🤍chapitre 5🤍

👻Un adieu déchirant aux parfums de roses👻

Les brumes de mes songes me bercent pour m'emmener profondément dans des eaux noires. Dedans ceux-ci, des souvenirs que je pensée avoir oubliés viennent resurgir avec une puissance que ce courant m'emporter dans les bas-fonds de cette rivière habituellement agréable. Je ne parviens pas à remonter, bien que mes tentatives soient désespérées.

C'est avec détermination que j'essaye d'écarter ses mains malveillantes, car celles-ci me retiennent pour m'attire dans les profondeurs. Je sens que l'air s'évapore comme un filet de sable et mon corps épuisé de mes débats devient mou jusqu'à se laisser aller aux étreintes de ses mains sales.

Je me réveille en sursaut, mon corps frémissant de froid. Pourtant, dans l'habitacle, une douce chaleur se répand en sortant des ventilations.

Je passe une main dans mes cheveux, quelques mèches sont collées à mon front en sueur. Ma respiration saccadée me fait souffrir à la poitrine et mon cœur s'empresse sous le poids de l'angoisse, car celle-ci envahit chaque parcelle de mon âme.

Je pensais avoir surmonté mes traumatismes, mais à l'évidence, c'est à contrecœur que je dois admettre m'être trompé, parce que mon passé est toujours enfoui, prêt à toujours ressurgir pour me rappeler avec brutalité mes erreurs.

Mes cauchemars me font prendre conscience que, finalement, je suis toujours faible face à cela et, malgré mon dégoût, ça fait partie d'une part de ma vie. Je ferme brièvement les yeux pour ne pas céder aux larmes, car ma peau ressent le toucher de ses mains impures. Je mords ma lèvre en espérant retenir mes sanglots pour ne pas perdre un peu de ma fierté face à celle que j'admire. À ce moment précis, je ne veux pas être un boulet pour ses yeux.

— Tiens, bois un peu, cela va te faire du bien. Je sais maintenant que la montagne et toi, ce n'est pas une bonne combinaison. La prochaine fois, je t'emmène sur une île. Aucun risque que tu sois malade à cause des virages, dit Cassie en tenant dans une de ses mains une bouteille d'eau qu'elle a dû récupérer dans la boite à gant, car celle-ci est mal refermée. Je la prends sans tarder pour l'ouvrir avec empressement, l'eau coule dans ma gorge pour apaiser ma soif.

Je la remercie à demi-mot sans oser la regarder, bien trop honteuse de ma faiblesse, mais je suis rassuré qu'elle pense que mon état est lié au fait que je ne supporte pas l'air de la montagne.

Elle ne doit jamais savoir mon passé pour ne pas découvrir ma double vie que, à l'époque, je mène sans que personne ne soit en courant jusqu'à ce qu'une personne ne sache tout cela. Je ne veux pas que son regard change, car c'est avec certitude que je suis persuadé que si elle savait la vérité entre nous, ça ne serait jamais comme avant.

Je refuse de la perdre pour mes erreurs que j'essaie de rattraper depuis quelques années, même si c'est dur, parce que ce n'est pas facile de se détacher de ses ombres du passé.

Je sers la bouteille entre mes mains, qu'ils ont arrêté de trembler de froid, peut-être même d'angoisses. Mon esprit mit du temps à analyser que la voiture file à toute vitesse pour quitter les routes rocheuses et abruptes de la montagne pour rouler sur un chemin agréable parsemé d'arbres majestueux. Leurs branches solides s'entremêlent pour former comme un tunnel qui mène jusqu'au manoir qu'on voit désormais bien parce qu'il n'est plus très loin.

Quelques rayons de soleil s'infiltrent entre certains trous visibles entre les feuillages pour s'amuser avec les ombres. Quand la voiture pénètre dans la propriété, c'est avec habilité que Cassie se gare sur le parking réservé à la clientèle, mais elle choisit avec intelligence une place assez éloignée pour cacher le véhicule loin des yeux curieux.

Je l'observe couper le moteur avant d'ouvrir la portière pour descendre avec élégance sans montrer aucune douleur de ce long voyage. Mes jambes sont toutes engourdies, c'est avec difficulté que je sors du véhicule, car mon corps n'est que souffrance.

Je ferme la portière contre laquelle mon dos s'appuie pour quelques minutes, le temps de me dégourdir mes pieds que je ne sens plus aussi. Je ferme les yeux, éblouis par le soleil, en levant mon visage pour savourer ce petit air frais qui apaise ma chaleur corporelle.

Le bruit du vent se mêle avec le chant des oiseaux, c'est agréable d'être en pleine nature et mon ouïe fine perçoit le courant d'une rivière s'écouler avec douceur, certainement dissimulé dans cette vaste forêt. Je sens la présence de Cassie à mes côtés, c'est délicatement que j'ouvre mes yeux, encore sensible au rayon éblouissant.

Je mets quelques minutes avant d'avoir une vue moins trouble pour que mon regard se pose sur ce monument ancien. Il est d'une grande beauté mystérieuse, mon âme se fait ensorceler sous le charme.

Les murs en pierre crème et grise sont recouverts de rosiers grimpants. On peut voir un peu plus loin quelques reflets d'un lac à l'eau pure des montagnes.

— Magnifique ? Tante Aliénor était tombée amoureuse de leurs serres. Tu vas voir, ils ont des fleurs de diverses espèces, c'est plus époustouflant que sur les photos, murmure-t-elle. Ses yeux étincellent d'une certaine émotion par rapport à cet endroit qui a été le dernier projet de sa tante avant qu'elle ne s'en aille pour toujours dans son petit paradis.

J'espère qu'elle est heureuse là-bas, sans doute en compagnie de ceux qu'elle a perdus durant sa vie. Quand la main de Cassie s'enroule autour de la mienne, c'est avec surprise qu'elle me traine pour que je la suive dans un chemin qui mène vers l'arrière du manoir.

Mon regard brille intensément de diverses émotions pour ce domaine, parce qu'au fur et à mesure qu'on se dirigeait vers l'endroit tant désiré par Cassie. C'est avec chance que je peux contempler ce que cet endroit peut offrir, et décidément.

Madame Alessandro a eu raison d'investir dans ce projet, car il avait du potentiel et un petit quelque chose qui était impossible d'expliquer. On s'arrête devant une fontaine à couper le souffle, une imposante statue en pierre trône au milieu de celle-ci.

Ma main serre inconsciemment celle de Cassie pour me rassurer de ne pas être la seule à subir le regard intense de cette sculpture de femme au corps de serpent mutilé par diverses cicatrices.

— Tante Aliénor aimait beaucoup ce côté du manoir. Elle me raconta qu'elle s'installait sur ce banc pour se ressourcer et admirer cette fontaine qui était un de ses coups de cœur, murmure-t-elle d'une voix étouffée par les émotions. Je ne peux m'empêcher de la prendre dans mes bras pour qu'elle sache que dans sa douleur, elle n'est pas seule.

Sa tête se pose dans le creux de mon cou, une de mes mains caresses ses cheveux d'une douceur délicieuse. C'est entrelacé qu'on se soutient mutuellement dans notre peine d'avoir perdu celle des personnes chères à notre cœur.

Je relâche mon empreinte en sentant Cassie s'écarter légèrement pour s'éloigner et cueillir deux roses blanches d'un splendide rosier. Je ne peux m'empêcher d'être inquiète parce que cela doit certainement être interdit de cueillir de ces fleurs extrêmement belles.

Je prends avec hésitation une que Cassie me tend et leur parfum doux nous enveloppe vraiment. Ce manoir porte bien son nom, car ses roses sont aussi envoûtantes que le lieu.

— Elle disait que l'eau de cette fontaine était enchanteresse pour réaliser n'importe quel vœu, murmure-t-elle d'une petite voix brisée. Je me tais en l'observant fermer ses yeux pour sûrement penser fort à ses vœux.

Mes dents mordillent ma lèvre inférieure assez sensible, perdue dans mes pensées. C'est trouble qu'aucun vœu ne surgit de mon esprit. La rose pèse lourdement dans la paume de ma main tandis que mon cœur se serre d'émotion, car le vœu que je désire plus que tout ne peut être réalisé.

Cassie lance sa rose dans l'eau claire de la fontaine, elle prononce quelques mots que je ne pus entendre, puisque le vent les emporta loin dans le ciel. Je prends une longue inspiration en fermant les yeux. C'est avec désespoir que j'essaye de faire le vide dans mon esprit. Hélas, les souvenirs de ses derniers mois reviennent avec brutalité pour me tourmenter en se mélangeant avec les anciens.

Je me souviens depuis ma tendre enfance d'avoir toujours essayé de chercher ma vraie identité. Mes origines et surtout, qui étaient mes parents. Ceux qui m'avaient abandonné dans un cimetière peuplé de tombes de ceux qui avaient quitté ce monde bien trop tôt pour la plupart de tous. Sûrement, quelques-uns ne savaient même pas que c'étaient leurs réelles personnalités quand le moment fatidique s'est abattu sur eux.

Durant une vie entière, on a soif de savoir notre réelle identité. Est-ce qu'un prénom peut nous décrire, ou bien notre caractère, ou encore notre date de naissance ? Simplement non, parce qu'au fond de nous. Il y a cette partie qu'on garde cachée aux yeux des personnes qui pensent nous connaître, mais finalement, ils ne savent rien de notre parcours et de nous-mêmes.

On ne sait pas quel individu on est, car au fil du temps, on se modèle chaque jour pour être une autre personne. La recherche d'une identité, c'est la dure épreuve d'une vie, surtout quand on doit à chaque instant être un imposteur et, la plupart du temps, on se perd dans ce rôle factice.

Cela m'était arrivé à l'époque de mes quinze ans, parce que je devais survivre et le seul moyen a été de jouer comme dans une pièce de théâtre. Hélas, ce n'était pas si plaisant et agréable, puisque c'était mon propre enfer que j'avais créé jusqu'au jour où on m'a sauvé.

Je sens mes larmes couler sur mes joues au souvenir de l'enterrement de madame Alessandro. C'est à ce moment précis que ça m'a fait un déclic de prise de conscience par rapport à ce que je porterais à jamais. Un prénom que mes parents n'ont pas choisi et un nom qu'on m'a imposé, que pour toujours.

Je serais lié à un lieu austère qui m'a vu grandir jusqu'au jour où on m'enleva de là-bas. Mon vœu le plus cher, c'est de pouvoir dire ce que je n'ai pas pu à madame Alessandro.

La remercier de m'avoir donné la chance d'avancer dans cette vie offerte et de ne pas m'avoir laissé couler dans les abîmes de ses abysses.

J'essuie mes larmes avant de lancer la rose sur cette unique pensée. Ma main s'enroule pour entourer celle de Cassie cela me permet de ne pas m'effondrer au sol, car je ne suis pas sûr de pouvoir me relever sans son aide.


🤍Nombre de mot : 1804🤍

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