🤍chapitre 3🤍
👻un voyage imprévu au milieu d'une nuit d'octobre👻
Je ferme fortement les yeux, éblouie par la luminosité de l'ampoule du lustre de la chambre. C'est avec difficulté, toujours plongée dans les vapes du sommeil, que j'enfonce ma tête dans l'un de mes oreillers douillets en espérant replonger dans mes songes.
Hélas, quelqu'un avait décidé autrement, car c'est d'un coup sec que ma couette me fut arrachée. Alors, c'est à contrecœur que je me redresse sur le matelas avec l'aide de mes coudes.
Je fais face à une jeune femme d'une vingtaine d'années que je connais depuis presque toujours, parce qu'on a grandi pratiquement ensemble. Jusqu'à même devenir colocataire à cause de l'inondation de mon appartement. Et, par-dessus tout cela, ça ne fait que quelques mois qu'elle est aussi ma patronne.
Pour mon plus grand malheur, puisqu'elle est tyrannique, cela m'a fait comprendre pourquoi ses anciennes secrétaires sans exception partaient à chaque fois au bout d'une semaine ou même de trois jours.
Je pousse un profond soupir de lassitude face à son énergie débordante. Cela signifie qu'elle a dû boire des litres de café pour être dans un tel état euphorique.
— Je te laisse vingt minutes pour te préparer convenablement et faire tes valises. Fais vite, parce que William n'est pas là, il est encore allé jouer au Roméo. C'est une chance unique pour partir à l'anglaise, dit-elle avant de tourner les talons pour commencer à mettre ses valises dans le coffre de la voiture. Quelles bestioles l'ont encore piquée pour qu'elle soit ainsi ?
Je mordille ma lèvre, indécise entre retourner me coucher ou exécuter ses ordres minutieusement pour ne pas subir sa colère. Finalement, c'est avec amertume et précaution que je me lève pour me diriger vers la salle de bains et me préparer avec des affaires choisies au hasard. Je ne sais pas exactement où nous allons, mais sûrement que cela va nous emporter des problèmes, comme toujours avec les décisions irréfléchies de Cassie.
Je l'aime bien, mais parfois, sa douce folie liée à son tempérament de feu m'épuiser, car de nous deux, c'est toujours pour ma poire d'arranger les malentendus qu'elle crée sur son passage.
Je passe de l'eau froide sur mon visage pour bien m'éveiller après avoir enfilé des vêtements chauds, puisqu'en ce moment les températures ont bien baissé. Il est même prévu qu'il neige dans les prochains jours. De toute manière, la météo n'est jamais fiable.
Je retourne dans la chambre, qui est la mienne depuis mon emménagement ici. Jusqu'à mon retour dans mon petit appartement, parce que d'une manière ou d'une autre, je compte bien revenir dans mon petit cocon pour ne pas abuser de l'hospitalité de Cassie et William.
Je choisis des affaires au hasard pour les mettre dans mon unique sac. C'est avec difficulté que je le ferme jusqu'à être sûre qu'il est bien rempli. Ne sachant pas du tout quelle destination Cassie a choisie pour partir aussi soudainement, je préfère avoir le nécessaire au cas où.
Je mets un blouson kaki léger avant de passer la lanière de mon sac sur mon épaule et, après m'être assurée de n'avoir rien oublié, je descends doucement les escaliers de la grande demeure des Alessandro.
Ce manoir appartient à la famille de Cassie depuis des générations et celle-ci l'a hérité de sa tante décédée il y a quelques mois. Cela a laissé un grand vide dans la vie de chacun, mais surtout de celle de Cassie, William et moi, car elle nous avait pris sous son aile. Jusqu'à être sûre que nous étions assez forts pour voler de nos propres ailes sans son aide.
C'était une dame d'une valeur exceptionnelle. C'est avec certitude que je n'ai aucun doute concernant Cassie, parce que celle-ci est la digne héritière de sa tante, malgré ce que certains journalistes peuvent penser avec leurs torchons d'articles.
Quand j'arrive devant la porte d'entrée, c'est avec un sentiment d'angoisse que je ne la franchis pas. Je jette une dernière fois un regard derrière mon épaule pour garder en mémoire chaque recoin de cette demeure par peur de ne jamais revenir ici. Un pressentiment se tortille comme un serpent autour de mon cœur. Par instinct, pour me rassurer, ma main vient prendre mon pendentif qui orne mon cou. C'est le seul objet qui me lie à des parents que je ne connais pas.
La porte s'ouvre brusquement sur Cassie, impatiente de s'élancer dans ce nouveau voyage. Elle m'agrippe le bras pour me forcer à la suivre, après avoir fermé la demeure à clé. Pour une fois, elle n'oublie pas.
Nous partons en direction de sa voiture de collection, déjà prête à s'engager sur les routes sombres peu éclairées par les lampadaires en cette belle nuit hivernale de fin février.
Je m'installe dans le siège passager après avoir mis mon sac à l'arrière. Pendant qu'elle s'occupe de fermer le coffre avec un peu de mal, bizarrement, je ne me préoccupe pas de ça, bien trop concentrée sur le GPS qui indique notre destination.
Je sens une forte migraine pointer son bout de nez à la vue des kilomètres que nous allons devoir parcourir pour aller dans cet endroit absolument inconnu à ma connaissance : 2 h 3 min de route. Cassie et moi enfermées dans la même voiture, ce n'est pas possible. Avant d'arriver là-bas, sûrement que nous allons nous entretuer.
Quand elle monte côté conducteur, c'est de bonne humeur qu'elle s'attache avant de démarrer pour commencer notre long périple, sans une seconde me consulter pour me demander mon avis sur celui-ci.
Je croise les bras contre ma poitrine, mécontente de son comportement. Mon regard se pose sur elle avec insistance pour qu'elle me dise ce que tout cela signifie. Elle est concentrée sur la route en écoutant avec attention la voix désagréable de cet appareil.
Je pose mon bras contre l'accoudoir de la portière, fixe la vitre pour observer le paysage défiler dans l'espoir de ne pas céder à l'énervement. Mon regard se pose fixement sur une petite boîte contre mes pieds. Je ne la remarque qu'à cet instant précis.
Cet objet ne m'est pas inconnu, car le jour où nous l'avons reçu à l'entreprise, cela a eu un impact bouleversant sur les projets de Cassie concernant un certain manoir hôtelier.
J'essaie de trouver une position confortable pour fermer brièvement les yeux sans rien dire, puisque désormais, c'est avec certitude que je sais dans quelle direction nous allons et quelle est la raison de toute cette agitation.
Je me laisse glisser dans cette bulle de chaleur que dégagent les ventilations pour prolonger ma nuit interrompue. J'espère avoir un peu de répit avant de devoir affronter un séjour imprévu dans mon planning, surtout qu'encore une fois, je passe Cassie en priorité dans ma vie.
C'est au bout de plusieurs heures seulement que je gigote dans mon siège en cuir qui grince à chaque mouvement. Mon regard un peu somnolent se fixe sur la vitre de cette voiture de luxe qui roule à pleine vitesse sur cette longue ligne droite.
Les arbres défilent, ne devenant presque que des ombres floues dans l'obscurité de ce début de soirée. Je ne saurai plus compter les noms des communes que nous avons parcourues depuis notre départ. Mes pensées s'emmêlent aux bruits apaisants de la pluie, et doucement, ma tête se repose lourdement sur la portière.
Mes yeux se ferment encore fatigués. Ça fait des heures que nous n'avons pas fait de pause, la dernière étant dans ce petit village, qui doit sûrement être loin derrière nous. Mon souffle devient calme au fur et à mesure que je succombe au charme si doux de ce cher Morphée.
— Éléonore, Éléonore, réveille-toi. Ce diabolique GPS ne fonctionne plus, foutu appareil.
C'est avec une déception amère que je sens ce lâche de Morphée prendre la fuite face à cette furie. Je frotte mes yeux pour m'éveiller, et par maladresse, j'attrape de justesse le boîtier du GPS.
— Cassie, je vais vérifier, mais s'il te plaît, arrête de crier ainsi, dis-je d'une voix fatiguée.
Mes mains tournent l'appareil dans tous les sens. Je n'ose pas appuyer sur les boutons par crainte de faire une bêtise.
Surtout, l'humeur exécrable de Cassie est souvent un mauvais présage pour celui ou celle qui se trouve dans un rayon de moins d'un mètre d'elle. Pour l'heure, c'est moi qui risque de subir son côté furie. Pour ma propre sécurité, je vais essayer d'éviter de massacrer notre seule chance de nous aider à arriver saines et sauves à notre destination.
Je jette un regard discret à celle-ci, un peu inquiète de voir ses mains crispées au volant, ce qui signifie une seule chose : elle doit sûrement arriver à bout de patience. Cette vertu n'est pas son point fort, comme le fait de recharger le GPS avant de partir pour un long voyage. Ça non plus, ce n'est pas dans ses cordes. Heureusement, elle a d'autres grandes qualités, comme être la plus jeune PDG d'entreprise d'agence de voyage de luxe connue dans le monde entier.
Dans le métier, on la surnomme la lionne. Elle n'est pas facile à intimider, c'est même plutôt l'inverse. Cependant c'est pas cela qui l'a poussée au sommet, son vrai premier atout est de savoir dans quel projet investir. Elle a eu que du succès dans chacun de ses contrats, elle a su en tirer le profit.
Sauf pour un.
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