Paradis ?

Jules ouvrit les yeux, hébété. Il était donc... mort ?

Non, les gens qui s'activaient autour de lui, cherchant à le réanimer, n'étaient pas morts, eux. Il avait mal aux côtes, et sentait que sa gorge était obstruée. Il toussa violemment, achevant de régurgiter l'eau de mer qui lui encombrait les poumons.

Peinant à reprendre sa respiration, il essaya de demander aux secouristes comment ils avaient pu le voir, lorsque l'un d'entre eux lui fit signe de ne pas parler. Ils lui posèrent en revanche des questions auxquelles il répondait d'un signe de tête.

« Dis-moi mon grand, est-ce que tes parents sont sur la plage ? »

Hochement de tête. Ils devaient sûrement être juste à côté, paniqués de ne plus voir leur fils.

« D'accord, on va les appeler. Est-ce que tu as mal quelque part ? »

Hochement de tête. Jules désigna du doigt son flanc, qui le lançait à présent douloureusement.

« Oui, je me doute que tu dois avoir mal ! Tu ne respirais plus, et ton cœur avait arrêté de battre. Julien a dû t'appuyer très fort sur la poitrine pour faire redémarrer ton cœur. »

Il regarda le secouriste de travers... Il avait neuf ans après tout, il savait déjà tout ça. Il voulu se relever, et le secouriste le recoucha d'un geste.

« Bon, ça suffit maintenant. Tu dois te reposer en attendant qu'on trouve tes parents. Nicolas ?
-Oui ?
-Tu les trouves, les parents du gosse ? Il commence à s'impatienter, et je pense que les pompiers ne vont pas tarder... On va pas attendre plus longtemps.
-Alors quoi ? Je laisse tomber ?
-Bah... Attends, je demande au petit. Il se tourna vers Jules. Dis, on trouve pas tes parents, et on doit t'amener à l'hôpital, ça te dérange ? »

Jules haussa les épaules. Il ne leur manquait pas tant que ça, s'ils ne s'étaient même pas rendu compte de son absence.

Il vit, comme dans un rêve, les pompiers s'approcher de lui, le soulever et le transporter dans l'ambulance. Tant de gens s'affairaient autour de lui, mais il se sentait si vide qu'il se laissa faire d'un bout à l'autre. Ce ne fut qu'installé dans une chambre d'hôpital, entouré des bips réguliers des machines, qu'il émergea de sa léthargie.

Il se sentait plein d'énergie et décida donc de se lever. Il quitta son lit, se dirigea vers la porte et l'ouvrit. Là, le monde de l'hôpital pédiatrique s'ouvrait à lui.

Il allait rejoindre d'autres enfants, lorsqu'une infirmière un peu rondouillette le remarqua. Elle se précipita vers lui, et le ramena à sa chambre, non sans l'avoir sermonné.

« Bon, je ne sais pas si tu es au courant, mais puisqu'on ne connait pas ton nom et ton prénom, on n'a pas encore pu contacter tes parents. Tu n'as pas dit un mot sur le trajet, donc il faut que je te le demande maintenant. Comment tu t'appelles ?
-...
-Je ne vais pas te manger tu sais, tu peux me dire ce que tu veux.
-...
-Tu veux peut-être parler une autre fois ? Ecoute, tu sais quoi ? Je reviens dans une heure, je te laisse un peu seul pour l'instant. Tu dois encore te reposer. »

Jules n'en revenait pas. Il avait pourtant essayé de parler, mais sa voix n'avait pas voulu sortir. Il s'assit sur le lit et se mit à pleurer. Il avait vécu beaucoup de chose en si peu de temps ! Il avait failli mourir, s'était cassé les côtes (même si cet imbécile de secouriste ne l'avait pas dit clairement, il avait bien compris ce qui s'était passé) et avait maintenant perdu sa voix ! Et en plus, il était seul dans un immense hôpital, ses parents devaient s'inquiéter pour lui ! Si ça se trouvait, sa sœur était déjà rentrée dans la chambre de son frère, et avait déjà déplacé sa collection de billes !

Cette pensée le fit pleurer de plus belle. Rien n'était plus important que sa collec de billes. Il en avait de très rares !

Après deux bonnes minutes, voyant que ses pleurs n'attiraient personne, il se calma et se mit à réfléchir. Du haut de ses neuf ans, il connaissait le mécanisme de l'air sur les cordes vocales, et se dit qu'il avait sûrement abîmé les siennes avec de l'eau de mer. Cela expliquait son incapacité à parler.

Rassuré, il voulu chercher de quoi s'occuper. Il balaya la chambre du regard, et découvrit sur la table de nuit une petite télécommande. S'en saisissant, il alluma la télévision qui lui faisait face.

Il jeta un œil à l'horloge murale : trois heures.

Il serait bientôt l'heure d'avatar, le dernier maître de l'air ; il n'avait jamais manqué un seul épisode, et ce n'étais pas le fait d'être à l'hôpital qui le dérangerait.

Il zappa donc le présentateur, qui donnait des nouvelles de Chirac en vacances (Jules ne souvenait même pas de qui il s'agissait) et passa sur la 5.

C'est à ce moment qu'il comprit qu'il y avait un problème.

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