🤍chapitre 20🤍
👻Trois petits mots magiques pour apaiser les grandes peurs👻
Je replie une de mes jambes pour me permettre de me détendre sur le matelas. Sur lequel je suis allongé avec un bras derrière ma tête, en priant silencieusement pour que mes cheveux ne se salissent pas avec la saleté qui a dessus.
Cela fait déjà quelques heures qu'on est dans cette cellule qui pue la pisse et les détriments d'être humains, aussi sûrement des rats. Qu'ils doivent se balader entre ses murs gris et sombres qui nous engloutissent dans une ambiance sinistre à nous rendre fous. Le seul bruit qu'on puisse entendre, c'est que quelqu'un joue d'un harmonica. Ça ne prévient pas des autres cellules, car celles-ci sont vides. Cela doit venir de l'étage au-dessus.
La mélodie est sur un air si mélancolique, presque à nous faire monter une petite larme, peut-être que c'est l'odeur qui pique aussi. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve derrière les barreaux. À une certaine époque, je ne fessais que ça, des allées et des retours au poste de police dans notre petite charmante ville qui, à l'heure actuelle, me manque atrocement.
Je croise mes bras contre ma poitrine pour essayer désespérément de me réchauffer parce qu'ici les courants d'air sont glaciaux. Si seulement celle que j'accompagne dans ses périples insensés n'aurait pas fait sa petite princesse et d'avoir mal parlé à ce rouquin maigrichon.
Certainement qu'on ne serait pas dans une telle cellule, car ce dernier, il faut bien l'avouer. À mal pris le fait d'être rabaissé et humilié par celle-ci qui sait bien utiliser sa langue de vipère, mais cette fois-ci pour la première fois sûrement de sa vie. Elle a perdu.
Je l'entends ruminer, sûr qu'elle doit se tenir éloignée des barreaux par peur de se salir ses jolies petites mains. Ses pieds nus font un bruit insupportable sur le béton.
Pas la peine que j'ouvre les yeux pour confirmer qu'elle fait les cent pas, parce que je la connais trop bien. Je sais qu'elle doit bouillir d'énervement à cause de la situation. Dans laquelle on se trouve par sa faute, mais elle ne va jamais l'avouer, bien trop fière pour reconnaître ses torts.
— Tu ne vas pas réussir à creuser un trou, ça ne marche que dans les films, donc tu peux poser ton petit charmant fessier sur un des matelas parce que si tu continues, ce flic va venir et t'attacher aux barreaux du lit, murmurai-je en sifflotant au rythme de l'instrument.
Je la sens se mettre devant le lit, ce qui m'exige d'ouvrir les yeux d'un air nonchalant. Sûrement que mon comportement l'agace, puisqu'elle tord sa petite bouche en forme de cœur. Je l'observe malmener sa lèvre et ses yeux inspectent l'endroit avec une certaine répugnance.
Je passe une main sur mon visage pour m'aider à me relever. Je me tiens au rebord de l'encadrement du lit pour me mettre en position assise. Mon regard fixe le sol, je sens Cassie venir s'asseoir près de moi.
Je remarque qu'elle sort un mouchoir caché dedans son soutien-gorge pour l'étaler avant de s'asseoir. Ainsi, elle ne va pas se salir son derrière, ce qui me fait sourire à demi amusée.
On reste un long moment sans prononcer le moindre mot, même la mélodie, c'est s'estomper pour laisser place au silence glaçant de cet endroit. Je sers mes mains l'une contre l'autre nerveusement.
Je donne peut-être l'impression d'être détendu et de prendre les choses à la légère. C'est juste un masque, parce qu'au fond, je me sens réellement inquiété, mais je ne peux pas céder à l'angoisse. Pour celle qui se tient à mes côtés, elle a besoin de soutien. Alors, je vais tenir uniquement pour elle.
— Demain matin à la première heure. On sortira d'ici, William fera le nécessaire pour nous aider, c'est le meilleur avocat. Ses bandes d'imbéciles ne peuvent pas nous garder à vie ici, surtout qu'on n'a rien fait, on n'est pas coupable, criè-t-elle le dernier mot qui se répète à cause de la sonorité qu'il y a ici. J'espère bien qu'elle a raison et que celui-ci va trouver un stratagème pour nous faire libérer de notre garde à vue. Je ne doute pas de William, c'est un vrai petit génie du droit, il faut mieux l'avoir de son côté que contre, parce qu'il ne fait aucune pitié pour ses adversaires.
Je me souviens d'un de ses procès, il nous avait invités Cassie et moi à venir y assister. Ce jour-là, celle-ci avait même ramené du pop-corn en cachette dans son sac à main.
C'était une affaire passionnante où on a pu voir le réel talent de William, qui a su nous montrer sa persuasion et retourner les situations à son avantage. Il a beaucoup d'atouts dans sa manche. C'est véridique qu'il est un avocat redoutable, mais pas seulement, il est bien plus que cela.
Il est l'un des meilleurs avocats, il a toujours remporté ses procès pour ses clients sans jamais en perdre un seul. Ce qui est étonnant avec lui, c'est qu'il n'est pas en relation avec les riches.
Il ne prend que des affaires de personnes qui ont réellement besoin d'aide. Sa seule exception, c'est Cassie, car celle-ci et lui sont meilleurs amis depuis très longtemps. Les personnes dans leurs entourages avaient cru qu'un jour, ces deux-là allaient finir ensemble.
Sauf la tante de Cassie et le père de William, puisque ses deux familles ne viennent pas du même monde. Pourtant, cela n'a pas empêché qu'une forte amitié se crée entre eux, avec un amour fraternel, parce que William aime les garçons.
Il en a pris conscience à cause d'un pari perdu qui l'avait obligé à avoir un rendez-vous avec Cassie. Celle-ci ne l'avait pas mal pris en se doutant que son cher ami eût d'autres goûts plus raffinés.
Je souris doucement aux souvenirs de nos sorties à tous les trois. Souvent, Cassie le charrie avec les garçons et on joue un peu les cupidons pour lui. Son coming out a été compliqué, sûrement comme les autres personnes qui ont dû passer par là.
Son père l'a renié du jour au lendemain, il s'est retrouvé tout seul juste parce qu'il est différent. Je n'ai jamais compris cette aptitude qu'avaient les personnes par rapport à ce sujet-là. Heureusement, madame Alessandro a été là pour le recueillir, elle a toujours été une seconde mère pour lui.
— Tu penses à quoi ? Demande-t-elle en posant sa tête sur mon épaule et ses cheveux frisés à cause de la pluie me chatouillent le cou. Je tortille mes doigts avant de lui avouer mes pensées à cœur ouvert. Fréquemment, on parle de William, parce qu'on s'inquiète beaucoup pour lui. Bien qu'on sache qu'il est capable de se défendre, mais pour nous deux, il est comme un frère.
On a été élevés tous les trois ensemble par madame Alessandro. Alors, on est une famille, même si on n'a pas le même lien de sang. Je ne peux pas m'empêcher de toujours m'angoisser pour lui, il mérite tellement d'être heureux.
Cassie pose ses coudes sur ses jambes fines, son pantalon serré qu'elle porte les met en valeur joliment sans aucune vulgarité. Elle a toujours eu une certaine élégance, sans jamais trop en faire avec les vêtements ou le maquillage.
C'est une femme magnifique de haute société comparée à moi, avec mon jean troué et mes baskets simples. Je dois faire pâle figure à ses côtés.
— On est tous différents d'une certaine façon, on n'est pas à l'image parfaite que peuvent avoir les personnes de nous. Alors quand c'est ainsi, ils préfèrent nous éviter comme la peste et nous juger, mais tu sais quoi face à leurs aptitudes. Le mieux, c'est d'être heureux comme on est, parce qu'être différent, c'est plus magnifique que de suivre un stupide troupeau avec des idéaux, dit-elle avec sa voix douce.
Celle-ci réussit à un seul instant à me bercer et m'enveloppe dans un cocon protecteur. Elle a toujours eu le don de souvent réussir à choisir les bons mots. Parfois, je m'inquiète qu'elle puisse se moquer de mes inquiétudes, mais généralement, je me rends compte qu'elle m'écoute réellement et ça réchauffe mon cœur la plupart du temps.
— William est heureux. Il est lui-même, c'est le plus important. Nous aussi, on est différent de l'image que peut nous donner ses bandes d'imbéciles. À nous trois, en forme, les trois mousquetaires étranges, mais surtout uniques, murmure-t-elle en souriant légèrement. Elle pose une de ses mains sur les miennes, nos doigts s'entremêlent.
C'est serrer l'une contre l'autre, qu'on se laisse bercer par le silence. On essaye tant bien que mal de faire attraction de l'odeur qui flotte dans l'air et du froid qui s'infiltre à travers les murs en pierre.
Je somnole légèrement, mais mes yeux s'ouvrent brusquement parce que le corps de Cassie tremble à cause du tonnerre qui retentit avec férocité et le silence fuit face à son rugissement monstrueux.
Les éclairs vifs, comme des étoiles filantes, illuminent la petite pièce. À travers l'unique fenêtre qui orne le mur, elle a aussi des barreaux rouillés à cause des années.
Je passe délicatement un bras sur les épaules de Cassie à ce moment précis. Elle semble être fragile face à ses bourrasques qui emportent les coups de tonnerre de l'orage.
Je caresse son dos pour tenter de l'apaiser, mais elle se lève brusquement pour s'éloigner de mon étreinte protectrice. C'est en l'observant se mettre en boule dans un coin de la cellule que j'entends impuissante ses sanglots et ses quelques cris de frayeur à chaque coup d'éclair.
Je me lève pour m'avancer vers elle doucement pour ne pas l'effrayer, en sachant bien son angoisse qu'elle a par rapport aux orages. Je me souviens encore de ce jour d'une de ses crises.
C'était la première fois que j'assistais à une telle scène déchirante. C'était un soir, on n'était encore que des enfants. Ma mère adoptive de ma première famille d'accueil n'avait pas pu venir me chercher.
Alors le secrétaire de madame Alessandro, qui s'appelait Brandon, m'avait prise avec lui. Ainsi, je n'étais pas toute seule à la garderie et cela me permettait de rester avec mes deux seuls amis.
Ce soir-là, il y avait eu une telle tempête, d'une violence, que cela fessait peur à voir. Heureusement, Brandon a été là pour réussir à calmer l'angoisse de Cassie.
Après cet événement avec William, on a fait le serment de toujours être là pour elle dans ces moments-là. Alors, à chaque fois, on surveille la météo de près pour ne pas une seule fois briser notre promesse.
Je m'installe près d'elle et avec une certaine tendresse à son égard. C'est doucement que je la prends dans mes bras, je caresse ses longs cheveux en espérant que ce petit geste puisse l'apaiser.
J'enlève ma veste que je mets sur nos jambes pour nous couvrir. Je siffle une petite mélodie pour tenter de la calmer dans sa tourmente. Ses petits bras viennent entourer ma taille et je la serre fort pour ne pas la lâcher. Je répète plusieurs fois les trois petits mots pour la rassurer.
Je frotte mes yeux fatigués pour ne pas sombrer dans le sommeil qui me tente tant. Je ne peux pas m'endormir et laisse Cassie sans surveillance pour ne pas risquer qu'elle fasse une autre crise. Ce n'est pas facile de faire face à ces peurs généralement.
Ils n'ont à qui oser dire qu'ils n'ont peur de rien, mais ce n'est pas vrai. C'est juste un beau mensonge pour garder leurs fiertés en morceaux parce que, dans le fond. On a tous peur de quelque chose.
Je passe mes doigts froids dans ses cheveux si noirs qu'on ne les voit presque pas. Dans la pénombre de la cellule qui n'est plus éclairée pour laisser place aux ombres inquiétantes.
Je serre Cassie contre moi pour me rassurer de sa présence, bien que j'essaie de tenir. C'est doucement que le sommeil me prend en traître et que je succombe malgré mes tentatives pour m'y sous-extraire aux bras de Morphée.
— Monsieur, elle m'a tapé dans les parties intimes. Elle m'a manqué de respect et autant que policier. Je suis en droit de les avoir installées dans les pires cellules. Pour une nuit, ce n'est pas bien grave, marmonne une voix agacée qui résonne dans les couloirs. Je n'ai aucun doute sur l'identité de la personne qui vient de prononcer ces mots. C'est avec certitude que cela doit être le rouquin.
— Oui, c'est grave. Vous aviez abusé de votre titre et de vos droits. Elles ne sont pas des dangereuses criminelles pour subir une nuit dans une cellule comme ça. Surtout que l'ordre que je vous ai donné était de les mettre en sécurité. Croyez-moi, si leur avocat apprend tout cela, qu'il sait ce qu'elles ont subi. Ça va nous retomber dessus, surtout sur vous, monsieur Madrid, murmure une voix froide à glacer le sang. Tellement que celle-ci est menaçante et remplie de colère envers l'autre homme. Le rouquin a dû sûrement se taire et se faire tout petit pour ne pas s'attirer les foudres de celui qui vient de parler.
J'essaie de me redresser, bien que mes os me fassent souffrir à cause de la posture dans laquelle je me suis endormie. Je sens un poids sur mes jambes alourdies, c'est Cassie. Elle est en boule sur le sol et sa tête est posée sur mes cuisses.
Je pose ma main sur son épaule pour la secouer doucement. Elle grogne dans son sommeil, mais je continue à la remuer pour qu'elle se réveille avant que les deux hommes n'arrivent.
— Même en prison, tu continues toujours à me faire chier. Dis-moi pourquoi tu me tires de mon sommeil et j'espère que tu as une bonne raison, murmure-t-elle en se redressant. Son visage ne peut réprimer les grimaces de douleur qu'elle doit ressentir après une nuit passée à dormir sur un sol peu confortable.
Je pose un doigt sur mes lèvres pour lui faire signe de se taire. C'est lentement que je lui fais comprendre qu'on n'est pas seul. On se tait pour entendre les bruits des chaussures qui grincent sur le sol et ça se rapproche de notre charmante petite cellule vraiment cosy.
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