🤍chapitre 20🤍
👻Les apparences sont souvent trompeuses.👻
J'observe Cassie dans un état presque affolant, ses cheveux sont décoiffés et ses vêtements tout froissés avec quelques taches de boue et d'herbe, mais comment a-t-elle pu se mettre dans un tel état ?
Elle me tire par le bras pour que je rentre dans sa chambre. Dans celle-ci règne un désordre imaginable au point de me faire quasiment lâcher les boîtes tellement que ça me choque. Ce n'est pas dans ses habitudes d'être aussi désordonné.
— Je n'ai pas pu le voir, apparemment, monsieur est parti pour des vacances. Quel homme laisse son manoir hôtelier aux mains de ses employés. Quelle négligence de la part d'un tel homme d'affaires, s'énerve-t-elle dans une rage folle. Je ne comprends décidément pas de quel sujet elle peut bien me parler et sa colère n'arrange rien parce que celle-ci fait les cent pas en prononçant des injures contre ce fameux homme.
Je pose les boites sur la table sur laquelle sont posées toutes les lettres anonymes qu'on a reçues il y a quelques mois après le décès de madame Alessandro.
J'en prends une au hasard.
« Ce manoir hôtelier n'est rien qu'une supercherie déguisée pour enrouler des clients riches et se faire une fortune derrière leur dos pour leur voler leurs effets personnels. »
Je jette un regard aux lettres éparpillées sur la table presque devenue difficile à voir parce qu'il doit y avoir presque une cinquantaine d'enveloppes blanches.
— Ça fait trois mois bientôt que cet homme est parti pour des vacances. Son bureau est fermé à clé à double tour. Donc, je suis passé par la fenêtre, très facile à ouvrir. Quelques heures seulement dans cette pièce pour finalement rien trouver de concluant pour notre affaire. Après cela, un vieux majordome me remarque devant la fenêtre ouverte ; heureusement, il a cru à mon mensonge, dit-elle avant de s'asseoir dans son lit épuisé avec une des boîtes qu'elle a prises sans que je m'aperçoive de cela. Son regard s'illumine à la vue des macarons et peut-être que ses petites douceurs vont l'apaiser dans ses tourments.
Je viens m'installer près d'elle pour m'allonger sur le dos. Je fixe le plafond, un bras sur mon ventre qui se tord de nervosité encore par la faute de Cassie et de ses folies. Un jour, elle va me faire une crise cardiaque. Je ne demande pas si quelqu'un d'autre l'a vue faire par ce vieux majordome, sûrement Charle, probablement parce qu'il ressemble bien à la description que Cassie vient de prononcer.
Je sais qu'elle est très débrouillarde pour réussir ce genre d'exploit, car c'est dans son caractère. Hélas, cela ne me rassure quand même pas, puisque souvent celle-ci prend trop de risque et peut causer de sacrés dégâts.
Je la sens s'allonger à mon côté en plaçant la boîte entre nous. Je tends ma main pour prendre un macaron. C'est silencieusement qu'on savoure ses petites douceurs dans une atmosphère pesante, dans laquelle règne un beau désordre.
Pourtant, on se sent bien : ma main prend la sienne pour apporter un peu de mon soutien. Je la sens mettre sa tête dans le creux de mon cou et l'odeur d'herbe fraîche me chatouiller les narines pour me faire éternuer plusieurs fois sous le rire amusé de Cassie.
— Cette affaire est loin d'être aussi simple à mon avis, ces lettres doivent signifier bien autre chose, murmure-t-elle en reprenant son sérieux d'une petite voix torturée par cette situation qui n'est pas si simple après mûre réflexion.
Je me tais pour réfléchir aux bons mots pour l'aider à ne pas baisser les bras, mais mon regard se pose sur sa tablette qui se trouve à mes côtés. Celle-ci affiche des articles sur le commissaire Parker, ce sont ceux que les vieilles femmes ont discutés dans la salle. Je remarque qu'elle a lu plein d'autres.
— Tu peux m'expliquer ? Pourquoi tu fouilles dans la vie de ce commissaire ? Demandai-je bien curieuse de savoir ce qu'elle manigance. Celle-ci s'étale sur moi pour réussir à prendre sa tablette qu'elle garde précieusement contre sa poitrine comme son précieux, c'est presque flippant.
— Ce n'est pas ce que tu imagines. Donc enlève-toi cette stupide idée de ta petite tête. Si je m'intéresse à lui, ce n'est pas pour son beau corps et ses yeux incroyablement envoûtants. C'est juste que j'ai découvert quelque chose d'assez intrigant par rapport à sa défunte femme, murmure-t-elle avec hésitation. C'est à contrecœur qu'elle me redonne sa tablette et qu'elle me met l'article qui la trouble autant.
« Accident durant la soirée de galant au manoir des Rosières. »
Je fronce les sourcils à chaque ligne que je lis de ces articles qu'une journaliste a écrits. Il y a déjà trois ans, c'est bouleversé que je passe une main sur mon visage bien pâle par rapport au fait que celle qui a eu cet accident grave se révèle être la défunte femme du commissaire Parker. Elle a perdu la vie dans une tragédie terrible.
Je pose la tablette avec mes mains tremblantes, remuées par les sentiments que cette découverte me fait ressentir. Cela me retourne l'estomac. Perdre un être aimé ainsi, ça doit être atroce. Est-ce que cet homme s'est remis de la perte de sa jeune femme quelques mois après leurs mariages ?
Je sens Cassie bouger légèrement. Mon regard se pose sur elle, un peu intrigué. Est-ce que cet article peut nous aider avec les lettres ?
Nos regards se croisent intensément et les questions que je me pose s'envolent comme des petits papillons parce que je sais exactement à quoi elle pense bien. C'est presque insensé, mais pas tellement, car ça peut s'avérer être une réalité.
— Je n'arrive pas à croire à ses lettres anonymes, ç'a l'air bien trop gros pour être réel, je ne cesse de penser que ça peut être quelqu'un qui veut simplement se venger du manoir, dit-elle sérieusement avec aucun doute, sûr de ce qu'elle vient de me dire. Je ne sais pas quoi dire parce que ça paraît quand même bien tiré par les cheveux cette affaire.
— On ne peut pas tirer de conclusions actives ainsi sans avoir des pistes sérieuses. Tu sais ce que William nous radote quasiment tout le temps : il faut fouiner pour révéler les choses cachées ; et pour faire ça, il faut rester discret et ne pas faire d'imprudence, murmurai-je doucement.
Elle me regarde longuement avant de hocher la tête pour signifier qu'elle est d'accord avec moi pour une fois. Elle reprend sa tablette pour effacer les articles pour les remplacer par une plate-forme pour les films. Je ne lui demande pas ce qu'elle va mettre comme film, parce que je suis sûr que ça va être encore un genre d'horreur qui fera raviver mes cauchemars, comme à chaque fois.
Je prends un coussin pour le mettre contre ma poitrine. Pendant qu'elle installe correctement sa tablette pour pas que celle-ci ne tombe.
Une fois ces actes réalisés avec facilité, c'est lentement qu'elle se met aussi à son aise avant d'appuyer sur le bouton lecture pour mettre le film. Quelle n'est pas ma surprise de voir le logo de Disney apparaître sur l'écran. Je sais déjà ce qu'elle a mis parce que, depuis toute petite, je connais ses films tous par cœur, sans exception.
— Ne me regarde pas comme ça, je ne veux pas que tu hurles durant la nuit, car les autres clients vont s'imaginer que je te torture et j'aime bien aussi Raiponce et son coup de poêle, dit-elle simplement, sans prendre conscience une minute de ce que son geste peut me faire ressentir.
Je dois admettre que ça me rend heureuse que finalement, elle fasse attention à mes sentiments et à ma propre personne.
Elle place une autre boite de macarons entre nous pour qu'on les mange et elle gémit légèrement entre chaque boucher.
— J'ai l'impression de toucher le Paradis avec ses saveurs exquises. Ils sont incroyables, je n'en ai jamais mangé d'aussi meilleur auparavant, murmure-t-elle avant de dévorer quelques-uns.
Je l'observe amusée se régaler, ça me fait plaisir de la voir ainsi parce qu'à une certaine époque, elle n'aurait pas pu se laisser bercer par ces petites douceurs pour réaliser un certain rêve désormais brisé. Je baisse le regard pour essayer de ne pas penser à cela, car cela fait partie d'un certain passé que je veux à tout prix fuir.
— Tu ne trouves pas leurs apparences hideuses ? Demandai-je curieuse de savoir sa réponse à ce sujet. Elle prend quelques minutes pour y réfléchir. Son regard d'un bleu a fait pâlir même l'océan de jalousie pétille a chaque bouché des mets. C'est d'un geste expert qu'elle observe attentivement un macarons entre ses doigts d'une couleur mauve, d'une saveurs étonnantes.
— C'est vrai qu'ils ne sont pas très beaux à admirer. On peut voir leurs défauts, mais à l'intérieur, ils cachent une explosion de saveur qui éveille des émotions les plus délicieuses. Des fois, les apparences ne sont pas les plus importantes, parce que c'est ce qui est à l'intérieur qui compte beaucoup, dit-elle simplement.
La conversation prend fin puisqu'elle explose de rire à son passage préféré du film. Je souris légèrement, heureuse de la voir épanouie à cet instant précis, car cela fait des mois qu'elle n'a pas eu des moments de répit pour se ressourcer.
Certainement que ce séjour peut nous permettre d'essayer pour une fois de prendre du temps pour nous-mêmes. Absorbé par l'histoire de ce Disney, c'est doucement que la rivière de mes pensées m'emporte un peu loin de la réalité pour me faire vague dans un autre monde.
Hélas, ma petite bulle pour me faire voyager explose au contact brutal de Cassie, car celle-ci me saute sauvagement dessus en me faisant tout tomber. Elle pousse un cri qui a effrayé nos voisins de chambre parce que dehors, devant la porte du balcon, une silhouette se détache pour n'être finalement que la petite chatte noire.
Je me mordille ma lèvre pour ne pas céder au rire qui menace de m'échapper, car la tête de Cassie est hilarante. Celle-ci a toujours eu une certaine frayeur par rapport à ses petites boules de poil.
Elle me jette un coussin par la colère d'avoir dévoilé un instant sa faiblesse.
— Finalement, si tu n'as pas mis de film d'horreur, c'était pour toi parce que tu es morte de peur dans ce manoir, murmure-je pour la taquiner. J'attrape un autre coussin qu'elle me jette et, d'un geste bien précis, je le renvoie sur son visage.
Ainsi commence une querelle d'amusement jusqu'à ce qu'on s'écroule d'épuisement dedans le lit. Je l'observe essoufflé s'endormir en serrant un coussin contre sa poitrine. Mes yeux se ferment lentement et ma respiration se cale sur la sienne pour aussi la rejoindre dans le pays des rêves.
Sans craindre pour une fois de m'endormir, car cette chatte me donne l'impression qu'elle nous surveille pour protéger notre nuit. Je ne mets pas longtemps avant de naviguer dans les précipices de mes rêves doux.
La chatte noire se tient immobile devant la grande baie vitrée pour observer avec attention ses deux jeunes femmes. Ses moustaches blanches très fines remuent légèrement, très heureuse de revoir deux de ses enfants. Qu'elle surveille les petits avant de devoir abandonner cette tâche pour qu'aucun soupçon ne puisse peser sur eux.
Le temps est passé, maintenant ce sont des adultes, mais ce soir, elle ne peut pas se dérober à la promesse qu'elle a faite à une certaine époque. Alors, c'est bien décidé qu'elle allait encore une nouvelle fois vieille sur le sommeil de ses petites protégées. Surtout qu'aucune ombre ne va oser venir pénétrer dans cette chambre sans sa surveillance.
Même si elle espère qu'au moins une se faufile pour venir, car cela fait bien longtemps qu'elle n'a pas goûté à ses mets favoris. Elle fixe de ses yeux verts la lune pleine et ses lueurs argentées pour illuminer cette nuit sans étoiles.
Son pelage ébène se fond parfaitement dans la noirceur de l'obscurité pour la dissimuler.
Ainsi, elle peut surprendre n'importe quel intrus si jamais un pénétré dans cette pièce. Son ouïe fine perçoit le carillon de l'horloge d'une ancienne tour des alentours.
Cela retentit bruyamment vers le milieu de la nuit nocturne : le sol se recouvrit d'une légère brume épaisse, ce qui signifie l'arrivée des autres pensionnaires du manoir pour commencer leur bal mortel comme chaque soir depuis des décennies.
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