19. Retour
"Alors, réveille-toi Gabriel. Réveille-toi."
Avant même que je ne m'en rende véritablement compte ou que je ne le réalise, le couloir dans lequel je me trouve se teinte de blanc. Un blanc immaculé. Un blanc de neige. Un blanc qui n'en termine pas tandis que depuis le plafond s'affiche une multitude de petites pancartes "sortie".
- Qu'est-ce que...C'est quoi ce bordel ?
- Tu t'en doutais, non ? Tu le sens au plus profond de toi, n'est-ce pas ?
- Attends, attends...J'ai peur de comprendre, ralentis veux-tu ? Comment...
- Ne cherche pas à comprendre, car à l'instant même où tu partiras, tu oublieras. Tout ça. Ce monde-là. Moi. J'ai bien peur que ce soir de pluie, lors de ton incident Gabriel, les choses se soient mal passées pour toi. Tu as bel et bien été hospitalisé, mais tu ne t'es pas réveillé au bout d'une semaine comme une fleur. Non. Cela fait un petit moment que tu dors maintenant. Un petit moment que tu vis cette vie qui n'est pas la tienne, mais qui s'y apparente de beaucoup. Cela aurait pu. Cela pourrait même. Rends-moi service maintenant et va-t'en. Suis ce couloir.
Je suis incapable de comprendre. De réaliser. Je cherche la logique. Je cherche un brin de réalité auquel me raccrocher. Qu'est-ce que ça veut dire ? Je suis perdu. Embrouillé. Une part de moi réalise, mais une autre s'y refuse parce que c'est bien trop absurde. Ça y est ? Ai-je perdu la raison ? Suis-je enfin devenu fou après tout ça ?
- Pars avant que je ne change d'avis. Je n'ai aucune raison de te garder ici si ce n'est pour te voir sauter du premier pont qui aura le malheur de croiser ton chemin dans les jours prochains.
- Et toi ? Je veux dire...Michael, tu existes, non ? Tu as toujours été là et...
- Le suis-je vraiment ? Maintenant cours Gabriel. Cours. Au bout de ce long couloir, il y a quelqu'un qui t'attend désespérément depuis des mois maintenant.
Basile.
- Oh j'oubliais ! Avant que tu ne partes, un petit conseil que tu ne comprendras que plus tard sans doute : Évite les sentiers dans les bois, ça glisse. Au revoir Gabriel.
Telle une image, un mirage, je vois brusquement la silhouette de Michael s'évaporer devant mes yeux que je frotte sans cesse. Je rêve. Non. Je ne rêve pas. Ce n'est pas possible. C'est un délire. Je ne peux pas...ça ne se peut...je veux dire...Comment ?
Sans chercher à comprendre, je me relève et m'aperçois que brusquement ma jambe droite fonctionne à nouveau. Je marche. Je peux me tenir droit. Je peux courir. Je peux...courir. JE PEUX COURIR !
Cours Gabriel. Cours.
Cours Gabriel. Cours.
- Basile ?!
Je ne sais même pas pourquoi, mais la première chose que je me mets à hurler, c'est son nom alors qu'il y a encore cinq minutes, je refusais catégoriquement de le prononcer.
- Basile !
Entends-moi. J'arrive.
Attends-moi, je suis là.
- Basile !
Je n'ai jamais été si près de toi qu'à cet instant. Je n'ai jamais eu encore cette impression de pouvoir voler, et toi ? As-tu déjà ressenti ça une fois dans ta vie ? Je suppose que tous ces gens qui pensent que l'amour donne des ailes ne sont pas dans le tort. Je suppose que tous ceux qui pensent que l'amour peut nous faire faire les choses les plus dingues ont raison. Complètement raison.
- Je suis là !! Hé oh ! Je suis là ! Basile !
Entends-tu mon cœur s'emballer pour toi ? Lui qui, m'a paru si mort ces derniers jours le voilà qui se remets à battre soudainement. Sais-tu ô combien ça fait mal un cœur qui bat et qui s'emballe ? J'ai mal Basile, j'ai mal à cause de toi. Mais tu sais quoi ? C'est un mal qui fait du bien.
J'ai le mal d'amour.
Soudain, toutes les lumières de ce couloir faisant des kilomètres s'éteignent brusquement. Il fait noir. Si noir. Pourtant, au bout, au loin semble briller quelque chose. Une lueur. Une lumière.
La lumière au bout du tunnel. La fin d'un cauchemar long de sept mois.
- Sauve-moi Basile.
Et comme d'un mauvais rêve, je me réveille en sursaut, arrachant un cri à tous ceux se trouvant dans la pièce tandis que le tube au fond de la gorge m'étrangle et m'étouffe alors qu'une infirmière en panique se trouvant là se précipite pour m'aider.
- J'y crois pas...souffle Cléa en lâchant un bouquet de fleurs
- Il est vivant...Oh mon dieu...IL EST VIVANT ! crie Cléo
Un rêve de sept mois, voilà ce à quoi ça se résume. Un rêve de sept longs mois et le premier visage que je vois près du mien, la première main que je sens dans la mienne.
- Bienvenue parmi nous petit ange.
Tout ça appartient à Basile.
- Merci d'être revenu. Seigneur, merci d'être revenu...
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