes muscles se détendirent alors que je fermais les yeux et me laissait aller.

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Posé sur le plan de travail, accroché à son chargeur, mon téléphone se mit à sonner alors que j'avais les mains dans la vaisselle. J'avais profité de ma soirée pour me préparer quelques repas pour la semaine et je venais tout juste de terminer. En regardant le nom qui s'affichait, je m'essuyais les mains rapidement avant de décrocher.

- Alors comme ça on ne répond pas à mes messages ! commença une voix masculine sur le ton de la plaisanterie. 

- J'étais occupée.

C'était surtout que je l'avais complètement oublié après mon bain. Il n'avait pas l'air de mal le prendre, au contraire, il semblait même amusé.

- Comment ça va ? questionna-t-il. Tu es bien rentrée ?  

Nous discutions de tout et de rien. J'étais surprise de voir avec quelle facilité je pouvais m'épancher avec lui. A croire que ma méfiance à son égard était totalement retomber. Après plusieurs minutes à prendre des nouvelles de nos familles, il en vint au sujet qui l'intéressait. 

- Tu es bientôt disponible pour boire un café ? 

Je jetais en vitesse un oeil à mon emploi du temps, aimanté sur le réfrigérateur, avant de lui répondre. Nous nous donnions donc rendez-vous le dimanche, à la caféothèque située non loin de chez moi, avant de raccrocher.

Le reste de la soirée sa passa normalement pour une étudiante en histoire. Un repas léger et des révision jusqu'à pas d'heures avant de me laisser aller au sommeil.

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