9. Ecart.
Lucas avait reçu deux jours d'exclusion, malgré nos témoignages en sa faveur. Certes, il l'avait frappé, mais c'était pour me défendre. Nous étions que mardi matin, et son absence lors du cours de mathématiques se fit ressentir. La place à côté de moi était vide. Habituellement, durant les cours de mathématiques, on se parlait de tout et de rien, nous rigolions et le prof nous reprenait. Nous disions "oui, on a fini", mais nous continuions.
- Rangez vos affaires, contrôle surprise ! annonça le prof, souriant sadiquement.
Ce prof, c'était monsieur Grabin, un vrai sadique. Il nous donnait souvent des contrôles surprises, et malgré les apparences, ça me surprenait toujours. Je rangeai mes affaires dans mon sac. Je n'avais pas révisé, mais fort heureusement, le fait que Lucas ne soit pas là aujourd'hui m'avait fait me concentrer davantage au cours. J'avais écouté durant toute la première heure, donc je pensais ne pas avoir de problème avec le contrôle.
Lorsque le professeur distribua les feuilles et que je remarquai le sujet, je tombai des nues. Pourquoi nous faisait-il un contrôle sur quelque chose complètement autre que ce qu'on venait de faire ? Nous étions en plein dans l'algorithmie, et il nous donnait un devoir de géométrie. Je soupirai.
L'heure se termina très rapidement, TROP rapidement. Je n'avais pas eu le temps de terminer ce fichu contrôle surprise. Bon, trois exercices sur 5 c'était déjà ça.
Nous sortîmes de la classe. Bien sûr, j'étais encore dernier, comme d'habitude. Je prenais tout le temps soin de bien ranger mes affaires, etc. Chloé m'attendait devant la porte. Gabriel n'était pas dans notre classe, donc elle était sans lui durant les intercours.
Nous nous rendîmes au prochain cours : Physique-chimie..
********** Ellipse. **********
Nous avions terminé notre journée. J'étais crevé de nos cours. Je ne savais pas ce qu'avaient les professeurs de cet internat, mais les contrôles surprises étaient leurs gourmandises. Ça ne faisait même pas deux semaines que nous étions ici que nous avions déjà fait 4 contrôles surprises, afin de "tester nos connaissances" comme dirait Monsieur Grabin.
Après les cours, je me rendis dans ma chambre afin d'y déposer mes affaires et rejoignis Lucas qui devait sûrement se trouver dans sa chambre. Malgré le fait qu'il ne me montrait pas grand chose à ce moment, je continuais de persister à chercher un minimum d'amour en lui, mais je redoutais le pire. Je redoutais le fait qu'il n'ait plus de sentiment pour moi.
Je toquai à sa porte et attendit qu'il répondît.
- Entreeez ! s'écria-t-il.
J'ouvris la porte et entrai, en refermant derrière moi. Il me regarda et me sourit faiblement. Il avait l'air fatigué.
- Ça va ? demandai-je, sans trop être collant.
- Oui et toi ?
- Ça peut aller.
Nous nous regardâmes pendant plusieurs secondes, avant qu'il se retournât sur son ordinateur portable. Même pas un bisou, un câlin, même pas il se levait ? Je fis abstraction de tout ça et m'approchai de lui, regardant par-dessus son épaule ce qu'il faisait.
- Qu'est-ce que tu fais sur le facebook de Hector ? demandai-je, curieux.
- Je.. cherchais des informations, répondit-il.
- Des informations de quoi ?
- Bah, genre son âge, et tout.
- Mais, il a notre âge, répondis-je, lui montrant que ce qu'il disait était absurde.
Plus il parlait, plus j'avais l'impression qu'il me mentait. Il me cachait quelque chose, et ça me blessait. Que me cachait-il ? Pourquoi cette distance entre nous ? Pourquoi faisait-il tout pour m'éloigner de lui ? Pourquoi avait-il changé du jour au lendemain ?
- Bon.. tu peux me laisser ? J'ai besoin de calme pour rechercher, fit-il, fixant toujours son écran.
J'allais protester et l'engueuler, mais je ne le fis pas. Aucun son ne sortit de ma bouche. Je ne voulais pas qu'on se disputât, alors je m'abstins de faire toute réflexion. Je sortis de la chambre, retenant mes larmes. Oui, je voulais pleurer. Je voulais pleurer car je le sentais différent avec moi, car je ne voyais plus aucun amour en lui. J'avais l'impression qu'il ne m'aimait plus, et qu'il faisait tout pour se séparer de moi. Je clanchai la poignée de la porte et sortis. Je ne pris même pas la peine de la refermer puis allai à la bibliothèque, mon refuge.
Une fois arrivé à la bibliothèque, la bibliothécaire qui commençait à me connaître - vues les nombreuses fois où elle me voyait lire - me sourit. Je l'aimais bien, malgré qu'elle était assez stricte niveau "silence" dans la pièce. Dés le moindre bruit, on avait le droit à son "chhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhuuuuuuut" habituel, qui était aussi agaçant que lassant.
Je m'installai dans mon coin habituel, la table près du rayon des livres britanniques. J'adorais ces livres. Je commençai à faire mes devoirs, essayant de ne pas penser à Lucas et à cette "crise" dans notre couple. Et si ça se trouvait, il ne se rendait même pas compte de son attitude avec moi. Peut-être qu'il ne captait même pas le fait qu'il me "rejetait" dès que nous étions à deux. J'avais l'impression d'être de trop, à chaque fois.
Je finis mes mathématiques. J'en avais marre de cette matière, pourtant, je l'adorais, mais avec un prof comme le notre, ça devenait lassant. Il n'arrêtait pas avec ses contrôles surprises et ses théorèmes. Je comprenais même pas les mots de ses fichues propriétés. Ce n'était même plus du français.
Je commençai à ranger mes affaires lorsque quelqu'un s'appuya contre ma table. J'aperçus le teint blanc de deux mains qui étaient posées sur ma table. Je relevai la tête.
- Coucou mon p'tit chou.
- Salut, répondis-je séchement, me dépêchant de ranger mes affaires.
- Ça va ? me demanda-t-elle.
- Très bien.
Je me levai et commençai à la contourner lorsqu'elle me barra la route.
- Pourquoi fuis-tu ? J'ai envie de parler.
- Parle avec quelqu'un d'autre.
Armelle me faisait peur, mais j'arrivais toujours à être aussi froid avec elle. Je savais qu'elle ne me ferait rien pour l'instant, car elle voulait surtout que je souffre. J'essayai une seconde tentative de fuite, mais elle me prit le bras. Malgré sa faible force, elle avait des ongles assez longs pour me griffer. Je grimaçai de douleur et retirai mon bras de son emprise.
- Tu fais mal !
- Plus ou moins mal que ce que te fait endurer Lucas ? me questionna-t-elle en souriant.
Je la dévisageai. Je devais m'en douter que c'était elle qui était derrière tout ça. Je m'en voulais de ne pas y avoir songer plus tôt.
- Qu'est-ce que tu lui as fait ?
- Mais rien, tu vois bien qu'il va bien.
- Pourquoi il est comme ça ?!
- Il est comment ?
- Hyper distant ! m'écriai-je.
- Chhhhhhhhhhhhhhhhhhhut, fit la bibliothécaire.
Armelle ne me répondit pas et partit juste après avoir lâché un léger rictus. Je la regardais s'éloigner de moi. Ses cheveux noirs qui retombaient sur ses épaules lui donnaient un air maléfique. J'eus un frisson dans le dos.
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