🤍chapitre 19🤍
👻Une ombre parmie tant d'autres dissimuler dans la noirceur.👻
J'ouvre une des portes d'un coup d'épaule droite pour me faufiler à l'intérieur. Mes grands yeux d'un marron noisette s'écartillés impressionné par cette cuisine studieuse. Ici règne une atmosphère agréable, chaque ustensile chante d'une mélodie différente pour créer une partition unique.
Je m'avance avec lenteur pour examiner chaque matériel avec une certaine admiration. J'observe avec attention les fresques : celles-ci ornent joliment les murs. Je ne peux pas m'empêcher de me demander quelles histoires elles peuvent raconter.
Je pose le plateau sur un des plans de travail vides. Il n'y a aucun désordre, certainement, mais le chef doit être très exemplaire sur la nonchalance concernant le rangement. J'entends encore quelques ustensiles chanter leurs propres chansons, ce qui me fait avancer vers celle-ci et une odeur délicieuse vient chatouiller mes narines pour me faire saliver un tout petit peu.
J'arrive vers le fond de la pièce. Mon regard se pose sur un plan de travail miraculeusement bien organisé par son propriétaire. Il est concentré sur la tâche qu'il fait parce qu'elle est très délicate. Je n'ose pas bouger pour ne pas gâcher ce moment fascinant ; avec une certaine élégance, ce jeune homme parvient à poser avec délicatesse le petit chapeau des macarons sur la crème qui a mis dessus l'autre. Je ne peux qu'affirmer qu'à ce moment précis, c'est avec passion que je découvre que la pâtisserie est un art sublime.
— Ils ont l'air succulents, félicitations pour ces petites merveilles, murmurai-je sous le charme de tant de gestes délicats et maîtrisés par les mains de ce jeune homme. Qu'il y a plutôt été encore au sol, humilié par cette détestable cliente. Il ne semble pas surpris par ma présence intrusive dans ces lieux, parce qu'il enfourne sa plaque remplie de petits macarons pour les faire cuire. Toujours autant concentré pour ne faire aucune erreur, même si son visage affiche une petite mine très sévère.
— Ce ne sont pas des merveilles, mademoiselle, je n'ai pas encore un tel talent pour que mes pauvres pâtisseries aient un titre comme celui-ci, dit-il sans aucune fois la regarder pour refaire une autre plaque. Je mets un peu de temps pour remarquer que derrière, sur l'autre plan de travail. Il y a plein de plaques disposées avec des dizaines de macarons de différentes couleurs et texture délaissés, comme s'ils n'étaient pas désirés par celui qui a fait cette œuvre d'art.
Je me détourne du jeune homme pour couvrir d'un regard curieux ses petites pâtisseries. Elles sont à mes yeux incroyablement bien réussies ; avec hésitation, je tends ma main pour goûter un macaron. Je ne suis pas déçu, parce qu'il est divinement succulent, ses saveurs révèlent mes papilles endormies.
Je me lèche les bouts des doigts pour enlever le sucre qui colle sur ceux-là. Je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi il n'est pas fier de son travail acharné. Je l'observe un peu pensive, car il me fait penser un peu à Cassie.
Elle aussi donne toujours le meilleur avec une excellence exemplaire, mais souvent ça la pousse dans des situations extrêmement dangereuses pour elle et sa santé. La plupart du temps, j'essaie de calmer ses ardeurs et qu'elle prenne du temps pour se ressourcer.
Même si ça signifie la défier au risque de perdre cette bataille contre elle, parce que celle-ci vit réellement pour ses passions. Elle paie parfois un prix bien trop élevé : la vie est trop courte pour oublier ce qui nous entoure.
Je viens doucement près de lui, ma main se pose sur son bras pour stopper son geste qui reste suspendu. Il se tourne vers moi avec un regard surpris et mes yeux croisent les siens dans lesquels je peux lire une grande fatigue mélangée avec une détermination sans faille.
— Je l'ai trouvé délicieux, pourquoi ils ne sont pas parfaits pour vous ? Demandai-je en osant lui prendre sa spatule que je garde dans ma main. Il s'appuie contre le plan de travail pour soulager sûrement sa jambe. Il garde la tête baissée comme abattu par son propre échec qui n'est pas un à mes yeux. Je lis attentivement son prénom sur sa blouse blanche tachée par ses heures de travail et de l'accident qui a eu un peu plus tôt. Il n'a pas dû aller se changer et venir certainement ici pour oublier son humiliation.
— Vous ne devez pas connaître beaucoup de choses sur l'art de la pâtisserie. Regardez ces macarons attentivement, vous verrez qu'ils ne sont pas tous de la même forme et que leurs coques ne sont pas si lisses. Ils ne seront désirés par personne à cause de leurs défauts et ils ne sont bons que pour aller à la poubelle, dit-il d'une voix calme où ne résonne aucun doute à ce qu'il vient de dire. Il se détourne pour ranger son matériel et ses épaules sont bas, comme si le poids de la fatigue l'écrase entièrement avec l'échec qu'il pense avoir eu.
— Je ne suis pas d'accord avec vous, David, aucune pâtisserie ne peut être parfaite et d'une grande beauté. Il aura toujours un petit défaut, ce petit quelque chose qui le rend unique. Ceux qui recherchent la perfection sont d'un ennui mortel, mais les autres, lorsqu'ils font des choses imparfaites, ce sont souvent eux qui font les meilleures œuvres. Avoir un petit grain de folie et ne pas être comme les autres, ce n'est pas un crime, la différence n'est pas mauvaise. murmurai-je, ma main se pose sur ma hanche et je ne baisse pas mon regard du sien pour lui montrer que chacun de mes mots est sincère.
Je mordille ma lèvre doucement pour ne pas l'abîmer encore plus qu'elle ne l'est déjà.
— S'il vous plaît, faites-moi quelques boites de vos macarons. Ma cousine adore ses petites pâtisseries et elle n'est pas difficile par rapport aux différences. C'est mieux que de les jeter sur un coup de tête, dis-je simplement en tortillant mes mains maladroitement avec hésitation. C'est lentement que je l'aide à ranger, malgré ses protestations. D'un regard que j'espère être dur, il se tait pour partir faire les boites. Je dois remercier Cassie de m'avoir appris à faire un tel regard, même si souvent ça ne marche presque jamais, mais aujourd'hui, ç'a fait une exception à mon plus grand bonheur.
Je prends les ustensiles sales pour les disposer à la plonge qui n'est pas au reste côté grandeur : elle fait quasiment deux fois la taille de la cuisine, les architectes ont dû voir les choses en grand dans leurs plans de reconstruction.
Je relève mes manches pour commencer à nettoyer sans avoir une mine dégoûtée de me salir les mains. J'aime bien plonger mes mains dans l'eau et sentir la mousse chatouiller ma peau. Je frotte avec énergie pour enlever les tâches. Cela m'aide à ne pas divaguer sur les rivières de mes pensées et juste me concentrer sur autre chose me fait du bien.
Je pose un cul de poule tout propre. Il doit juste sécher, donc je le mets avec les ustensiles déjà nettoyés par le soin de quelqu'un d'autre.
— Une jeune demoiselle de votre rang ne doit pas salir ses mains et se rabaisser à faire une telle corvée d'un simple serveur, murmure une voix grave. Je sens mon sang bouillir d'une certaine colère par rapport à ce que cet homme vient juste d'affirmer. Je sens immédiatement une présence venir se placer derrière mon dos d'une manière que je puisse ressentir le torse de cet homme, loin d'être un inconnu.
Je sens mes mains trembler sur le rebord de l'évier que je tiens fermement pour ne pas céder à la panique qui avait pris possession de mon corps pour faire taire ma rage. La peur me submerge parce que cet homme ose piétiner mon intime. Je me fais violence pour me retourner face à lui. Mes mains sur mes hanches, je soutiens son regard pour me donner une certaine convenance.
— J'ai l'impression, monsieur, que vous osez me juger durement à cause de mon rang. Si je peux me permettre, ce n'est pas la première fois que je fais la vaisselle. Oui, même dans les familles riches, certaines mettent la main dans la pâte ou plutôt la mousse, murmurai-je, ma main prend l'éponge dans l'eau. Je plaque celle-ci sur son torse très bien musclé à mon goût. Je reprends mes esprits avec un frison parce que ses doigts frôlent les miens pour prendre cette minuscule éponge.
— Je vous laisse finir, comme ma place n'est pas bienvenue ici. Je préfère m'en aller, bonne fin de journée à vous, Lyam, dis-je avec une voix ferme avant de partir rapidement pour m'éloigner de cet homme qui m'a terriblement déçu avec son comportement. Je ne le pense pas comme cela, mais il faut toujours se méfier des apparences souvent trompeuses.
Je souris doucement à David qui me donne les boîtes et, pour le remercier, c'est avec délicatesse que je dispose un léger bisous sur sa joue tachée de farine.
— Je vous promets de vous dire la réaction de ma cousine quand elle goutera vos macarons. Reposez-vous bien, David, et essayez de vous ménager un peu, murmurai-je, avant de m'en aller avec cinq boîtes dans les mains, avec l'espoir que celles-ci vont beaucoup plaire à Cassie. Je pars direction les chambres pour retrouver celle-ci, sûrement qu'elle est là-bas.
Je marche d'un pas calme pour ne pas m'entraver dans les tapis et détruire les œuvres de David. Mes pensées tourbillonnent légèrement sur ce jeune homme, mais concernent surtout Lyam.
Mon agacement envers elle augmente comme ma colère, car celle-ci avait repris possession de chacun de mes membres. Je n'aime pas les personnes qui se permettent de juger sur les étiquettes et les apparences.
Je sens un frisson parcourir le long de ma nuque. C'est la même sensation que tout à l'heure avant que je rentre dans la cuisine pour me réfugier. C'est avec prudence que je jette un regard par-dessus mon épaule.
Mes mains serrent les boîtes contre ma poitrine, prise d'une certaine frayeur parce qu'une silhouette s'agite dans l'ombre du couloir. Je recule de quelques pas, puisque celle-ci grandit au fur et à mesure qu'elle avance vers moi.
Je ne prête aucune attention à ce qui m'entoure, bien trop occupée à fixer cette silhouette menaçante à mes yeux. Je sens mon dos cogne contre quelque chose de dur. Je faillis tomber à la renverse à cause du choc, mais un bras me retient de justesse. C'est le vieil homme qui a transporté mes bagages.
Ses yeux remplis de sagesse et de douceur me regardent intensément, ce qui me gêne, parce que cela me donne l'impression qu'à ce moment précis. Il peut lire en moi comme dans un livre ouvert.
— Cette petite fripouille aime faire peur aux nouveaux clients du manoir, si je peux me permettre, mademoiselle, de vous présenter notre chère petite Aurore qui est une chasseuse exceptionnelle dans ses heures perdues, murmure Charles d'une voix masquée par l'amusement de la situation. Je reste un moment très idiote, parce que cette silhouette mystérieuse n'est qu'une petite chatte noire aux yeux d'un vert intense. Elle me fixe avec son grand regard en se nettoyant avec une de ses pattes son oreille gauche d'un air nonchalant.
— Est-ce que ça peut rester entre nous, Charles ? Je ne veux pas que quelqu'un découvre que ce petit chat inoffensif m'a fait une terrible frayeur. Alors, s'il vous plait, vous pouvez garder ce secret ? Demandai-je un peu gênée par mon imagination, car celle-ci m'a fait encore quelques mauvais tours de plaisanterie. Je recule pour faire face à Charle et un léger sourire effleure mes lèvres, parce que ce dernier me regarde avec tendresse, même s'il ne dit pas un mot. Je sais que ce secret est le nôtre désormais.
— À votre service, mademoiselle, si je peux vous conseiller, restez tout de même sur vos gardes, car dans l'obscurité, bien souvent, se cache d'autre chose bien plus effrayante qu'un petit chat, dit-il d'une voix légèrement grave avant de disposer pour s'en aller à ses occupations. Je reste un moment étourdi par ce qu'il vient de me confier. Je dois avouer que cela m'a foutu une petite frousse.
Je secoue la tête pour essayer de reprendre mes esprits. D'un pas décidé, je reprends mon chemin pour arriver devant la chambre de Cassie.
Je donne quelques coups de pied pour toquer comme mes mains sont prises par les boites. J'attends quelques secondes avant de retenter ma chance, de rétorquer encore une fois, mais la porte s'ouvre brusquement, cela me fait reculer par surprise.
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