Enfer
Il avait beau attendre, avatar, le dernier maître de l'air, n'était pas décidé à se montrer. A la place défilaient de vieux dessins animés nuls, même pas en 3D.
Une espèce de hamster copain avec des filles moches, qui s'appelait Hamtaro, des aventures de Tintin, et même une drôle de bête du nom de Arthur.
Où étaient passés ses dessins animés ? Il zappa de nouveau, cherchant à savoir si Gulli aussi avait changé de programmation. Il tomba à la place sur un journal sportif, sur la 4, qui montrait Zidane et un vieux monsieur présenté comme l'entraîneur de l'équipe de France de foot...
Jules fronça les sourcils. Il n'était pas fan de foot, mais il avait suivi avec attention la coupe du monde, et célébré avec tous la victoire de la France... Zidane ne faisait pas partie de l'équipe... Et qui était cet entraîneur ? Jamais il ne l'avait vu lors des après-match...
Perdu, il resta quelques secondes abasourdi, avant de remarquer la date inscrite derrière le présentateur : 5 août 2004.
Secouant sa tête, il repoussa l'idée qui lui venait. Ce n'était pas possible ! Personne ne l'avait jamais fait ! Et pourtant... Tout collait ! Les vieux dessins animés, ses parents qui n'étaient pas sur la plage, et cette date ! Jules était presque sûr que l'émission n'était pas une rediffusion.
Il se rendit à l'évidence : il avait remonté le temps. Mais comment ? Et pourquoi lui ?
Il réfléchit à toute allure, et comprit que jamais il ne pourrait retrouver ses parents dans ce monde : il n'était même pas censé être né ! Heureusement qu'il n'avait pas pu dire à l'infirmière qui il était, ou quelle était sa date de naissance ; il aurait pu dire adieu au soleil...
Il éteignit la télévision, et s'allongea pour réfléchir. Il n'avait pas de vêtements, aucune idée d'où il était et surtout, il ne retrouverait pas ses parents de sitôt. Il pleura encore un coup, puis se releva et passa à l'action. Il devait sortir de cet hôpital. Et trouver un endroit où passer la nuit.
Bon, il avait une petite idée pour son deuxième problème, mais il avait encore le premier à résoudre.
Se levant doucement, il jeta un dernier coup d'œil à la pendule et calcula qu'il avait encore une demi-heure avant que la grosse infirmière ne revienne. Il sortit donc sans bruit de la chambre et se dirigea vers le salon des enfants. Il sentait qu'il était en train de faire une grosse bêtise, mais il se sentait bien et devait à tout prix sortir de là sans se faire trop remarquer. Il repéra un garçon, à peu près de son âge, qui avait une jambe dans le plâtre.
Il lui tapota sur l'épaule, et tenta de lui demander quelque chose, mais ses cordes vocales peinaient à transmettre ses pensées à l'autre garçon :
« Est... que... vêtements... moi ? coassa-t-il d'une voix rauque.
-euh... je... tu demandes si tu as des vêtements ?
-non ! Est... ce que tu... des vêtements... pour moi ?
-Tu veux que je te prête des vêtements ? »
Jules hocha la tête.
« Ben, oui mais je te connais pas, comment je suis sûr que tu vas pas me les voler ? »
Jules leva ses yeux bleus au ciel et tenta une nouvelle fois de répondre :
« Si... tu fais ça...je dirais... gagnant coupe monde...foot... futur...
-Tu veux me prédire l'avenir c'est ça ? Genre qui va gagner la coupe du monde et tout ? Comment tu veux faire ? C'est pas possible hein !
-Si ! Allez... S'il te... plaît !
-D'abord... Dans quelle main j'ai caché ma bille ? »
Désemparé, Jules chercha une échappatoire, mais ne trouvant aucun moyen de deviner cela, il sentit les larmes lui monter aux yeux. L'autre, se rendant compte de la situation, s'approcha doucement de lui et lui demanda :
« T'es pas cap c'est ça ? Bon... Au pire c'est pas grave... J'ai un t-shirt et un pantalon que j'aime pas de toutes façons... »
Jules essuya avec sa manche de blouse d'hôpital les larmes qui coulaient sur ses joues, et retrouva un grand sourire. Il suivit le garçon en béquille dans les couloirs, et rentra derrière lui dans une sorte de dortoir. Trois lits occupaient la salle, et le garçon à la jambe cassée s'approcha de celui du milieu. Il tira de sous le lit une valise, et tendit à Jules de quoi s'habiller.
« Au fait... Moi c'est Alexandre. Et toi ?
-Jules. »
Il enfila rapidement tous les vêtements, tout en discutant avec Alexandre. Il reprenait peu à peu l'usage de sa voix, et lorsqu'il se sentit tout à fait prêt, il passa à l'action. Il salua Alexandre et se dirigea vers les ascenseurs.
Devant l'accueil, il hésita encore, puis marcha d'un pas ferme vers la sortie. Il lança un regard à la dame en poste à l'accueil et se sentant observé, il couru en direction d'une femme qui sortait en criant : « Maman ! Attends-moi ! »
Il avait réussi ! Il ne savait toujours pas comment il avait fait, mais il avait réussi ! Il se sentait libre !
Mais bien vite, il déchanta. Il était encore dans la ville, et son plan comportait une faille de taille : il ne savait pas comment rejoindre la forêt en bordure de la ville... Et bien entendu, il ne voulait pas marcher encore et se fatiguer plus ! Il avisa un banc, et s'assit quelques secondes avant de se relever à toute vitesse.
Le petit train de la ville ! Il n'avait qu'à se rendre sur la place centrale ! En ces semaines du patrimoine, la ville mettait à la disposition des touristes et des résidents un petit train gratuit pour les mineurs !
Tout content de son idée, il trottina jusqu'à l'arrêt, s'installa confortablement dans le petit train et enfin, partit vers son refuge secret.
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