11. Des plans sur la comète à en perdre la tête

- J'ai quelque chose à te dire.

J'ai beaucoup trop entendu cette phrase et généralement, elle est oiseau de mauvais augure pour moi.

La dernière fois que j'ai entendu ce genre de phrase, ça sonnait plutôt comme un "Gabriel, il faut qu'on parle" et quelques heures après je retrouvais les joies immenses et incomprises de la vie de célibataire. Basile ne me ferait pas ce genre de coup là. Pas comme ça. Pas après avoir fait l'amour. Et puis il n'y a eu aucun signe annonciateur ces derniers jours qui aurait pu me mettre la puce à l'oreille. Nous sommes bien. Nous sommes heureux. Nous sommes amoureux l'un de l'autre.

- Basile, t'es mon mec. Je t'aime, hein. Tu le sais ça, j'espère ?

- Oui, pourquoi tu me dis ça ?

- Je n'en sais rien, à toi de me dire ce que tu as à me dire. Tu me fais peur.

Ses traits montrent son incompréhension et je ne peux pas lui en vouloir. Basile doit certainement faire partie de ces gens étant dans l'ignorance de l'impact et du stresse que peut engendrer un "Il faut qu'on parle" et ce n'est pas plus mal.

Il m'attrape alors les mains, les serrant dans les siennes, nos doigts s'entremêlant tout naturellement tandis qu'il s'assoit en face de moi.

- En fait, j'ai une proposition à te faire.

- D'accord, je t'écoute.

- J'aimerais que toi et moi, on parte d'ici. J'aimerais que l'on ait notre petit coin bien à nous. Notre chez nous. Je veux que l'on vive ensemble.

Est-ce que c'est un poisson d'avril en décembre ou pas ? Est-ce une blague ?

- Mais la boutique ? Je pensais que tu ne voulais pas...

- Il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis et j'en suis malheureusement un. Je suis un idiot amoureux. Mais c'est mon souhait. Peut-être pas tout de suite, peut-être pas maintenant, même si j'adorerais, mais j'aimerais qu'après tout ça...Toi et moi, on est notre petit nid d'amour et de folie. Tu en penses quoi ?

- Alors là ! Je dois dire que...Mon dieu Basile...Tu me prends carrément...

- Oui, je te prends tout court, mais à part ça ? Tu le veux ?

- Oui ! Bien sûr que je le veux !

On s'arrête un instant, comprenant subitement nos dernières phrases pouvant s'interpréter d'une autre façon et on éclate de rire.

- Serait-ce une proposition ayant un double sens mon cher ?

- Et si c'est ce que j'ai en tête sur le plus ou moins long terme ? Qu'est-ce que tu me répondrais ?

- Pour ça, il faut que la question me soit posée le moment venu.

- Dans ce cas, j'y songerais.

Oui, il n'y a pas à dire, je me sens véritablement comme dans une bulle avec Basile. Un espace fait d'amour, de sécurité, de tendresse, de folie, de joie, de passion, de bienveillance. Une bulle bien à moi, bien à nous. J'aime cette bulle et la façon dont on arrive à la construire et la maintenir lui et moi. J'aime cette sensation que j'ai et que j'éprouve quand je suis avec lui ou tout simplement près de lui. C'est bête à dire, mais j'aime Basile pour ça : La simplicité qu'il dégage.

On ne réfléchis pas. On ne pense pas plus que ça à demain. On ne fait pas des plans sur la comète sans se prendre la tête. Mais on vit. On vit le jour J, on profite de l'instant présent. On vit, on rit. On s'aime, on s'amuse.

- Quand je pense que l'on va fêter la nouvelle année ensemble, soupire Basile en s'allongeant de nouveau sur le lit.

- On va inaugurer une nouvelle année qui s'annonce particulièrement intéressante.

- Ah bon ? Tu as des choses de prévues ?

- Plus ou moins.

- Ça me concerne ?

- Plus ou moins.

- Petit cachottier !

- Si je te disais tout, ça gâcherait la surprise, non ? Je ne sais pas pour toi Basile, mais moi, j'ai décidé pour la nouvelle année d'essayer de te surprendre. Je ne sais pas vraiment comment je vais m'y prendre encore, même si j'ai quelques petites idées par-ci par-là, mais je verrais.

- Me surprendre ? Gabriel, ton existence elle-même est une surprise ! Tombé amoureux de toi a été une surprise. T'aimer encore plus aujourd'hui qu'hier est une éternelle surprise. Ton rire que je reconnais parmi tous les autres au café est une surprise. J'étais dans un trou noir et tu as été comme..Ma lumière. C'est idiot de dire ça alors que je ne vois même pas la lumière, mais...C'est comme ça que je le ressens. C'est un renouveau.

Un léger sourire m'échappe quand je me mets à marmonner

- Et je vais fêter ce renouveau, dans ma robe de satin ! Je vais fêter ce renouveau en dansant jusqu'au matin.

- Ah ! Ah ! J'en étais sûr ! Tu connais les paroles de la Reine des Neiges !

- Qui ne les connait pas ?

Oui, avec Basile on a réussi à se construire notre petite bulle rien qu'à nous.

Jusqu'au jour où elle a éclaté. Brusquement. Violemment.

Hé Basile, tu te souviens qu'on parlait de cette fameuse soirée du 31 ? Dis-moi, de là où tu es, si les étoiles brillent pour toi ? Parce que pour moi, toutes les lumières se sont éteintes le soir de Noël.

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