🤍chapitre 9🤍
👻Promenons dans les bois tant que le sanglier n'y est pas👻
Sous les grandes branches parsemées de feuillage sombre, c'est abrité que le sommeil vient doucement m'envelopper dans ses bras bienveillants.
Bercée par le bruit de la pluie avec quelques tourbillons de vent, mes pensées se font moins bruyantes pour me permettre de me glisser dans ce cocon pour m'endormir profondément pour quelques minutes seulement.
Un hurlement résonne dans la nuit d'un noir d'encre, sans aucune lumière pour éclairer cette obscurité à couper au couteau. Ce cri est aussi glaçant que le froid hivernal. Parmi les gouttelettes, quelques légers flocons sont apparus, mais à peine touchent-ils le sol que leurs substances fondent pour ne devenir que des minuscules flaques.
Je fus arrachée des bras de Morphée par un second hurlement, bien plus fort que le premier. Je pense que c'est juste une illusion faite par mon esprit embrumé encore par le sommeil.
Je passe une main sur mon visage frigorifié pour me réveiller légèrement, perdue avec difficulté. Je me lève en m'aidant de ma main posée sur le tronc de l'arbre contre lequel je me suis endormie.
Je sens mon sang ne faire qu'un tour dans mes veines, parce qu'un second cri que je reconnais trop bien a percé ce silence lourd et pesant dans ces bois lugubres.
Je ne peux me permettre de patienter pour que ma vue s'adapte dans cette sombre. C'est sans réfléchir que je m'élance en m'aidant des cris pour me guider jusqu'à Cassie, car aucun doute que c'est bien sa voix.
— Cassie, où es-tu ? Cassie ? Hurlais-je fortement en trébuchant plusieurs fois contre des racines sorties du sol, parfois aussi à cause de la boue glissante. Chaque fois, je puise une certaine force dans mon être pour me relever avec volonté et me dépêcher de retrouver Cassie que je n'entends plus.
Quand j'arrive dans un petit bosquet bien dissimulé entre les arbres qu'à première vue, on ne remarque pas. Je ne me soucie guère de l'environnement, car mon regard est fixé sur celle qu'à une époque, je ne pensais pas considérer comme une amie. Pourtant, elle s'est fait une place dans mon cœur sans me demander mon avis.
Depuis chaque instant, je ne regrette aucun de nos moments passés ensemble, même pas celui-là, comme c'est avec certitude que dans quelques mois, on rira de cela, parce que c'est une situation peu commune.
Le destin n'en fait réellement qu'à sa tête par moments. Il nous met des épreuves dans nos vies pour une bonne raison qu'on ignore parfois et on essaie de se convaincre qu'on peut contrôler celui-ci.
C'est avec amertume qu'occasionnellement, on se rend compte que rien ne peut avoir un pouvoir sur le destin.
Hélas, Cassie avait dû oublier cette leçon-là, car sans se soucier une seconde des conséquences de ses actes. C'est avec effroi qu'impuissante, j'assiste à un vol d'un de ses talons aiguilles bien pointus taille 38 qui atterrit avec un bruit lourd sur le dos d'un énorme sanglier. Celui-ci déguste ses truffes tranquillement avant de se faire attaquer injustement par cette furie.
Je la sens à peine se cacher derrière mon dos dans sa panique d'avoir fait une telle bêtise, car maintenant, ce gros animal ne semblait pas très content d'avoir été dérangé durant son repas.
Je grimace en sentant mon bras me faire mal légèrement sous sa poigne. Je ne me doutais pas une seconde qu'elle avait cette force, sûrement développée par la peur. Elle n'est pas la seule à trembler, car mon corps ressemble à une feuille prise dans des bourrasques violentes.
Toutes silencieuses, nous avons reculé de quelques pas en arrière sans quitter des yeux celui qui nous cause la pire frayeur de toute notre vie, assurément.
Ce sanglier est imposant par sa taille et son poids, ses petits yeux marron foncé brillent d'un éclat de colère envers nous. Je ne dois pas être surprise d'avoir retrouvé Cassie dans une telle situation. Pourtant, à chaque fois, celle-ci réussit à se mettre dans des dangers improbables et, la plupart du temps, c'est entièrement sa faute.
— Éléonore, dis-moi que tu as un plan pour échapper aux crocs de ce monstre, murmure-t-elle s'accrochant à mon corps comme avec une bouée.
Crac, crac…
Nous restons immobiles, nous retenons nos souffles. Je n'ose pas lui lancer un regard noir. Bien sûr, il fallait qu'elle marche probablement sur une brindille ou une branche.
Le sanglier reste immobile, à l'affût du moindre bruit, comme s'il avait besoin d'un signal pour nous foncer dessus. Ses yeux nous transpercent. Je sais maintenant comment une souris se sent devant un chat. C'est exactement la même scène, j'imagine en pire.
Il gratte une de ses pattes dans la masse de boue glissante et des grandes flaques se sont formées avec la pluie. Il ne marque aucune hésitation à foncer vers nous, mais une de ses pattes se prend dans un trou.
Il glisse sur le côté en tombant lourdement. Je ne réfléchis pas plus en voyant qu'il va mettre du temps à se remettre sur pattes. Je prends la main de Cassie qui est tétanisée par l'effroi. Malgré le fait que je la tire de toutes mes forces, elle ne bouge pas.
Je ne recule pas en levant ma main qui vient taper sa joue pour la sortir de son état de stupeur. Je vais regretter mon geste, c'est sûr, mais pour le moment, cette idée me semble bien meilleure que les autres. Elle me fixe de son regard bleu et une petite lueur de colère brille dans ceux-ci qui me fusillent.
Je ne prends pas le temps de dire quoi que ce soit, qu'elle se reprend en main pour enfin se décider à me suivre. Nous nous guidons par la lumière faible du téléphone qu'elle tient toujours dans sa main pour repérer nos empreintes qui nous permettent de trouver la sortie de ce petit bosquet.
Dans notre précipitation, c'est sans prudence que nous filons à toute vitesse pour nous éloigner de ce sanglier avant qu'il ne décide de nous poursuivre. Nous réussissons, malgré les obstacles sur le chemin, à arriver là où les valises nous attendent bien sagement, près de l'arbre, où ma sieste a été d'une courte durée.
Je pose mes mains sur mes genoux légèrement essoufflée. Mon ventre se dénoue de stress et de peur en sachant que nous sommes loin de ce monstre. Je n'ai rien contre les animaux, je les aime, mais je n'étais pas prête à un tel événement si impressionnant de me retrouver face à ça.
Je passe une main dans mes cheveux emmêlés, une de mes mèches me chatouille le nez et j'éternue en frissonnant de froid. Je croise mes bras contre moi pour me redresser, un peu surprise de ne pas entendre Cassie se plaindre ou encore m'incendier à cause de la gifle.
Elle ne prend pas la peine de me regarder pour s'éloigner en délaissant son autre talon sur le sol pour remonter la pente glissante pieds nus. C'est avec culpabilité que, silencieusement, j'essaie de la suivre sans tomber avec les valises. Cela me retarde dans ma progression.
Quand j'arrive enfin sur la route, c'est un peu peiné que mon regard se fixe sur Cassie déjà loin. C'est clair qu'elle m'en veut énormément.
— Cassie, s'il te plaît, ralenti, est-ce qu'on peut discuter ? Demandai-je en pinçant mes lèvres glacées par le froid. J'avance contre le vent pour essayer de la suivre. Heureusement, celle-ci s'arrête d'un coup sec en haut de cette satanée côte.
Je m'avance vers elle pour venir à ses côtés, intriguée par ce qui peut bien attirer son regard à ce point-là.
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