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⚠️ TW⚠️
Ce chapitre contient un passage sensible tel qu'une description de mort violente. Cette scène est assez détaillée et je ne vous recommande pas de la lire si vous êtes sensibles.
L'air frais me fit le plus grand bien, après toutes ces journées passées enfermée pour rattraper mon retard. J'eus l'impression de revivre en posant le pied à l'extérieur de la voiture de David. Je pris un instant pour respirer profondément avant de refermer la portière. Toutefois, ce sentiment d'insécurité ne me lâchait pas.
J'observais ce qu'il y avait autour de moi. Il m'avait conduit à plus ou moins une heure de route de la ville et nous nous retrouvions garer sur un parking de gravier, devant un sentier de forêt. Mon regard fit des aller-retours entre le chemin à quelques mètres devant moi et mon jean et mes baskets peu adaptés.
- Tu aurais pu me prévenir que nous allions faire une randonnée, lui reprochais-je. Je me serais habillée en conséquence.
Il pouffa de rire en me rejoignant.
- Tu ne m'as pas demandé notre destination avant de te préparer.
Je croisai les bras sur ma poitrine, mécontente de sa réponse. Il avait le don de m'amuser et m'agacer en même temps avec son comportement d'adolescent farceur. Je pinçais les lèvres pour m'empêcher d'esquisser un sourire et en voyant cela, il se calma aussitôt, pensant probablement que ce n'était pas de l'amusement. Tant mieux.
- Du calme, reprit-il plus sérieusement. Une randonnée, c'est sportif. Je t'aurais dit de te changer. Ca, c'est seulement un chemin de promenade. Il y à même des parents avec des poussettes.
Me voila rassurée. Je me détendis un peu alors qu'il sortait un sac à dos du coffre. Celui-ci contenait probablement quelques bouteilles d'eau pour que nous puissions nous hydrater pendant la marche. Je n'étais vraiment pas équipée pour ce genre d'activité. Je n'avais même pas de casquette ou de crème solaire. Heureusement, le ciel était nuageux et je me demandais même s'il n'allait pas pleuvoir.
Nous nous engagions finalement sur le petit chemin, assez large pour que trois personnes puissent se tenir côte à côte. Les arbres centenaires s'élevaient de part et d'autres de la voie et très vite la température changea. Après quelques minutes de marche, abrités par les larges branches qui s'élevaient au dessus de nos têtes, l'air se fit plus frais et l'oxygène plus pure. Je ne regrettais pas d'être sortis avec lui aujourd'hui.
Nous croisions quelques marcheurs en cours de route, nous saluant poliment sur notre passage. Il y avait très peu de déniveler et, comme l'avait souligné David plus tôt, nous croisions aussi la route d'un jeune couple avec une poussette. Le bébé semblait apprécier la ballade. Il affichait un grand sourire sous ses petites lunettes de soleil et sa casquette.
Je n'avais aucune notions du temps ici. Pas de soleil pour s'orienter et estimer l'heure, pas de montre. J'avais oublié mon téléphone à la maison. Difficile de dire si nous marchions depuis un quart d'heure ou deux heures. La plupart du temps, nous restions silencieux, admirant chacun de notre côté la beauté de la nature. Lorsque nous parlions, c'était de choses banales comme des questions sur son travail ou mes études.
- Tu as faim ? demanda-t-il soudainement.
En toute honnêteté, pas vraiment. J'avais l'impression que mon petit déjeuner ne remontait pas si loin et la balade me distrayait beaucoup. Je voulais continuer, même si mes cuisses commençaient à chauffer. Nous nous arrêtâmes tout de même dans une petite clairière. Elle était aménagée de quelques tables en banc sous un abris et de l'autres côté, des parcours d'étirements pour les sportifs.
Nous nous asseyons à une table et David sorti deux sandwich du sac et les bouteilles d'au que nous avions entamées.
- Alors ? questionna-t-il en déballant son repas. Contente de ta sortie ?
- Très contente, répondis-je. Merci d'être passé.
Brusquement, alors qu'il mâchait un morceau de son sandwich, une forte quinte de toux s'empara de lui. Inquiète je me précipitais à ses côté et commençait à lui taper dans le dos.
- Tu vas bien ?
La quinte se transforma alors en éclat de rire et je me figeais, perdue devant se changement. Cet homme était fou.
- Ai-je bien entendu un remerciement venir de ta bouche ? me taquina-t-il.
Ses yeux brillaient de larmes et je ne savais pas si c'était parce qu'il avait failli s'étouffer ou parce qu'il riait trop fort. Vexée, je mordis dans mon propre sandwich et détourna le regard. Le ciel était de plus en plus noir. Il allait pleuvoir, c'était certains. Le chant des oiseaux et le son du vent dans les feuilles des arbres donnaient une mélodie agréable à entendre.
David se calma et observa le ciel à son tour. A ce moment là, des gouttes commencèrent à tomber. D'abord peu nombreuses, elles se changèrent bien vite en un déluge pas prêt de s'arrêter. Rapidement, la terre se transforma en boue glissante et de grandes flaques se formèrent.
- Je suppose que tu n'as pas de kaway dans ton sac, observais-je.
Comment allions-nous pouvoir rejoindre la voiture avec cette pluie. Nous serions trempés et malade avant d'avoir fait la moitié du chemin du retour.
- Nous allons devoir rester ici un moment, répondit-il.
Nous terminions donc tranquillement notre repas. L'air était chargé d'humidités'en était étouffant. Nerveusement, je jouais avec la poche de mon pantalon. La montre était toujours là, bien au chaud. David le remarqua.
- Tu l'as prise avec toi, constata-t-il à peine surprit.
Mince. Je n'ai pas été discrète sur ce coup là. J'arrêtais aussitôt de la tripoter et jouais plutôt avec mes doigts.
Je ne savais pas pourquoi je me méfiais de lui et faisait aussi attention à cet objet. Peut-être parce que c'est ce que me disais papy dans sa lettre et que je voulais respecter sa dernière volonté. Qu'avait cette montre de si spéciale pour que je doive la garder cacher ? Je la sorti de ma poche pour l'observer attentivement, comme je l'avais fait la veille. Après-tout, David était un ami de mon grand-père. Il était certainement quelqu'un de confiance. Les aiguilles étaient immobiles, elles ne tournaient plus depuis certainement des années et fixaient indéfiniment la même heure. le petite aiguille désignait 7 heure, la grande se baladait entre le neuf et le dix écrits entre le chiffres romain et la trotteuse, celle qui représentait les secondes, sur le cinq.
David vint s'asseoir à mes côté pour observer.
- La mollette est relevée, remarqua-t-il.
En effet, je ne l'avais pas vu. Peut-être était-ce pour ça qu'elle ne fonctionnait pas. Il me vint alors une idée.
- Est-ce que tu as l'heure ?
Il fouilla dans son sac et en sorti son téléphone. Il alluma l'écran et le tourna vers moi. Pas de réseau, je m'en doutais, nous étions en pleine forêt, mais ce n'était pas cette information qui m'intéressait. J'ajustais les aiguilles en manipulant la petite vis. 13h48. J'attendis quinze secondes après le changement pour refermer le mécanisme. Rien ne se produisit... Enfin presque. La montre ne s'anima pas, mais quelque chose changea autour de nous. David l'avait remarqué aussi. Le paysage s'anima et devint peu à peu totalement différent. Sans que je ne comprenne pourquoi, je me retrouvais assise par terre. Les tables, les bancs, les parcours... Même la forêt avait disparu, laissant place à une immense plaine verdoyante.
Est-ce que je m'étais endormie ? Comment ne m'en suis-je pas rendue compte ?
En regardant autour de moi, j'étais seule, David n'était pas là. Peut-être avais-je brusquement perdu connaissance et que c'était un rêve. Impossible, j'allais bien, je venais de manger et la température était plus que supportable. Mais alors, comment étais-je arrivée là ?
La montre avait atterit dans l'herbe haute, à quelques centimètres plus loin. Si c'était un rêve comme je l'imaginais, pourquoi était-elle dedans aussi ? En me relevant, je pu voir au loin une colonne de fumée noire et la peur commença à envahir mon être.
Mes jambes tremblaient alors que j'essayais de marcher vers le seul signe d'activité que je distinguais. Je ne sus pas combien de temps je marchais avant d'apercevoir enfin la provenance de cette fumée. Je me figeais sur place devant cette vision glaçante et la nausée commença à me prendre la gorge... Tout comme les odeurs que je commençais à percevoir en avançant.
Alors que j'imaginais simplement un barbecue ou de l'écobuage, il s'agissait en fait d'un village entier qui prenait feu. Et un village bien particulier. Il n'avait rien de moderne, la route qui y menait, à quelques mètres de mois était en terre battue, pas l'ombre d'une voiture ou d'une antenne satélite. Un village figé dans le moyen âge avec des toits en chaume et de simple portes en bois.
L'odeur de bois et de paille brûlés se mêlaient à une autre, bien plus forte et affreuse. Même à une certaine distance, impossible d'y échapper. Que se passait-il ici ? Personne ne semblait alarmer par les flammes. Aucun habitant ne cherchait à fuir le carnage ou à sauver les bêtes, prisonnières de ce qui semblait être une ferme.
Je ne pouvais pas rester là. Quand allais-je me réveiller ? Pourquoi un tel cauchemar ?
Sans savoir pourquoi, ce n'était pas la direction opposée que mes jambes prirent, mais bien la direction des habitations ravagées par le feu. Le coeur battant, je commençait à en ressentir la chaleur, alors qu'il me restait une cinquantaine de mètres à parcourir. C'est là que je les entendis.
Des cris déchirants, emplis de peur et de douleur. Il y avait quelqu'un dans les maisons. Les appels à l'aide se mêlaient à des cris d'enfants et de nourrissons apeurés. Je sus alors ce qu'était l'odeur nauséabonde... Mon estomac ne supporta pas cette idée et je rendis mon sandwich, à genoux sur le sol.
Même lorsqu'il n'y eu plus rien à rendre, ma gorge forçage vomissement jusqu'à m'empêcher de respirer complètement. Les cris se poursuivaient sans arrêt et je voulais m'arracher les oreilles pour ne plus avoir à les entendre.
Je ne pouvais pas rester sans rien faire. Les larmes me piquait les yeux et mes jambes ne me portaient presque plus, mais je réussi à avancer. Plus j'approchais, plus c'était difficile de supporter une telle situation.
Un détail me frappa aussitôt, que mon regard se posa sur la porte, pas encore rongée par les flammes. Celle-ci était marquée. D'une manière très reconnaissable à une certaine époque. Sur le bois sombre, un tracé simple, indicateur d'un grand mal. Tout le monde avait étudié - ou entendu parlé - de la tristement célèbre époque pendant laquelle la peste noire avait fait rage.
Qu'est-ce qu'il se passait avec mon subconscient ? Tout ce que je voyais... tout ce que je ressentais... c'était bien trop fort et net pour que ce ne soit que le fruit de mon imagination. La montre était toujours dans ma main. Cette fois, la trotteuse était bien active et faisait ce pourquoi elle était faite.
Lorsqu'elle revint sur le douze, le sol sembla se dérober sous mes pieds et je manquais de me retrouver au sol encore une fois. Moins d'une demi seconde plus tard, j'étais à nouveau sous cet abri en plein milieu de la forêt qui réapparu miraculeusement. Je n'étais plus à côté de David.
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