🤍chapitre 17🤍

👻Une entrevue bien mystérieuse à la bibliothèque👻

Le 3 septembre 2005:

Ce soir-là, un vent frais se levait. Les courants d'air se faufilaient entre les branches entremêlées des arbres. Ils faisaient claquer aussi certains volets qui n'étaient pas fermés.

Des habitacles à l'intérieur, les personnes s'étaient réfugiées pour ne pas subir l'humeur changeante de la météo.

Dans l'encre de la nuit, une silhouette se détache des ombres. Elle bougeait au rythme des sifflements stridents des bourrasques, qui se soulevait avec férocité pour opposer leurs présences et balayer la douce fraîcheur encore présente de la fin d'été.

Les rues étaient désertes, éclairées faiblement par les lampadaires installés sur les trottoirs. Quelques cafétérias encore ouvertes accueillaient les âmes vagabondes pour leur offrir un endroit chaud avec des délices pour apaiser les tourments de leurs solitudes.

Cette silhouette ne pouvait perdre son temps précieux pour se permettre d'y rentrer pour goûter les pâtisseries et se réchauffer avec une tasse de thé, car celle-ci avait un rendez-vous urgent.

Sa montre autour de son poignet la narguait de ses tic-tac à répétition, pour qu'elle n'oublie pas que l'heure défilait à toute vitesse. Au même rythme que son cœur battait jusqu'à ses tympans, parce que chaque minute comptait.

Pour ne pas arriver en retard à l'endroit précis où elle devait se rendre pour rencontrer la personne mystérieuse de ce mot. C'était la première qu'elle se précipitait ainsi, habituellement, être en retard, c'était même sa marque de fabrique. Elle aimait se faire désirer et obligeait les personnes à patienter, mais ce soir, les rôles étaient inversés pour son plus grand malheur.

C'était dans un tournant étroit que le bruit des claquements de talons aiguilles se faisait entendre pour révéler la présence de cette silhouette à l'allure gracieuse. Elle s'engageait dans une ruelle d'une pénombre glaçante pour y arriver devant une porte en bois de chêne.

Hésitante, sa main s'enroula autour du fil de la clochette pour la faire retentir. Les petits sons s'envoleraient dans le ciel sans étoiles, parce que celles-ci étaient cachées par l'océan d'obscurité.

La silhouette a abaissé sa capuche de son manteau rouge pour révéler une chevelure aussi noire que les plumes d'un corbeau. Elle tirait une seconde fois, peu patiente, car son inquiétude grandit au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient pour afficher l'heure précise du rendez-vous. La pénombre l'entourait dans son étoffe de noirceur et la plongeait dans l'obscurité sans aucune lumière, puisque celle des lampadaires venait à l'instant de s'éteindre.

Ses bras fin serraient contre sa poitrine généreuse que son chemisier dévoilait légèrement. C'était avec énergie qu'elle essayait de se réchauffer pour ne pas être frigorifiée par les brises glaciales. Celles-ci soufflaient fort jusqu'à ce que certaines pancartes des magasins se balançaient dans un grincement sinistre.

Elle passa quelques-unes de ses mèches rebelles pour les coincer derrière son oreille pour que celles-ci ne gênent pas sa vision. Par instinct, l'une de ses mains se pose sur une dague accrochée à sa hanche cachée par son manteau. Cette arme était sa favorite à chacune de ses missions, celle-là l'accompagnait pour vaincre ses ennemis et faire fuir ses peurs.

Elle pivote sur elle-même en entendant un bruit mécanique avec quelques grognements peu rassurants, car ceux-ci semblaient bien menaçants.

Un léger déclic retentissait, cela prévenait de la porte, celle-ci était entrouverte. La jeune femme hésitante s'avança avec prudence pour pénétrer dans les ténèbres qui régnaient dans la bibliothèque. Il y avait juste une faible lueur émise par le feu presque éteint de la cheminée pour éclairer une partie de la pièce.

Les flammes léchées, quelques morceaux de bois encore intacts pour les faire noircir jusqu'à ce qu'ils deviennent de la cendre comme les autres avant eux.

Les lueurs de ce petit feu permettaient à la jeune femme de voir une silhouette installée dans l'un des fauteuils. Elle se raclait la gorge avant de s'élancer vers cette inconnue endormie sans aucun doute, car celle-ci ne bougeait pas.

Sa main se posa sur l'épaule froide et dure de cette personne pour essayer de la secouer avec délicatesse. Dans l'espoir de la réveiller, ses yeux s'habituaient désormais à la noirceur du lieu pour mieux observer cette inconnue, parce que c'était une dame âgée, sûrement la propriétaire de la bibliothèque.

Elle la lâchait soudainement pour prendre sans une once d'hésitation sa dague avec effroi. Comme la lumière du feu, c'était agrandi pour dévoiler entièrement cette dame qui était devenue une statue de pierre.

— Mon œuvre ne te plaît pas, ma chère Aliénor ? À une époque, tu aimais mes statues, surtout celles du Manoir des spectres, murmura une voix d'un sifflement mélodieux pour envoûter ses proies jusqu'à ce que celles-ci soient à sa merci.

Madame Alessandro n'était pas sensible à ce charme parce qu'à une certaine époque, elle était obligée de côtoyer cette personne dissimulée dans l'obscurité. Il n'y avait que ses yeux jaunes qui brillaient avec férocité, comme si celle-ci se préparait à une attaque pour l'attraper entre ses griffes.

— Ne fais pas cette mine, cette jeune femme est tempérament coincée ainsi pour seulement un moment jusqu'à la fin de notre petite conversation, dira cette voix avec son sifflement aigu à faire percer les tympans, mécontente de voir que son œuvre n'était pas appréciée. D'un mouvement gracieux, elle se faufilait entre les ombres avec une rapidité impressionnante pour s'installer dans un des fauteuils, assez loin du feu, car les reptiles n'aimaient pas cet élément.

Il avait seulement une seule place de libre que madame Alessandro prit avant que ses jambes se dérobent sous elle parce que les émotions intenses qu'elle ressentait étaient si fortes que sa pauvre tête tournait légèrement.

Son regard se détachait de la pauvre mortelle, celle-ci ne méritait pas d'avoir été exposée à cette malédiction si terrible, autant qu'elle était fascinante.

Sa main se resserrait sur sa dague, celle-ci était posait sur sa jambe, prête à attaquer si jamais la situation dérape, parce qu'avec les monstres, aucune confiance ne peut être établie. Alors méfiante, son regard soutenait sans sourciller les grands yeux jaunes de cette créature aussi terrifiante que magnifique.

— Que me veux-tu, Malvina ? Demanda-t-elle d'une voix remplie de déception, puisque finalement, ce rendez-vous n'était sûrement pas celui qui allait lui révéler des sujets importants. Elle posa un de ses coudes sur l'accoudoir du fauteuil pour poser sa joue dans la paume de sa main, pour ne pas lâcher le regard calculateur de cette manipulatrice à la voix de serpent.

— Mon petit mot n'a pas été clair par rapport aux révélations que j'ai à ma disposition sur ce monsieur Da Silva, dira Malvina sans une seule fois cligner des yeux pour analyser Aliénor avec une certaine attention parce que celle-ci avait changé avec les années.

Elle n'était plus une adolescente imprudente avec un sale caractère, maintenant, c'était une jeune femme époustouflante avec des charmes aiguisés pour faire plier ses ennemis. Elle n'était pas déçue de ce que son amie était devenue, car celle-ci faisait partie intégrale du cercle de l'organisation dont sa famille avait juré allégeance.

Il y a déjà des siècles de cela avec d'autres, parce que ceux-ci avaient une clairvoyance pour voir les créatures cachées aux yeux des mortels. Elle voyait désormais qu'elle assumait son rôle de sentinelle. Pourtant, pas entièrement, ses yeux jaunes pouvaient déceler dans les siens d'un bleu intense les méandres de ses suspicions par rapport aux dirigeants de l'organisation.

Ses lèvres entrouvertes, sa langue fourchue se faufilait pour sifflet et ses dents acérées mordillaient sa lèvre inférieure.

— Je n'aurais pas cru que tu avais engagé un démon pour être ton avocat en sachant ta répugnance pour ses êtres. Je suis déçu que tu n'aies pas pensé à moi, parce que je ne t'aurais jamais trahie pour vendre cette petite à la maisonnette du rouge-gorge, murmura-t-elle d'une voix théâtrale. Elle posait une de ses mains recouverte d'un gant de velours rouge sur son cœur.

Ses yeux brillaient de malice, amusaient de voir la mine d'Aliénor se décomposer en prenant conscience de ses erreurs d'avoir placé sa confiance dans les mains d'une des créatures de la nuit.

Elle l'observait, se leva pour faire les cent pas. Elle ne lâchait pas sa dague qu'elle fessait tourner dans sa main avec agilité.

— Tu mens. Ce n'est pas possible. Elle est placée dans une famille aimante, murmura-t-elle d'une voix étranglée par l'angoisse qu'elle ressentait à ce moment précis, parce que si cette révélation est véridique. Cela voudrait dire qu'une seule chose, que sa petite colombe était en danger.

Elle passait une main sur son visage pour garder un semblant de calme. Même si c'était impossible, puisque dans l'immédiat un désir d'urgence incendiait ses veines. Pour partir immédiatement et pour enlever cette petite à sa famille et au diable, les conséquences.

Elle regrettait amèrement d'avoir eu recours aux services de monsieur Da Silva, mais pendant tant d'années, il ne l'avait jamais trahie. Alors pourquoi aujourd'hui, il retournait sa veste pour la poignarder ? Elle sentait le regard pesant de Malvina observatrice à ses moindres gestes.

Elle fit une moue agacée, c'était doucement qu'elle s'obligeait à garder son sang-froid. Pour ne pas dévoiler ses pensées à celle-ci, désireuse de savoir qui était cette fillette pour elle.

— Tu n'es pas opposé à me croire, mais sache que si je te révèle toutes ces informations, c'est pour ne plus avoir de dette envers toi et tu sais que je ne gagnerai rien en te mentant, Aliénor, murmura Malvina en se levant à son tour pour se rapprocher de la source de lumière des flammes qui se ternissait, parce qu'il y a presque plus de bois pour alimenter le feu.

Madame Alessandro eût la possibilité d'admirer son visage révélé par la luminosité des flammes. Elle avait un teint de porcelaine, ses yeux jaunes étincelaient et ses cheveux descendaient jusqu'à ses fesses. Sa robe était moulante pour dévoiler ses atouts dévastateurs. Son regard se posa sur sa longue cicatrice sur son visage, ça ne gâche pas sa beauté. Cela la rendait même plus puissante, parce que cette blessure représentait son instinct de survie.

Elle avait été présente ce jour-là quand Malvina avait été blessée par certains mortels. La culpabilité régnait encore dans son cœur, puisqu'elle a été sa première mission autant que sentinelle.

Elle avait le devoir de la protéger pour la ramener dans un des refuges et la mettre en sécurité. C'était son premier échec depuis ce jour-là, elle s'était fait un serment de ne plus jamais faire un seul faux pas. Cette cicatrice était l'œuvre de certains mortels qui n'appréciaient pas les créatures.

Jusqu'à décider de les éliminer toutes sans exception. C'était pour cette raison que les refuges ont été créés pour les protéger par les protecteurs, qui savaient le rôle de les accueillir et leur donnaient un chez-eux. Les sentinelles, elles avaient le rôle de les ramener dans ses refuges pour leur sécurité.

— Je vais me vexer si tu continues à me fixer comme ça, je sais qu'un monstre attire les regards haineux, mais quand même, tu avais dû avoir vu pire durant ces quelques années.

Elle plaisantait pour cacher son sentiment de mal à l'aise face au regard insistant d'Aliénor.

Elle n'eut pas le moindre temps de reculer que celle-ci, sans une once de peur, prit ses mains dans les siennes. Leurs peaux ne pouvaient se toucher, séparées par le tissu des gants que Malvina portait constamment pour ne pas transformer n'importe qui en pierre.

— Tu n'es pas un monstre. Tu es une personne à part entière. Les vrais monstres, ce sont ceux qu'ils détruisent et tuent par pur plaisir, mais pas ceux dotés de pouvoir malgré eux. Ce que je vois à cet instant, c'est une jeune femme qui a désobéi aux règlements pour venir me prévenir. Un monstre ne ferait jamais cela, murmura-t-elle fermement en pensant sincèrement à chacun de ses mots qu'elle a prononcés.

Elle serrait brièvement ses mains dans les siennes, avant de les lâcher pour reculer, car sans rien dire. C'était avec certitude qu'elle sut que Malvina avait besoin d'intimité pour ne pas admettre qu'elle était touchée par les mots d'Aliénor.

Elle s'y refusait de l'appeler par son nom de famille, pas avec ce qu'elles ont vécu ensemble, surtout que celle-ci n'était pas comme ses ancêtres.

— Je ne sais pas ce que cette petite représente à tes yeux, mais fais attention. Si la propriétaire de la maisonnette du Rouge-gorge la désire, cela veut dire que d'autres la voudront sûrement. Une jeune âme pure peut être convoitée par beaucoup de manières, dira Malvina après s'être détourné du feu pour s'approcher de la pauvre bibliothécaire.

Elle caressait la joue de celle-ci, parfaitement lisse et froide. Elle n'était pas l'une de ses meilleures créations, mais ça ne reste pas moins merveilleux d'observer cette statue en sachant que la personne à l'intérieur était toujours en vie et seulement endormie.

Elle retirait un de ses gants pour briser son sort qui mettait quelque temps à ne plus faire effet, car celui-ci était très puissant. Elle était fière, parce qu'à une époque, c'était avec certitude qu'elle n'aurait pas réussi à faire un tel exploit.

— Monsieur Da Silva, se trompe sur un sujet qu'il t'a dit avant de déguerpir comme une vermine. Tu es une bonne mère, ne doute jamais de cela, puisque tu as beaucoup plus de bonté et d'amour que les autres sentinelles. Ne laisse pas ton cœur se noircir avec le venin de ce démon, murmura Malvina avec un petit sourire sincère. Elle faisait demi-tour avant de s'en aller pour venir prendre délicatement Aliénor dans ses bras.

Elle posa son front contre le sien, ses yeux mi-clos, observait avec attention ce qui les entourait pour être sûr que personne ne puisse entendre ce qu'elle va révéler à celle-ci.

Elle penchait sa tête pour coller ses lèvres contre son oreille. Dans un chuchotement, c'était ainsi qu'elle délivrait un message important avant de tourner les talons pour s'enfuir dans la nuit sombre, sans laisser aucune trace de son passage.

Madame Alessandro ne savait comment réagir face à cette révélation sans en être une, parce que depuis quelque temps, elle avait pressenti que certaine chose avait changé.


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