🤍chapitre 18🤍
👻Une douce après-midi avec un délicieux chocolat chaud écartant les petits soucis.👻
La serre est un sanctuaire de bien-être illuminé par les rayons timides du soleil qui transpercent les nuages grisonnants. Quelques rares flacons tombent légèrement emportés par les tourbillons du vent frais. J'observe ce paysage assise sur une des chaises autour de cette petite table blanche décorée d'une jolie nappe en dentelle : sur celle-ci est posé un plateau couleur argent avec deux tasses et une théière avec des petits gâteaux. D'une main maladroitement, c'est doucement que je me sers de cet élixir que contient la théière bien chaude. Le liquide coule dans la tasse en laissant s'échapper une légère vapeur.
Je sens mes narines se dilater par cette odeur enivrante de chocolat chaud envahir la serre pour étouffer le parfum des fleurs. Cette boisson chaude réchauffe instamment le cœur meurtri de tous leurs maux. Il y a un proverbe qui dit que manger du chocolat est bon pour le moral et que ça réconforte. Je dois bien avouer qu’à ce moment précis, ç’a une part de vérité, parce que mes lèvres trempées dans ce liquide pour boire que quelques gorges me font sentir apaisée.
Je ne me souviens pas d'avoir bu une telle merveille de douceur à aucun moment de ma vie. Ça ne rivalise même pas avec les boissons que Constance préparait à l'époque ; pourtant, celles-ci étaient aussi délicieuses. Je pose une de mes mains sur ma joue et l'autre tient fermement la tasse. C'est délicatement avec un de mes doigts que je touche les dessins incrustés dedans la porcelaine. Ça doit être un très ancien service, à mon ample avis. Ce n'est pas tous les jours que ça doit servir.
Ça ne fait que quelques minutes que je me suis réveillé avec un arrière-goût de regret. Pour une fois, mon sommeil avait été englouti dans un magnifique songe. Je ferme brièvement mes yeux en me laissant bercer par la chaleur des rayons à travers les baies vitrées. C'est avec un léger sourire rêveur que mes pensées s'envolent pour une nouvelle fois vers une destination mystérieuse.
Les rêves, c'est une partie de l'esprit dans laquelle réside plein de mystère. C'est un endroit inexplicable qu'on rejoint durant notre sommeil. La plupart des personnes aiment se réfugier dans ceux-ci pour échapper à une vie bien morose. Ils peuvent être ce qu'ils veulent dans leurs propres mondes imaginaires. Il y a à ce qu'ils font exception ceux que leurs rêves se transforment en cauchemar. Chaque nuit, ils ont cette boule au ventre, parce qu'ils savent qu'une fois leurs yeux fermés, ce qu'ils vont les attendre, c'est un monde rempli de leurs pires craintes mélangées à leurs souvenirs. Je fais partie de cette catégorie. Je ne sais plus exactement à quel moment cette peur de m'endormir s'est éveillée dans mon être.
Je sais juste que ça fait longtemps que je ne vis plus des nuits calmes sans être terrorisé par les ombres qui m'enveloppent dans leurs étreintes. Jusqu'à m'étouffer au point que je n'arrive la plupart du temps à ne plus respirer.
Quand j'ai eu l'âge de prendre des médicaments contre ses maux. Je me souviens de les avoir pris sans aucune hésitation, parce que ça m'a aidé à me libérer de l'emprise de ses ténèbres. Bien sûr, rien ne dure jamais. Chaque instant est éphémère et celui-ci n'a pas fait exception à mon plus grand désarroi. Ses petites pilules bienfaitrices ne m'ont plus d'aucun recours désormais, comme mon corps est trop habitué à celles-ci. Mes démons avec véracité n'ont jamais cessé de dévorer mon âme. Alors, chacune de mes nuits est cauchemardesque, éternellement pour revivre mes frayeurs jusqu'à me faire devenir folle.
Je n'ai pas atteint encore cette folie qui fait dériver les personnes et les pousse à commettre des crimes insensés. Souvent, bien que les ombres contrôlent une part de mes rêves. Ça n'empêche pas que parfois, je vois une légère lumière. Celle-ci me guide à travers ses tourments qui m'emportent profondément, mais je reviens toujours à la surface grâce à cette mystérieuse luminosité.
Cette lumière est douce et réchauffante. Même Morphée peut être jaloux de celle-là, parce que pour moi. Il n'y a pas d'hésitation entre les deux : celle qui berce toutes mes nuits pour me sauver de ses valses d'enfer, c'est bien celle-ci qui m'entoure de ses bras bienveillants à mon égard.
J'ouvre légèrement mes yeux pour sortir de mes rêveries. Mes deux mains tiennent fermement la tasse que je bois une nouvelle gorgée pour me faire revenir à la réalité de l'instant présent. J'aime penser que la présence de Cassie à mon côté m'aide beaucoup pour repousser mes cauchemars, que peut-être c'est grâce à elle que cette fois-ci mon sommeil a pu être aussi léger.
Elle est vraiment une amie en or, mais je ne peux pas révéler ce secret en sachant qu'elle va certainement prendre le melon encore plus que d'habitude. Je l'observe être debout devant les grandes baies vitrées pour sûrement admirer le paysage recouvert désormais par des gros nuages noirs ; aucun rayon n'apparaît cette fois-ci. Cette fin d'après-midi s'annonce bien tristounette avec un tel temps maussade.
Je souffle légèrement sur ma tasse pour la refroidir un peu pour ne pas prendre le risque de me brûler encore ma langue. Hélas, ma gourmandise me dévore bien trop pour que je patiente sagement. Un grincement de chaise retentit, ce qui brise le silence qui s'est installé depuis ses quelques minutes. Cassie s'assoit sur celle-ci pour me faire face, elle semble être tourmentée par ses pensées. Ses petits froissements sur son front signifient qu'elle réfléchit intensément sur un sujet qui doit l'avoir tracassée.
Je me tais pour ne pas subir ses foudres parce que dans l'état actuel dans lequel elle est. C'est préférable de la laisser mijoter, jusqu'à ce qu'elle décide elle-même de bien vouloir se livrer. Je tends ma main pour prendre un petit biscuit que je trempe dans le chocolat. Une fois dans ma bouche, ça fait une explosion de saveurs à faire tourner la tête et à faire fondre un cœur de glace. Je ferme les yeux pour prolonger ce moment de plaisir, mais la table tremble au risque de tomber sous la poigne de Cassie. Celle-ci se lève très agitée, elle ressemble presque à une furie rejetée par les Enfers.
— Tu m'excuses, je dois aller vérifier quelque chose, promets-moi de ne pas mettre une autre duchesse dans un état de rage et de ne pas faire d'imprudence. Jure-le-moi, ordonne-t-elle avec un sérieux qui fait froid dans le dos. Je hoche la tête impuissante, assez perdue par ce retournement de situation. C'est sans la quitter du regard que je l'observe partir de la serre pour rejoindre sûrement le manoir.
Je passe une main dans mes cheveux pour me masser mon crâne, parce que la perruque me gratte, c'est assez désagréable. Je ne sais pas quelle mouche là pique encore, mais j'espère qu'elle ne va pas commettre des bêtises pour ne pas engendrer des soucis supplémentaires.
Je me tends et mes os craquent sous la tension de mes émotions que je ne sais pas bien contrôler. C'est fatigant au quotidien de ressentir intensément toutes les énergies qui m'entourent. Je ne peux jamais avoir aucun moment de répit, parce qu'à chaque fois, une émotion vient toujours perturber ma tranquillité. Comme à ce moment, je ressens une grande inquiétude pour Cassie et impossible de trouver le bouton stop pour arrêter mon esprit de se poser des milliers de questions.
Je détache mon regard de l'entrée de la serre, laquelle Cassie vient juste de franchir pour s'en aller, sans jeter un regard dans ma direction. Je ne tarde pas non plus à rester longtemps dans ce lieu féerique. C'est avec un pincement au cœur que délicatement, je pose le service de porcelaine sur le plateau argenté. C'est avec un dernier regard que j'observe les roses, que je savoure leurs parfums pour ne pas les oublier. J'espère pouvoir revenir ici avant la fin de notre séjour, parce que ça fait bien longtemps que je n'ai pas trouvé un tel endroit. Qui me fasse me sentir bien et pas empressé par la vie de tous les jours.
Je prends le plateau avec mes deux mains tremblantes comme c'est assez lourd. Je mets un pied après l'autre lentement pour faire attention à ne pas tomber. J'essaie de contrôler ma maladresse, parce que je crains le pire si par ma faute. Je casse ce joli service à thé d'une certaine valeur.
Je prends une longue inspiration avant de franchir le seuil de la porte. Celle-ci mène au-dehors, ce qui signifie affronter les conséquences de mes actes et ne plus fuir mes erreurs, même si dans le fond. Je ne regrette aucunement mes actes dans la salle des murmures pour aider ce garçon dans sa mauvaise posture contre cette abominable femme. Je sens mes pas s'alourdir au fur et à mesure que le manoir se rapproche. Est-ce que je vais avoir des ennuis, sûrement que Cassie a fait les choses pour que cette situation se tasse ?
Je m'aide avec mon épaule pour pousser la porte. La même par où je me suis échappée pour me faire oublier et m'enfuir loin de ce chahut que je suis seule responsable d'avoir créé. Le silence règne dans les couloirs, les ombres dansent sur les murs recouverts de tableaux. Le seul bruit qui ose briser un tel calme, c'est le frottement de mes baskets sur le tapis. Ceux-ci doivent être d'une valeur inestimable, même si je ne me doute pas que ce soit juste une parfaite réplique pour ne pas abîmer les vrais, assurément bien à l'abri pour qu'aucun voleur ne puisse les dérober.
Je serre fermement les poignées du plateau dans mes mains. Jusqu'à me faire mal pour m'empêcher de trembler, parce que les ombres deviennent plus denses avec une certaine noirceur. Celle-ci vient doucement dominer le manoir, cela lui donne presque l'apparence d'un lieu hanté. Sans une touche de luminosité, cet endroit devient lugubre.
Un long frisson court tout le long de ma colonne vertébrale. Par prudence, c'est minutieusement que je jette un regard par-dessus mon épaule. Je manque quasiment de perdre mon équilibre en sentant mon cœur s'accélérer parce que mon regard a aperçu une fameuse silhouette. Celle-ci s'est éloignée pour disparaître sans que je puisse voir qui ç'aurait pu être.
Je sens une boule d'angoisse se loger dans ma gorge. Je fais demi-tour rapidement, paniqué, comme si le chien de l'enfer me poursuit. Ce qui est stupide, parce que cet endroit n'est rien d'autre qu'un manoir hôtelier. Je maudis silencieusement Cassie de m'avoir obligé à une époque de regarder avec elle ces films d'horreur. Je lui avais dit que ça m'avait marqué, mais celle-ci avait ri à l'époque pour m'affirmer que je suis juste une vraie poule mouillée.
Je ne le nie pas, parce que c'est la vérité. Mes crises d'angoisse le prouvent à chaque instant dans ma vie. Cette peur s'est toujours insinuée dans mes veines comme des petites vipères pour empoisonner mon sang de ce poison qui me paralyse à chaque fois que des aspects du monde m'effraient. Est-ce par rapport aux choses qu'on m'a fait subir enfant, ou bien c'est venu après quand on m'a imposé d'ouvrir les propres portes de mon enfer contre mon gré.
Je me demande si un jour tous ces souvenirs vont finir par disparaître à jamais, parce que c'est un combat au quotidien que je mène pour ne pas couler dans des abysses qui me sont inconnus.
Je ne remarque bien que trop tard que mes pas m'ont amené devant une porte blanche. Une agréable odeur se fait sentir, c'est sûr que ça vient de derrière ses mystérieuses portes. Celles-ci sont encadrées par deux petites vitres. Je me mets sur la pointe des pieds pour regarder à l'intérieur et ça semble être la cuisine. Je peux disposer le plateau ici peut-être, parce que je dois admettre qu'aller remettre les pieds dans la salle aux mille murmures ne m'enchante aucunement. Je mordille ma lèvre hésitante, jusqu'à ce que ma patience s'effrite.
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