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Ce chapitre est dédié à Xin-Qian, ma 500ème abonnée ! Merci à toi et bonne lecture !

La pluie s'abattait avec force dans les rues de Paris. Le ciel noir laissait penser qu'il était tard. En réalité, la montre à mon poignet affichait 14h.

Les essuie-glaces s'agitaient frénétiquement sur mon pare-brise alors que je tentais de voir où j'allais. Pas besoin de rouler lentement, les embouteillages empêchaient les gens de se montrer imprudents. On pouvait d'ailleurs entendre les excités de la route s'impatienter en torturant le klaxon. Probablement des gens en retard au travail.

A l'extérieur, quelques rares piétons et cyclistes se précipitaient sans se préoccuper des véhicules bloqués. Ils étaient peut-être trempés jusqu'aux os, mais eux au moins allaient vite rejoindre leur destination.

Je lâchais un soupir. Même si personne ne m'attendaient, j'aimerais quand même éviter de m'attarder sur la route. J'avais hâte de retrouver la chaleur de mon petit appartement et Cobalt.

Au bout de ce qui me parut une éternité, la file de voitures avança progressivement. Enfin.

Une heure plus tard, après avoir garé ma Titine une centaine de mètres plus loin, je m'engouffrais enfin de le vieil immeuble délabré de mon quartier.

Je montais les cinq étages, non sans perdre l'un de mes poumons au passage. Après quelques secondes de recherche dans mon sac à main, j'en sortis la clé et l'introduisis dans la serrure. Une fois la porte refermée, je m'empressais de me débarrasser de ma veste trempée et de mon sac à main, que je laissais traîner dans l'entrée.

Je ne perdis pas de temps et partis fouiller dans la petite armoire présente dans un coin de la pièce, à la recherche de vêtements secs et d'une serviette de toilette. Une bonne douche bien chaude me détendra et m'évitera de tomber malade. 

Je me dirigeais vers la minuscule salle d'eau, posais mes habits propres sur la machine à laver et ouvris le robinet de la douche - non sans avoir bien tirer le rideau, de sorte à ne pas créer d'inondation.

Le temps que l'eau chauffe, je retirais mes vêtements trempés par la pluie avant de rentrer dans le bac se douche. L'eau coulait le long de mon corps, me brûlant presque à certains endroits sensibles -différence de température oblige -, mais ce n'était pas désagréable, au contraire. 

Je ne m'attardais pas. Une fois réchauffée, je m'empressais de me sécher et de me rhabiller. Je sortis de la salle de bain et repartis vers la porte d'entrée. Je fouillais frénétiquement dans mon sac à main, avant d'en sortir mon téléphone portable. 

En cherchant à le déverouiller, je me rendis compte qu'il était totalement décharger et s'était éteint. Il était pourtant encore à 40% avant que je ne prenne la route. Il était bientôt temps d'en changer. J'en demanderai un en cadeau pour mon anniversaire. Il ne restait qu'à espérer que celui-ci tienne jusque là.

Je le branchais juste à côté du canapé convertible et attendis un peu avant de le rallumer. Le temps qu'il s'actualise, je pris la direction du coin cuisine pour me faire un café. Pas besoin d'attendre qu'il filtre, j'avais juste à réchauffer ce qu'il restait dans le bol. Deux minutes au micro-ondes étaient largement suffisantes. En revenant dans la partie salon, je m'installais tranquillement sur le canapé, munie d'une tasse fumante. Je pris mon téléphone et commençais à parcourir mes notifications. Ca ne dura pas vraiment longtemps car, même si j'avais une certaine communauté sur Tiktok, je n'étais pas vraiment une célébrité.

Je regardais quelques vidéos des vidéos depuis un moment quand l'appareil se mit à sonner dans ma main et le nom de grand-mère s'afficha. Sans hésitation, je balayais l'écran et portais le téléphone à mes oreilles.

- Bonjour ma chérie, salua la vieille femme d'une voix enjouée.

- Bonjour mamie, répondis-je, heureuse de l'entendre. Comment tu vas ?

S'ensuivit une conversation banale sur nos occupations mutuelles et la météo. J'appris que sa voisine, Elianthe, avait fait une chute deux jours plutôt et s'était cassée la hanche. Elle devait donc passer chez elle une fois par jour pour remplir les gamelles du chat, changer la litière et arroser les plantes. 

- Ce n'est pas embêtant, m'expliqua-t-elle. Ca me donne une occupation. 

Mamie s'ennuyait beaucoup depuis qu'elle avait prit sa retraite, quelques années plus tôt. Papi et elle partait souvent en vadrouille pour éviter de tomber dans une routine morose. Leur dernière destination avait été la Chine. Un pays beaucoup trop moderne pour eux, mais ils étaient revenus ravis. Chacun avait rapporté sa tenue traditionnel et des dizaines de photos souvenirs avec des paysages, des monuments ou juste des gens locaux qu'ils avaient rencontrés.

- Elle doit rester longtemps à l'hôpital ?

- Pour l'instant, rien n'est sûr. Elle va rester un moment en observation et ils verront avec sa famille s'ils lui prennent une infirmière à domicile ou s'ils préfèrent la placer en maison de retraite.

Sa voix s'était légèrement durcit en prononçant la dernière phrase. Parler de maison de retraite avec une personne âgée était parfois dangereux. Pour beaucoup, c'était synonyme d'abandon. Que les enfants et petits enfants ne voulaient pas s'occuper d'eux s'il en était besoin. Et je devais bien avouer que le simple fait d'imaginer ses pauvres vieux dans ce qui ressemblait fortement à un hôpital et ne plus pouvoir aller et venir comme bon leur semblait, à attendre indéfiniment la moindre visite, ça m'attristait beaucoup.

Je changeais très vite de sujet pour ne pas nous attarder sur celui-ci. 

- Je peux passer ce soir ? J'ai envie de vous voir papi et toi. 

Demander à mes grand-parents si je pouvais passer les voir, c'était comme demander à un aveugle s'il voulait voir. J'étais toujours la bienvenue chez eux. Toutefois, je n'allais certainement pas m'imposer sans prévenir.

- Tu penses rester combien de temps ? Je fais à manger pour quatre ?

Quatre ? 

- Vous avez un invité ? Je ne veux surtout pas déranger.

- Nous déranger ? Voyons Clarisse, ne sois pas ridicule. Je t'attends pour 18h !

Elle raccrocha, sans me laisser le temps de répondre. Je soupirais en portant mon regard sur Cobalt. Le petit chat en peluche me regardait avec ses grands yeux en plastique, vides d'expression. 

- Et bien mon cher, ce soir tu viens avec moi. 

Cobalt était mon meilleur ami depuis l'enfance. Il m'avait été offert par mes parents lors du mon quatrième anniversaire et ne m'avait jamais quitté depuis. Sa couleur caramel s'était ternie au fil des ans et, à force de le traîner partout, il avait peu à peu perdu sa forme féline pour ressembler plus à un chiffon. Un chiffon que j'aimais par dessus tout. 

Ca semblait très gamin, mais encore aujourd'hui je lui confiais mes secrets et mes peines, une habitude prise depuis l'enfance. Pour moi, c'était un véritable ami et je pouvais même sentir sa présence. Il était vivant, sans l'être et l'avoir avec moi me réconfortait et me rassurait. 

Je partis à la recherche d'une veste sèche dans mon petit placard, enfilais mes baskets et pris mon sac à main, non sans oublier de glisser Cobalt dedans. Je vérifiais bien que j'avais la clé de la voiture dans le sac avant de fermer la porte de l'appartement derrière moi. 

En descendant les marche du hall, je croisais la voisine du rez-de-chaussée qui rentrait visiblement de la supérette. Un sac rempli de produits ménagers dans une main, un autre contenant de la nourriture à ses pieds, elle venait d'introduire la clé dans la serrure de son appartement quand son visage se tourna vers moi.

- Bonjour Clarisse, s'exclama-t-elle avec un large sourire. Tu vas quelque part ?

Madame Martin était une vielle femme très gentille, mais un peu trop curieuse. 

- Bonjour Irene. Oui, je sors de la ville. Je ne pense pas rentrer avant un moment.

- Tu vas rendre visite à tes grands-parents ?

Ses questions étaient parfois intrusive et elle ne semblait pas s'en rendre compte. Cette question aurais tout aussi bien pu porter sur une relation sans lendemain ou l'éventualité d'une soirée.

Je pris tout de même la peine de lui répondre et lui proposa de l'aider à rentrer ses sacs. La sexagénaire refusa poliment et me souhaita une bonne soirée avant de disparaître avec difficulté derrière sa porte. 

Je ne perdis pas plus de temps et sortis de l'immeuble à la recherche de mon véhicule. Lorsque je l'atteignis, je m'empressais de m'installer au volant, posant le sac à main sur le siège passager. Je mis le contact et attachais ma ceinture avant de faire les manoeuvres nécessaires pour sortir de l'emplacement. Heureusement, il s'agissait d'une petite voiture, facile à conduire et à garer. Le plus long maintenant allait être de sortir de Paris. Il était maintenant 16h, la circulation était assez dense à cette heure-ci. 

Une heure plus tard, je m'engageais enfin sur l'autoroute en direction de Morangis. La radio allumée passe des musiques variées. Tantôt des chansons modernes avec Aya Nakamura, Hoshi et Ed Sheran, tantôt des chansons plus anciennes. Je ne manque pas de me faire un karaoké à chaque fois que j'en connais une, tout en restant vigilante. 

J'entendis quelquefois mon téléphone sonner dans mon sac. Au bout de la quatrième, je commençais à m'inquiéter.  

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