🤍chapitre 8🤍
👻Le chemin se rallonge
à notre plus
grand malheureux avec
des embûches👻
Je sens mon bras s'alourdir au fur et à mesure de notre progression, de devoir tenir le téléphone bien haut pour permettre à l'éclairage d'être fixé sur cette route sans fin.
C'est l'impression que cela me donne, car cela fait déjà quelques heures qu'on marche sans avoir fait un arrêt. C'est par miracle que Cassie ne s'est pas encore plainte.
Nous n'avons aperçu aucune voiture et aucune pancarte pour nous permettre de savoir exactement combien de kilomètres nous devons encore parcourir pour arriver à la prochaine ville.
Je laisse échapper un souffle entre mes lèvres pour écarter une mèche de mes cheveux devant mes yeux que je fais papillonner pour rester éveillée, bien que la fatigue ne quitte aucunement mon corps.
Le seul bruit que nous entendons, ce sont les gouttelettes tombant à un rythme régulier, en parfaite harmonie avec les feuillages des arbustes, que le vent fait remuer légèrement. Mais le claquement des talons de Cassie brise cette symphonie merveilleuse.
Je ne sais pas comment elle peut continuer d'avancer avec ces instruments de torture à ses pieds, car personnellement, déjà avec mes tennis, c'est compliqué. Alors rien que d'imaginer de marcher encore des kilomètres avec cela, c'est impensable pour moi.
Pourtant, brièvement, en un seul regard, toute inquiétude s'envole, parce que celle-ci n'a pas l'air de souffrir. Ce qui est rassurant, cela signifie qu'elle peut poursuivre le chemin. Cela me surprit légèrement, comme je ne pensais pas qu'elle savait être aussi endurante. Chaque fois, elle me surprend de n'importe quelle manière.
Je fixe un point lointain pour m'accrocher et avancer en posant un pied après l'autre. Mon esprit se perd dans les vagues turbulentes de mes pensées. Elles me tiennent éloignée du désir de m'endormir, car celles-ci me forcent à réfléchir aux événements qui nous ont amenées à être sur une route déserte.
Le destin est une douce amertume de plaisanterie, parce que normalement, dans quelques jours, je devais partir pour rendre visite à Constance. Cette femme était la gouvernante de Cassie quand celle-ci n'était qu'un bébé. Par la suite, elle est devenue ma famille d'accueil, grâce à madame Alessandro, qui m'a sortie de l'orphelinat.
Il y a quelques années, elle a dû déménager en Écosse pour se rapprocher de sa famille. À chaque fois, ma culpabilité me ronge, car je ne tiens jamais la promesse que j'avais faite à l'époque de venir la voir. Ce n'est pas l'envie qui me manque, parce que je désire revoir cette femme, puisque celle-ci m'a accueillie sous son toit et m'a éduquée. Jusqu'à ce que madame Alessandro ait la possibilité de me prendre sous ses ailes.
Hélas, mon boulot ne me permet pas de m'absenter, comme Cassie a toujours besoin de ma présence autant que secrétaire. C'est mon travail de l'assister, notamment que, récemment, elle a laissé sous-entendre que je peux avoir une chance de grimper l'échelon de la société.
Pour une promotion que je convoite ardemment, parce que celle-ci peut m'ouvrir plein de portes et me permettre de montrer ma vraie valeur à ses yeux. Car pour une fois, j'aimerais tellement qu'elle me voie réellement, bien que ma maladresse ne joue jamais à ma faveur.
Je lève la tête vers le ciel pour apprécier cette pluie fine qui peut rafraîchir le bout de ma langue. C'est avec espoir que j'espère recueillir quelques gouttelettes pour apaiser ma soif.
C'est la première fois que je pars ainsi avec Cassie. D'habitude, elle s'en va toujours seule pour ses voyages concernant l'agence, mais pour celui-ci, c'est différent. Même si elle ne voulait jamais l'admettre, cela doit toucher sa corde sensible. Car cette affaire touche à la dernière rénovation que madame Alessandro a faite avant de nous quitter brutalement.
Ce manoir hôtelier n'est pas seulement un projet pour redonner une renommée à l'agence, c'est bien plus que cela. C'est le dernier lieu qui a accueilli Madame Alessandro, alors sûrement que cela doit remuer pas mal de souvenirs pour Cassie.
Je ne pouvais pas l'empêcher de se lancer corps et âme dans cette affaire, car même si ma raison me poussait à la raisonner et à essayer de la retenir, c'est mon cœur qui m'a convaincue de la suivre pour ne pas l'abandonner, puisque c'est ainsi que fonctionne une amitié. C'est être là pour l'une et l'autre, malgré les défis de la vie.
Un bruit sourd retentit brusquement, ma bulle de pensées explose. Pour s'évaporer et me faire revenir à l'instant présent.
Je mordille ma lèvre pour ne pas céder à l'envie de dire quoi que ce soit par rapport à voir une des valises de Cassie rouler jusqu'à finir dans un fossé. Celle-ci ronchonne quelques mots incompréhensibles que mon ouïe ne put entendre.
Elle croise ses bras sans arrêter de lancer des regards noirs, pire que des éclairs, à sa valise. Sûrement que celle-là a dû faire quelque chose pour la contrarier ainsi.
Les mains déjà chargées par ses deux autres valises, c'est avec difficulté que j'avance pour m'arrêter à la hauteur de celle qui a presque failli partir sans nous.
Quand Cassie me rejoint, c'est doucement que mon téléphone se pose dans sa main, ainsi, c'est moins compliqué pour que je récupère sa valise.
Je réussis à l'extirper de ce trou, heureusement, elle ne semble pas vraiment abîmée à première vue.
— Éléonore, dépêche-toi, on n'a pas de temps à perdre si on veut arriver au prochain village avant que le jour ne se lève, dit-elle avant de tourner les talons pour continuer à avancer et à éclairer le chemin en délaissant ses valises.
Je ne réalise pas le coup qu'elle m'a fait pour ne plus s'embêter avec ses propres bagages. Sûr que tout cela, c'était une manigance pour me laisser ses affaires.
Je passe une main sur mon visage tiré par la fatigue. Dans de rares moments, elle n'imagine pas à quel point mes nerfs sont à vif à cause de ses manières.
Je reprends les bagages, heureusement qu'ils sont tous sur roulettes, car ça n'aurait pas été aussi facile de les transporter. Surtout que ses propres valises pèsent une tonne. Sûrement qu'elle a dû vider son armoire entièrement avant de partir.
Je n'essaie pas de la rattraper, puisqu'elle avance à une cadence bien trop rapide. Alors, c'est à mon propre rythme que je progresse dans notre trajectoire pour atteindre la ville.
On arrive devant une pente raide, rien que de la regarder, mon estomac se retourne parce que pour arriver au sommet, il faut encore quelques kilomètres.
Je frotte mes yeux pour essuyer ma sueur, ça dégouline sur mon visage et derrière ma nuque, c'est dégoûtant. Mon regard vague d'épuisement se fixe sur le dos de Cassie pour me donner du courage d'avancer, car celle-ci ne recule pas. Bien au contraire, sans rechigner, elle commence à remonter cette pente à son rythme.
Alors mes mains tiennent fermement les bagages pour les tirer avec difficulté, comme si celles-ci m'attiraient en arrière tellement elles sont lourdes.
Je mords l'intérieur de ma joue pour ne pas reculer devant cette ascension, car je ne désire pas me laisser distancer par Cassie, parce que c'est sûr qu'elle va penser que je la ralentis. C'est certain qu'elle va me dire que je suis un boulet.
Mes cheveux mouillés tombent en rideau devant mes yeux baissés sur le goudron abîmé au fil du temps que les voitures passent ici. Essoufflée, mes pas ralentissent pour me permettre de reprendre un souffle régulier et continuer d'avancer avec prudence pour éviter les trous.
La pluie fine se transforme en un vrai torrent de larmes, comme si la nuit pleurait de l'absence des étoiles. Emportée par ces turbulences, mon corps se cogne avec brutalité contre celui de Cassie. Elle s'est arrêtée au milieu du chemin pour observer avec intensité la lisière de la forêt d'une pénombre redoutable.
Un peu inquiète, c'est doucement que mon regard s'attarde sur elle. Ses cheveux mouillés font ressortir sa couleur naturelle d'un noir intense, ses vêtements collent à sa peau de porcelaine et mettent en valeur ses formes généreuses.
Ses yeux d'un bleu profond ne quittent pas un seul instant le sentier qui mène dans les profondeurs des bois.
— Éléonore, je ne peux pas me retenir encore très longtemps, ce n'est pas possible, je dois impérativement aller faire mes besoins, murmure-t-elle. Avant qu'elle ne se dandine d'un pied sur l'autre pour ne pas céder à l'envie qui tortille le bas de son ventre avec un regard implorant fixé dans mes yeux. C'est avec difficulté que j'essaie de ne pas approuver, mais mes lèvres laissent échapper un pauvre petit oui, vaincu encore par sa persuasion qu'elle sait parfaitement utiliser grâce à ses charmes redoutables.
Je ramène mes cheveux trempés sur mon épaule gauche pour les dégager.
De mes yeux. Ainsi, c'est avec prudence que je suis Cassie dans la descente jusqu'au sentier avec les bagages, qui ne me facilitent pas cette excursion, mais à aucun moment, elle ne propose de m'aider. C'est avec empressement qu'elle s'engouffre sans m'attendre dans les bois pour faire ses besoins.
Je lève les yeux avec agacement avant de la suivre sans grande conviction. Surtout qu'à l'évidence, celle-ci s'est enfoncée dans les profondeurs de la forêt avec notre seul moyen d'avoir un peu de lumière, sans se soucier une seule seconde de me laisser poireauter dans la pénombre.
Mes mains en feu lâchent brusquement les valises avant que je m'écroule sur le sol boueux pour saisir ce moment de répit avec espoir de me reposer.
Mes paupières sont tellement lourdes que c'est sans résister, je ferme brièvement les yeux sans crainte d'être seule dans un endroit inconnu. Depuis l'enfance, j'aime beaucoup les lieux où règne la nature avec sa faune mystérieuse.
🤍Nombre de mots : 1638🤍
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