24. Croquer dans le fruit défendu

Ce qui est formidable avec Basile, c'est que c'est un homme de parole. Quand il m'a dit qu'il allait rester collé à moi, il n'a pas menti.

Basile passe clairement le plus clair de ses journées à l'hôpital, dans ma chambre et il n'en sort que pour retourner chercher des affaires à la maison avant de les ramener, ce qui ne manque pas d'agacer les médecins et infirmières.

- Basile, on en a déjà parlé dix fois au moins, tu ne peux pas rester ici toute la journée.

- Pourquoi pas ?

- Parce que Gabriel a besoin de repos. Tu veux qu'il sorte plus rapidement, non ?

- Gabriel ? T'as besoin de repos ? Tu veux que je parte ?

- Je me sens si faible ! Ah c'est horrible ! Je vois la lumière à l'autre bout du tunnel, je...je me meurs...

- Gabriel, c'est valable pour toi aussi ! s'énerve l'infirmière en chef. Ce que tu vois, c'est les néons au plafond et tu ne vas pas mourir. Vous me rendez chèvre les garçons. Vous vous êtes passé le mot ?

- Je vous préviens, si je dois quitter cette chambre, je m'ouvre les veines avec le premier cathéter que je trouve. Je ne sais même pas à quoi ressemble un truc pareil. Je m'en fiche, je prendrais une aiguille !

- Arrête de dire des bêtises. Regardez-moi ce bazar ! On ne peut même plus circuler convenablement ici.

- J'avoue Basile, tu pourrais ranger.

Y'en a vraiment partout. Des vêtements au sol, des livres sur chaque petit meuble. Sans compter les fleurs qu'il me ramène trois fois par semaine.

- Bon, allez faire un tour tous les deux, ça vous aérer les neurones un peu.

- Je peux pousser Gabriel ?

- Non ! Basile...Tu ne vois rien, comment tu veux pousser son fauteuil ?

- On est fusionnel, il peut me dire les directions à prendre.

- Non, non. Tiens, je t'ai amené une canne et Gabriel, viens, je vais t'aider à t'installer.

Même pas drôle. De toute façon, dès qu'elle aura le dos tourné, on en fera qu'à notre tête alors.

- Vous n'avez aucun humour, vous le savez ça ?

- Je ne suis pas là pour être drôle, mais pour veiller au bon rétablissement de Gabriel. Bientôt, il n'aura même plus besoin du fauteuil. Tu pourras probablement marcher comme avant. C'est vraiment un miracle ce qui t'arrive.

Je n'emploierai pas ce mot-là, moi. Je ne sais même pas si on peut parler de miracle. C'est vrai que je n'ai aucune lésion physique, mais selon les médecins, il se pourrait que tout ne soit pas à l'endroit dans ma tête et ça, malheureusement je ne peux pas le voir. Je ne peux qu'attendre. Je me sens parfaitement bien, en pleine forme même, mais j'ai peur. Et cette peur grandie dans mon attente.

- Allez, dehors maintenant ! Oust !

- Oui chef ! À vos ordres chef !

On se fait allègrement mettre à la porte et quand cette dernière se referme sur nous, Basile replie sa canne et vient s'asseoir sur mes genoux.

- Tu as grossi.

- Comment ça ?

- T'es plus lourd qu'avant. Fais voir...

Je me permets alors de pincer son ventre en tirant légèrement sur la peau de ce dernier tout en riant.

- Eh bien, eh bien. On s'est un peu lâché en mon absence ? Dire que je suis tombé amoureux de toi pour ton physique de charme.

Faux. Je suis tombé amoureux pour tout un tas de choses, sauf son physique. Basile est mignon, mais c'est loin d'être l'Apollon du coin. Il n'a pas une silhouette hyper dessinée, et pourtant elle est athlétique. La première fois que je l'ai vu sans tee-shirt, j'ai clairement vu des abdominaux légèrement dessinés, mais sans plus. Il n'est pas mince pour autant.

- Adieu Apollon, fis-je tristement.

- Je peux être un autre dieu alors.

- Et quel genre exactement ?

Il se penche à hauteur de mon oreille et me susurre alors :

- Éros.

Oh.

Ah. Oui. Là clairement, on part sur autre chose et honnêtement, ce n'est pas pour me déplaire.

- Basile, voyons...Nous sommes dans un hôpital.

- Et alors ? On sait très bien tous les deux qu'on en a envie.

- Je suis en convalescence ! N'as-tu donc aucun respect pour moi ?

- Visiblement, ton entrejambe s'en fou complètement. Et puis justement, je saurais prendre soin de toi. Être doux. Allez à ton rythme.

- Oh pitié ! Toi comme moi savons qu'une fois lancé, t'as aucune retenue. Sauvage.

- Faux ! Tu me sous-estimes là.

Non, je le connais, il y a une différence. Mais c'est vrai que les mains de Basile, les caresses de Basile et ses lèvres me manquent. Même si on s'embrasse de temps en temps, ce n'est jamais pareil quand on fait l'amour. Il y a un petit côté addictif à tout ça. Je ne sais d'ailleurs même pas comment il s'y prend à chaque fois, ou bien c'est juste moi, mais je suis un accro à Basile. Son corps entier me rend fou.

- Alors ? Tenté ?

- Tu es mon fruit défendu décidément.

- Yeah ! Je le savais ! Mon Gabriel ne dirait jamais non.

Son Gabriel ?

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